Afghanistan: le jeu vidéo PUBG, rare distraction dans le morne univers taliban

PUBG est un jeu dans lequel des personnages virtuels équipés d'armes à feu se battent sans merci pour devenir le dernier survivant (Photo, AFP).
PUBG est un jeu dans lequel des personnages virtuels équipés d'armes à feu se battent sans merci pour devenir le dernier survivant (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 04 juin 2022

Afghanistan: le jeu vidéo PUBG, rare distraction dans le morne univers taliban

  • Dans un Afghanistan déchiré par plus de quatre décennies de guerre, la jeunesse est fascinée par ce jeu de combat en ligne
  • Avec la plateforme de partage de vidéos TikTok, également dans le viseur des islamistes, il constitue pour les jeunes Afghans l'un des rares espaces de liberté

KABOUL: Les balles qui crépitent, le souffle haletant d'un inconnu, des explosions sourdes à distance. A Kaboul, ces bruits auraient de quoi susciter la panique, s'ils ne sortaient tout droit du téléphone d'un jeune homme absorbé par une partie du jeu vidéo PUBG.

Dans un Afghanistan déchiré par plus de quatre décennies de guerre, la jeunesse est fascinée par ce jeu de combat en ligne, très populaire dans le monde entier mais violent, que les talibans entendent interdire au motif qu'il pourrait la dévoyer.

Avec la plateforme de partage de vidéos TikTok, également dans le viseur des islamistes, il constitue pour les jeunes Afghans l'un des rares espaces de liberté et l'une des dernières passerelles vers le monde extérieur.

"Nous vivons dans ce pays, mais nous ne sommes pas vivants. Nous ne savons pas ce qui va nous arriver dans la seconde qui suit. C'est notre seul moyen de passer le temps", constate Abdul Musawir Raufi, émergeant de son téléphone.

Depuis leur retour au pouvoir en août, les talibans ne se sont pas montrés aussi stricts que sous leur précédent régime, entre 1996 et 2001, quand ils avaient interdit la télévision, le cinéma, la photographie, les cerfs-volants et presque toutes les formes de divertissement, jugé immoral.

Dans la capitale, quelques salles de jeux et bowlings restent ouverts, et il est encore possible de pratiquer certains sports. Mais les fondamentalistes ont tout de même interdit la musique et les séries étrangères ou incluant des femmes, et beaucoup de Kaboulis préfèrent ne pas prendre le risque de sortir simplement pour se distraire.

"Les divertissements que nous avions avant, les rigolades avec les amis (...), tout ça c'est fini", reprend Abdul, étudiant de 23 ans, dont la plupart des amis avec lesquels il avait l'habitude de jouer au football ont fui le pays dans les chaotiques derniers jours d'août.

«Le seul divertissement»

PUBG est un jeu dans lequel des personnages virtuels équipés d'armes à feu se battent sans merci pour devenir le dernier survivant. Publié par le géant chinois du numérique Tencent, il est devenu un phénomène mondial et sa version mobile a été téléchargée plus d'un milliard de fois.

Pour Abdul, venu à ce jeu il y a quatre ans par l'intermédiaire d'un camarade, PUBG est le moyen de garder le contact avec ses amis et de rencontrer virtuellement des joueurs d'autres nationalités.

"L'un des avantages de PUBG, c'est que cela nous permet de connaître la culture d'autres pays, leur langue, et les liens créés sont forts", souligne-t-il.

Certains sont curieux d'en savoir plus sur l'Afghanistan, d'autres en ont une très mauvaise image. "Ceux qui nous aiment bien nous parlent très gentiment. Mais ceux qui n'aiment pas les Afghans ferment juste leur micro", dit-il.

Avec la crise économique qui a accompagné l'arrivée des talibans au pouvoir, Abdul Mujeeb, 20 ans, étudiant lui aussi, s'est réfugié encore plus dans PUBG.

