Veiller sur la santé mentale et physique des chômeurs longue durée

Des citoyens se tiennent devant un guichet de Pole Emploi le 8 février 2022. (Photo, AFP)
Des citoyens se tiennent devant un guichet de Pole Emploi le 8 février 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 10 juin 2022

Veiller sur la santé mentale et physique des chômeurs longue durée

  • Les associations d'aides aux chômeurs rappellent que les demandeurs d'emploi longue durée sont nombreux à souffrir de grosse déprime, voire de dépression
  • Lorsque le conseiller Pôle emploi a des doutes sur l'état de santé de son interlocuteur, il peut lui proposer un diagnostic avec un psychologue et un infirmier

PARIS : Quand Sandrine, directrice commerciale de 55 ans, a perdu son emploi, "la solitude" et "la perte de confiance en elle" ont détérioré son état de santé: Pôle Emploi, comme des associations, veulent désormais prendre en compte la santé mentale et physique des chômeurs de longue durée.

"Quand on recherche un emploi, on en oublie sa propre santé... Alors que paradoxalement, on a le temps pour ça", confie Sandrine. La Parisienne n'a pas souhaité donner son vrai prénom car "parler de sa santé mentale, c'est +se griller+ auprès des recruteurs", dit-elle à l'AFP.

Les associations d'aides aux chômeurs, comme Solidarités nouvelles face au chômage (SNC), rappellent que les demandeurs d'emploi longue durée sont nombreux à souffrir de grosse déprime, voire de dépression.

Ils "voient leur état de santé se dégrader à mesure que le chômage se prolonge", indique fin 2021 une étude menée par quatre associations, dont Solidarités nouvelles face au chômage, qui regrettent le manque de suivi médical de Pôle emploi.

Jean-Pierre Tabeur, porte-parole de Pôle emploi, le reconnait: "Il y avait un trou dans la raquette entre nos services et la santé" des personnes à la recherche d'un travail.

Pour tenter d'y remédier, l'opérateur public a lancé le "Parcours emploi santé" en février 2022. Ce dispositif, destiné aux personnes sans emploi depuis plus d'un an, a pour objectif d'intégrer 50 000 demandeurs d'emploi dans le parcours sur la première année.

Lorsque le conseiller Pôle emploi a des doutes sur l'état de santé de son interlocuteur, il peut lui proposer un diagnostic avec un psychologue et un infirmier avant d'effectuer un bilan de santé et réfléchir au suivi nécessaire.

Une attention plus particulière est portée sur la santé mentale. Le chômeur peut joindre un psychologue gratuitement et à tout moment. En cas de besoin, il peut également être redirigé vers un nutritionniste ou un sophrologue.

«Pas tout seuls»

Au bout des six mois d'accompagnement dans le parcours, "soit le projet professionnel est cohérent (avec l'état de santé: ndlr), soit le demandeur d'emploi bascule en arrêt maladie" le temps de guérir, résume le porte-parole de Pôle emploi auprès de l'AFP.

Outre la possibilité de suivre un parcours de soin, le dispositif permet aussi "une réflexion sur la possibilité de continuer dans un métier ou de se réorienter", précise Isabelle Brochu, responsable chez Tingari, une des entreprises qui travaille sur le "Parcours emploi santé" pour Pôle emploi.

Dans un quartier du nord de Paris, une dizaine de demandeurs d'emploi, entre 35 et 55 ans, est accueillie par l'antenne locale de Tingari autour d'une psychologue, un mardi matin de début juin.

"On repère les freins pour travailler sur l'estime de soi, la confiance en soi et le pouvoir d'agir", explique Danièle Marty, la psychologue, qui anime ce jour-là un atelier pour apprendre à gérer le stress lié à la recherche d'emploi.

"On voit qu'on n'est pas tout seuls à avoir des difficultés", souffle Alexandra, une participante.

Sans emploi depuis trois ans, elle a ressenti "une grande baisse de motivation" après plusieurs candidatures qui n'ont pas abouti. Son moral se dégrade fortement en janvier dernier et elle a alors demandé à son conseiller Pôle emploi un suivi psychologique. La quadragénaire est l'une des premières à intégrer le Parcours emploi santé.

"Avec le conseiller Pôle emploi, on n'a pas beaucoup de temps pour parler de notre état de santé", reconnaît Alexandra. Et elle craint elle aussi les conséquences sur la perception qu'a d'elle le conseiller. "Je ne veux pas lui montrer que je ne me sens pas bien...".

Parmi les ateliers proposés, "l'activité randonnée" est très suivie, glisse Anne-Laure Chesneau, de Tingari. Il permet à ces personnes sans emploi souvent isolées de rencontrer d'autres gens. "Nous en avons même reçu qui n'étaient pas sorties de chez elles depuis deux ans".


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.