France: les bureaux de vote ouvrent pour le premier tour des élections législatives

L'hémicycle vide, vu du perchoir ( Photo: Assemblée nationale)
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Publié le Dimanche 12 juin 2022

France: les bureaux de vote ouvrent pour le premier tour des élections législatives

  • En France, 48 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour le premier tour d'élections législatives
  • Les coalitions de Macron et de Mélanchon au coude-à-coude

PARIS: Les bureaux de vote ont ouvert dimanche à 08H00 (06H00 GMT) en France où 48 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour le premier tour d'élections législatives décisives pour le président Emmanuel Macron. 

Les bureaux de vote fermeront à 16H00 GMT à l'exception des grandes villes dont Paris, où le délai est prolongé jusqu'à 18H00 GMT, heure à laquelle sont attendues les premières estimations des instituts de sondage.

Plusieurs territoires français hors métropole, en Guadeloupe ou la Martinique notamment dans les Antilles françaises, ont voté dès samedi, les résultats devant être annoncés également en soirée.

Selon les derniers sondages d'intentions de vote publiés vendredi, la formation Ensemble! du président Macron et ses alliés centristes est au coude à coude avec l'alliance de partis de gauche Nupes regroupée derrière Jean-Luc Mélenchon.

La coalition Ensemble, qui soutient Emmanuel Macron et qui dominait dans l'Assemblée nationale élue en 2017, est au coude à coude en tête des intentions de vote avec l'alliance électorale de gauche Nupes (LFI, PCF, PS, EELV) réunie autour de Jean-Luc Mélenchon.

Les Français de métropole ont commencé, dimanche à huit heures, à voter pour le premier tour des élections législatives qui met aux prises la coalition soutenant Emmanuel Macron, en quête d'une majorité parlementaire pour appliquer son programme présidentiel, et la gauche revivifiée derrière Jean-Luc Mélenchon.

L'abstention massive redoutée - plus de 50% sans doute des 48 millions d'électeurs - pourrait arbitrer le match par procuration entre le chef de l'Etat et le troisième homme de la présidentielle, désormais patron de la gauche, tandis qu'à l'extrême droite, le RN de Marine Le Pen affiche des ambitions mesurées.

L'alliance de gauche Nupes (LFI, PCF, PS et EELV) se présente au coude à coude dans les intentions de vote avec Ensemble!, coalition macroniste de LREM/Renaissance, du MoDem et d'Horizons. Mais au second tour dimanche 19 juin, les réserves de voix pourraient faire défaut à la Nupes pour aller chercher la victoire, à moins d'une mobilisation forte des abstentionnistes du premier tour.

L'abstention aux législatives n'a fait que progresser depuis le scrutin de 1993, passant de 31% cette année-là à 51,3% en 2017. Elle touche en premier lieu les jeunes et les catégories populaires.

- Pour Macron, le risque d'une majorité relative -

Les derniers sondages publiés vendredi placent Ensemble! en tête en nombre de députés, mais pas nécessairement avec la majorité absolue -289 sièges sur 577- que la macronie détenait dans la précédente Assemblée nationale élue en 2017.

Si Emmanuel Macron n'obtenait qu'une majorité relative, il serait contraint de composer avec les autres groupes parlementaires pour faire approuver ses textes de loi.

La situation s'est déjà produite en 1988, après la réélection de François Mitterrand. Son Premier ministre Michel Rocard avait ensuite dû composer, laborieusement, des majorités éphémères pour chaque projet. Il avait aussi recouru souvent à l'article 49-3 de la Constitution, un procédé permettant de faire adopter sans vote un texte de loi, dont l'utilisation a depuis été restreinte.

Si, cas de figure le moins probable, la Nupes de Jean-Luc Mélenchon remportait la majorité absolue, Emmanuel Macron serait privé de pratiquement tous ses pouvoirs.

"Ce n'est plus lui qui déterminera la politique de la nation, mais la majorité à l'Assemblée nationale et le Premier ministre qui en sera issu", résume Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel à l'université Panthéon-Sorbonne.

- Le "troisième tour" de Mélenchon -

C'est avec cet objectif en tête que Jean-Luc Mélenchon n'a cessé de répéter qu'il voulait faire de ces législatives "un troisième tour" qui lui permettrait d'être "élu Premier ministre".

Emmanuel Macron, qui a effectué quatre déplacements au cours de la campagne, a choisi lui de se poser, comme lors de la présidentielle, en rempart contre "les extrêmes".

