Législatives: Macronie et Nupes à couteaux tirés dans la dernière ligne droite

«On ne peut pas avoir des mœurs de république bananière», a fulminé Jean-Luc Mélenchon (Photo, AFP).
«On ne peut pas avoir des mœurs de république bananière», a fulminé Jean-Luc Mélenchon (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 14 juin 2022

Législatives: Macronie et Nupes à couteaux tirés dans la dernière ligne droite

  • La majorité présidentielle est sortie du premier tour dimanche avec seulement un peu plus de 21 000 voix d'avance sur la gauche unie Nupes
  • Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon s'en est pris mardi à la Première ministre Elisabeth Borne, «aux abonnés absents», puisqu'elle a selon lui «refusé le débat public» qui lui était proposé jeudi sur France 2

PARIS: A cinq jours du second tour des législatives, la campagne devient incandescente entre la macronie qui traite Jean-Luc Mélenchon de "menteur" et le leader Insoumis qui accuse en retour le pouvoir de paniquer et fuir le débat. 

Alors que les macronistes réunis sous l'étiquette Ensemble! ne sont pas assurés de conserver leur majorité absolue à l'Assemblée nationale dimanche, l'ancien Premier ministre Edouard Philippe dramatise l'enjeu, faisant valoir dans Le Figaro qu'en cas de majorité seulement "relative", "le désordre politique qui viendrait s'ajouter à l'instabilité et aux dangers du monde actuel serait une folie". 

La majorité présidentielle est sortie du premier tour dimanche avec seulement un peu plus de 21 000 voix d'avance sur la gauche unie Nupes (LFI-EELV-PS-PCF) - sur 23,3 millions de votants - et 25,75% des voix, contre 25,66% pour la Nupes, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, contestés par la gauche. 

Les différents instituts de sondages lui prédisent une fourchette de 255 à 295 sièges, quand la majorité absolue est fixée à 289 sièges, et 150 à 210 sièges pour la Nupes. 

"Nous devons arracher la majorité absolue dimanche prochain. C'est un combat", a lancé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire sur France 2, exhortant à éviter la "véritable guerre de tranchées" à l'Assemblée, quand "la majorité absolue nous donne une capacité à décider". 

Décidé à batailler, le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon, qui brigue Matignon si la Nupes emportait la majorité dimanche, s'en est lui pris mardi à la Première ministre Elisabeth Borne, "aux abonnés absents", puisqu'elle a selon lui "refusé le débat public" qui lui était proposé jeudi sur France 2. La chaîne a confirmé que Mme Borne avait décliné l'invitation, étant dans sa circonscription. 

La veille, il avait raillé l'"affolement" des macronistes, et accusé le ministère de l'Intérieur, aux "moeurs de république bananière", de "bidouille" des résultats du premier tour, Elisabeth Borne rétorquant en le qualifiant de "Premier menteur", tandis que la ministre Amélie de Montchalin, en ballotage défavorable dans sa circonscription de l'Essonne, taxait les représentants de la Nupes "d'anarchistes". 

« Clair comme de l'eau de roche »

Dans la bataille acharnée pour les reports de voix à l'issue d'un premier tour marqué par une abstention record à 52,49%, la Nupes, mais aussi le RN, reprochent à la macronie de ne pas donner de consignes claires. 

"Personne ne comprend rien aux consignes de vote du parti présidentiel. D’un côté, ils appellent à faire barrage à la Nupes, et de l’autre, ils se retirent pour les faire élire", a taclé Marine Le Pen. 

"Aucune voix" pour le Rassemblement national et soutien aux candidats "républicains", a affirmé Elisabeth Borne, excluant ceux parmi les candidats de la Nupes qui "insultent nos policiers, demandent de ne plus soutenir l'Ukraine, veulent sortir de l'Europe". 

"La ligne est très claire: (...) pas une seule voix au Rassemblement national. Je pense être claire comme de l'eau de roche", a assuré mardi la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire, sans réitérer l'idée exprimée la veille d'un "cas par cas" pour les candidats "antirépublicains". 

Au sein de l'alliance Nupes, le numéro deux de LFI Adrien Quatennens appelle de son côté les électeurs qui "s'égarent" dans le vote RN à rallier la gauche. 

Tandis qu'au RN, qui mise sur 35 à 40 députés, "la plupart du temps on votera blanc" dans les duels Ensemble!-Nupes, indique le maire de Perpignan Louis Aliot, tout en souhaitant la défaite du patron des députés LREM Christophe Castaner, fut-ce au prix d'un vote des électeurs du RN pour la Nupes. 

Chez LR, qui vise une soixantaine de députés et pourrait ainsi s'arroger un rôle crucial si la macronie n'obtenait qu'une majorité relative, Gérard Larcher, président du Sénat, exhorte à ne donner aucune voix aux "extrêmes", renvoyant dos à dos Nupes et RN, tous deux "représent(ant) le même danger pour notre pays". 

« Ruralité abandonnée » 

Dans cette dernière ligne droite, Emmanuel Macron a lui choisi de ne pas réagir. Il se rend en Roumanie après le Conseil des ministres et un déjeuner avec les responsables des organisations patronales. 

Il doit y saluer les 500 soldats français déployés sur une base de l'Otan depuis l'invasion de l'Ukraine avant une visite de soutien à la Moldavie et un possible déplacement à Kiev. 

Ses ministres restent au front, avec Bruno Le Maire qui ira soutenir Amélie de Montchalin, en ballotage défavorable à Palaiseau. 

Juste après l'horaire limite de dépôt des candidatures pour le second tour (18H00), Jean-Luc Mélenchon sera en meeting à Toulouse à 19H00. 

Elle-même candidate dans le Pas-de-Calais, Marine Le Pen a fait valoir lors d’une conférence de presse à Pont sur Yonne son intérêt pour "la ruralité", "abandonnée" selon elle par la majorité et la Nupes alors que les habitants "souffrent de l’effondrement du pouvoir d’achat avec l’augmentation des prix de l’énergie". Elle sera à 20H00 au JT de France 2.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».