Étape historique, la Belgique restitue une «relique» de Lumumba à la RD Congo

Roland Lumumba, fils du Leader assassiné de l'ancienne République du Congo, Patrice Lumumba, assiste à une conférence de presse à l'ambassade du Congo à Bruxelles le 17 juin 2022 (Photo, AFP).
Roland Lumumba, fils du Leader assassiné de l'ancienne République du Congo, Patrice Lumumba, assiste à une conférence de presse à l'ambassade du Congo à Bruxelles le 17 juin 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 20 juin 2022

Étape historique, la Belgique restitue une «relique» de Lumumba à la RD Congo

  • Cet assassinat, suivi de l'élimination du corps, démembré et dissous dans l'acide, constitue une des pages les plus sombres de la relation entre la Belgique et son ancienne colonie
  • Il fait toujours l'objet d'une enquête judiciaire à Bruxelles pour «crime de guerre», après la plainte déposée en 2011 par François Lumumba, le fils aîné du leader assassiné

BRUXELLES: La Belgique restitue lundi à la République démocratique du Congo (RDC) une dent de Patrice Lumumba ayant valeur de "relique", qui doit permettre d'offrir aux Congolais un lieu dédié à la mémoire de leur ex-Premier ministre, torturé puis abattu en 1961.

Cet assassinat, suivi de l'élimination du corps, démembré et dissous dans l'acide, constitue une des pages les plus sombres de la relation entre la Belgique et son ancienne colonie, devenue indépendante le 30 juin 1960.

Il fait toujours l'objet d'une enquête judiciaire à Bruxelles pour "crime de guerre", après la plainte déposée en 2011 par François Lumumba, le fils aîné du leader assassiné, qui a pointé du doigt les responsabilités d'une dizaine de fonctionnaires et diplomates belges.

La dent est restituée dans le cadre de cette procédure. Le dossier s'était épaissi en 2016 avec une plainte pour "recel", les proches voyant là l'unique moyen de faire saisir ce reste humain par la justice. La dent avait été conservée comme souvenir par un policier belge ayant participé à la disparition du corps et qui s'en était vanté dans les médias.

Lundi matin, honorant son engagement de 2020, le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw doit remettre aux enfants de Patrice Lumumba "l'écrin contenant la dent" attribuée à leur père, lors d'une cérémonie "privée" prévue à 10h00 (08H00 GMT).

L'écrin sera placé dans un cercueil lors d'une "mise en bière" programmée cette fois en présence des Premiers ministres belge et congolais, toujours au palais d'Egmont à Bruxelles, selon le programme officiel.

Des discours seront ensuite prononcés devant le cercueil, avant que ne résonnent les hymnes nationaux des deux pays. A l'issue de la cérémonie, la dépouille sera transportée à l'ambassade de RDC. Elle devrait s'envoler vers Kinshasa mardi soir après un hommage de la communauté afro-descendante à Bruxelles.

Héros de l'indépendance devenu le premier Premier ministre de l'ancien Congo belge (l'ex-Zaïre, aujourd'hui la RDC), Patrice Lumumba a été renversé dès septembre 60 par un coup d'Etat.

 

- "Paternalisme et racisme" -

 

Il a été exécuté le 17 janvier 1961 avec deux frères d'armes par des séparatistes de la région du Katanga, avec l'appui de mercenaires belges.

Perçu comme prosoviétique par Washington en pleine guerre froide, considéré comme une menace pour les intérêts économiques occidentaux au Congo, il a acquis après sa mort la stature d'un champion africain de l'anti-impérialisme.

"Lumumba devint en un rien de temps un martyr de la décolonisation, un héros pour tous les opprimés de la Terre", a résumé David Van Reybrouck dans son livre "Congo, une histoire".

Pour sa famille, il est resté un père ou un grand-père auquel il n'a pas été possible de dire adieu. "Les années passent et notre père demeure un mort sans oraison funèbre", écrivait en 2020 sa fille Juliana dans une lettre au roi des Belges Philippe, réclamant "le juste retour des reliques".

La restitution doit permettre aux proches d'achever leur deuil et au pouvoir congolais d'ériger un "Mémorial Patrice Lumumba", en cours de construction à Kinshasa, sur un grand axe où s'élève déjà une statue du héros national.

De source congolaise, une cérémonie d'inhumation doit y être organisée le 30 juin, date anniversaire de l'indépendance. Tout au long de la semaine précédente, le cercueil aura marqué des haltes sur les lieux emblématiques du parcours personnel et politique de l'ancien leader.

