Un Sud-Coréen qui a violé la loi pour combattre en Ukraine dit ne rien regretter

Séoul ayant interdit à ses ressortissants de se rendre en Ukraine, il a dû enfreindre la loi pour rejoindre les combats. (AFP)
Séoul ayant interdit à ses ressortissants de se rendre en Ukraine, il a dû enfreindre la loi pour rejoindre les combats. (AFP)
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Publié le Lundi 27 juin 2022

Un Sud-Coréen qui a violé la loi pour combattre en Ukraine dit ne rien regretter

  • Ken Rhee, un ex-officier des Navy SEALs, une force d'opérations spéciales de la marine sud-coréenne, s'est rendu à l'ambassade d'Ukraine à Séoul pour partir au front début mars
  • Séoul ayant interdit à ses ressortissants de se rendre en Ukraine, il a dû enfreindre la loi pour rejoindre les combats

SEOUL : Ex-membre des forces spéciales sud-coréennes, Ken Rhee a dû enfreindre la loi de son pays pour partir combattre en Ukraine mais, pour lui, cela aurait été un "crime" de ne pas mettre ses compétences au service d'un pays en guerre.

Ken Rhee, un ex-officier des Navy SEALs, une force d'opérations spéciales de la marine sud-coréenne, s'est rendu à l'ambassade d'Ukraine à Séoul pour partir au front début mars, au moment où le président ukrainien Volodymyr Zelensky appelait des volontaires du monde entier à venir prêter main forte à ses combattants.

Séoul ayant interdit à ses ressortissants de se rendre en Ukraine, il a dû enfreindre la loi pour rejoindre les combats. Blessé alors qu'il dirigeait une patrouille, il a été rapatrié en Corée du Sud, où il a été cueilli par quinze policiers à son arrivée.

L'ex-combattant, qui anime une chaîne YouTube suivie par 700 000 abonnés et un compte Instagram très suivi où il a partagé son expérience en Ukraine, dit ne rien regretter.

"C'est comme si en vous vous promenant sur la plage, vous voyez un panneau 'baignade interdite' et que vous voyez un baigneur se noyer. C'est un délit de ne pas l'aider. C'est comme ça que je vois les choses", dit-il à l'AFP.

M. Rhee, 38 ans, est né en Corée du Sud mais a grandi aux Etats-Unis, où il a suivi une formation pour intégrer les Navy SEALs. Son père l'a cependant convaincu de s'engager en Corée du Sud.

Il a servi au sein de cette armée pendant sept ans, suivant une formation SEAL américaine et coréenne et effectuant des missions en Somalie et en Irak, avant de partir pour créer une société de conseil en défense.

"J'ai les compétences. J'ai l'expérience. J'ai participé à deux guerres différentes et, en allant en Ukraine, je savais que je pouvais aider", fait-il valoir.

Sévères critiques

Mais en Corée du Sud, où M. Rhee est connu pour avoir participé à la série YouTube populaire "Fake Men", son engagement a été vu d'un mauvais œil.

"Ca a été instantané. En Corée, les gens m'ont simplement reproché d'avoir enfreint la loi".

Ses détracteurs qualifient sa décision d'irresponsable, et estiment qu'il a publié sur YouTube et Instagram des images de lui sur le terrain pour frimer.

L'ex-officier n'entend pas se laisser abattre. "Je pense qu'il est assez facile de savoir qui sont les bons et qui sont les méchants", dit-il à propos de la Russie et de l'Ukraine.

Il dit avoir été témoin de crimes de guerre commis par des Russes lors de son premier jour sur la ligne de front à Irpin.

"J'ai vu un civil qui conduisait... et ils lui ont tiré dessus, il est mort devant nous", raconte-t-il.

"Cela nous a rappelé, à moi et à mes coéquipiers, ce que nous faisions et pourquoi nous étions là".

En raison de sa formation militaire, M. Rhee a constitué sa propre équipe multinationale, en charge d'opérations spéciales, en recrutant des volontaires.

"Je mangeais des rations canadiennes. Mon arme était tchèque. j'avais un lance-missile américain et une roquette allemande... mais rien provenant de Corée", assure-t-il.

Il a essayé d'emporter avec lui ses lunettes de vision nocturne mais il n'a pas pu, faute d'autorisation du gouvernement. Séoul a fourni une aide non létale à Kiev et M. Ree lui reproche de ne pas en avoir fait davantage.

"La Corée a des équipements de pointe... ils sont très bons dans la fabrication d'armes", souligne-t-il.

«Rendez-vous à Taïwan»

Moscou a déclaré cette semaine que 13 Sud-Coréens s'étaient rendus en Ukraine et que quatre d'entre-eux avaient été tués.