Pointant le manque de crédibilité, selon lui, de la Nupes sur le plan économique, il réclame une majorité "forte et claire" afin de pouvoir mettre en oeuvre son programme.

En comptant la Première ministre Elisabeth Borne, quinze membres du gouvernement sont en lice aux législatives et devront quitter l'exécutif en cas de défaite, conformément à une règle non écrite mais déjà appliquée en 2017 par Emmanuel Macron.

Après que Marine Le Pen a engrangé plus de 40% des voix au second tour de la présidentielle, le Rassemblement national est, selon les sondages, distancé par la Nupes et Ensemble! en vue des législatives. Il pourrait toutefois obtenir entre 20 et 40 députés, contre 8 élus en 2017, et ainsi constituer un groupe parlementaire pour la première fois depuis 1986.

- Le RN espère des conquêtes -

Le RN, fort en PACA et dans les Hauts-de-France, espère avoir des élus dans de nouvelles régions, comme le Grand Est, l'Occitanie, voire la Nouvelle-Aquitaine.

Dans ce camp, l'ex-candidat à la présidentielle Eric Zemmour nourrit lui aussi, dans le Var, l'espoir d'être élu député. Il pourrait être le seul de Reconquête!, son parti.

Enfin ces législatives s'annoncent à très haut risque pour la droite traditionnelle des Républicains (LR), pilier pendant des décennies de la vie politique française, mais loin du pouvoir depuis 2012, et dont la candidate Valérie Pécresse a obtenu moins de 5% des voix à la présidentielle.

Près de 6.300 candidats briguent les 577 sièges, soit 20% de moins qu'en 2017, du fait notamment de l'accord à gauche. Ceux qui ne seront pas élus dimanche soir devront, pour accéder au second tour du 19 juin, soit arriver dans les deux premiers de leur circonscription, soit obtenir les voix de 12,5% des électeurs inscrits.


Crise de la dermatose en France : les vétérinaires cibles de menaces

La colère des agriculteurs français contre l'abattage des troupeaux affectés par cette maladie, qui a d'abord visé le gouvernement, s'est aussi tournée depuis plusieurs jours contre les vétérinaires, chargés des "dépeuplements" des bovins, selon les termes utilisés par l'Ordre des vétérinaires, institution professionnelle chargée d'encadrer la profession. (AFP)
La colère des agriculteurs français contre l'abattage des troupeaux affectés par cette maladie, qui a d'abord visé le gouvernement, s'est aussi tournée depuis plusieurs jours contre les vétérinaires, chargés des "dépeuplements" des bovins, selon les termes utilisés par l'Ordre des vétérinaires, institution professionnelle chargée d'encadrer la profession. (AFP)
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  • La colère des agriculteurs français contre l'abattage des troupeaux affectés par cette maladie, qui a d'abord visé le gouvernement, s'est aussi tournée depuis plusieurs jours contre les vétérinaires, chargés des "dépeuplements" des bovins
  • "Il a essayé de péter ma vitre (de voiture) avec son poing", a raconté à l'AFP une vétérinaire libérale exerçant dans la Savoie (est), qui a requis l'anonymat à la suite de cet incident avec des éleveurs

PARIS: "Vétérinaires = assassins", cliniques taguées "vétos = collabos"... "On a le droit à tout", déplore David Quint, président du Syndicat français des vétérinaires libéraux, qui témoigne du malaise dans la profession, en première ligne dans la gestion de l'épizootie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

La colère des agriculteurs français contre l'abattage des troupeaux affectés par cette maladie, qui a d'abord visé le gouvernement, s'est aussi tournée depuis plusieurs jours contre les vétérinaires, chargés des "dépeuplements" des bovins, selon les termes utilisés par l'Ordre des vétérinaires, institution professionnelle chargée d'encadrer la profession.

"Il a essayé de péter ma vitre (de voiture) avec son poing", a raconté à l'AFP une vétérinaire libérale exerçant dans la Savoie (est), qui a requis l'anonymat à la suite de cet incident avec des éleveurs.

Durant l'été, elle a été mandatée pour abattre un cheptel dans une exploitation. "Deux voitures se sont garées au milieu de la route comme des cowboys pour nous bloquer le passage et on nous a demandé si nous étions +fiers de ce que nous avions fait+, mon confrère et moi", se souvient-elle.

"Ils étaient quatre, c'était stressant, j'ai appelé la gendarmerie et porté plainte le soir même", rapporte la vétérinaire.

