Dans la Nièvre mitterrandienne, les militants « orphelins » du PS

Nupes (Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale) Jean-Luc Melenchon à Marseille, dans le sud de la France, le 10 juin 2022. (Photo : Nicolas TUCAT / AFP)
Nupes (Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale) Jean-Luc Melenchon à Marseille, dans le sud de la France, le 10 juin 2022. (Photo : Nicolas TUCAT / AFP)
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Publié le Samedi 11 juin 2022

Dans la Nièvre mitterrandienne, les militants « orphelins » du PS

  • En vertu de l'accord avec la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) pilotée par Jean-Luc Mélenchon, les deux socialistes pressentis comme candidats dans la Nièvre ont dû céder "leur" place, dont M. Mathieu
  • En 2017, LFI s'était classé quatrième dans les deux circonscriptions de la Nièvre

MONTSAUCHE-LES-SETTONS: "Nous sommes orphelins": pour la première fois depuis 1969, aucun socialiste ne briguera un mandat aux législatives dans la Nièvre, terre de François Mitterrand. "Un affront", selon des militants qui brandissent la menace du RN, en tête aux deux tours de la présidentielle. 

Les bouteilles de Côteaux Bourguignons sont dressées sur la table en bois, au milieu du jambon du Morvan et des baguettes. Mais cette fois-ci, la réunion des militants socialistes est plutôt funèbre. 

"A la santé du PS", lance Sylvain Mathieu, premier secrétaire du parti dans la Nièvre, en levant son verre en carton. "Malgré tout", lâche-t-il devant une poignée d'adhérents de la section de Montsauche-les-Settons, là où François Mitterrand a été député pendant trente ans avant de présider aux destinées de la France de 1981 à 1995. 

"Vous vous rendez compte! Aucun socialiste candidat! Dans cette terre de Mitterrand!", enrage Yvette Sauvage, 75 ans et militante "de toujours". "On s'est fait embobiner". 

En vertu de l'accord avec la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) pilotée par Jean-Luc Mélenchon, les deux socialistes pressentis comme candidats dans la Nièvre ont dû céder "leur" place, dont M. Mathieu. 

"On est orphelins. On n'a pas de PS pour qui voter", résume Marie Leclercq, maire socialiste de Montsauche. "C'est un affront", crie un militant. "On est écrasés", lance un troisième. 

Au-delà de l'affect, "le problème" est que les candidats de la Nupes ne sont "pas les bons", accuse le sénateur PS Patrice Joly. Dans la première circonscription (Nevers), Léo Coutellec, un enseignant-chercheur à Paris résidant dans la Côte-d'Or voisine, est "hors sol", tance M. Mathieu, Morvandiau pur jus. 

Et, dans la 2e, la LFI Marie-Anne Guillemain, Parisienne arrivée dans le Morvan en 2009, "n'est pas connue", affirme-t-il, même si elle a recueilli 10% aux dernières législatives, en 2017. 

"Un député LFI dans la Nièvre, c'est impossible", assure M. Mathieu, par ailleurs conseiller régional. Selon lui, "cela revient à offrir les circonscriptions à LREM voire au RN". 

Pour la première fois, Marine Le Pen est arrivée en tête des deux tours de la présidentielle dans ce département agricole. "Le RN élu, c'est mon pronostic", tranche M. Mathieu. 

"LFI n'a vraiment aucun ancrage ici", assure lui aussi Guy Doussot, ancien maire PS de Château-Chinon, la "capitale du Morvan" dirigée par Mitterrand pendant 22 ans. 

En 2017, LFI s'était classé quatrième dans les deux circonscriptions de la Nièvre. Jusqu'alors détenues par les socialistes, elles ont cette année-là basculé chez les Marcheurs: la 2e lors d'un duel LREM-PS et la 1ère face au RN, le PS étant éliminé dès le premier tour. 

«Un nouveau départ» 

"Face au RN, les méthodes précédentes n'ont pas été d'une grande efficacité", raille ainsi la candidate Nupes Marie-Anne Guillemain. "Le vote RN, c'est pour virer Macron, me disent les gens": un terrain sur lequel Mélenchon a toute sa place, selon elle. 

Elle confesse que les militants PS ne l'aident "pas forcément à coller des affiches". "Mais on a le soutien des élus" socialistes, en particulier le président PS du département, Fabien Bazin, et le sénateur Patrice Joly. 

"Pendant la présidentielle, tout le monde me demandait: pourquoi vous ne vous mettez pas d'accord?", rappelle le sénateur pour justifier son soutien, malgré ses réticences. "Si on est uni, le second tour sera un binôme entre moi et le RN ou LREM", croit ainsi Léo Coutellec. 

"L'Union peut être un nouveau départ", espère également Thierry Boidevezy, secrétaire de la section PS de Nevers dite "Pierre Bérégovoy", du nom de l'ex-Premier ministre socialiste et maire de Nevers pendant dix ans (1983-93). 

Soutien de Jean-Luc Mélenchon dès le premier tour de la présidentielle, M. Boidevezy voit dans la Nupes le moyen de faire "basculer une grosse partie du vote RN". 

Autour de la table en bois de Montsauche, les militants ne sont cependant pas convaincus, menaçant même de ne plus voter à gauche: "je n'ai pas encore décidé", avoue Halina Millard, secrétaire de la section PS de Montsauche. "Peut-être blanc", dit-elle. 

"Moi, je vous invite à voter contre" la Nupes, s'exclame un militant à l'autre extrémité de la table. "Et tu votes pour qui?", lui rétorque-t-on. "Peut-être Le Pen", ose-t-il répondre, suscitant des "Oh non..." catastrophés. 


