À l'Assemblée, la gauche Nupes tente de rassurer sur son unité

Les différentes forces ont rejoint en ordre dispersé le Palais Bourbon (Photo, AFP).
Les différentes forces ont rejoint en ordre dispersé le Palais Bourbon (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 22 juin 2022

À l'Assemblée, la gauche Nupes tente de rassurer sur son unité

  • Même s'il n'est plus député, Jean-Luc Mélenchon retrouve les troupes LFI sur les marches de la cour d'honneur, pour une photo de famille le poing levé
  • Les Insoumis rentrent en chantant un air des gilets jaunes: «on est là, on est là, même si Macron le veut pas, nous on est là»

PARIS: "Unis dans la diversité" pour combattre Emmanuel Macron: les députés de l'alliance de gauche Nupes sont arrivés en masse à l'Assemblée nationale mardi et ont tenté d'éteindre la polémique de la veille sur la constitution des groupes parlementaires.

Les différentes forces ont rejoint en ordre dispersé le Palais Bourbon, mais s'affichent vite ensemble, tout sourire pour les photographes. Au milieu d'une foule d'Insoumis, le patron du Parti socialiste Olivier Faure est là, comme les écologistes Julien Bayou et Sandrine Rousseau ou les communistes Pierre Dharréville et Sébastien Jumel.

Même s'il n'est plus député, Jean-Luc Mélenchon retrouve les troupes LFI sur les marches de la cour d'honneur, pour une photo de famille le poing levé. Les Insoumis rentrent en chantant un air des gilets jaunes: "on est là, on est là, même si Macron le veut pas, nous on est là".

"C'est une grande fierté, on multiplie par plus de deux le nombre de députés" de gauche, avec quelque 150 élus dans la coalition Nupes dont environ 75 insoumis, savoure Mathilde Panot, réélue à l'unanimité à la présidence du groupe LFI en fin de journée.

Dans l'après-midi, Jean-Luc Mélenchon a ironisé sur le refus par Emmanuel Macron de la démission d'Elisabeth Borne: "Ça ne me fait ni chaud ni froid. Cette femme n'a aucune légitimité, zéro! Nous sommes en train de perdre notre temps, jusqu'à ce qu'elle parte."

Alors que les Insoumis plaidaient pour un groupe unique à l'Assemblée pour faire face aux 89 députés RN, socialistes, écologistes et communistes lui ont opposé un refus net et célèbrent l'arrivée de leurs groupes respectifs.

Le chef du PCF Fabien Roussel et Olivier Faure se tombent dans les bras dans la cour d'honneur. Fabien Roussel est satisfait d'être "en mesure de faire un groupe, mais aussi de l'élargir" au-delà des 15 députés minimum. A ses côtés, André Chassaigne, qui devrait en conserver la présidence, revendique d'ores et déjà 18 membres, grâce à l'apport des outre-mer.

Mais la Nupes n'a pas tout réussi, insiste M. Roussel: "Il va falloir qu'on se dise franchement ce qui n'a pas fonctionné. Je veux que nous gagnions, je n'ai pas vocation à rester dans l'opposition".

«Ruffinades»

Olivier Faure, à la tête de la délégation socialiste, se montre diplomate: "J'ai beaucoup appris des Insoumis comme j'espère qu'ils ont appris de moi". Il se satisfait d'avoir au moins 32 députés socialistes, mais rappelle: "Nous avons perdu les élections législatives, perdu la présidentielle".

"C'est le retour d'un groupe écolo" à l'Assemblée, souligne aussi Julien Bayou, fort d'un bataillon de 23 députés. "Il y aura d'autres initiatives" unitaires, promet-il. Il évoque la nécessité de "débattre à huis clos, et aussi en public" de la stratégie de la Nupes, alors que la veille, Jean-Luc Mélenchon a pris tout le monde de court avec son idée de groupe unique.

Place du Palais Bourbon, une cohue se forme à l'arrivée de Rachel Kéké, la "première femme de chambre" élue à l'Assemblée nationale, connue pour son engagement lors de la longue grève de l'Ibis Batignolles. Elle esquisse un pas de danse devant les caméras: "j'avais promis que je danserais à mon arrivée".

La députée LFI indique qu'elle va "travailler sur les métiers essentiels". "Il ne faut pas que les gens pensent que quand tu es femme de chambre tu ne peux pas être députée", ajoute-t-elle.

Raquel Garrido, proche de Jean-Luc Mélenchon, la prend dans ses bras, expliquant: "Pour elle et moi qui sommes issues de l'immigration, vous ne pouvez pas savoir la force que c'est d'être là".

