Tumulte politique en Bulgarie, le gouvernement renversé

Le Premier ministre bulgare Kiril Petkov s'exprime après la motion de censure au Parlement bulgare à Sofia, le 22 juin 2022 (Photo, AFP).
Le Premier ministre bulgare Kiril Petkov s'exprime après la motion de censure au Parlement bulgare à Sofia, le 22 juin 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 23 juin 2022

Tumulte politique en Bulgarie, le gouvernement renversé

  • Le Premier ministre bulgare Kiril Petkov et son gouvernement ont été renversés mercredi par une motion de censure
  • Plane désormais le risque d'une spirale d'élections sur ce pays des Balkans de 6,5 millions d'habitants, le plus pauvre de l'Union européenne

SOFIA: Après six mois à peine, le voilà déjà chassé du pouvoir: le Premier ministre bulgare Kiril Petkov et son gouvernement ont été renversés mercredi par une motion de censure, sur fond de divergences accrues par la guerre en Ukraine.

Le texte a été adopté par 123 des 240 députés, tandis que 116 ont voté contre, un étant par ailleurs absent, a annoncé le vice-président du Parlement Miroslav Ivanov.

Plane désormais le risque d'une spirale d'élections sur ce pays des Balkans de 6,5 millions d'habitants, le plus pauvre de l'Union européenne.

Les Bulgares ont déjà vécu trois législatives l'an dernier. Jusqu'à la fracassante entrée en politique du libéral pro-européen Petkov, un diplômé de l'université Harvard décidé à faire table rase de la corruption après une décennie de règne du controversé Boïko Borissov.

Mais la coalition hétéroclite formée en décembre s'est fissurée: début juin, elle a perdu le soutien du parti anti-système "Il y a un tel peuple" (ITP).

Dans l'opposition, le Gerb, parti conservateur de M. Borissov, s'est engouffré dans la brèche et a déposé une motion, pointant "l'échec de la politique économique et financière du gouvernement", dans un contexte de flambée des prix.

"Cela a été un honneur pour moi de conduire un gouvernement renversé par Borissov, Peevski, Trifonov et Mitrofanova", a réagi M. Petkov, faisant référence, outre les leaders de l'opposition, à un oligarque bien connu et à l'ambassadrice russe à Sofia.

"Ils ne comprennent pas que ce n'est pas la bonne manière pour gagner les faveurs du peuple bulgare", a-t-il ajouté, promettant de continuer la bataille.

Les dossiers de la discorde

Le Premier ministre était arrivé au pouvoir avec l'espoir de "transformer la Bulgarie en un pays européen normal, à succès, sans mafia", mais la guerre en Ukraine a bousculé son ordre du jour.

Dans ce pays traditionnellement proche de Moscou, la guerre "a accentué les divisions, fragilisant le gouvernement", explique Rouslan Stefanov du Centre d'étude de la démocratie (CSD).

Malgré sa forte dépendance à l'énergie russe, Sofia n'a pas cédé à la demande du Kremlin d'ouvrir un compte en roubles pour le paiement du gaz et a donc subi une coupure des livraisons.

Cet événement sans précédent a joué "un rôle clé dans la crise actuelle", estime Ognyan Mintchev, directeur de l'Institut d'études internationales de la capitale.

"Les oligarques bulgares qui touchaient des commissions" se sont retrouvés privés de revenus, "ce qui a aggravé les tensions au sein de la coalition ainsi qu'entre les cercles d'affaires et le gouvernement", dit-il.

"L'ingérence russe est importante en Bulgarie, de nombreux milieux y sont sensibles", ajoute le politologue Yavor Siderov, évoquant "des tentatives incessantes de déstabilisation par la diffusion de fausses informations".

Un autre dossier a semé la zizanie: la livraison d'armes à l'Ukraine. Au sein du gouvernement, si la plupart y étaient favorables, les socialistes ont refusé pour leur part de répondre aux demandes de Kiev.

Source de discorde également, le veto bulgare au lancement de négociations d'adhésion de la Macédoine du Nord à l'UE, pour des raisons de contentieux historiques et culturels.

D'inévitables élections

La guerre a remis sur la table la question de l'élargissement de l'UE aux Balkans, à l'importance géostratégique accrue, et la pression occidentale pour que Sofia lève son opposition s'est accentuée.

Mais la stratégie de rapprochement amorcée par M. Petkov n'a pas été au goût de tous dans le gouvernement.

Le président Roumen Radev va désormais appeler à des négociations pour tenter de former un nouveau cabinet. Le parti de Kiril Petkov, vainqueur des dernières élections, devrait refaire un essai, suivi de deux autres partis.

En cas d'échec, le Parlement sera dissout et de nouvelles élections organisées.

Mais, de l'avis des experts, l'organisation d'un nouveau scrutin ne résoudra rien car le paysage politique est très morcelé.

Dans un ultime sursaut, des milliers de Bulgares sont descendus mercredi dans la rue pour soutenir le cabinet de Kiril Petkov.

"C'est très décourageant que ce vote ait réussi, mais nous resterons mobilisés jusqu'à ce que nous gagnions la prochaine élection", a dit Marin Iorkichev, 22 ans.

"Les choses commençaient tout juste à s'améliorer", déplorait Adriana Panayotova, cheffe d'entreprise de 34 ans.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.