"Nouveau moment charnière" dans la relation bilatérale, selon le Premier ministre belge Alexander De Croo, la restitution intervient juste après un voyage de six jours du roi Philippe en RDC début juin, son premier déplacement dans l'ex-colonie au cours duquel il a réitéré ses "plus profonds regrets" pour les "blessures" de la période coloniale.

Lundi matin, avant la cérémonie de restitution, Philippe aura une entrevue avec les enfants Lumumba au Palais royal. Une rencontre forte en symboles pour le descendant du roi Léopold II, dont la monarchie a désormais admis qu'il avait institué à la fin du XIXe siècle au Congo "un régime marqué par le paternalisme, les discriminations et le racisme".


Le nouveau recensement américain comportera une catégorie pour certains citoyens originaires de la zone «Mena»

Une affiche en arabe annonce le recensement de 2020, à Los Angeles, le 27 février 2020. Les activistes arabes-américains luttent depuis plus de cinquante ans pour l’inclusion d’une catégorie «Arabe» dans les formulaires de recensement. (Photo AFP)
Une affiche en arabe annonce le recensement de 2020, à Los Angeles, le 27 février 2020. Les activistes arabes-américains luttent depuis plus de cinquante ans pour l’inclusion d’une catégorie «Arabe» dans les formulaires de recensement. (Photo AFP)
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  • La plupart des Américains d’origine arabe devront toujours préciser leur nationalité
  • L’inclusion de la catégorie «Mena» est un «pas en avant», mais les activistes veulent une catégorie «Arabe»

CHICAGO: Le Bureau du recensement des États-Unis a annoncé jeudi que les prochains formulaires incluront la catégorie «Mena», ce qui signifie «du Moyen-Orient ou d’Afrique du Nord», mais la plupart des Américains d’origine arabe devront toujours préciser leur nationalité. 

Les activistes arabes-américains luttent depuis plus de cinquante ans pour l’inclusion d’une catégorie «Arabe» dans les formulaires de recensement et ils ont accepté un compromis pour être inclus dans la catégorie plus large de «Mena». 

Cette dernière comprend seulement quatre nationalités arabes: libanaise, syrienne, irakienne et égyptienne. 

Cette annonce fait suite aux protestations des électeurs arabes-américains qui pensent que le président des États-Unis, Joe Biden, les a trahis en ignorant leurs préoccupations relatives à la guerre menée par Israël à Gaza. 

Outre les quatre nationalités arabes pour lesquelles des cases à cocher spécifiques sont prévues, la catégorie Mena comprendra des cases pour les nationalités israélienne et iranienne. 

Tous les autres Américains d’origine arabe, dont les citoyens de Palestine et de Jordanie, qui comptent parmi les communautés arabes-américaines les plus importantes, devront toujours indiquer leur nationalité sur une ligne vierge en dessous. 

De nombreux Arabes-Américains estiment que l’exclusion du mot «Arabe» constitue un affront et vise à satisfaire la communauté pro-israélienne. 

«Je suis très déçue qu’on n’ait pas inclus tous les pays arabes. De nombreuses communautés arabes connaissent une croissance importante, notamment la communauté yéménite, qui figure parmi celles dont la croissance est la plus rapide», souligne Anna Moustafa, qui a commencé à faire officiellement pression en 1980 pour l’inclusion de la catégorie «Arabe» dans le formulaire de recensement. Mme Moustafa a travaillé officiellement avec le Bureau du recensement en tant que spécialiste des partenariats dans les années 1990 et 2000. 

«Nous avons travaillé sur les limites politiques dans les années 1990 et 2000, mais le processus a été bloqué et un certain groupe a tout arrêté. Si Israël en fait partie, les communautés palestinienne et jordanienne devraient également être incluses dans ce formulaire de recensement», déclare-t-elle à Arab News. 

Mme Moustafa a reconnu qu’il s’agissait d’un «pas en avant». «Ce n’est pas ce que nous voulions, mais c’est mieux que ce que nous avons», ajoute-t-elle. 

Elle a insisté sur le fait que la communauté ne devait pas cesser de plaider en faveur de «l’inclusion totale» des 22 nationalités arabes. 

La directrice exécutive de l’Arab American Institute, Maya Berry, qui a plaidé en faveur de l’inclusion de la catégorie «Mena», a salué ce changement, le qualifiant de «réalisation majeure» et attribuant le mérite à l’administration Biden. 

«Pour la première fois, les Américains d’origine arabe seront visibles non seulement dans le recensement décennal, mais aussi à travers toutes les données fédérales relatives à la race et à l’ethnicité, ce qui est historique», indique Mme Berry, avant de poursuivre en ces termes: «Cependant, il est regrettable qu’au lieu de célébrer ce qui aurait dû être une victoire capitale pour l’amélioration de la collecte des données et pour notre communauté, nous soyons préoccupés par l’effacement d’un segment clé de notre communauté et par la possibilité très réelle d’un sous-dénombrement récurrent.» 