"Je joue plus maintenant, parce qu'avant les talibans j'étais occupé avec les études et le travail", raconte-t-il. "Actuellement, les études sont arrêtées et il n'y a pas d'emploi. On s'occupe avec des activités de loisir."

"Il n'y a pas de sécurité dans la ville, nos familles ne nous laissent pas sortir et aller dans des endroits récréatifs", ajoute-t-il. "Le seul divertissement que nous avons à la maison et qui nous occupe, c'est TikTok et PUBG".

«Plutôt que déprimer à la maison»

Le gouvernement a ordonné en avril l'interdiction de ces deux applications, accusées de conduire la jeune génération à "s'égarer". Elles sont pourtant toujours accessibles, sans avoir recours à un réseau virtuel privé (VPN).

Mais la question est actuellement discutée avec les compagnies de télécommunications afghanes et "ces deux applications seront entièrement interdites", a réitéré auprès de l'AFP le porte-parole adjoint du gouvernement, Inamullah Samangani.

Selon les chiffres du site spécialisé DataReportal, 9,2 millions d'Afghans ont en 2022 accès à internet, sur une population estimée à 40,2 millions d'habitants, et 4,15 millions (à 82% des hommes) utilisent les réseaux sociaux.

Les deux étudiants assurent qu'ils trouveront un moyen de contourner l'interdiction. Shaheera Ghafori, une étudiante de 19 ans, qui joue à PUBG comme son frère et sa soeur, estime également que les talibans "n'ont pas les moyens" d'interdire le jeu.

Et elle dit ne pas comprendre leur raisonnement. "C'est un jugement un peu irrationnel (de leur part)", pense-t-elle. "C'est mieux d'avoir un endroit pour garder les jeunes occupés, plutôt que de les laisser errer dans les rues".

PUBG, qui a été comparé au film apocalyptique "Hunger Games", a été interdit par quelques pays pour sa violence. Mais pour Shaheera, il est surtout le moyen de se "changer les idées plutôt que de rester, déprimée, à la maison", où les talibans essaient de confiner les femmes, dont ils réduisent progressivement les droits.

Elle regrette la liberté perdue des femmes et espère qu'au contact du monde moderne, les talibans finiront par s'ouvrir un peu. Mais, avoue-t-elle, cela "tient plus d'un voeu pieux".


L'Anglaise doyenne de l'humanité fête ses 116 ans

La supercentenaire et sa famille sont "reconnaissants pour tous les gentils messages et l'intérêt manifesté à son égard". (AFP)
La supercentenaire et sa famille sont "reconnaissants pour tous les gentils messages et l'intérêt manifesté à son égard". (AFP)
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  • Née le 21 août 1909 dans un village du Hampshire, dans le sud de l'Angleterre, Ethel Caterham est devenue la doyenne de l'humanité début mai après le décès de la nonne brésilienne Inah Canabarro Lucas à l'âge de 116 ans
  • "Ethel a une nouvelle fois choisi de ne pas accorder d'interviews, préférant passer la journée tranquillement avec sa famille pour qu'elle puisse en profiter à son rythme"

LONDRES: La doyenne du monde, la Britannique Ethel Caterham, fête jeudi ses 116 ans, a annoncé la maison de retraite dans laquelle elle vit.

Née le 21 août 1909 dans un village du Hampshire, dans le sud de l'Angleterre, Ethel Caterham est devenue la doyenne de l'humanité début mai après le décès de la nonne brésilienne Inah Canabarro Lucas à l'âge de 116 ans.

Elle vit dans une maison de retraite du Surrey, un comté au sud de Londres.

"Ethel a une nouvelle fois choisi de ne pas accorder d'interviews, préférant passer la journée tranquillement avec sa famille pour qu'elle puisse en profiter à son rythme", a indiqué un porte-parole de la maison de retraite.

La supercentenaire et sa famille sont "reconnaissants pour tous les gentils messages et l'intérêt manifesté à son égard", a précisé la même source.

