Les océans nous ont sauvé, maintenant c'est notre tour

La Conférence des Nations unies sur les océans 2022, co-organisée par les gouvernements du Kenya et du Portugal, aura lieu du 27 juin au 1er juillet 2022 à Lisbonne, au Portugal. (Photo : Olivier MORIN / AFP)
La Conférence des Nations unies sur les océans 2022, co-organisée par les gouvernements du Kenya et du Portugal, aura lieu du 27 juin au 1er juillet 2022 à Lisbonne, au Portugal. (Photo : Olivier MORIN / AFP)
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Publié le Samedi 25 juin 2022

Les océans nous ont sauvé, maintenant c'est notre tour

  • C'est grâce aux océans -- qui, décennie après décennie, absorbent un quart de la pollution de CO2 et plus de 90% de l'excès de chaleur -- que la surface de la Terre est restée vivable
  • En échange, notre espèce a déversé des montagnes de plastique dans la mer et l'a vidée de ses grands poissons

PARIS : L'humanité doit guérir les océans rendus malades par le changement climatique, la pollution et la surpêche, dans l'espoir de préserver la vie en mer et sauver la nôtre, mettent en garde plusieurs experts avant une importante conférence des Nations unies qui s'ouvrira lundi à Lisbonne.

C'est grâce aux océans -- qui, décennie après décennie, absorbent un quart de la pollution de CO2 et plus de 90% de l'excès de chaleur -- que la surface de la Terre est restée vivable.

En échange, notre espèce a déversé des montagnes de plastique dans la mer et l'a vidée de ses grands poissons. Le littoral a été contaminé par les produits chimiques et agricoles, créant des zones mortes privées d'oxygène.

"Au moins un tiers des stocks de poissons sauvages sont trop pêchés et moins de 10% de l'océan est protégé", affirme à l'AFP Kathryn Mathews, directrice scientifique de l'ONG américaine Oceana.

"Des navires de pêche illégaux font des ravages en toute impunité, en eaux côtières comme en haute mer", souligne-t-elle.

D'un montant de près 35 milliards de dollars, les subventions qui encouragent la surpêche seront certes durement critiquées à Lisbonne, malgré les premiers pas faits la semaine dernière par l'Organisation mondiale du commerce en vue d'une interdiction partielle.

Mais, en attendant, l'acidification des océans provoquée par le CO2 et les vagues de chaleur marine, qui peuvent durer plusieurs mois, continuent de tuer les récifs de corail dont dépendent un quart de la vie en mer et 250 millions de personnes.

"Nous n'avons encore qu'une petite idée de l'ampleur de la dévastation provoquée par le changement climatique sur la santé des océans", assure Charlotte de Fontaubert, principale experte de l'économie bleue à la Banque mondiale.

«Ça fait peur»

Organisée conjointement par le Portugal et le Kenya, la conférence de l'ONU sur les océans -- d'abord prévue en avril 2020 puis reportée à cause du Covid -- rassemblera pendant cinq jours des milliers de représentants de gouvernements, d'entreprises, d'institutions scientifiques et d'ONG en quête de solutions.

Bien qu'ils ne préconisent pas tous les mêmes remèdes, ils sont largement d'accord sur les enjeux.

"Si nous ne faisons pas ce qu'il faut, nous risquons de nous retrouver avec un océan mort", résume à l'AFP Rashid Sumaila, spécialiste en pêche et enseignant à l'Université de Colombie-Britannique.

"Imaginez ça... qu'est ce que ça fait peur!", confie-t-il.

Avec des propositions allant du recyclage à l'interdiction totale des sacs en plastique, ce type de pollution sera également au programme de la conférence, dans le but d'inverser les tendances actuelles selon lesquelles les océans contiendront vers 2050 autant de plastique que de poissons.

Des navires-usines asiatiques qui rôdent en haute mer aux bateaux de pêche artisanale qui sillonnent le littoral des tropiques, la question de savoir comment rendre la pêche durable marquera elle aussi les débats qui se tiendront à Lisbonne.

Nouveau leitmotiv, "l'alimentation bleue" est censée faire des océans un moyen de subsistance à la fois durable et équitable.

"Les poissons sauvages de la mer peuvent représenter une source de protéines et de micronutriments capable d'offrir à un milliard de personnes un repas sain par jour, pour toujours", précise Kathryn Mathews, de l'ONG Oceana.

La filière florissante de l'aquaculture suscite des inquiétudes à cause de la destruction de précieuses forêts de mangrove ou en raison de l'usage excessif d'antibiotiques.

Sommets de fin d'année

La conférence pourrait permettre d'établir que la production de la pêche en mer ouverte, en baisse depuis les années 1990, est en passe d'être dépassée par celle de l'aquaculture, avec quelque 100 millions de tonnes par an issues de chacune des filières.

De nombreux ministres et quelques chefs d'Etat, dont le président français Emmanuel Macron, participeront à la réunion de Lisbonne mais celle-ci n'a pas vocation à devenir une séance de négociations formelles.

Certains participants en profiteront toutefois pour défendre une politique ambitieuse pour les océans en vue des deux sommets cruciaux qui se tiendront en fin d'année: la conférence de l'ONU sur le climat COP27, qui aura lieu en novembre en Egypte, puis la très attendue conférence des Nations unies sur la biodiversité COP15, qui se tiendra finalement au Canada et non plus en Chine.

Un coalition rassemblant près d'une centaine de pays préconise une mesure phare visant à déclarer des zones de protection couvrant 30% des océans et de la terre de la planète.

Car des études scientifiques récentes dressent un constat clair: les océans continueront de souffrir à moins que les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent, et la lutte contre le réchauffement climatique est vouée à l'échec si les océans perdent leur capacité à absorber le CO2.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.