En Guadeloupe, le Rassemblement national veut transformer l'essai pour les législatives

Jeudi, la campagne du premier tour s'achève en Guadeloupe (Photo, AFP).
Jeudi, la campagne du premier tour s'achève en Guadeloupe (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 09 juin 2022

En Guadeloupe, le Rassemblement national veut transformer l'essai pour les législatives

  • Au second tour de l'élection présidentielle, Marine Le Pen a rassemblé près de 70% des suffrages guadeloupéens, son plus haut score au niveau national
  • Mais au premier tour, c'est Jean-Luc Mélenchon qui était arrivé en tête, avec plus de 56% des voix

POINTE-A-PITRE: Motivé par les scores du Rassemblement national à la présidentielle en Guadeloupe, Rody Tolassy, le leader local du mouvement veut transformer l'essai de l'extrême droite aux législatives et "mettre une nouvelle claque à la Macronie".

Au second tour de l'élection présidentielle, Marine Le Pen a rassemblé près de 70% des suffrages guadeloupéens, son plus haut score au niveau national.

Mais au premier tour, c'est Jean-Luc Mélenchon qui était arrivé en tête, avec plus de 56% des voix, laissant penser à un vote "sanction" qu'auraient infligé les électeurs de la Guadeloupe au président Emmanuel Macron sur fond de contestation de la politique sanitaire.

Depuis deux semaines, Rody Tolassy arpente la troisième circonscription de l'île, qui en compte quatre au total, dans un pick-up de location garni d'un mur d'enceintes qui diffusent à plein régime la chanson de campagne, rythmée entre zouk et kompa. "On a parcouru entre 2 000 et 3 000 km", sourit-il.

A quelques jours du premier tour du scrutin, par une chaude journée étouffée par une épaisse brume de sable, ce sont les communes de Goyave, de Petit-Bourg et de Baie-Mahault que l'équipe arpente, sans jamais dépasser les 20 km/h.

"Il faut que les gens aient bien le temps d'entendre ce qu'on dit", explique Jean-Charles, le conducteur, qui amène le candidat dans le quartier où toute sa famille réside.

"Ce samedi, votez pour mettre une nouvelle claque à la Macronie", harangue le candidat, au gré des rues, rappelant les scores du parti au second tour de l'élection présidentielle.

C'est la deuxième fois qu'il est candidat aux législatives. En 2017, il avait obtenu 1,75% des voix.

"Ce qui me conforte cette fois, c'est que les gens qui feront gagner l'élection sont les personnes âgées : j'ai une très bonne cote de popularité chez eux", dit-il.

Soignants suspendus 

"On vous apprécie beaucoup", lance une dame, attirée sur le pas de sa porte par la sono tonitruante. "Il est différent des autres, il ne se met pas à plat devant Macron", affirme Fernande B., 68 ans, également très contente de croiser le candidat. "J'aide beaucoup les soignants suspendus avec de l'argent et des vivres, et il entend ces personnes", justifie-t-elle.

De très nombreux candidats en Guadeloupe ont pris fait et cause pour ces salariés du secteur de la santé qui ne travaillent plus car ils refusent d'être vaccinés contre la Covid-19.

Malgré tout, Rody Tolassy sait que la victoire n'est pas assurée. D'abord il y a l'abstention, souvent forte sur ce scrutin en Guadeloupe, comme en 2017 où elle avoisinait les 70% au second tour. Et puis la campagne n'est pas simple: malgré le résultat du second tour de la présidentielle, les militants ne sont pas très nombreux sur le terrain et le manque de dynamisme est palpable, selon certains observateurs.

"Je ne peux parler que pour moi, mais j'ai une petite équipe motivée", commente Rody Tolassy, qui revendique 400 adhérents.

"On va gagner", assure également Michel Ramssamy-Girardy, qui se présente pour le RN dans la 2e circonscription face à Justine Bénin, Secrétaire d'Etat chargée de la mer dans le gouvernement d'Elisabeth Borne et candidate de la majorité présidentielle.

"Les gens n'en veulent plus des macroniens, ils veulent un programme de gauche sociale, et c'est le programme que nous défendons", affirme-t-il, reprenant les propositions du programme présidentiel de Marine Le Pen. "Nous voulons créer une cohabitation avec Macron", rappelle-t-il.

Jeudi, la campagne du premier tour s'achève en Guadeloupe. L'occasion de derniers meetings où l'on espère du monde même si, selon M. Ramssamy "les gens ne se déplacent plus dans les conférences".

"Je n'ai pas ce problème", assure Rody Tolassy qui confie cependant mettre en place des bus pour permettre à ses soutiens de rallier Sainte-Rose, son fief, où il tiendra son dernier meeting.