Ethel Caterham est le dernier sujet vivant du roi Édouard VII, dont le règne s'est achevé en 1910. Elle est aussi la Britannique la plus âgée de tous les temps, selon la base de données Oldest in Britain.

L'année dernière, elle avait reçu une lettre du roi Charles III la félicitant d'avoir atteint cette "étape remarquable".

 


Immersion avec Laura Smet dans la série policière «Surface»

Laura Smet joue Noémie, sombre et teigneuse, à la moitié du visage ravagée. Pas besoin de forcer le trait : "la faille est apparente", soulignait l'actrice lors d'une conférence de presse en juin. (AFP)
Laura Smet joue Noémie, sombre et teigneuse, à la moitié du visage ravagée. Pas besoin de forcer le trait : "la faille est apparente", soulignait l'actrice lors d'une conférence de presse en juin. (AFP)
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  • Haletant et puissant, le polar dont sont tirés les six épisodes, est paru en 2019 (éd. Michel Lafon)
  • Gros succès de librairie, il a pour personnage central la policière parisienne Noémie Chastain, grièvement blessée au visage après un tir en pleine tête

PARIS: Faire remonter la mémoire d'un village et revenir une flic à la vie: le roman policier "Surface" d'Olivier Norek est décliné en série à partir de jeudi sur france.tv et de lundi sur France 2, avec une touche fantastique et Laura Smet dans le rôle titre.

Haletant et puissant, le polar dont sont tirés les six épisodes, est paru en 2019 (éd. Michel Lafon). Gros succès de librairie, il a pour personnage central la policière parisienne Noémie Chastain, grièvement blessée au visage après un tir en pleine tête.

Sa hiérarchie la met au placard en l'envoyant dans l'Aveyron dans un village sans histoires. Mais les eaux du lac au fond duquel a été noyé le vieux village imaginaire d'Avalone font remonter à la surface un fût contenant le squelette d'un enfant disparu vingt-cinq ans auparavant. La capitaine de police n'a d'autre choix que de s'atteler à l'enquête, qui sera aussi sa rédemption.

C'est le premier polar d'Olivier Norek, 50 ans, à être adapté en série.

Laura Smet joue Noémie, sombre et teigneuse, à la moitié du visage ravagée. Pas besoin de forcer le trait : "la faille est apparente", soulignait l'actrice lors d'une conférence de presse en juin.

Elle est entourée notamment de Théo Costa-Marini dans le rôle du collègue bousculé par son arrivée, et de Tomer Sisley dans celui du plongeur de la brigade fluviale, obstiné et sensible.

L'équipe du commissariat local est particulièrement attachante, avec le trio Otis Ngoi, Quentin Laclotte Parmentier et Pauline Serieys.

Les co-scénaristes Marie Deshaires et Catherine Touzet ont dû opérer des choix radicaux pour faire tenir l'intrigue en six fois 52 minutes, et captiver le téléspectateur.

Olivier Norek, lui-même scénariste à ses heures ("Engrenages", "Les Invisibles"...), convient qu'il n'aurait pu écrire lui-même cette adaptation: "Le job est de faire exploser le livre et d'en prendre toutes les parties pour reconstruire".

Fantômes et cicatrices 

"Ce qui m'intéresse, c'est de voir la vision de quelqu'un d'autre: de scénaristes, d'un réalisateur, d'acteurs et d'actrices", confie l'écrivain dont le dernier roman paru en 2024, "Les Guerriers de l'hiver" (éd. Michel Lafon) sur la guerre entre la Finlande et l'URSS en 1939-40, sera porté sur grand écran.

Dans "Surface", le réalisateur Slimane-Baptiste Berhoun, déjà aux manettes de la série "Vortex", a ajouté une dimension hypnotique voire fantastique à la série.