"Pris en étau" 

"On est pris en étau entre la souffrance du monde agricole d'un côté et le fait de devoir faire notre métier de l'autre", a regretté auprès de l'AFP Jean-Yves Gauchot, président de la Fédération des syndicats vétérinaires.

Lundi, le vétérinaire a reçu cette menace: "dans un autre temps, votre tête aurait fini au bout d'une pique", après s'être exprimé sur la chaîne d'information BFMTV, une première en 35 années d'expérience.

Une enquête a été ouverte mardi par le parquet de Bergerac (sud-ouest) pour menaces de mort après la plainte du praticien.

"Il ne faut pas laisser passer", défend-il, appelant ses confrères à porter plainte en cas de menaces.

Il n'y a "rien qui justifie que l'on menace quelqu'un de mort", a réagi mardi David Quint, lors d'une conférence de presse de l'Ordre des vétérinaires et de plusieurs organisations syndicales, qualifiant ces intimidations d'"inacceptables".

La stratégie gouvernementale de lutte contre cette maladie animale très contagieuse, non transmissible à l'homme mais qui peut toucher très durement le cheptel, prévoit l'abattage systématique d'un troupeau dès la détection d'un cas, ce qui cristallise les tensions d'une partie des agriculteurs, notamment de la Coordination rurale (deuxième syndicat) et de la Confédération paysanne (3e).

"N'allez pas trop loin sinon vous n'aurez plus de vétérinaires !", a mis en garde le président du Conseil national de l'Ordre, Jacques Guérin, interrogé par l'AFP en marge de la conférence.

Droit de retrait ? 

Face à la pression qui a "monté d'un cran", il a appelé les vétérinaires à faire valoir leur droit de retrait "si les conditions ne réunissent pas leur sécurité et celle de leurs proches".

Cela signifie qu'un vétérinaire habilité et mandaté par une préfecture pour abattre un élevage pourrait refuser sa tâche, tout en argumentant les raisons auprès du préfet, explique l'Ordre, qui ne soutiendra toutefois pas les clauses de retrait "de principe".

Le standard de l'Ordre des vétérinaires est "submergé d'appels de personnes complotistes, antivax, anti-tout, qui déversent des tombereaux de bêtises à l'encontre de la profession. Cela finit par impacter fortement le moral des vétérinaires", déplorait son président il y a quelques jours auprès de l'AFP.

"C'est inadmissible de s'en prendre aux vétérinaires", a réagi auprès de l'AFP Stéphane Galais, porte-parole de la Confédération paysanne, arguant que la "responsabilité du climat de défiance" est à "aller chercher du côté du ministère de l'Agriculture".

La Coordination rurale, syndicat concurrent, "condamne" également "toutes les menaces" envers les vétérinaires, selon François Walraet, secrétaire général du syndicat, joint par l'AFP.

"Ce sont nos partenaires (...) Ce n'est pas à eux qu'il faut s'adresser si on veut que le protocole évolue", abonde-t-il.

Les mesures actuelles sont "absolument ce qu'il faut faire" pour éradiquer ce "virus extrêmement résistant dans les milieux extérieurs", insiste par ailleurs la présidente de l'association de vétérinaires SNGTV, Stéphanie Philizot.


Explosion d'un immeuble dans l'Ain: un troisième corps retrouvé

Lors d'une visite sur les lieux mardi, le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez avait déclaré qu'une personne "manque à l'appel, qui était probablement occupante d'un des logements". (AFP)
Lors d'une visite sur les lieux mardi, le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez avait déclaré qu'une personne "manque à l'appel, qui était probablement occupante d'un des logements". (AFP)
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  • Selon les secours, "des moyens supplémentaires déployés mardi ont permis de lancer des recherches afin de retrouver une personne portée manquante, ainsi que de procéder à des reconnaissances de sécurité dans les bâtiments environnants"
  • "La personne a été retrouvée après une heure trente (de fouilles) avec les pelleteuses", a détaillé auprès de l'AFP une source secouriste

LYON: Le corps d'une femme a été retrouvé mardi soir à Trévoux dans l'Ain, au lendemain de l'explosion d'un immeuble de quatre étages qui a fait deux autres victimes, des garçons de 3 et 5 ans, ont indiqué mercredi les secours.

"La victime manquante a été retrouvée décédée peu après 20H00 dans les décombres par les sapeurs pompiers", ont indiqué les secours dans un communiqué, précisant qu'il s'agit d'une femme.