Parmi les nouveaux venus, Louis Boyard, 21 ans, deuxième élu le plus jeune de l'Assemblée, jean et baskets, veut répondre à la "rupture générationnelle" dans la société sur les "questions écologiques" et de "genre".

Pour son deuxième mandat, François Ruffin entend "peser sur la ligne politique", pour partir à "la reconquête des territoires périphériques, de la France des ronds-points". "Chez moi, c'est Fort Alamo, il y a huit députés RN élus en Picardie".

Un nouvel élu vient le saluer, le Savoyard Jean-François Coulomme. Pour gagner, "j'ai fait des 'ruffinades', avec mon enceinte et mon micro" dans les rues, dit-il. Et une "fanfare", "on ne fait rien sans fanfare", conviennent les deux députés.


L'Elysée a proposé un hommage pour Bardot, la famille n'a pas donné suite

 L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron. (AFP)
L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron. (AFP)
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  • Eric Ciotti, président de l'UDR, allié au Rassemblement national dont était proche Brigitte Bardot, a demandé lundi à Emmanuel Macron d'organiser un hommage national, à l'image de celui rendu en 2017 au chanteur Johnny Hallyday
  • Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, tout en saluant "une actrice iconique", a en revanche estimé que les hommages nationaux étaient rendus pour "services exceptionnels à la Nation" et que l'artiste avait "tourné le dos aux valeurs républicaines"

PARIS: L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron à l'AFP.

"Il y a eu un échange avec la famille avec proposition qu’un hommage ait lieu sans que la famille ne donne suite", a déclaré ce proche, en rappelant qu'une telle démarche correspond à un "usage républicain" et que les hommages sont "systématiquement décidés d'un commun accord avec les proches du défunt".

Eric Ciotti, président de l'UDR, allié au Rassemblement national dont était proche Brigitte Bardot, a demandé lundi à Emmanuel Macron d'organiser un hommage national, à l'image de celui rendu en 2017 au chanteur Johnny Hallyday.

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, tout en saluant "une actrice iconique", a en revanche estimé que les hommages nationaux étaient rendus pour "services exceptionnels à la Nation" et que l'artiste avait "tourné le dos aux valeurs républicaines".

Emmanuel Macron ne se rendra pas aux obsèques, qui se tiendront dans l’intimité le 7 janvier à Saint-Tropez, a également indiqué le proche du président.

En 2023, l'actrice avait adressé une lettre incendiaire au chef de l'Etat, lui reprochant son manque d'action contre la souffrance animale. "Je suis en colère face à votre inaction, votre lâcheté, votre mépris des Français, qui vous le rendent bien il est vrai", avait-elle notamment écrit.

Après une cérémonie à l'église retransmise sur grands écrans, l'inhumation privée de l'actrice et chanteuse au cimetière marin sera suivie d'"un hommage ouvert à tous les Tropéziens et à ses admirateurs", a précisé la Fondation de Brigitte Bardot, dédiée à la protection des animaux.

"À ce moment-là, tout le monde l'évoquera et partagera ses plus beaux souvenirs avec elle. Ce sera un grand moment de communion, simple, à son image", a précisé mardi la maire de Saint-Tropez, Sylvie Siri, dans une inteview au quotidien local Var-Matin.

"Mon rôle, c'est de lui organiser des obsèques dignes. Il faut tout mettre en œuvre pour que les Tropéziens et les admirateurs puissent se recueillir", a ajouté l'édile.

Interrogée sur le souhait exprimé il y a quelques années par Brigitte Bardot d’être enterrée à la Madrague, sa propriété en bord de mer, Sylvie Siri a affirmé avoir "respecté ses dernières volontés". "Seule la défunte avait décidé de son lieu d’enterrement", a souligné l'élue.

 


Agriculteurs: nouveaux rassemblements, bénédiction de tracteurs dans le Nord

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). (AFP)
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). (AFP)
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  • Les tracteurs ont ensuite quitté Cambrai à la nuit tombante, pour se rendre sur deux ronds points et les bloquer
  • Dans le Pas-de-Calais, quelques dizaines d'agriculteurs prévoient de bloquer à partir de lundi soir une base logistique de Leclerc près d'Arras, en réaction aux propos de Michel-Édouard Leclerc appelant à "promulguer le Mercosur

CAMBRAI: Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

Mgr Vincent Dollmann et plusieurs prêtres ont célébré une messe sur un autel de paille en périphérie de Cambrai, en soutien aux agriculteurs "qui font face à des épreuves".

Il a salué la "dignité" des agriculteurs qui manifestent depuis plusieurs semaines contre l'accord de libre échange du Mercosur ou contre l'abattage systématique de troupeaux de bovins touchés par la DNC.

Une petite centaine de tracteurs ont été mobilisés, arborant des panneaux comme "Mercosur = mort de l'agriculture".