Les images sous-marines sont bluffantes. "C'était notre challenge: arriver à raconter cette histoire dans un décor englouti qui devait évoluer au fur et à mesure", dit-il.

La série a été tournée dans une piscine géante à Bruxelles, et entre les départements Tarn et Hérault, non loin de l'Aveyron qu'affectionne Olivier Norek.

Même si le personnage de Noémie s'y immerge à reculons, le monde rural est dépeint sans caricature, comme dans le livre où Olivier Norek a voulu "ne pas donner l'impression que c'est la ville qui regarde la campagne".

Son roman, qui s'est vendu à 500.000 exemplaires en langue française, est paru en six langues. Une traduction anglaise est en cours de négociation, et le livre doit être republié le 21 août, le jour de la mise en ligne de la série.

Norek, ancien policier lui-même et adepte d'une veine réaliste, s'est spécialement attaché à la reconstruction intime de l'enquêtrice. "Elle veut se cacher mais va devoir aller vers les gens, se révéler. C'est ce chemin-là, bien plus que l'intrigue de police, qui m'a intéressé", dit-il.

Un personnage avec lequel Laura Smet s'est mis au diapason: "Cette cicatrice, je la connais. Elle me parle", dit-elle.

"Noémie est quelqu'un d'extrêmement entier, qui a soif de justice. C'est une guerrière", décrit l'actrice qui, à 41 ans, avoue avoir "l'impression d'avoir passé (s)a vie sur un ring".

La fille de Johnny Hallyday et Nathalie Baye est rompue aux transformations, depuis son premier rôle dans "Les Corps impatients" de Xavier Giannoli en 2003, où elle apparaissait la tête rasée. Elle assure qu'il a été "difficile" de "quitter" le personnage de Noémie.


Un atelier à Riyad met en valeur le patrimoine culturel dans les réserves naturelles

En présence de divers spécialistes et experts, l'atelier a exploré les moyens d'exploiter le patrimoine culturel immatériel dans les réserves naturelles. (SPA)
En présence de divers spécialistes et experts, l'atelier a exploré les moyens d'exploiter le patrimoine culturel immatériel dans les réserves naturelles. (SPA)
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  • La réserve mène d’importants travaux de restauration, avec la plantation de centaines de milliers d’arbres, notamment des acacias, sur ses 91 500 km²

RIYAD : L’Autorité de développement de la Réserve royale Imam Abdulaziz ben Mohammed, en collaboration avec la Commission du patrimoine, a organisé un atelier consacré au patrimoine culturel dans les réserves naturelles.

Selon l’Agence de presse saoudienne, cette initiative s’inscrit dans le cadre des efforts nationaux visant à intégrer les dimensions culturelles et environnementales, tout en promouvant l’identité nationale par la préservation et le développement des réserves naturelles.

L’atelier, auquel ont participé de nombreux spécialistes et experts, a exploré les moyens de valoriser le patrimoine culturel immatériel dans les réserves, en soulignant le rôle essentiel des communautés locales dans sa préservation et sa transmission aux générations futures.

Cette initiative reflète les efforts conjoints d’organismes nationaux mobilisés pour préserver le patrimoine culturel, protéger la biodiversité naturelle et créer une expérience touristique intégrée mettant en lumière la richesse de l’identité saoudienne à travers ses dimensions environnementale et culturelle.

Par ailleurs, la réserve mène de vastes travaux de restauration écologique, avec la plantation de centaines de milliers d’arbres — principalement des acacias — sur une superficie de 91 500 km².

Ces efforts s’inscrivent dans le cadre de l’Initiative verte saoudienne, qui vise à revitaliser la végétation de la réserve et à rétablir l’équilibre écologique, selon la SPA.

Les acacias jouent un rôle clé dans cette mission, grâce à leur résistance aux conditions désertiques extrêmes et à leur contribution écologique : pâturage, ombrage, habitat pour la faune, stabilisation des sols, et source de nectar pour un miel de grande qualité.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com