Royaume-Uni: lesté par l'inflation, le PIB accélère son repli

Un homme passe devant un magasin dans le centre-ville de Bradford, dans le nord de l'Angleterre, le 24 mai 2022 (Photo, AFP).
Un homme passe devant un magasin dans le centre-ville de Bradford, dans le nord de l'Angleterre, le 24 mai 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 13 juin 2022

Royaume-Uni: lesté par l'inflation, le PIB accélère son repli

  • La baisse du PIB d'avril est supérieure aux attentes des économistes, qui s'attendaient à un petit rebond
  • La Banque d'Angleterre projette d'ailleurs pour l'an prochain une contraction de l'économie britannique, qui devrait se retrouver en queue du G7

LONDRES: Le Produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni a baissé en avril pour le deuxième mois consécutif, une première depuis la forte chute du tout début de la pandémie, entreprises et ménages continuant d'encaisser la flambée des prix de l'énergie.

Le PIB a reculé de 0,3% en avril après s'être déjà replié de 0,1% le mois précédent, a annoncé l'Office national des statistiques (ONS) lundi dans un communiqué.

L'institut note notamment que le secteur manufacturier, où les entreprises sont "touchées par la hausse des prix du carburant et de l'énergie", a particulièrement souffert, a indiqué Darren Morgan, de l'ONS, sur Twitter.

La baisse du PIB d'avril est supérieure aux attentes des économistes, qui s'attendaient à un petit rebond et préviennent que l'inflation pèsera dans les mois à venir sur la demande des consommateurs, et donc sur l'activité.

La Banque d'Angleterre projette d'ailleurs pour l'an prochain une contraction de l'économie britannique, qui devrait se retrouver en queue du G7.

L'inflation avait bondi à 9% en avril sur douze mois au Royaume-Uni, un record en 40 ans, principalement à cause de l'énergie, dont les prix pourraient en outre encore bondir en octobre, accentuant la crise du coût de la vie.

La baisse du PIB est aussi marquée par la réduction de dépenses liées au Covid-19, alors que le pays avait notamment mis fin en avril aux tests gratuits, ce qui induit une "forte baisse (de l'activité) dans le secteur de la santé", selon l'ONS.

Sans cet effet, "le PIB aurait augmenté de 0,1%" en avril, ce qui "est loin d'une forte hausse, mais suggère que l'élan (de l'économie) n'est pas aussi faible que ne le laisse entendre" la baisse de l'activité, selon Paul Dales, de Capital Economics.

Le PIB était en outre en avril 0,9% au-dessus de ses niveaux pré-Covid.

Gare au jubilé 

Yael Selfin, cheffe économiste chez KPMG UK, avertit que la baisse de l'activité au Royaume-Uni "ne sera probablement pas passagère".

"Le reste du deuxième trimestre pourrait voir le PIB reculer encore", en raison du ralentissement de l'économie mais aussi d'un jour férié supplémentaire en juin accordé pour le jubilé de la reine Elizabeth II, selon elle.

Accusé de ne pas en faire assez pour aider les plus modestes face à la flambée du coût de la vie, le ministre des Finances britannique Rishi Sunak avait dévoilé il y a quelques semaines un nouveau paquet d'aides de 15 milliards de livres, financé en partie par une taxe exceptionnelle sur le secteur de l'énergie.

Ce coup de pouce pourra aider la consommation des ménages et la croissance dans la deuxième moitié de l'année, selon Samuel Tombs, économiste chez Pantheon Macroeconomics.

"Une récession - soit deux trimestres de croissance négative - reste peu probable" cette année, selon lui, alors que "le revenu disponible des ménages en termes réels devrait augmenter aux troisième et quatrième trimestres" grâce aux aides annoncées par le Chancelier.

La Banque d'Angleterre a déjà revu plusieurs fois ses taux à la hausse depuis fin 2021 pour tenter d'enrayer la spirale de l'inflation, et pourrait décider d'agir à nouveau jeudi dans la même direction.

"Les temps sont durs pour les entreprises confrontées à des coûts en hausse", relève le principal syndicat patronal britannique (CBI), qui appelle le gouvernement à stimuler l'investissement des sociétés pour doper la croissance et éviter de sombrer dans la récession.

