Trump l'emporte chez les Arabes sur l'Iran, mais pas sur Jérusalem

Selon l'enquête, l'opinion dans le monde arabe est divisée sur l'impact de l’élimination du commandant militaire iranien Qassem Soleimani dans la région. (AFP).
Selon l'enquête, l'opinion dans le monde arabe est divisée sur l'impact de l’élimination du commandant militaire iranien Qassem Soleimani dans la région. (AFP).
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Publié le Lundi 26 octobre 2020

Trump l'emporte chez les Arabes sur l'Iran, mais pas sur Jérusalem

  • Selon un expert 49% des sondés estiment qu'aucun des deux candidats ne serait meilleur pour la région
  • Les points marqués par Trump en adoptant une ligne dure sur le problème iranien se voient retirés par le transfert de l'ambassade à Jérusalem, décision à laquelle 89% des répondants sont opposés

BEYROUTH: Quel que soit le résultat de l’élection présidentielle le 3 novembre, le président américain Donald Trump aura un souci de moins sur sa liste de préoccupations: celui d’être accusé d'avoir quitté le Moyen-Orient dans un état pire qu'il ne l’avait hérité. À en juger par les conclusions de l'enquête panarabe Arab News/YouGov, cet honneur douteux reviendrait à son prédécesseur, Barak Obama, dont le vice-président Joe Biden est le rival de Trump aujourd’hui.

En un mot, l'étude montre que les Arabes apprécient la main de fer de Trump dans son traitement du régime iranien, mais qu'ils s'opposent à sa décision, en 2018, de transférer l'ambassade des États-Unis de Tel Aviv à Jérusalem. Et même s'il n'est pas considéré meilleur que son adversaire démocrate pour la région arabe, un plus grand nombre de sondés le connaissaient mieux que Biden. Certaines de ses politiques ont aussi été bien accueillies dans certaines régions du monde arabe.

Il est révolu ce temps où l’occupant de la Maison Blanche pouvait briguer un second mandat en raison de sa performance en politique étrangère. Mais il est indéniable que les États-Unis restent une puissance mondiale dont les décisions affectent la vie des gens de l’Amérique centrale jusqu'au Moyen-Orient, et ce que le monde arabe attend d'une future administration américaine ne peut être sous-estimé.

Largement couvert par les médias d’information arabes, la première grande nouvelle de 2020 a été l’élimination du général de division iranien Qassem Soleimani, chef de l'unité d'élite des forces Al-Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI). Soleimani était attendu chez le Premier ministre irakien lorsqu'il a été tué dans une frappe de drone américain près de l'aéroport de Bagdad le 3 janvier.

L’enquête montre que l'opinion dans le monde arabe est partagée sur l'impact du meurtre sur la région. Les personnes interrogées au Yémen se sont montrées très favorables à la frappe, une mesure positive pour 71% des personnes interrogées, tout comme de nombreux habitants d'Arabie saoudite (68%) et d'Irak (57%). En revanche, 59% des personnes interrogées au Liban et 62% au Qatar estiment son impact néfaste pour la région.

«Le sondage évalue avec précision les intérêts des États arabes», a déclaré le Dr. John Hulsman, président et associé directeur de John C. Hulsman Enterprises, un cabinet de conseil mondial reconnu en matière de risques politiques.

«Pour ceux qui le connaissaient, Soleimani faisait partie du problème en Irak… en tant que satrape (vice-roi) d'Iran. Ils sont aux anges en Irak à présent, ils ont un Premier ministre vaguement réformiste, vaguement toléré par l'Iran et les États-Unis. Cela n'aurait jamais pu arriver avec Soleimani encore en place».

En outre, Hulsman a déclaré : «Si vous vivez dans un endroit avec une base américaine dans la région (comme le Qatar), alors l'assassinat de Soleimani pourrait indiquer que vous êtes la prochaine cible. Personne ne croit que les Iraniens vont oublier que Soleimani est mort».

Dans ce contexte, pourquoi 40% des répondants à l'enquête Arab News / YouGov ont-ils donc déclaré que Biden serait meilleur président à servir les intérêts du Moyen-Orient, par opposition aux 12% de Trump? 

D'une part, soulignent les analystes, un nombre encore plus élevé, 49%, estime qu'aucun des deux candidats ne serait meilleur pour la région.

De plus, ils notent qu'un peu plus de la moitié des personnes interrogées (53%) ont déclaré connaître Biden, contre 90% pour Trump. Et les points marqués par Trump en adoptant une ligne dure sur le problème iranien se voient retirés par le transfert de l'ambassade à Jérusalem, décision à laquelle 89% des répondants sont opposés.