Jean Camier, 24 ans, jeune agriculteur d'Hermies qui doit reprendre l'exploitation familiale d'engraissement de bovins d'ici deux ans, se réjouit d'avoir fait bénir son tracteur et participé à la célébration qui selon lui "montre que tout le monde est avec [eux]".

Si les Hauts-de-France ne sont pas touchés par la DNC, il se dit "de tout cœur" avec les agriculteurs des régions concernées, soulignant avoir "un peu peur que la maladie remonte" vers le nord.

Les tracteurs ont ensuite quitté Cambrai à la nuit tombante, pour se rendre sur deux ronds points et les bloquer.

Dans le Pas-de-Calais, quelques dizaines d'agriculteurs prévoient de bloquer à partir de lundi soir une base logistique de Leclerc près d'Arras, en réaction aux propos de Michel-Édouard Leclerc appelant à "promulguer le Mercosur", a expliqué à l'AFP Louis Lacheré, des Jeunes Agriculteurs.

En Occitanie, plusieurs barrages emblématiques, à Carbonne Haute-Garonne) sur l'A64, Sévérac (Aveyron) ou Le Buisson (Lozère) sur l'A75, tiennent toujours, tandis que d'autres agriculteurs se remobilisent.

Ainsi, à Foix, une douzaine de tracteurs bloquaient depuis lundi midi l'entrée sud du tunnel de contournement de la ville et commençaient à installer un campement, a constaté un correspondant de l'AFP.

"On veut montrer à l’État qu'on est toujours autant mobilisés", a déclaré sur place Sébastien Durand, président de la Coordination rurale (CR) en Ariège. "Il n'y a pas de Noël, il n'y a pas de Premier de l'An; on sera là".

Depuis le début de l'épidémie de DNC en Savoie cet été, l'État tente de contenir la propagation par un abattage systématique des troupeaux touchés, la vaccination et les restrictions de mouvements.

Cette gestion fortement contestée par certains agriculteurs, notamment de la CR (deuxième syndicat agricole, classé à droite, voire à l’extrême droite) et de la Confédération paysanne (troisième, classé à gauche).

 


Colère agricole en France: Macron reçoit les syndicats, des blocages persistent

Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a reçu les syndicats agricoles, opposés à l’accord UE-Mercosur, dans un contexte de forte colère liée aux crises sanitaires, notamment la dermatose bovine
  • Les blocages routiers se poursuivent dans le Sud-Ouest, alors que de nouveaux cas de la maladie sont confirmés et que la mobilisation agricole se prolonge

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a reçu mardi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur, auquel ils sont opposés, tandis que des axes routiers sont toujours bloqués pour protester contre le traitement par les autorités de l'épizootie de dermatose bovine.

"L'objet du rendez-vous, c'était d'essayer d'éteindre un peu le feu qui est partout dans les campagnes", a souligné Stéphane Galais, porte-parole national de la Confédération paysanne - un syndicat classé à gauche -, à la sortie de la rencontre, ajoutant qu'il fallait pour cela "des mesures structurelles fortes".

Les syndicats disent avoir par ailleurs rappelé au chef de l'Etat "l'extrême tension" et la "colère" du monde agricole et que des réponses étaient attendues "dès les premiers jours de janvier" sur le Mercosur mais aussi sur les crises sanitaires, au premier rang desquelles la dermatose bovine et la grippe aviaire.

C'était la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats agricoles depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

C'était aussi la première depuis l'annonce, jeudi dernier, du report a priori au 12 janvier de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur.

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées, lesquelles affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes que les produits européens.

L'accord permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Sur le terrain, la mobilisation a connu un léger regain mardi (53 actions mobilisant 1.600 personnes, selon le ministère de l'Intérieur) par rapport à lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes), mais elle reste nettement inférieure à celle de la semaine dernière (110 actions jeudi).

Certains agriculteurs sont mobilisés depuis plus de 10 jours, notamment contre l'abattage total des troupeaux dans lesquels des cas de DNC sont détectés dans le Sud-Ouest.

Mardi, le ministère de l'Agriculture a confirmé un nouveau cas de la maladie en Haute-Garonne, portant le bilan total à 115 foyers enregistrés depuis juin en France. Ce dernier troupeau concerné a été abattu.

Dans le Sud-Ouest, des blocages d'autoroute étaient notamment maintenus sur l'A63 près de Bordeaux ou sur l'A64 au sud de Toulouse ou près de Bayonne.

Au sud de Bordeaux, les manifestants de la branche locale du syndicat Coordination rurale - classé à droite - ont dit vouloir organiser un réveillon et une messe de Noël mercredi soir sur leur barrage, à l'instar des agriculteurs mobilisés près de Toulouse.