L'auteur d'un livre sur la DGSI mis en examen pour divulgation du secret défense

Le logo de la Direction générale de la sécurité intérieure (Photo, AFP).
Le logo de la Direction générale de la sécurité intérieure (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Samedi 25 juin 2022

L'auteur d'un livre sur la DGSI mis en examen pour divulgation du secret défense

  • Ces convocations avaient été dénoncées par une vingtaine d'ONG
  • Il lui est aussi reproché d'avoir publié des informations susceptibles de permettre d'identifier un agent

PARIS: Le journaliste Alex Jordanov, auteur d'un livre-enquête sur la Direction générale de la sécurité intérieure, a été mis en examen vendredi à Paris pour divulgation du secret défense, son avocat dénonçant aussitôt une "attaque contre le devoir d'investigation des journalistes d'une très grande gravité".

Deux anciens policiers, soupçonnés de lui avoir fourni des informations confidentielles, ont également été mis en examen pour des infractions d'atteinte au secret de la Défense nationale et placés sous contrôle judiciaire, selon une source judiciaire.

La justice reproche au journaliste, âgé de 62 ans, d'avoir donné des détails, dans son livre "Les Guerres de l'ombre de la DGSI" (Nouveau Monde éditions) publié en 2019, sur les techniques des renseignements, les méthodes de recrutement, la gestion et la rémunération des sources humaines, entre autres.

Il lui est aussi reproché d'avoir publié des informations susceptibles de permettre d'identifier un agent ou une source des services de renseignement.

A l'issue de leur garde à vue dans les locaux de la DGSI, tous les trois ont été présentés à une juge d'instruction. M. Jordanov a été placé sous contrôle judiciaire et mis en examen pour divulgation de secret défense et recel de violation du secret professionnel, notamment.

"Une garde à vue de 48 heures suivie d'une nuit au dépôt pour un journaliste en raison des révélations de son livre est sans précédent", a réagi auprès de l'AFP l'avocat de M. Jordanov, Me William Bourdon.

«Double intimidation»

"Cette opération musclée constitue d'évidence une double intimidation politique à l'égard des journalistes et des policiers pour les dissuader d'être curieux ou bavards", a dénoncé Me Bourdon. "Le durcissement que représente cette opération ne doit échapper à personne" a-t-il ajouté.

Dans son livre, Alex Jordanov dévoile "les succès" et les "ratages" du renseignement intérieur dans la lutte antiterroriste au cours des années 2010 à travers les récits de plusieurs officiers de la DGSI (désignés par des prénoms modifiés), parfois critiques envers leur hiérarchie.

"C'est une procédure humiliante compte tenu des inestimables services rendus à la nation par mon client", a déploré auprès de l'AFP Me Vincent Brengarth, avocat d'un ancien agent de la DGSI mis en examen. Selon lui, "c'est le fruit d'une véritable chasse aux sorcières organisée par un service qui a enquêté sur lui-même, menée par un procureur, magistrat non indépendant dont la dureté et le proactivisme interrogent".

L'avocate du deuxième agent n'a pas souhaité s'exprimer.

D'après la note de l'éditeur, l'ouvrage avait "été soigneusement relu par des spécialistes du renseignement afin de ne pas porter atteinte au travail en cours des services" et "des chapitres" avaient été "écartés".

Le livre, relatif à un "sujet d'intérêt général", "reste en vente libre et chacun est invité à se faire une opinion sur son contenu", a souligné son éditeur Yannick Dehée auprès de l'AFP.

"La pression exercée sur Alex Jordanov pour livrer ses sources bafoue les droits élémentaires de la presse et crée un précédent très dangereux pour le fonctionnement de notre démocratie", a-t-il déploré.

Alex Jordanov avait été brièvement pris en otage en 2004 en Irak alors qu'il travaillait à l'agence CAPA et réalisait un sujet pour Canal+.

Selon le magazine Le Point, son domicile a été perquisitionné lundi.

Ces dernières années, d'autres journalistes ont été interrogés par la DGSI sur leur travail. ce fut le cas en 2019 des journalistes du site Disclose, de Radio France et de TMC après leurs enquêtes sur l'utilisation d'armes françaises au Yémen. Ils ont finalement reçu un rappel à la loi.

A la même période, la journaliste du Monde Ariane Chemin avait également été auditionnée par la DGSI après la publication d'un article sur les affaires d'Alexandre Benalla dévoilant l'identité d'un sous-officier de l'armée de l'air, Chokri Wakrim. Depuis, elle n'a plus eu de nouvelles de la procédure.

Ces convocations avaient été dénoncées par une vingtaine d'ONG et de syndicats comme une atteinte à la liberté de la presse.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
Short Url
  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
Short Url
  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Short Url
  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.