Sanctions: dans les champs russes, les agriculteurs se replient sur leur pays

Un tracteur tracte une herse sur le champ de l'entreprise Chyorny Khleb ("Pain noir") dans le village de Khatmanovo dans la région de Tula à quelque 150 kilomètres de Moscou le 7 juin 2022. Yevgeny Shifanov, copropriétaire d'une ferme biologique, dit son entreprise a subi l'aiguillon des sanctions occidentales et il n'est plus en mesure de vendre son grain à l'Europe. (AFP).
Un tracteur tracte une herse sur le champ de l'entreprise Chyorny Khleb ("Pain noir") dans le village de Khatmanovo dans la région de Tula à quelque 150 kilomètres de Moscou le 7 juin 2022. Yevgeny Shifanov, copropriétaire d'une ferme biologique, dit son entreprise a subi l'aiguillon des sanctions occidentales et il n'est plus en mesure de vendre son grain à l'Europe. (AFP).
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Publié le Vendredi 17 juin 2022

Sanctions: dans les champs russes, les agriculteurs se replient sur leur pays

  • Dans le village de Khotmanovo, 170 kilomètres au sud de Moscou, sur les rives de la rivière Oka, Tchiorny Khleb ("Pain noir") fait partie des petites exploitations qui se sont multipliées en Russie
  • A "Tchiorny Khleb", qui cultive divers céréales sur un peu plus de 1.000 hectares, le blé encore vert arrive au genou et l'on profite du calme avant l'activité intense de la récolte

KHATMANOVO: Avec son vaste territoire et ses terres ultra-fertiles dans le sud, la Russie est une des premières puissances céréalières du monde. Mais depuis le début du conflit en Ukraine et la pluie de sanctions occidentales, les agriculteurs sont contraints de se replier sur le marché intérieur.

Dans le village de Khotmanovo, 170 kilomètres au sud de Moscou, sur les rives de la rivière Oka, Tchiorny Khleb ("Pain noir") fait partie des petites exploitations qui se sont multipliées en Russie durant la dernière décennie.

Le cap est clair, explique le copropriétaire de cette exploitation biologique, Evgueni Chifanov, 42 ans: "Nous nous tournons davantage vers notre marché intérieur, vers notre économie".

Le conflit entre la Russie et l'Ukraine, impliquant deux superpuissances agricoles qui assuraient 30% des exportations mondiales de blé, a provoqué une flambée des cours des céréales et des engrais, ébranlant la sécurité alimentaire mondiale.

La Russie semble en position de force dans le bras de fer céréalier: premier exportateur mondial de blé, Moscou a fait des grains ukrainiens bloqués un élément clé des négociations.

Mais le secteur agricole russe risque est lui aussi perturbé.

A "Tchiorny Khleb", qui cultive divers céréales sur un peu plus de 1.000 hectares, le blé encore vert arrive au genou et l'on profite du calme avant l'activité intense de la récolte, qui commence fin juillet.

"En mars ou avril, on commence à préparer la terre, puis on plante. Là, on s'apprête à récolter les résultats de notre travail", explique Alexeï Ierchov, tractoriste ventripotent de 28 ans, avant de grimper sur son engin rouge et noire et de repartir dans un champ de sarrasin.

Problèmes logistiques 

Si les perspectives de la saison sont bonnes - le ministère de l'Agriculture prévoit une récolte de 130 millions de tonnes, dont un record de 87 millions de tonnes de blé -, les agriculteurs ont connu des mois mouvementés depuis le début des sanctions.

"Nous rencontrons des perturbations logistiques. C'est un problème, car nous avons des partenaires à la fois en Europe (notamment en Lituanie) et en Israël", indique le copropriétaire Evgueni Chifanov, expliquant que les camions restent bloqués aux frontières.

"Nous ne pouvons pas les livrer, nous ne pouvons que nous contenter de notre marché intérieur. Et nous travaillons activement pour trouver des partenaires au Bélarus, en Arménie, au Kazakhstan", ajoute-t-il, énumérant des pays restés proches de Moscou.

Il se dit néanmoins optimiste, une fois la panique des premières semaines passée: la petite ferme avait alors cédé à la crainte de se retrouver sans emballages et avait acheté un an de stock d'un coup, qui prend désormais la poussière.

D'autres petits tracas s'accumulent. Un de leurs partenaires manque de colle pour fabriquer les étiquettes: "Elle était importée d'Europe. Ils essayent de résoudre le problème via la Chine mais la logistique reste compliquée", explique M. Chifanov, debout dans un hangar entre des monticules de blé.

Dans un bâtiment proche, le meunier Roman Tikhonov, 40 ans, s'affaire autour d'un moulin en bois de fabrication autrichienne.

"Récemment, quelque-chose s'est cassé, nous avons trouvé le matériel et l'avons réparé. Avant les pièces détachées arrivaient d'Autriche, on les attendait longtemps, maintenant nous les fabriquons nous-mêmes, c'est plus rapide", constate-t-il laconique.

Le moulin ukrainien, à côté, reçoit ses pièces détachées via le Bélarus depuis 2014 et le début du conflit russo-ukrainien.

Le co-propriétaire se dit néanmoins soulagé que ses tracteurs soient majoritairement russes ou bélarusses, lui évitant des casse-têtes.

« Marges détruites »

La situation sur le marché des céréales a elle aussi évolué. Avant le début du conflit, le prix du blé était déjà élevé (environ 300 euros la tonne) mais se situe désormais à un peu moins de 400 euros. La Russie a continué à en vendre depuis le début des hostilités, dans une situation de pénurie du fait du défaut de l'Ukraine, et en dépit des difficultés de navigation.

Selon Andreï Sizov, directeur général du cabinet de conseil agricole SovEcon, les céréales russes se vendent désormais à environ 20 dollars la tonne de moins que le prix du marché, un phénomène observé également pour le pétrole russe.

"Tout se reflète dans le prix. Les céréales russes sont devenues moins chères que, par exemple, les françaises, car il faut (pour l'acheteur) inclure dans le prix les coûts additionnels pour le fret, l'assurance, les problèmes de paiement".

Si les prix restent élevés et réduisent l'impact financier pour la Russie, "les agriculteurs russes n'en profitent pas, en raison de taxes d'exportation très élevées introduites en 2021 dans l'espoir erroné de réduire l'inflation alimentaire".

Ce alors même que leurs "coûts moyens sont 20-30% plus élevés en roubles" qu'il y a un an, note M. Sizov, ajoutant que les agriculteurs russes voient "leurs marges détruites".

 

Sur le Danube, la galère pour sauver les céréales ukrainiennes

Dans le port ukrainien d'Izmaïl, sur le Danube, les chauffeurs routiers s'impatientent, leurs camions débordant de céréales. A l'autre extrémité, en Roumanie, là où le fleuve se jette dans la Mer Noire, les navires rongent aussi leur frein.

De mémoire de marin, jamais tant de bateaux, aux pavillons divers, n'ont stationné au large de Sulina, danns l'est de la Roumanie, attendant de rejoindre l'Ukraine pour être chargés de denrées.

L'invasion russe a tout chamboulé: le blocus par Moscou des ports maritimes ukrainiens, à commencer par celui d'Odessa, a paralysé les exportations de ce pays qui figure parmi les plus gros producteurs mondiaux de céréales.

"L'alternative, c'est le Danube", qui trace une frontière naturelle entre l'Ukraine et la Roumanie. "Le gros problème, c'est la capacité des infrastructures sur le fleuve", explique à l'AFP Ioury Dimtchoglo, ancien vice-président du Conseil régional d'Odessa.

Depuis le début de la guerre, "seul 1,5 million de tonnes de céréales ont pu être exportées par ce biais", dit-il, une goutte d'eau comparé aux quelque 20 à 25 millions de tonnes bloquées en Ukraine selon le président Volodymyr Zelensky.

« Nourrir le monde »

Tout en amont de la chaîne, l'exploitant agricole Vyatcheslav Zyabkin, qui travaille à 35 kilomètres du port, n'a "toujours rien mis sur les bateaux du Danube. Pas même un kilo".

Car on lui a proposé un prix d'achat bien inférieur aux coûts d'exploitation, dit-il, estimant que la solution danubienne convient surtout aux petits agriculteurs, qui ont de faibles quantités à écouler.

Et pour ceux qui y ont recours, le trajet est semé d'obstacles.

D'abord les embouteillages sur la route: les camions convergent du sud du pays dans l'espoir de pouvoir décharger sur le Danube.

Puis une fois arrivés au port, là aussi il y a foule.

Rencontré à Izmaïl, Serguiï Gavrilenko, chauffeur de 45 ans, marcel à rayures bleues, bob kaki et lunettes d'aviateur, piétine. Il fait 32 degrés et il se lave avec un bidon d'eau rangé dans sa cabine.

"Avant la guerre, il fallait une journée, maintenant il faut compter trois jours. On prend sur nous parce que c'est pour le bien du pays et pour nourrir le monde", confie-t-il.

« Pas de répit »

Les embarcations qui prennent le relais et acheminent les marchandises vers les clients étrangers en descendant le Danube, avant de rejoindre la Mer Noire, arrivent en effet au compte-gouttes.

Au large de Sulina, ils sont près d'une centaine à patienter, entre sept et dix jours en moyenne, avant de pouvoir emprunter le canal en direction des ports ukrainiens.

"Notre volume de travail a beaucoup augmenté. Nous sommes à pied d'oeuvre du lever au coucher du soleil", raconte Gabriel Danila-Mihalcea, 28 ans, capitaine d'un bateau qui multiplie les allers-retours entre Sulina et la mer Noire.

La mission de ce bateau pilote est cruciale: transférer à bord de chacun des navires en rade un pilote qui prendra la barre jusqu'au port de destination.