Selon David Romano, professeur de politique du Moyen-Orient à l’institut Thomas G. Strong de l’Université d’État du Missouri, l’Iran reste la question clé pour comprendre le mauvais arrière-goût laissé par l’administration Obama. «En ce qui concerne les États arabes, Biden ressemble beaucoup à Obama», a-t-il déclaré à Arab News. «Les gens ne sont pas sûrs qu'il soit fiable, ou s’il va les sacrifier comme beaucoup pensent qu'Obama a sacrifié Hosni Moubarak (l'ancien président égyptien)».

Trump pourrait même amener la stabilité au Moyen-Orient, en comparaison. «Trump a tenu parole, il a envoyé plus de troupes en Arabie saoudite et il a raffermi le ton avec l’Iran », a déclaré Romano.

On peut donc présumer qu’environ un cinquième des résidents du CCG estiment que le retrait de Trump du Plan d'action global conjoint (JCPOA) de l'ère Obama, connu sous le nom d'accord nucléaire iranien, a renforcé la sécurité dans la région. C’est le cas de 26% des ressortissants saoudiens.

De leur côté les résidents de pays liés malgré eux à l'Iran veulent une position agressive de la part du prochain président américain, avec des sanctions renforcées et une préparation à la guerre. Ceux-là sont l'Irak (53%), le Yémen (54%) et l'Arabie saoudite (49%).

«L’équipe Trump arrive et décide que les efforts d’Obama, le JCPOA en particulier, sont désastreux car ils financent toute une liste de personnes qui ne veulent pas de l’Amérique dans la région, et qui ne veulent pas de stabilité. Ils veulent juste du pouvoir», a déclaré Hulsman.

Une source de peur est que Biden freine la «pression maximale» que Trump a mise sur l'Iran. «Du point de vue du Moyen-Orient, c'est l'un de ces moments qui ressemble à un coup de fouet. Si vous vivez dans la région, c'est de la diplomatie inconstante, en zig-zag », a déclaré Hulsman.

Les analystes ne sont pas les seuls à être profondément sceptiques quant à la position de Biden sur l’Iran. Beaucoup craignent un retour à l’approche d’Obama, vue comme faible et indécise.

Agop K., un avocat libano-arméno-américain qui vit à Beyrouth mais pratique le droit aux États-Unis, a déclaré: «Nous avons besoin d'une main de fer ici au Moyen-Orient, malheureusement. Et Trump représente cette force». Il a ajouté à Arab News: «Il faut garder la pression sur l'Iran, sanctionner le pays et couper tout financement. Ceci nous aiderait sur toute la ligne au Liban. Si je voulais voter pour Trump, c'est l'une des principales raisons pour lesquelles je le ferais».

Twitter: @rebeccaaproctor

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier et le président français s'entretiennent avant le sommet sur la solution à deux États

Le prince héritier Mohammed ben Salmane s’est entretenu par téléphone samedi avec le président français Emmanuel Macron. (SPA/AFP/Photo d’archives)
Le prince héritier Mohammed ben Salmane s’est entretenu par téléphone samedi avec le président français Emmanuel Macron. (SPA/AFP/Photo d’archives)
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  • Les deux dirigeants ont examiné les résultats de la conférence internationale de haut niveau sur la résolution de la question palestinienne.

RIYAD: Le prince héritier Mohammed ben Salmane a eu un entretien téléphonique, samedi, avec le président français Emmanuel Macron, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Les deux dirigeants ont passé en revue les résultats de la conférence internationale de haut niveau consacrée à la résolution pacifique de la question palestinienne, notamment à travers la mise en œuvre de la solution à deux États, une initiative coprésidée par l’Arabie saoudite et la France.

Ils ont également discuté des préparatifs en vue de la reprise de la conférence au niveau des chefs d’État, prévue pour le 22 septembre, dans le cadre des efforts visant à mettre fin à la guerre à Gaza et à parvenir à une paix durable menant à la création d’un État palestinien.

L’appel a également mis en lumière l’adoption de la Déclaration de New York, issue de la conférence et largement approuvée par l’Assemblée générale des Nations unies.