«C’est un jour attendu depuis longtemps. Nous avons beaucoup de travail devant nous, en particulier lorsque le gouvernement fédéral commencera à appliquer ce changement. Cela va des programmes conçus pour améliorer nos entreprises à la lutte contre les disparités en matière de santé, et bien plus encore. Il s’agit d’un premier pas dans la bonne direction, mais nous sommes conscients qu’il reste encore beaucoup à faire pour garantir une représentation complète et exacte de la communauté arabe-américaine», souligne pour sa part Abed Ayoub, directeur exécutif national de l’American-Arab Anti-Discrimination Committee. 

L’inclusion dans le recensement a un impact majeur sur les communautés ethniques et nationales et elle les aide à obtenir des fonds fédéraux pour répondre à leurs besoins. En outre, elle leur confère un statut spécial qui empêche les politiciens de diviser leur vote, notamment dans les districts congressionnels. 

En 2021, l’administration Biden a collaboré avec les démocrates pour redécouper plusieurs districts congressionnels. L’ancien 3e district congressionnel de l’Illinois, qui avait été identifié comme ayant la plus grande concentration d’électeurs palestino-américains de tous les districts congressionnels, était concerné. Il a été divisé en cinq districts congressionnels différents, diluant ainsi la capacité des électeurs palestino-américains à élire l’un des leurs au Congrès. 

Dans les années 1980, les Hispaniques ont été inclus dans le recensement et l’État a été contraint de créer un district congressionnel qui augmenterait les chances de voir l’un de ses membres élu. Dans les années 1990, ce district a élu Luis Gutiérrez et, depuis, il compte un membre hispanique au Congrès. Le district est aujourd’hui représenté par Jesus «Chuy» Garcia, membre de la Chambre des représentants des États-Unis. 

Le recensement est effectué tous les dix ans. Auparavant, les Arabes-Américains faisaient partie de la catégorie «Blanc» et ne pouvaient inscrire que leur nationalité. En conséquence, la communauté arabe n’avait pas droit aux subventions fédérales ni à la continuité du vote politique lors du redécoupage des districts du Congrès, a fait remarquer Mme Moustafa. 

Les responsables du Bureau du recensement reconnaissent que la catégorie «Mena» est «une catégorie de déclaration minimale, séparée et distincte de la catégorie “Blanc”». 

Le recensement est géré par le Bureau de la gestion et du budget, qui fait partie du gouvernement américain. Le rapport complet sur la révision est disponible ici. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Russie: une photojournaliste placée en détention provisoire pour « extrémisme»

Mme Kravtsova avait été arrêtée quelques heures après s'être rendue sur la tombe de M. Navalny, dans le sud de Moscou, lors de l'élection présidentielle russe. (AFP)
Mme Kravtsova avait été arrêtée quelques heures après s'être rendue sur la tombe de M. Navalny, dans le sud de Moscou, lors de l'élection présidentielle russe. (AFP)
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  • Mme Kravtsova avait tourné, le 15 février, la dernière vidéo montrant l'opposant lors d'une audience, la veille de sa mort dans une prison de l'Arctique.
  • Elle avait ensuite été arrêtée le 17 mars, quelques heures après avoir déposé des fleurs sur la tombe d'Alexeï Navalny, et condamnée dans la foulée à 10 jours de détention administrative

MOSCOU: Un tribunal de Moscou a placé vendredi en détention provisoire la photojournaliste Antonina Kravtsova visée par des accusations "d'extrémisme" passibles de six ans de prison, en pleine répression des dernières voix critiques en Russie.

Mme Kravtsova, qui travaillait sous le nom d'Antonina Favorskaïa, est accusée de "participation à un groupe extrémiste" et sera en détention pour au moins deux mois, jusqu'au 28 mai, a indiqué sur Telegram le service de presse des tribunaux de Moscou.

Selon le tribunal, il lui est reproché d'avoir monté des vidéos et publié des contenus pour le Fonds de lutte contre la corruption, une organisation de l'opposant Alexeï Navalny déclarée "extrémiste" en 2021 et interdite.

Antonina Kravtsova couvrait très régulièrement les procès d'Alexeï Navalny pour SOTAvision, l'un des derniers médias documentant depuis la Russie les répressions politiques et classé "agent de l'étranger" par les autorités russes.

Mme Kravtsova avait tourné, le 15 février, la dernière vidéo montrant l'opposant lors d'une audience, la veille de sa mort dans une prison de l'Arctique.