Rassemblement à Paris en mémoire d'Aboubakar Cissé et contre l'islamophobie

"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré. (AFP)
"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré. (AFP)
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  • "Je n'ai pas l'impression que l'on (les musulmans) soit entendu et représenté dans les médias ou au gouvernement. Si cela avait été une victime d'une autre religion, d'un autre nom et d'une autre culture nous, nous aurions été au soutien. Il existe un deu
  • Un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes a été saisi et une information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion

PARIS: Au moins un millier de personnes se sont rassemblées à Paris pour rendre hommage à Aboubakar Cissé, un musulman tué la semaine dernière dans une mosquée du Gard, et dénoncer l'"islamophobie", a constaté une journaliste de l'AFP.

"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré.

"Je n'ai pas l'impression que l'on (les musulmans) soit entendu et représenté dans les médias ou au gouvernement. Si cela avait été une victime d'une autre religion, d'un autre nom et d'une autre culture nous, nous aurions été au soutien. Il existe un deux poids deux mesures", commente Yasmina, 52 ans, fonctionnaire, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille.

"On arrive encore à dire que ce n'était pas un musulman qui était visé mais on ne va pas se mentir il n'y a que les musulmans en France qui fréquentent les mosquées. À un moment il faut poser les mots comme on le fait à juste titre contre l'antisémitisme, et appeler ça de l'islamophobie", a souligné Myriam, 30 ans, assistante dentaire, qui n'a pas souhaité non plus donner son nom.

Aboubakar Cissé, un jeune Malien, a été lardé de plusieurs dizaines de coups de couteau dans la mosquée de la petite commune gardoise de La Grand-Combe, où il était venu tôt comme chaque semaine pour faire le ménage, avant la prière du vendredi.

Son assassin, un Français d'origine bosnienne de 21 ans, s'est rendu à la police italienne.

Dans la vidéo qu'il avait lui-même réalisée juste après son meurtre, le suspect a insulté la religion de sa victime.

Un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes a été saisi et une information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion.

Outre une marche blanche à La Grand-Combe, un rassemblement en mémoire de la victime et contre l'islamophobie a déjà été organisé dimanche à Paris et une manifestation s'est déroulée mardi à Lyon.


Un 1er-Mai syndical qui se veut «festif et combatif», mais sans unité large

Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
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  • A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation
  • Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien

PARIS: Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large.

Pour la journée internationale des travailleurs, la CGT a recensé quelque 260 rassemblements en France. La centrale de Montreuil a appelé avec la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse (Union étudiante, Unef, Fage, USL) à défiler "contre l'extrême droite, pour la paix, les libertés et la justice sociale".

Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien.

A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation.

D'autres cortèges s'élanceront dès le matin, comme Marseille et Lille à 10h30. Ce sera aussi le cas dès 10 heures à Bordeaux, Strasbourg ou Dunkerque, où des responsables de gauche, comme Marine Tondelier (Ecologistes), François Ruffin (ex-LFI) ou Boris Vallaud (PS) sont attendus pour protester contre le plan du sidérurgiste ArcelorMittal prévoyant la suppression d'environ 600 postes.

La numéro un de la CFDT Marylise Léon et son homologue de l'Unsa Laurent Escure se retrouvent, eux, dans la matinée dans le centre de Paris pour un rassemblement et une table ronde sur le travail.

Cent jours après l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, la CGT, la FSU et Solidaires veulent aussi faire de cette journée un temps fort "contre la trumpisation du monde et l'internationale réactionnaire qui se développe partout", a expliqué à l'AFP Thomas Vacheron, cadre de la CGT.

Des syndicats internationaux (américain, belge, argentin, notamment) ont été conviés au défilé parisien. "Cette démarche unitaire et internationale est un petit pas" pour lutter contre des politiques qui menacent les travailleurs (hausse des droits de douane ou expulsions massives des travailleurs clandestins), selon Murielle Guilbert (Solidaires).

"Le sang et les larmes"

Cette année encore, de source policière, la présence de militants de l'ultra-gauche est jugée très probable à Paris, Nantes ou Lyon, entre autres.

De même source, dans la capitale où un peu plus de 2.000 membres des forces de l'ordre sont attendus, la décision du gouvernement de dissoudre le groupe antifasciste "La Jeune garde" et le collectif "Urgence Palestine" pourrait tendre le climat.

"On ne tolèrera rien", a averti mercredi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

"Il faut relativiser" cette présence de "black blocs" face aux "centaines de milliers de manifestantes et de manifestants" attendues, a nuancé Sophie Binet mercredi, dénonçant des "stratégies malheureusement classiques (...) pour décrédibiliser la mobilisation sociale".

En 2023, les huit principaux syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) avaient défilé ensemble contre la réforme des retraites, du jamais vu depuis près de 15 ans, avec une très forte mobilisation à la clé (entre 800.000, selon les autorités et 2,3 millions, selon la CGT).

L'an dernier, les chiffres étaient revenus dans des fourchettes plus ordinaires: entre 121.000 personnes, selon les autorités, et 210.000, selon la CGT; et jeudi, la mobilisation devrait attirer sensiblement le même nombre de manifestants (100.000 à 150.000 de source policière).

Ce rendez-vous traditionnel se tient au moment où les syndicats craignent que le gouvernement apporte son soutien à des propositions de loi visant à autoriser certaines professions à faire travailler les salariés le 1er-Mai - seul jour férié et chômé en France -, une journée acquise "dans le sang et dans les larmes des ouvriers", rappelle Sophie Binet.

Le syndicat des "Gilets jaunes" a par ailleurs appelé ses sympathisants à mener une opération secrète sur différents points de rassemblement. "On va montrer aux partenaires du pouvoir ce qu’est un VRAI syndicat", ont-ils écrit dans un appel posté sur le réseau social X.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir.