«  Il y a urgence »: l'économie sociale et solidaire tiraillée entre inflation et convictions

Une phrase indiquant "plus de pouvoir d'achat" apparaît sur une pancarte alors que les agriculteurs participent avec leurs tracteurs à une manifestation organisée par des entreprises agricoles pour demander un gel du prix du diesel non routier (GNR) utilisé par les équipements tout-terrain tels que les équipements agricoles. et tracteurs forestiers, au rond-point d'Ifs près de Caen, dans le nord-ouest de la France, le 24 mars 2022. (AFP).
Une phrase indiquant "plus de pouvoir d'achat" apparaît sur une pancarte alors que les agriculteurs participent avec leurs tracteurs à une manifestation organisée par des entreprises agricoles pour demander un gel du prix du diesel non routier (GNR) utilisé par les équipements tout-terrain tels que les équipements agricoles. et tracteurs forestiers, au rond-point d'Ifs près de Caen, dans le nord-ouest de la France, le 24 mars 2022. (AFP).
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Publié le Vendredi 17 juin 2022

«  Il y a urgence »: l'économie sociale et solidaire tiraillée entre inflation et convictions

  • Avec un prix du gazole et de l'essence supérieur à 2 euros le litre, "on essaie donc d’optimiser les déplacements, de se coordonner pour faire un seul déplacement au lieu de deux dans une zone"
  • Pour assurer leur équilibre économique, certains acteurs de l'ESS n'ont cependant pas d'autre choix que d'augmenter les prix de vente

IFS, France: Touchés comme les entreprises classiques par la forte inflation, mais moins enclins à répercuter la hausse des coûts sur leurs prix, les acteurs de l'économie sociale et solidaire (ESS) appellent le gouvernement à prendre en compte leur "spécificité".

"Au niveau des entreprises de l’ESS", traditionnellement plus soucieuses de leur utilité sociale que de leur rentabilité, "on a des difficultés à actionner la hausse du facteur prix", relève Hugues Vidor.

Par ailleurs, "on n'a pas forcément de marges" qui permettraient d'absorber la hausse des coûts de production, déplore le président de l'Union des employeurs de l'ESS (Udes).

"Plastiques, emballages, palettes en bois, peintures: on est touchés dans tous les domaines" par l'inflation, mesurée à plus de 5% sur un an en mai, témoigne Sébastien Albaut.

Ce gérant de Marne Metal Concept, une Scop spécialisée dans le traitement des tôles métalliques, a vu flamber le prix de sa matière première, de "600-800 euros la tonne de tôle brute" en 2021 à 1.400 euros ces derniers jours.

"Depuis la fin de l’année dernière s’est ajouté un nouveau problème: les coûts de l’électricité et du gaz", soupire Sébastien Albaut, qui n'a "pas de trésor de guerre" pour amortir le choc.

Système D

L'entrepreneur a donc réduit la consommation énergétique de la Scop, en ne faisant chauffer ses fours de cuisson que quatre jours sur cinq.

Pour Jean-François Diguet, directeur de l'entreprise associative Air de Bretagne qui installe et entretient des dispositifs médicaux à domicile, la solution passe aussi par du système D.

Sa facture de carburant a gonflé de 13.000 euros sur un an au premier trimestre 2022, alors que ses 70 salariés mobiles font en moyenne 350 km par jour.

Avec un prix du gazole et de l'essence supérieur à 2 euros le litre, "on essaie donc d’optimiser les déplacements, de se coordonner pour faire un seul déplacement au lieu de deux dans une zone", confie Jean-François Diguet.

L'impact de l'inflation se ressent malgré tout sur l'équilibre financier d'Air de Bretagne: après avoir atteint 1 million d'euros sur l'année 2021, le résultat net a chuté à 4.500 euros au premier trimestre 2022.

Pour assurer leur équilibre économique, certains acteurs de l'ESS n'ont cependant pas d'autre choix que d'augmenter les prix de vente.

"Si on ne répercutait pas" sur les prix la hausse de 7% par mois du coût du papier, on se plantait", assure ainsi Hélène Le Gac, présidente d'une Scop bretonne spécialisée dans l'imprimerie.

Même stratégie pour la petite entreprise textile Loom, qui prône la sobriété et la durabilité dans sa production de vêtements.

"Notre marge est parmi les plus basses du marché, la diminuer reviendrait à mettre en péril notre modèle économique. Augmenter les prix est malheureusement la seule option qui nous reste", justifie-t-elle sur son site.

Interlocuteur dédié

Ces tensions financières surviennent dans un contexte où les salariés demandent aussi un effort de leur employeur sur les rémunérations pour préserver leur pouvoir d'achat.

Face aux demandes salariales, la plupart des entrepreneurs interrogés par l'AFP affirment miser sur les primes.

Les acteurs de l'ESS comptent aussi sur le gouvernement, qui doit dévoiler dans les prochains jours une série de mesures de soutien aux ménages et aux entreprises.

"Il y a urgence, il ne faudrait pas oublier dans ce projet de loi l’ensemble des entreprises de l’ESS. Il y a une spécificité à prendre en compte", plaide Hugues Vidor.

"85% des branches de l’ESS ont des minima conventionnels inférieurs au Smic", assure-t-il encore pour rappeler les enjeux salariaux.

Du côté du ministère de l'Economie, aucun dispositif spécifique à l'ESS n'est en préparation, mais "le paquet pouvoir d'achat est à destination de tous les Français, les mesures (qui limitent la hausse des prix) du gaz et de l'électricité concernent toutes les entreprises", insiste Bercy.

Après le mandat d'Olivia Grégoire au secrétariat d'Etat à l'ESS (2020-2022), la tutelle du secteur est désormais répartie entre trois ministères (Economie, Travail, Solidarités).

Mais l'Udes espère bien récupérer un interlocuteur dédié au sein du gouvernement - et de préférence "de niveau ministériel", précise Hugues Vidor.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».