Séoul a dit essayer de vérifier ces affirmations. Bien que M. Rhee ne connaisse pas le sort de tous ses coéquipiers, il affirme que "beaucoup de [ses] amis sont morts".

"Je ne veux pas que leurs sacrifices soient oubliés". C'est pour cela notamment qu'il envisage d'écrire un livre - et peut-être un scénario sur ce qu'il a vécu avec ses camarades.

Mais d'abord, il doit faire face aux conséquences légales de son départ. Il a bon espoir de ne pas finir en prison.

Désormais, l'ex-soldat fait l'objet d'une interdiction de quitter son pays et il est soigné pour ses blessures.

Mais il espère pouvoir un jour se battre à nouveau.

La blague quand les gens quittaient la ligne de front était : "Rendez-vous à Taïwan", raconte-il, faisant référence au risque que Pékin suive l'exemple de Moscou et finisse par reprendre l'île par la force.


Pompe exceptionnelle pour la deuxième visite d'Etat de Trump au Royaume-Uni

Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump entame une visite d'État de deux jours au Royaume-Uni, marqué par un faste inédit à Windsor malgré des manifestations annoncées à Londres
  • Alors que le gouvernement de Keir Starmer tente de tirer profit de cette visite par des annonces d’investissements technologiques majeurs, la rencontre est aussi ternie par l’affaire Epstein

LONDRES: Tour en calèche, garde d'honneur géante, défilé aérien inédit: le Royaume-Uni sort le grand jeu pour la deuxième visite d'Etat de Donald Trump, reçu mercredi à Windsor par Charles III, à l'abri des manifestations.

"Cela va être un très grand jour", a commenté M. Trump en arrivant au Royaume-Uni mardi soir, se réjouissant de voir le roi, son "ami de longue date".

Encadrée par un dispositif de sécurité exceptionnel, cette visite d'Etat de deux jours débute par un déploiement spectaculaire de faste royal, dont le dirigeant républicain est friand, et une cérémonie militaire d'une ampleur sans précédent, impliquant 1.300 membres des forces armées britanniques.

"On dit que le château de Windsor, c'est le top, non? Donc ça va être chouette", avait lancé Donald Trump, 79 ans, avant son départ de Washington, se félicitant aussi d'être le seul président américain à avoir deux fois les honneurs d'une visite d'Etat au Royaume-Uni. La première avait eu lieu en 2019.

Le président et son épouse Melania seront accueillis à la mi-journée dans ce domaine royal situé à l'ouest de Londres, d'abord par le prince héritier William et son épouse Catherine, puis par le roi Charles III, 76 ans, et la reine Camilla, 78 ans.

Une incertitude entoure toutefois la présence de Camilla: la reine consort se remet d'une sinusite aiguë qui l'a empêchée d'assister à des funérailles royales mardi.

Après une salve royale tirée du château et depuis la Tour de Londres, les trois couples doivent participer à une procession en calèche, mais toujours dans l'enceinte du domaine, et non dans les rues de la ville comme cela avait été le cas lors de la visite d'Etat du président français Emmanuel Macron en juillet.

- Fanfare et cornemuses -

Donald Trump aura l'unique privilège de passer en revue une garde d'honneur comprenant exceptionnellement trois régiments de la Garde royale, accompagnée d'une fanfare, tambours et cornemuses dans la cour carrée du château.

Après un déjeuner en privé avec la famille royale, le couple Trump déposera des fleurs sur la tombe de la reine Elizabeth II, décédée en septembre 2022, dans la chapelle St George.

Un défilé aérien, alliant de façon inédite des avions de combat F35 britanniques et américains, et la patrouille acrobatique des "Red Arrows", précèdera le traditionnel banquet royal avec quelque 150 invités.

Une profusion d'honneurs de nature à flatter l'ego du milliardaire américain, qui s'est plus tôt cette année lui-même comparé à un monarque.

Mais à 40 km de là, des milliers de manifestants sont attendus dans le centre de Londres, pour protester contre la venue d'un président très impopulaire dans le pays. Le rassemblement à l'appel de la coalition "Stop Trump", prévu à partir de 14H00 (13H00 GMT), sera encadré par plus de 1.600 policiers. D'autres sont prévus ailleurs au Royaume-Uni.

Le deuxième jour de la visite, jeudi, sera consacrée à une séquence plus politique, qui se déroulera à Chequers, résidence de campagne du Premier ministre Keir Starmer.