Les deux parties ont souligné le nombre croissant de pays exprimant leur intention de reconnaître un État palestinien, reflétant un large consensus international en faveur d’un avenir pacifique garantissant au peuple palestinien son droit légitime à l’indépendance, selon SPA.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
 


Une délégation saoudienne se rend à New York pour assister à la 80e session de l’Assemblée générale de l’ONU

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, s'exprime lors de la 79e session de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, le 28 septembre 2024. (AFP/File)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, s'exprime lors de la 79e session de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, le 28 septembre 2024. (AFP/File)
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  • Une délégation de haut niveau, dirigée par le ministre des Affaires étrangères saoudien, participe à la 80e session de l’AGNU à New York, avec un agenda axé sur la paix, le développement et la coopération internationale
  • L’Arabie saoudite présidera des événements majeurs autour de la question palestinienne et renforcera ses engagements en matière de diplomatie humanitaire et de développement durable

RIYAD: Le ministre des Affaires étrangères de l’Arabie saoudite s’est envolé vendredi pour New York afin de diriger la délégation du Royaume participant à la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU).

Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères a précisé que la délégation conduite par le prince Faisal ben Farhane comprend la princesse Reema bent Bandar Al Saud, ambassadrice d’Arabie saoudite aux États-Unis ; Adel ben Ahmed Al-Jubeir, ministre d’État aux Affaires étrangères et envoyé pour le climat ; Faisal ben Fadhil Alibrahim, ministre de l’Économie et de la Planification ; le Dr Abdullah Al Rabeeah, directeur général du centre d’aide humanitaire saoudien KSRelief ; Abdulrahman Al-Rassi, vice-ministre chargé des affaires multilatérales internationales et superviseur général de la diplomatie publique ; ainsi qu’Abdulaziz Alwasil, ambassadeur saoudien auprès de l’ONU.

En marge de l’AGNU80, le Royaume organisera plusieurs initiatives et réunions visant à renforcer la sécurité et la stabilité régionales et internationales, et à faire progresser les efforts diplomatiques, humanitaires et de développement, indique le communiqué.

L’Arabie saoudite présidera également la Conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux États au niveau des dirigeants, ainsi que la réunion ministérielle de haut niveau de l’Alliance mondiale pour la mise en œuvre de la solution à deux États.

Le prince Faisal et sa délégation participeront également aux célébrations du 80e anniversaire de l’ONU, en plus d’un large éventail de réunions officielles visant à renforcer la coopération multilatérale, examiner les développements régionaux et internationaux, soutenir les efforts en faveur de la paix et de la sécurité mondiales, et coordonner l’action conjointe pour atteindre les Objectifs de développement durable.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: deux morts dans des frappes israélienne dans le sud

Les frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué deux personnes et en ont blessé 11 autres vendredi, selon le ministère libanais de la Santé. Il s'agit des dernières attaques en date malgré le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah. (X/@AmalKhalil83)
Les frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué deux personnes et en ont blessé 11 autres vendredi, selon le ministère libanais de la Santé. Il s'agit des dernières attaques en date malgré le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah. (X/@AmalKhalil83)
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  • Deux personnes ont été tuées et onze blessées dans des frappes israéliennes au sud du Liban, dont l’une a visé un véhicule à l’entrée d’un hôpital à Tebnine, selon le ministère libanais de la Santé
  • L’ONU et l’armée libanaise alertent sur les risques d’escalade, évoquant plus de 4.500 violations du cessez-le-feu par Israël depuis novembre 2024

BEYROUTH: Deux personnes ont été tuées et onze autres blessées vendredi dans des frappes israéliennes sur le sud du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

Ces frappes interviennent au lendemain d'une série de raids aériens sur cinq localités du sud du pays, dont les habitants ont été sommés par l'armée israélienne d'évacuer.

L'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à une guerre meurtrière.

Dans un communiqué, le ministère de la Santé a indiqué qu'une "frappe de l'ennemi israélien a visé une voiture devant l'entrée de l'hôpital gouvernemental de Tebnine", faisant un mort et 11 blessés.

Une autre frappe a visé un véhicule dans la ville d'Ansar, également dans le sud du Liban, faisant un mort, a ajouté la même source.

L'armée israélienne n'a pas commenté dans l'immédiat.

Jeudi, elle avait affirmé avoir frappé plusieurs installations de stockage d'armes appartenant à l'unité al-Radwan, force d'élite du Hezbollah pro-iranien.

Dans un communiqué, les Casques bleus déployés dans le sud du Liban ont estimé que ces attaques "mettent en danger la stabilité fragile qui a été instaurée depuis novembre" 2024.

Ils ont appelé Israël à "s'abstenir de toute nouvelle frappe et à se retirer complètement du territoire libanais", où l'armée israélienne occupe toujours cinq positions.

L'armée libanaise a indiqué que les frappes de jeudi portaient à 4.500 les "violations" du cessez-le-feu par Israël, ajoutant qu'elles entravaient les efforts pour désarmer le Hezbollah.

Sous pression américaine, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli de la guerre.