Selon les secours, "des moyens supplémentaires déployés mardi ont permis de lancer des recherches afin de retrouver une personne portée manquante, ainsi que de procéder à des reconnaissances de sécurité dans les bâtiments environnants", ont précisé les secours.

"La personne a été retrouvée après une heure trente (de fouilles) avec les pelleteuses", a détaillé auprès de l'AFP une source secouriste.

Lors d'une visite sur les lieux mardi, le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez avait déclaré qu'une personne "manque à l'appel, qui était probablement occupante d'un des logements".

Deux frères âgés de 3 et 5 ans avaient été retrouvés lundi dans la soirée sous les décombres, en arrêt cardio-respiratoire et n'avaient pas pu être réanimés.

Outre les trois décès, 13 personnes ont été hospitalisées en urgence relative, 53 autres ont été prises en charge pour des blessures légères ou en cellule psychologique, selon le bilan des secours.

Les gendarmes sont chargés d'une enquête menée sous l'égide du parquet de Bourg-en-Bresse pour déterminer les causes de l'explosion qui a eu lieu vers 17H30 lundi au rez-de-chaussée de l'immeuble.

Le maire de Trévoux, Marc Péchoux, a évoqué devant la presse la piste d'une explosion due au gaz mais le parquet a souligné mardi dans un communiqué qu'à ce stade, les causes exactes n'étaient "pas encore déterminées avec certitude".

Au total 22 appartements et 7 maisons individuelles sont désormais inhabitables. Mardi, les propriétaires de 14 maisons ont pu regagner leur domicile, qui présentent "des dégâts mineurs", selon les secours.


Commerce: Macron dit préférer une politique "coopérative" avec la Chine aux droits de douane

Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron privilégie une approche coopérative avec la Chine pour corriger des déséquilibres commerciaux « non viables », tout en gardant l’option de droits de douane si Pékin ne réagit pas
  • Il appelle l’UE à renforcer sa compétitivité, à mieux mobiliser son épargne et à promouvoir l’euro

PARIS: Emmanuel Macron, qui avait menacé d'imposer à la Chine des droits de douane européens dans les "prochains mois", appelle dans une tribune publiée mardi dans le Financial Times à privilégier une approche "coopérative" avec Pékin pour résorber les déséquilibres commerciaux qui ne sont "plus viables".

"Imposer des droits de douane et des quotas sur les importations chinoises serait une réponse non coopérative", dit le président français dans le quotidien des affaires britannique.

"Nous devons reconnaître que ces déséquilibres sont à la fois le résultat d'une faible productivité européenne et de la politique chinoise d'une croissance tirée par les exportations. Poursuivre dans cette voie risque d'entraîner un conflit commercial grave, mais la Chine et l'UE ont toutes deux les moyens de corriger ces déséquilibres", plaide-t-il.

Au retour de son déplacement en Chine début décembre, Emmanuel Macron avait affirmé avoir prévenu les dirigeants chinois que "s'ils ne réagissaient pas" pour réduire leur excédent commercial qui ne cesse d'augmenter avec l'Union européenne, les Européens seraient "contraints, dans les tout prochains mois, de prendre des mesures fortes" comme "par exemple des droits de douane sur les produits chinois".

"Je préfère de loin la coopération, mais je plaiderai en faveur de cette dernière solution si nécessaire", explique-t-il dans le Financial Times, tout en se montrant plus conciliant.

"Je suis toutefois convaincu qu'en tenant véritablement compte des besoins et des intérêts de chacun, nous pouvons établir un agenda macroéconomique international qui profitera à tous", ajoute-t-il en effet, rappelant que "la résolution des déséquilibres mondiaux sera au cœur de l'agenda de la présidence française du G7" en 2026.

Pour montrer que l'Europe est prête à faire sa part dans cette approche "coopérative", le président français prône "un nouveau programme économique fondé sur la compétitivité, l'innovation et la protection" au niveau des Vingt-Sept.

"Afin de financer les investissements dont nous avons besoin, l'Europe doit tirer parti de son pool d'épargne d'environ 30.000 milliards d'euros", en en dirigeant une plus grande partie vers les entreprises européennes, estime-t-il.

"L'Europe devrait également chercher à renforcer le rôle international de l'euro à travers le développement de stablecoins en euros et l'introduction d'un euro numérique", ajoute-t-il parmi les mesures proposées.

Emmanuel Macron entend porter ces positions aussi lors du prochain Conseil européen, jeudi à Bruxelles.