Législatives: Les Français ont mis fin à Jupiter, estiment les analystes

Elisabeth Borne après les premiers résultats des élections législatives à Matignon à Paris, le 19 juin 2022 (Photo, AFP).
Elisabeth Borne après les premiers résultats des élections législatives à Matignon à Paris, le 19 juin 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 20 juin 2022

Législatives: Les Français ont mis fin à Jupiter, estiment les analystes

  • Les électeurs ont choisi dimanche de priver Emmanuel Macron de majorité à l'Assemblée nationale, mettant fin ainsi à l'hyper-présidence
  • Pour Jean-Daniel Lévy, directeur général de Harris Interractive, les électeurs ont envoyé un message clair au chef de l'Etat

PARIS: Après avoir reconduit en avril Emmanuel Macron à l'Elysée pour cinq ans, les électeurs ont choisi dimanche de le priver de majorité à l'Assemblée nationale, mettant fin ainsi à "l'hyper-présidence" de son premier quinquennat, estiment les experts.

Avec des projections de sièges qui situent la coalition présidentielle loin des 289 sièges indispensables pour disposer d'une majorité absolue, "les Français ont obtenu ce qu'ils souhaitaient collectivement", explique à l'AFP Emmanuel Rivière, directeur des études politiques de l'institut Kantar.

"Les dernières enquêtes d'opinion convergeaient, en effet, vers le désir de ne pas octroyer à Emmanuel Macron de majorité absolue, pas plus qu'à Jean-Luc Mélenchon", le dirigeant de l'alliance de gauche Nupes (LFI, PS, EELV et PCF) qui avait appelé les Français à "l'élire Premier ministre" avant même le second tour de la présidentielle dont il avait été éliminé.

Pour Jean-Daniel Lévy, directeur général de Harris Interractive, les électeurs ont envoyé un message clair au chef de l'Etat.

"D'une manière globale, on est face à des citoyens qui ont le sentiment de ne pas avoir été écoutés comme ils le souhaitaient, de ne pas avoir été suffisamment entendus de la part d'Emmanuel Macron et qui aimeraient une autre expression de la part de l'exécutif", affirme-t-il à l'AFP.

Gifle pour Macron face au risque d'une France ingouvernable

"Il faudra faire preuve de beaucoup d'imagination" pour gouverner: la France avance dans l'inconnu après des élections législatives aux allures de séisme dimanche, avec le camp Macron qui perd la majorité absolue, la forte percée de la gauche unie et le score historique du Rassemblement national.

Ces résultats du second tour, inédits sous la Ve République, posent clairement la question de la capacité d'Emmanuel Macron à pouvoir gouverner et faire voter les réformes promises, notamment celle des retraites.

Ils ouvrent une période délicate de tractations à tous les niveaux pour sceller des alliances, remanier le gouvernement et négocier les postes de responsabilités dans la nouvelle Assemblée.

Des élections intermédiaires

Premier président réélu depuis l'instauration du quinquennat en 2002, Emmanuel Macron est aussi le premier à se retrouver en minorité depuis l'inversion du calendrier électoral qui a situé les législatives dans la foulée de la présidentielle et qui, jusqu'à présent, octroyait une majorité claire au chef de l'Etat fraîchement élu.

"Il n'y a pas eu de conséquences de la victoire de M. Macron à la présidentielle sur les législatives", constate M. Rivière. "Tout s'est passé comme si nous étions dans la continuité d'un mandat de dix ans et que les législatives aient finalement fonctionné comme des élections intermédiaires qui sont d'habitude difficiles pour le gouvernement et non comme des législatives qui suivent la présidentielle", souligne-t-il.

La question du pouvoir d'achat, notamment du prix de l'essence ont apparemment une  forte influence sur le résultat du vote: "les problèmes du quotidien ont été beaucoup plus présentes dans la tête des Français que dans le débat", reconnaît M. Rivière.