Cette règle a été entérinée en 1948 par la Convention du Danube en raison des dangers d'un cours d'eau trompeur.

"Nous n'avons pas de répit", se désole, sous couvert de l'anonymat, l'un des 36 navigateurs affectés à cette tâche.

"Le mois dernier, 400 bateaux sont passés par Sulina, c'était un record", s'exclame le mécanicien du bateau pilote, Mihai Calin, 48 ans dont 30 les pieds dans l’eau.

« Ouragan de famines »

"Le trafic a triplé par rapport à mai 2021", confirme auprès de l'AFP le secrétaire d'Etat roumain aux Transports Ion Popa.

Gérer cette hausse est "un effort pour la Roumanie", ajoute-t-il, disant espérer une aide de Bruxelles.

Après s'être rejeté la responsabilité pour les délais d'attente en rade, la Roumanie et l'Ukraine ont mis en place fin mai un commandement conjoint qui décide de l'ordre dans lequel les navires entrent sur le Danube. Ceux affrétés pour le transport de céréales sont désormais prioritaires.

Près de 700.000 tonnes ont par ailleurs été transportées depuis le début du conflit via le port roumain de Constanta, sur la Mer Noire, à bord de barges, de trains ou de poids lourds, souligne M. Popa.

Mais les files d'attente aux postes-frontières routiers et ferroviaires s'allongent chaque jour.

Avant la guerre, l'Ukraine était le quatrième exportateur de maïs, en passe de devenir le troisième exportateur mondial de blé et assurait seule 50% du commerce mondial de graines et d'huile de tournesol.

Si la crise dure, l'ONU craint "un ouragan de famines" dans les mois à venir.

Problèmes logistiques 

Si les perspectives de la saison sont bonnes - le ministère de l'Agriculture prévoit une récolte de 130 millions de tonnes, dont un record de 87 millions de tonnes de blé -, les agriculteurs ont connu des mois mouvementés depuis le début des sanctions.

"Nous rencontrons des perturbations logistiques. C'est un problème, car nous avons des partenaires à la fois en Europe (notamment en Lituanie) et en Israël", indique le copropriétaire Evgueni Chifanov, expliquant que les camions restent bloqués aux frontières.

"Nous ne pouvons pas les livrer, nous ne pouvons que nous contenter de notre marché intérieur. Et nous travaillons activement pour trouver des partenaires au Bélarus, en Arménie, au Kazakhstan", ajoute-t-il, énumérant des pays restés proches de Moscou.

Il se dit néanmoins optimiste, une fois la panique des premières semaines passée: la petite ferme avait alors cédé à la crainte de se retrouver sans emballages et avait acheté un an de stock d'un coup, qui prend désormais la poussière.

D'autres petits tracas s'accumulent. Un de leurs partenaires manque de colle pour fabriquer les étiquettes: "Elle était importée d'Europe. Ils essayent de résoudre le problème via la Chine mais la logistique reste compliquée", explique M. Chifanov, debout dans un hangar entre des monticules de blé.

Dans un bâtiment proche, le meunier Roman Tikhonov, 40 ans, s'affaire autour d'un moulin en bois de fabrication autrichienne.

"Récemment, quelque-chose s'est cassé, nous avons trouvé le matériel et l'avons réparé. Avant les pièces détachées arrivaient d'Autriche, on les attendait longtemps, maintenant nous les fabriquons nous-mêmes, c'est plus rapide", constate-t-il laconique.

Le moulin ukrainien, à côté, reçoit ses pièces détachées via le Bélarus depuis 2014 et le début du conflit russo-ukrainien.

Le co-propriétaire se dit néanmoins soulagé que ses tracteurs soient majoritairement russes ou bélarusses, lui évitant des casse-têtes.

« Marges détruites »

La situation sur le marché des céréales a elle aussi évolué. Avant le début du conflit, le prix du blé était déjà élevé (environ 300 euros la tonne) mais se situe désormais à un peu moins de 400 euros. La Russie a continué à en vendre depuis le début des hostilités, dans une situation de pénurie du fait du défaut de l'Ukraine, et en dépit des difficultés de navigation.

Selon Andreï Sizov, directeur général du cabinet de conseil agricole SovEcon, les céréales russes se vendent désormais à environ 20 dollars la tonne de moins que le prix du marché, un phénomène observé également pour le pétrole russe.

"Tout se reflète dans le prix. Les céréales russes sont devenues moins chères que, par exemple, les françaises, car il faut (pour l'acheteur) inclure dans le prix les coûts additionnels pour le fret, l'assurance, les problèmes de paiement".

Si les prix restent élevés et réduisent l'impact financier pour la Russie, "les agriculteurs russes n'en profitent pas, en raison de taxes d'exportation très élevées introduites en 2021 dans l'espoir erroné de réduire l'inflation alimentaire".

Ce alors même que leurs "coûts moyens sont 20-30% plus élevés en roubles" qu'il y a un an, note M. Sizov, ajoutant que les agriculteurs russes voient "leurs marges détruites".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.