La conférence de presse pourrait donner lieu à des questions embarrassantes pour les deux dirigeants, relatives notamment à l'affaire Jeffrey Epstein. Elle est revenue hanter cette semaine Keir Starmer, qui a limogé son ambassadeur à Washington Peter Mandelson, après des révélations sur ses liens avec le délinquant sexuel américain, mort en prison en 2019.

Un sujet dont se passerait bien Donald Trump, qui voit sa présidence également empoisonnée par l'affaire Epstein depuis des semaines.

Des images du financier américain ont d'ailleurs été diffusées mardi soir par un groupe anti-Trump sur une tour du château de Windsor.

De son côté, le gouvernement de Keir Starmer, fragilisé sur le plan économique et en pleine crise politique, cherche à tirer parti de cette visite pour multiplier les annonces, entre accord sur la tech et investissements américains.

Il a déjà enregistré un investissement massif de 30 milliards de dollars (25 milliards d'euros) de Microsoft, un autre de 5 milliards de livres (5,8 milliards d'euros) de Google et l'annonce d'un partenariat incluant OpenAI et Nvidia pour développer des infrastructures dédiées à l'IA dans le nord-est de l'Angleterre.

Un partenariat plus général pour doper la coopération technologique dans l'IA, le quantique et le nucléaire doit être signé pendant la visite, mais ses contours sont encore flous.

Les espoirs d'accord pour faire baisser les droits de douane actuellement appliqués sur le whisky (10%) et l'acier (25%) semblent en revanche avoir été douchés, selon la presse britannique.


Des milliers de morts cet été en Europe à cause du changement climatique, avancent des chercheurs

Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques. (AFP)
Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques. (AFP)
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  • Il s'agit de la première estimation de si grande ampleur sur les impacts sanitaires d'un été marqué en Europe par des températures particulièrement élevées
  • Plusieurs canicules ont été observées et l'été s'est révélé le plus chaud jamais enregistré dans plusieurs pays, comme l'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni

PARIS: Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques.

"Centrée sur 854 villes européennes, cette étude conclut que le changement climatique est à l'origine de 68% des 24.400 morts qui seraient liées à la chaleur cet été", souligne mercredi le communiqué des deux instituts britanniques auxquels appartiennent les auteurs, l'Imperial College London et la London School of Hygiene & Tropical Medicine.

Ils concluent donc qu'entre 15.013 et 17.864 décès liés cet été à la chaleur n'auraient pas eu lieu sans le réchauffement climatique, dans ces villes qui ne représentent par ailleurs qu'un petit tiers de la population européenne.

Il s'agit de la première estimation de si grande ampleur sur les impacts sanitaires d'un été marqué en Europe par des températures particulièrement élevées. Plusieurs canicules ont été observées et l'été s'est révélé le plus chaud jamais enregistré dans plusieurs pays, comme l'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni.

Or, les effets sur la santé des chaleurs sont bien connus: aggravation des troubles cardiovasculaires, déshydratation, troubles du sommeil... Et les plus âgés sont, de loin, les plus à risque d'en mourir.

"Il suffit que les canicules soient plus chaudes de 2 à 4°C pour que des milliers de personnes passent de vie à trépas", a souligné Garyfallos Konstantinoudis, co-auteur de l'étude, lors d'une conférence de presse, qualifiant les pics de chaleur de "tueurs silencieux".


Gaza: une commission de l'ONU accuse Israël de «génocide»

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  • La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien,
  • "La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport

GENEVE: Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d'autres responsables israéliens.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

"La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate" de la commission, a réagi son ministère des Affaires étrangères.

Sa publication intervient près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Depuis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza.

La commission d'enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

"Intention de détruire" 

"Il est clair qu'il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide", a relevé dans un communiqué Mme Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

Les plus hauts dirigeants israéliens "ont orchestré une campagne génocidaire", a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.

La commission n'est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser.

La commission a conclu un accord de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) avec laquelle "nous avons partagé des milliers d'informations", a expliqué Mme Pillay à l'AFP.

"La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l'absence d'action pour y mettre fin équivaut à une complicité", a souligné Mme Pillay.

La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65.000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, données jugées fiables par l'ONU.

Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l'ONU, et jusque devant la justice internationale, à l'initiative de l'Afrique du Sud.

Les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement rejeté ces accusations.

L'ONU n'a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires a exhorté à la mi-mai les dirigeants mondiaux à "agir pour empêcher un génocide".

A La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d'arrêt soient délivrés à l'encontre de MM. Netanyahu et Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La CPI est depuis dans le collimateur de Washington qui a pris des mesures contre des magistrats ayant autorisé la Cour à émettre ces mandats d'arrêt, notamment l'interdiction d'entrée sur le sol américain et le gel des avoirs détenus aux États-Unis.