Elle avait ensuite été arrêtée le 17 mars, quelques heures après avoir déposé des fleurs sur la tombe d'Alexeï Navalny, et condamnée dans la foulée à 10 jours de détention administrative pour désobéissance à la police.

Mercredi soir, après avoir purgé cette peine, elle a été interpellée à nouveau dès sa sortie de prison. Puis son appartement a été perquisitionné, tout comme celui de ses parents, dans le cadre de cette affaire pour "extrémisme".

Deux journalistes venues la retrouver à sa sortie de prison ont été interpellées brièvement et leurs domiciles également perquisitionnés.

Une autre journaliste, Olga Komleva, arrêtée à Oufa, dans la république du Bachkortastan, a aussi été placée jeudi en détention provisoire pour deux mois après avoir été accusée de "participation" à l'organisation "extrémiste" d'Alexeï Navalny.

Sur Telegram, l'équipe de Navalny a dénoncé ces poursuites comme "complètement imaginaires" et accusé le pouvoir russe de vouloir susciter une "nouvelle vague de peur parmi ceux qui ne veulent pas se taire".


La Corée du Nord affirme n'avoir «rien à discuter» avec le Japon

Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a déclaré qu'il souhaitait s'entretenir avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un "sans aucune condition préalable". (AP)
Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a déclaré qu'il souhaitait s'entretenir avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un "sans aucune condition préalable". (AP)
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  • Un diplomate nord-coréen en Chine a déclaré vendredi qu'un fonctionnaire de l'ambassade japonaise à Pékin avait proposé un «contact par courrier électronique» à un conseiller de l'ambassade japonaise dans la capitale chinoise
  • Vendredi, l'ambassadeur de Corée du Nord en Chine, Ri Ryong Nam, a déclaré dans un communiqué distinct: «Nous n'avons rien à discuter avec le Japon»

SÉOUL: La Corée du nord a indiqué vendredi n'avoir "rien à discuter" avec le Japon après avoir affirmé qu'un diplomate japonais en Chine avait pris contact avec un homologue nord-coréen.

Malgré de récents timides signes d'amélioration, les relations entre les deux voisins d'Asie de l'Est, qui n'ont pas de liens diplomatiques formels, sont tendues de longue date, en raison de l'enlèvement de Japonais dans les années 1970 et 1980 et des programmes d'armement interdits de la Corée du Nord.

Un diplomate nord-coréen en Chine a déclaré vendredi qu'un fonctionnaire de l'ambassade japonaise à Pékin avait proposé un "contact par courrier électronique" à un conseiller de l'ambassade japonaise dans la capitale chinoise, mais que la proposition avait été rejetée par la ministre des Affaires étrangères Choe Son Hui.

"La RPDC n'autorisera aucune tentative de contact de la part du Japon", a déclaré Mme Choe, en utilisant l'acronyme du nom officiel de la Corée du Nord. "Le dialogue entre la RPDC et le Japon n'est pas un sujet de préoccupation pour la RPDC", a-t-elle affirmé.

Kim Yo Jong, la puissante sœur du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, a déclaré lundi que le Premier ministre japonais Fumio Kishida avait réclamé un sommet avec son frère, bien qu'une rencontre soit peu probable sans un changement de politique de la part de Tokyo.

Mais le lendemain, elle a affirmé que Pyongyang rejetterait tout contact de ce type, invoquant un manque de "courage" de Tokyo pour rétablir ses relations avec la Corée du Nord.

Vendredi, l'ambassadeur de Corée du Nord en Chine, Ri Ryong Nam, a déclaré dans un communiqué distinct: "Nous n'avons rien à discuter avec le Japon".

"Je répète clairement, une fois encore, que la RPDC n'a aucune raison de rencontrer le Japon à quelque niveau que ce soit", a déclaré Ri Ryong Nam.

L'an dernier, M. Kishida s'était dit prêt à rencontrer Kim Jong Un "sans aucune condition" et à aborder tous les sujets, y compris l'enlèvement d'une douzaine de citoyens japonais par des agents nord-coréens.

En dépit des commentaires de Kim Yo Jong, M. Kishida a indiqué jeudi être toujours prêt à travailler à l'organisation d'un sommet afin de garantir le retour des Japonais enlevés et aborder d'autres sujets.

"J'aimerais continuer à mener des dialogues de haut niveau (avec la Corée du Nord) sous ma supervision directe", a-t-il déclaré à des journalistes.

Toutefois, Mme Choe a critiqué M. Kishida vendredi pour avoir fait référence aux enlèvements, déclarant qu'elle ne comprenait pas pourquoi il s'obstinait à aborder ce sujet.

cdl/pbt/ref/ybl

© Agence France-Presse