Des préoccupations dont Le Rassemblement national a fait son principal thème de campagne et qui pourraient expliquer sa percée historique lui permettant de devenir peut-être la troisième force de l'Assemblée nationale avec de 67 à 102 sièges.

Après un entre-deux-tour où l'appel à faire barrage à l'extrême droite a donné lieu à des messages contradictoires notamment au sein de la majorité, le RN a fait beaucoup mieux que son objectif d'atteindre les 15 sièges nécessaires pour créer un groupe.

"On a la confirmation que dans ce mode de scrutin très particulier qui handicapait jusqu'alors le RN, le front républicain s'est complètement disloqué, voire même perdu dans les limbes de la Ve République", observe le directeur du Cevipof Martial Foucault sur LCP.

"C'est l'un des points sur lesquels la stratégie d'Emmanuel Macron aura eu des conséquences qu'il n'aura pas tout à fait maîtrisées: cette rhétorique de dire +à part moi, il n'y a que des extrêmes+ a été un peu dévastatrice", admet M. Rivière.

La fin de l'hyper-présidence

Avec une majorité relative à l'Assemblée, le second quinquennat d'Emmanuel Macron ne ressemblera plus au premier: "il n'y a pas de reconduction d'une hyperprésidence", affirme à l'AFP Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel à l'université Panthéon-Sorbonne.

"Pour M. Macron, ce quinquennat sera un quinquennat de négociations, de compromis parlementaires. Ce n'est plus Jupiter qui gouvernera mais un président aux prises avec une absence de majorité à l’Assemblée", assure-t-il.

"On va vers un quinquennat où le rôle du Parlement sera réhabilité. C'est la pratique de tous les autres pays européens", ajoute l'analyste.

Avec un score proche des 289 sièges, le président pourrait gouverner en minorité "cherchant des soutiens au cas par cas en fonction des lois", notamment chez les petits partis, précise M. Rousseau.

Mais les projection donnent un écart beaucoup plus large, ce qui laisse le directeur du Cevipof Martial Foucault sceptique sur les alliances: "Ce soir, ce n'est ni une majorité relative ni une majorité absolue. Les difficultés vont être très nombreuses dans les prochaines heures pour définir si on parle d'un pacte, d'une coalition de gouvernement", prévient-il.

Macron et sa coalition près du scénario catastrophe

En n'obtenant dimanche soir qu'une petite majorité relative des sièges à l'Assemblée nationale française, le président Emmanuel Macron et sa coalition sont proches d'un scénario catastrophe, qui va les contraindre à rechercher des alliances lors de la législature qui s'ouvre.

La situation de juin 2022 est très loin du scrutin législatif de 2017, lorsque Emmanuel Macron avait réussi à obtenir haut la main une majorité absolue, avec près de 350 sièges.

La lame de fond a même failli emporter dimanche sa Première ministre, Elisabeth Borne, mal élue dans une circonscription de l'Ouest en recueillant 52,46% des suffrages.

Est-elle sur la sellette ? Personne, dans la majorité, n'imaginait son départ avant dimanche soir, tant la symbolique d'une cheffe du gouvernement débarquée à peine un mois après sa nomination semblait désastreuse.

La fin de l'hyper-présidence

Avec une majorité relative à l'Assemblée, le second quinquennat d'Emmanuel Macron ne ressemblera plus au premier: "il n'y a pas de reconduction d'une hyperprésidence", affirme à l'AFP Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel à l'université Panthéon-Sorbonne.

"Pour M. Macron, ce quinquennat sera un quinquennat de négociations, de compromis parlementaires. Ce n'est plus Jupiter qui gouvernera mais un président aux prises avec une absence de majorité à l’Assemblée", assure-t-il.

"On va vers un quinquennat où le rôle du Parlement sera réhabilité. C'est la pratique de tous les autres pays européens", ajoute l'analyste.

Avec un score proche des 289 sièges, le président pourrait gouverner en minorité "cherchant des soutiens au cas par cas en fonction des lois", notamment chez les petits partis, précise M. Rousseau.

Mais les projection donnent un écart beaucoup plus large, ce qui laisse le directeur du Cevipof Martial Foucault sceptique sur les alliances: "Ce soir, ce n'est ni une majorité relative ni une majorité absolue. Les difficultés vont être très nombreuses dans les prochaines heures pour définir si on parle d'un pacte, d'une coalition de gouvernement", prévient-il.


Un homme tué par balle à Marseille, le 3e en plein jour depuis début octobre

Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre. (AFP)
Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre. (AFP)
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  • La deuxième ville de France a enterré mardi Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu jeudi en début d'après-midi devant une pharmacie
  • Les marins pompiers de Marseille sont intervenus vers 14H15 au quartier des Olives pour un homme "blessé par arme à feu"

MARSEILLE: Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre.

Interrogé par l'AFP, le parquet a fait état d'un mort, âgé entre 45 et 50 ans, et d'un blessé dans le quartier des Olives (13e arrondissement), sans pouvoir établir à ce stade de l'enquête un lien éventuel avec le trafic de drogue.

Marseille est régulièrement secouée par des "narchomicides" sur fond de trafic de stupéfiants et de guerre des gangs pour le contrôle des points de vente de drogue.

Les marins pompiers de Marseille sont intervenus vers 14H15 au quartier des Olives pour un homme "blessé par arme à feu". Une source policière indiquant ensuite à l'AFP qu'elle avait été "tuée par balle dans le 13e arrondissement".

La deuxième ville de France a enterré mardi Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu jeudi en début d'après-midi devant une pharmacie. Le 9 octobre, un homme avait été tué par balle en fin de matinée dans un quartier populaire du centre.

Selon un décompte de l'AFP, une quinzaine de personnes ont perdu la vie dans des narchomicides depuis le début de l'année dans les Bouches-du-Rhône.

Une criminalité qui ne cesse de franchir des paliers: si avant 2020/2021 les victimes étaient bien ancrées dans le narcobanditisme, depuis, les cibles sont devenues les petites mains du trafic, parfois mineures et touchées à l'aveugle sur des points de deal, faisant parfois des victimes collatérales.

Avec Mehdi Kessaci, un nouveau cap a été franchi selon les observateurs, ce jeune de 20 ans totalement étranger du trafic de drogue ayant été visé volontairement, peut-être pour intimider son frère Amine engagé dans la lutte contre le narcobanditisme, selon les premiers éléments de l'enquête.


Fleurs blanches et hommages de Marseillais à Mehdi Kessaci pour ses obsèques

Cette capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et ancien candidat dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP).
Cette capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et ancien candidat dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP).
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  • Au milieu des gerbes trônent celle des Ecologistes, le parti d'Amine Kessaci, frère de Mehdi, qui selon les premières investigations, pourrait avoir été tué pour toucher et avertir Amine
  • Il y a également celle de Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône mais aussi de simples citoyens comme cette retraitée, présente avec un bouquet de roses blanches

MARSEILLE: Les fleurs blanches commençaient à s'accumuler mardi au rond-point où a été abattu jeudi Mehdi Kessaci, en marge de ses obsèques attendues dans l'après-midi à Marseille, dans une ville traumatisée par ce nouveau cap franchi dans les violences liées au narcobanditisme.

Au milieu des gerbes trônent celle des Ecologistes, le parti d'Amine Kessaci, frère de Mehdi, qui selon les premières investigations, pourrait avoir été tué pour toucher et avertir Amine, militant engagé dans la lutte contre le narcobanditisme depuis l'assassinat d'un premier frère, Brahim.

Il y a également celle de Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône mais aussi de simples citoyens comme cette retraitée, présente avec un bouquet de roses blanches.

"Je suis venue pour Amine que j'ai bien connu car j'étais maîtresse dans la cité où il habitait avec sa famille. Je l'ai côtoyé ensuite lors de campagnes électorales et je trouve son engagement citoyen formidable", confie à l'AFP Christine Didon.