Le déclin de l'activité "est le résultat inévitable de la flambée de l’inflation, des perturbations des chaînes d'approvisionnement et de pénuries généralisées de main d'œuvre", relèvent de leur côté les Chambres de commerce britanniques (BCC).

Les BCC saluent toutefois la hausse "réconfortante" des exportations de biens britanniques en avril: celles-ci ont augmenté de 7,4%, tirées par une forte hausse (+8,1%) des exportations vers l'Union européenne, selon des chiffres publiés lundi par l'ONS. Les importations ont augmenté de 0,7% grâce à une hausse de 4,2% en provenance de l'UE.


Les pays riches doivent 500 milliards de dollars par an de dette morale aux pays pauvres, affirme Esther Duflo

L'économiste franco-américaine et co-lauréate du prix Nobel 2019 de sciences économiques, Esther Duflo, pose lors d'une séance photo à Paris le 20 juin 2023. (Photo, AFP)
L'économiste franco-américaine et co-lauréate du prix Nobel 2019 de sciences économiques, Esther Duflo, pose lors d'une séance photo à Paris le 20 juin 2023. (Photo, AFP)
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  • Les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), soit 10% de la population de la planète, émettent environ 25% du CO2 lié au système énergétique mondial
  • Esther Duflo se base sur les travaux de l'économiste américain Michael Greenstone qui, en partant d'une valeur monétaire donnée pour une année de vie et de l'effet du réchauffement climatique sur l'augmentation de la mortalité, évalue à 37 dollars le coût

PARIS: Les pays riches doivent 500 milliards de dollars par an de "dette morale" aux pays pauvres, évalue la prix Nobel d'économie Esther Duflo, qui propose de faire assumer aux pays développés la responsabilité du réchauffement climatique à travers deux taxes.

"C'est ce que j'appelle une dette morale. Ce n'est pas ce que cela coûterait de s'adapter; ce n'est pas ce que cela coûterait d'atténuer. C'est ce que nous devons", a détaillé l'économiste dans un entretien au Financial Times lundi, se basant surtout sur l'effet du réchauffement climatique sur la mortalité dans les pays pauvres.

"Il y aura des dégâts énormes", poursuit Mme Duflo qui se base une étude menée par le Global Impact Lab en 2020 ayant montré que le nombre de décès liés à la chaleur risquait de bondir dans les pays pauvres d'ici à la fin du siècle.

"Ces dégâts seront concentrés dans les pays pauvres en dehors de l'OCDE", ajoute-t-elle, pointant la responsabilité des pays riches sur le changement climatique.

Les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), soit 10% de la population de la planète, émettent environ 25% du CO2 lié au système énergétique mondial, selon l'AIE.

Esther Duflo se base sur les travaux de l'économiste américain Michael Greenstone qui, en partant d'une valeur monétaire donnée pour une année de vie et de l'effet du réchauffement climatique sur l'augmentation de la mortalité, évalue à 37 dollars le coût d'une tonne de carbone. Multiplié par la quantité d'émissions annuelles attribuables à l'Europe et aux Etats-Unis, 14 milliards de tonnes de CO2 équivalent, le prix de la "dette morale" monte alors à 518 milliards, soutient Mme Duflo.

Pour la financer, elle propose d'augmenter le taux minimal d'imposition des multinationales et de taxer les grandes fortunes, deux mécanismes qui permettraient selon elle de couvrir l'enveloppe annuelle.

L'aide financière climatique due par les pays riches aux pays en développement est fixée actuellement à 100 milliards de dollars par an. La COP29, en novembre à Bakou, doit établir le nouveau montant au-delà de 2025.

Le futur objectif, crucial pour renouer la confiance entre le Nord et le Sud, restera quoi qu'il arrive très en-deçà des besoins: les pays en développement (hors Chine) ont besoin de 2.400 milliards de dollars par an d'ici 2030 pour financer leur transition et s'adapter au changement climatique, selon un calcul d'experts de l'ONU.

En parallèle, de multiples pistes sont au coeur des négociations internationales pour trouver comment combler l'écart, parmi lesquelles l'allègement de la dette des pays pauvres ou des innovations financières via de nouvelles taxes internationales.