Ukraine: Zelensky accueilli par Macron à Paris pour faire le point sur les négociations

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. (AFP)
Short Url
  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée
  • Cette nouvelle visite en France, la dixième depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, intervient au lendemain de discussions entre délégations américaine et ukrainienne en Floride

PARIS: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine, a constaté un journaliste de l'AFP.

Cette nouvelle visite en France, la dixième depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, intervient au lendemain de discussions entre délégations américaine et ukrainienne en Floride, et à la veille d'une rencontre à Moscou entre l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, et le président russe Vladimir Poutine.

 


La France fixe une nouvelle doctrine d'intervention en mer contre les traversées clandestines vers l'Angleterre

Un bateau de la Gendarmerie maritime française navigue à proximité de bateaux de passeurs transportant des migrants qui tentent de traverser la Manche au large de la plage de Gravelines, dans le nord de la France, le 27 septembre 2025. (AFP)
Un bateau de la Gendarmerie maritime française navigue à proximité de bateaux de passeurs transportant des migrants qui tentent de traverser la Manche au large de la plage de Gravelines, dans le nord de la France, le 27 septembre 2025. (AFP)
Short Url
  • La France prévoit de lancer prochainement des opérations en mer pour intercepter les “taxi-boats” transportant clandestinement des migrants vers l’Angleterre
  • Cette initiative intervient après une hausse des traversées de la Manche, avec plus de 39 000 arrivées en 2025

LILLE: Après des mois de discussions, la France a annoncé vendredi qu'elle allait débuter "prochainement" des opérations visant à intercepter en mer des petits bateaux clandestins en chemin vers l'Angleterre, avant qu'ils n'embarquent des groupes de migrants.

Ce changement de doctrine engagé par Paris sous pression de Londres était en gestation depuis plusieurs mois.

Les forces de l'ordre françaises peinent à trouver la parade face aux "taxi-boats", un mode d'action des passeurs consistant à faire partir une embarcation d'un point éloigné des principales plages de départ où sont rassemblés les migrants.

Le taxi-boat s'approche ensuite du rivage et vient récupérer des passagers directement dans l'eau, avant de poursuivre sa route vers l'Angleterre.

"La Gendarmerie maritime sera bientôt en mesure d'effectuer des opérations de contrôle et d'intervention en mer, sur des embarcations soupçonnées d'être des taxi-boats", a déclaré à l'AFP la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Prémar), confirmant des informations du journal Le Monde.

Le quotidien évoque un document signé par le préfet maritime mais aussi ceux du Nord, de la Somme et du Pas-de-Calais.

Le ministère de l'Intérieur français n'a pas souhaité réagir.

Côté britannique, un porte-parole du gouvernement a simplement rappelé vendredi à l'AFP que Londres a "déjà travaillé à s'assurer que les autorités en France réforment leurs tactiques en mer afin qu'elles puissent intervenir dans les eaux peu profondes".

- Pas de filets à ce stade -

Actuellement, une fois une embarcation clandestine en mer, seul le dispositif de secours intervient en cas de besoin, en raison des risques que présentent ce type d'opérations, comme prévu par les conventions internationales.

Désormais, il pourra aussi y avoir des "opérations de contrôle et d'intervention (...) issues d'études menées par l'ensemble des services de l’État concernés", a précisé la Prémar. Elles "comportent des dispositions prenant en compte la primauté de la sauvegarde de la vie humaine".

Ces futures opérations de la gendarmerie maritime sont prévues en amont de l'embarquement de passagers, pour ne pas mettre leurs vies en péril, selon une source proche du dossier.

"L'ensemble des travaux sur le sujet se fait en lien avec les parquets concernés", a souligné à l'AFP la procureure de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), Cécile Gressier.

En outre, la Prémar précise que "l'emploi de filets visant à stopper le taxi-boat n'est pas envisagé à ce stade".

Cette méthode, mentionnée la semaine dernière dans la presse, avait soulevé l'indignation d'associations d'aide aux migrants et d'ONG comme Amnesty International.

Pour le professeur de droit international Thibaut Fleury-Graff, "les interceptions sont susceptibles d'être contraires au droit de quitter tout pays" inscrit dans le Pacte de l'ONU sur les droits civils et politiques, et doivent respecter "l'ensemble des droits de la personne humaine".

Les taxi-boats embarquent leurs passagers sur une ou plusieurs haltes et repartent en direction de l'Angleterre surchargés, transportant régulièrement plus de 70 candidats à l'exil dans des conditions périlleuses.

Au moins 27 migrants sont morts cette année lors de ces dangereuses tentatives de traversées de la Manche, selon un décompte de l'AFP.

Après le pire naufrage dans la Manche, qui a fait 31 morts en novembre 2021, le parquet de Paris a demandé vendredi un procès en correctionnelle pour 14 hommes, nés pour la plupart en Afghanistan et en Irak, soupçonnés d'être impliqués dans des réseaux de passeurs à l'origine du drame.

