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PARIS: La décapitation d’un professeur d’histoire et géographie, Samuel Paty, à Conflans-Sainte‑Honorine, petite ville de la banlieue parisienne, s’inscrit dans une longue série d’attentats islamistes perpétrés en France depuis près de trente ans. Mais c’est comme la goutte qui fait déborder le vase. Les circonstances inouïes – un jeune musulman tchétchène d’à peine 18 ans, bénéficiant du statut de réfugié politique, et qui a entendu les appels et les menaces diffusés sur les réseaux sociaux, fait 60 kilomètres pour assassiner un enseignant qu’il ne connaît pas, auquel des militants islamistes reprochent son enseignement de la liberté d’expression – tout cela a jeté la stupeur et l’effroi dans la société française tout entière. Un immense frisson glace la nation. Angoissé le peuple se tourne vers ses dirigeants: que vont-ils faire?
Le fait est là: l’islamisme radical s’est développé, d’abord de façon souterraine mais désormais à ciel ouvert de façon agressive. Il pénètre dans certains quartiers de nos banlieues, il est à l’œuvre dans certaines mosquées, il trouve de plus en plus de soutiens, il cultive des complicités, et déjà des responsables s’affichent ici et là de façon quasi publique. Ainsi s’organise de façon volontaire et déterminée une profonde fracture nationale qui pourrait devenir, si nous n’agissons pas rapidement, clairement et fermement, une guerre civile qui ne dit pas encore son nom. Il faut ajouter que certains de ceux qui y sont engagés ne sont pas français, qu’ils bénéficient du statut accordé aux réfugiés politiques ou d’un titre de résidant étranger.
Il est juste de reconnaître que beaucoup de responsables ont eu tendance, parfois avec de bonnes intentions ou par naïveté, parfois par faiblesse ou par démagogie, à minimiser les faits que l’on pouvait observer. À quoi bon jeter l’alarme en face d’incidents qui, pris un à un, pouvait paraître limités. Une accumulation de petites lâchetés, de renoncements ou de dénis, à retardé la nécessaire de prise de conscience de l’extrême gravité de la situation.
Il est plus que temps de réagir
Une partie de la gauche française, désignée sous le nom d’islamo-gauchisme, porte la responsabilité d’avoir soutenu ces forces obscures dont elle est aujourd’hui complice. L’attentat contre Charlie Hebdo et le massacre du Bataclan en 2015 ont commencé à déchirer le voile de l’aveuglement. Mais cela n’a pas encore suffi. C’est pourquoi désormais le crime commis à Conflans-Sainte-Honorine doit achever de convaincre l’ensemble de la société française et de ses dirigeants qu’il est plus que temps de réagir, de mettre au clair notre attitude, et de se rassembler pour faire face au péril.
Trois sujets méritent en particulier notre attention: les réseaux sociaux où se déversent en permanence la violence et la haine, doivent être sérieusement contrôlés; le droit d’asile, qui est aujourd’hui largement détourné de son objet, doit être revisité pour en limiter l’attribution et en contrôler l’exercice; l’école publique doit retrouver toute la fermeté nécessaire pour assurer le respect strict des règles de la laïcité. Rapidité, clarté et fermeté, voilà ce que la nation attend de ses dirigeants.
J’ajoute ceci: l’enjeu n’est pas seulement français, il est mondial. En particulier l’Europe mais aussi l’ensemble du monde musulman sont directement concernés. La France est le pays européen le plus concerné. La dérive islamiste radicale y est devenue hautement préoccupante. Si nous devions échouer à y faire face, ce serait un désastre pour nous, que l’on ose à peine imaginer tant les conséquences seraient incalculables. Mais la contagion en Europe serait terrible. L’histoire européenne en serait bouleversée. Et pour les peuples du bassin méditerranéen, ce serait probablement l’entrée dans une période de très grand trouble dont ils ne sortiraient pas indemnes. L’heure est donc venue pour nous tous de prendre conscience de ce qui se passe et de regarder la réalité en face.
Hervé de Charette est ancien ministre des Affaires étrangères et ancien ministre du Logement. Il a aussi été maire de Saint-Florent-le-Vieil et député de Maine-et-Loire.
NDLR: Les opinions exprimées par les auteurs dans cette section sont les leurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d'Arab News.