 

 


L'Asie paye le prix fort aux aléas climatiques

Des habitants traversent les eaux de crue après avoir été évacués d’une zone inondée suite à de fortes pluies dans la ville de Qingyuan, dans la province méridionale du Guangdong en Chine. (AFP)
Des habitants traversent les eaux de crue après avoir été évacués d’une zone inondée suite à de fortes pluies dans la ville de Qingyuan, dans la province méridionale du Guangdong en Chine. (AFP)
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  • L'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. Et en Asie l'impact des vagues de chaleur devient de plus en plus sévère
  • L'Asie se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale, avec des températures l'année dernière de près de deux degrés Celsius supérieures à la moyenne de 1961 à 1990

GENEVE: L'Asie a été "la région du monde la plus touchée par les catastrophes" liées à la météo en 2023, inondations et tempêtes ayant fait le plus de victimes et de pertes économiques, indique l'ONU mardi.

"Le changement climatique a exacerbé la fréquence et la gravité de tels événements, impactant profondément les sociétés, les économies et, plus important encore, les vies humaines et l'environnement dans lequel nous vivons", a déclaré Celeste Saulo, directrice de l'Organisation mondiale de la météorologie (OMM) dans un communiqué.

L'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. Et en Asie l'impact des vagues de chaleur devient de plus en plus sévère, souligne l'OMM, ajoutant que la fonte des glaciers -notamment dans la chaîne de l'Himalaya- menace la sécurité hydrique de la région.

En outre, l'Asie se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale, avec des températures l'année dernière de près de deux degrés Celsius supérieures à la moyenne de 1961 à 1990.

"Les conclusions du rapport donnent à réfléchir", a déclaré la cheffe de l'OMM.

"De nombreux pays de la région ont connu en 2023 leur année la plus chaude jamais enregistrée, accompagnée d'une série de conditions extrêmes, allant des sécheresses et des vagues de chaleur aux inondations et aux tempêtes", souligne le rapport.

Le rapport sur l'état du climat en Asie 2023 souligne l'accélération du rythme des principaux indicateurs du changement climatique tels que la température de surface, le retrait des glaciers et l'élévation du niveau de la mer, affirmant qu'ils auraient de graves répercussions sur les sociétés, les économies et les écosystèmes de la région.


Alistithmar Capital et Ezdihar Real Estate s'associent pour lancer un fonds de développement immobilier de 293 millions de dollars

Khalid bin Abdulaziz Al-Rayes , PDG d'Investment Capital, et Abdul Mohsen bin Fawaz Al Hokair, PDG d'Izdihar Real Estate Development Co. (Fournie)
Khalid bin Abdulaziz Al-Rayes , PDG d'Investment Capital, et Abdul Mohsen bin Fawaz Al Hokair, PDG d'Izdihar Real Estate Development Co. (Fournie)
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  • 'objectif est de stimuler la croissance du capital des investisseurs immobiliers
  • e partenariat avec Ezdihar vise à poursuivre des objectifs communs dans le domaine de l'immobilier et à offrir aux investisseurs des opportunités adaptées à leurs objectifs

RIYADH : La société saoudienne Alistithmar Capital s'associe à Ezdihar Real Estate Development Co pour créer un fonds immobilier de 1,1 milliard de SR (293 millions de dollars), ce qui profitera au paysage commercial et de bureaux de Riyad.

Dans un communiqué, Alistithmar Capital, la filiale d'investissement de la Saudi Investment Bank, a annoncé que l'objectif est de stimuler la croissance du capital des investisseurs en obtenant des droits d'usufruit sur une parcelle de 103 000 m² dans les locaux de l'Université du Roi Saoud sur la route Prince Turki Al-Awwal à Riyad, afin de développer le terrain en un complexe de bureaux commerciaux générant des revenus.

Le PDG de la société, Khalid Al-Rayes, a déclaré que le partenariat avec Ezdihar vise à poursuivre des objectifs communs dans le domaine de l'immobilier et à offrir aux investisseurs des opportunités adaptées à leurs objectifs et à l'évolution du paysage immobilier.

Il a ajouté que son organisation se consacre à offrir des perspectives d'investissement de haute qualité aux investisseurs immobiliers grâce à des fonds méticuleusement structurés et adaptés aux exigences de chaque projet. Cette approche garantit des avantages maximaux et des retours sur investissement optimaux.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com