Depuis le 1er janvier, plus de 39.000 personnes sont arrivées sur les côtes anglaises à bord de petites embarcations, selon les données britanniques, soit plus que sur la totalité de 2024.

Plus de la moitié des personnes arrivées clandestinement au Royaume-Uni entre septembre 2024 et septembre 2025 sont de cinq nationalités: Érythréens (la nationalité la plus représentée), Afghans, Iraniens, Soudanais et Somaliens.

Le gouvernement travailliste britannique, sous pression de l'extrême-droite, a annoncé ce mois-ci une réforme qui durcit fortement sa politique d'asile et d'immigration, espérant ainsi décourager les arrivées irrégulières de migrants sur ces "small boats", qu'il peine à endiguer.


France: des ONG inquiètes d'une baisse de l'aide au développement

Le docteur Bertrand Chatelain (à gauche), de l'ONG Médecins du Monde (MdM), examine un réfugié lors d'une opération de maraudage dans le camp de migrants du quartier Stalingrad à Paris, le 12 juillet 2023. (AFP)
Le docteur Bertrand Chatelain (à gauche), de l'ONG Médecins du Monde (MdM), examine un réfugié lors d'une opération de maraudage dans le camp de migrants du quartier Stalingrad à Paris, le 12 juillet 2023. (AFP)
Short Url
  • Plusieurs ONG françaises alertent sur un désengagement de la France en matière d’aide au développement, dans un contexte mondial déjà marqué par une baisse générale de la solidarité internationale
  • Les organisations humanitaires redoutent des conséquences majeures pour des millions de personnes

PARIS: Plusieurs ONG françaises, dont Médecins du Monde, ont critiqué vendredi un "désengagement croissant" de Paris envers la solidarité internationale, le gouvernement entendant amputer, dans le prochain budget, l'aide au développement de 700 millions d'euros, dans un contexte international tendu.

Sandrine Simon, directrice santé et plaidoyer de Médecins du Monde, critique une décision qui va "à l'encontre des engagements" de la France dans ce secteur. Elle évoque sa "grande inquiétude" et son "incompréhension".

En France, où l'aide publique au développement a été réduite ces dernières années, les coupes envisagées dans le projet de loi de finances 2026 s'élèvent à 700 millions d'euros, pour un montant alloué de 3,7 milliards d'euros.

"A chaque fois qu'il y a ne serait-ce qu'un million d'euros qui est coupé, on sait qu'il y a des milliers, voire des millions de personnes derrière qui sont affectées", alerte Anne Bideau, directrice générale de Plan International France, rappelant une "tendance à la baisse de l'aide publique au développement un peu partout dans le monde".

"on sait que les conséquences vont être dramatiques, donc on est extrêmement inquiets", ajoute Mme Bideau auprès de l'AFP.

Début 2025, le démantèlement de l'Agence américaine pour le développement international (USAID), sous l'impulsion du président républicain Donald Trump, avait provoqué une onde de choc internationale.

Mais la fin de l'USAID avait mis en exergue une tendance de fond: le montant accordé par 32 pays riches de l'OCDE et l'Union européenne à l'aide au développement a diminué en 2024 de 7,1% (en terme réel) à 212,1 milliards de dollars, selon une estimation de l'OCDE, une première en six ans.

"On a des crises à répétition, le Soudan, Gaza etc. Il y a une augmentation des besoins et il y a une réduction de l'aide", déplore pour sa part Stéphane Doyon, de Médecins Sans Frontières, ONG qui n'est pas financée par le gouvernement français.

En France, cette coupe est justifiée "par l'effort nécessaire sur les finances publiques - et pas pour des raisons idéologiques comme aux Etats-Unis", affirme une source diplomatique à l'AFP, rappelant qu'elle n'a pas encore été votée.

"Entre la loi de finances 2024 et le projet de loi de finances 2026, on aurait une baisse de moitié de l'aide publique au développement", a calculé la Coordination Sud, qui regroupe des associations françaises de solidarité internationale.

Avec des conséquences concrètes pour les ONG qui comptent sur le soutien de l'Etat.

"Nous espérions recevoir de l'argent de l'Agence française de développement qui vient de nous annoncer qu'ils ne nous soutiendraient pas l'année prochaine", explique Sandrine Simon, de Médecins du Monde, au moment où l'ONG elle-même programme avec "un niveau d'incertitudes très important ce budget 2026, bien au-delà des années passées."

Dans le pire des scénarios, avec des coupes budgétaires massives, plus de 22 millions de personnes pourraient mourir de causes évitables d'ici à 2030, selon une étude menée par des chercheurs espagnols, brésiliens et mozambicains.