"Aujourd'hui, on ne peut plus s'en sortir grâce à l'école comme avant. Il y a une dégradation très rapide des conditions de vie, une pauvreté telle qu'il ne reste à certains que le trafic de drogue", ajoute-t-elle.

Mohamed Habib Errabia, 77 ans, est tout de suite descendu de chez lui jeudi quand il a entendu les coups de feu et ce matin il tenait à rendre hommage à ce jeune de 20 ans, victime innocente et totalement étrangère au trafic de drogue, selon les autorités. "On a des enfants, forcément on pense à eux. Qu'est-ce qui peut leur arriver ? On est pas à l'abri d'une balle perdue".

Les obsèques de Mehdi Kessaci se dérouleront mardi après-midi à Marseille sous forte surveillance policière. La famille, qui ne souhaite pas la présence de la presse, a annoncé qu'une marche blanche serait organisée ce week-end.

La police avait identifié des menaces sur Amine Kessaci et ce dernier était placé sous surveillance policière depuis plusieurs semaines. A la rentrée, il a publié un livre "Marseille, essuie tes larmes" (Le bruit du monde), sorte de longue lettre adressée à Brahim, tué avec deux autres jeunes hommes en 2020, dont les assassins présumés seront jugés prochainement.

Mardi matin, une réunion d'urgence à l'Elysée est par ailleurs organisée sur la lutte contre le narcobandistime qui a fait l'objet d'une loi en juin.

"Le narcotrafic est une peste, une lèpre, une venin qui court dans les veines du monde et l'empoisonne", écrit Amine Kessaci dans son livre. "On dit cartel, on dit baron, on dit empire. Moi je dis fosse commune, je dis cimetière, je dis clameur étouffée des mères qui pleurent leurs fils fauchés, des pères brisés par la poudre qui court, des enfants assassinés avant d'avoir su vivre".

 


France: une galerie du Louvre fermée au public en raison d'une «fragilité» de l'édifice

La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables. (AFP)
La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables. (AFP)
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  • Il s'agit "d'évolutions récentes et imprévisibles", assure le musée le plus visité au monde
  • A l'appui de sa décision, le musée invoque les conclusions d'un rapport d'un bureau d'études techniques qui lui a été remis vendredi

PARIS: Une des galeries du musée du Louvre à Paris sera fermée au public "par mesure de précaution" après qu'un audit a révélé la "particulière fragilité" de certaines poutres d'une des ailes du bâtiment, a annoncé lundi le musée dans un communiqué.

Abritant neuf salles dédiées à la céramique grecque antique, la galerie Campana sera fermée le temps que des "investigations" soient menées "sur la particulière fragilité de certaines poutres portant les planchers du deuxième étage de l'aile sud" du quadrilatère Sully, qui enserre la cour carrée du Louvre.

Il s'agit "d'évolutions récentes et imprévisibles", assure le musée le plus visité au monde. Contacté par l'AFP, un porte-parole de l'établissement n'a pas pu préciser quand cette décision prendrait effet ni pour combien de temps.

A l'appui de sa décision, le musée invoque les conclusions d'un rapport d'un bureau d'études techniques qui lui a été remis vendredi. Et assure avoir "immédiatement lancé une campagne complémentaire d'investigations" afin de déterminer les causes de la fragilité identifiée.

La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables.

En janvier 2025, la présidente du Louvre Laurence des Cars, sous pression depuis ce casse spectaculaire, avait alerté le ministère de la Culture de l'état de grande vétusté du musée parisien, évoquant notamment "la multiplication d'avaries dans des espaces parfois très dégradés".

Peu après cette alerte, le président Emmanuel Macron avait annoncé le lancement d'un vaste chantier de rénovation et de modernisation du Louvre, centré notamment sur le quadrilatère Sully. Des travaux initialement estimés à quelque 800 millions d'euros, et revus à la hausse dans un récent rapport de la Cour des comptes qui a évoqué au moins 1,15 milliard d'euros.