Les tempêtes de sable, un défi de taille pour les pays du Golfe et du Moyen-Orient

Les fortes tempêtes de poussière peuvent réduire la visibilité à moins de 200 mètres (Photo, Reuters).
Les fortes tempêtes de poussière peuvent réduire la visibilité à moins de 200 mètres (Photo, Reuters).
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Publié le Mercredi 29 juin 2022

Les tempêtes de sable, un défi de taille pour les pays du Golfe et du Moyen-Orient

  • Selon les responsables de la météorologie, le changement climatique augmente la fréquence et l’intensité des tempêtes de sable et de poussière
  • Les projets de boisement de la région visent à atténuer les effets négatifs des tempêtes de sable sur l’agriculture et la santé humaine

DJEDDAH: Depuis des siècles, les grands panaches de poussière et de sable qui balaient la majeure partie de l’Arabie saoudite sont un aspect naturel et saisonnier de la vie. Bien qu’il s’agisse d’un phénomène météorologique courant dans les régions arides et semi-arides, ces dernières années, les scientifiques ont tiré la sonnette d’alarme quant aux effets néfastes sur la santé et l’environnement de l’augmentation des tempêtes de poussière, ce qui a incité les autorités saoudiennes à relever le défi.

Le Moyen-Orient, l’Afrique et le Golfe arabe ne sont pas étrangers aux tempêtes de sable. Elles se produisent relativement près de la surface du sol, mais les particules de poussière les plus fines peuvent être soulevées à des kilomètres dans l’atmosphère, où des vents violents les transportent sur de longues distances et à travers les continents.

L’Arabie saoudite est un lieu particulièrement exposé à ce type de tempêtes extrêmes, puisqu’elle occupe la quasi-totalité de la péninsule arabique et est essentiellement désertique, avec des parcelles de terrain rocheux dans les régions occidentale et centrale. Le Royaume est également situé sur une grande partie de la plus grande zone désertique d’Asie, le désert d’Arabie.

La vaste étendue de sable beige et rouge qui s’étend à travers le pays expose l’Arabie saoudite à certaines des tempêtes de sable les plus violentes, qui arrivent principalement du nord ou de l’ouest. Ces tempêtes obscurcissent la vue, interrompent les opérations maritimes et aériennes, ferment les écoles et nuisent à la santé humaine, tout en transformant le ciel bleu céruléen en un orange inquiétant.

La position de l’Arabie saoudite dans la péninsule arabique rend le pays particulièrement sensible aux tempêtes de sable (Photo, Reuters).

Le mois dernier, une tempête de sable transfrontalière a englouti l’Arabie saoudite, l’Irak, l’Iran, le Koweït et les Émirats arabes unis, envoyant des milliers de personnes à l’hôpital alors que l’air se remplissait de fines particules de poussière liées aux crises d’asthme et à la propagation de bactéries, virus, toxines, etc. En fonction des conditions météorologiques et climatiques, la poussière peut rester dans l’atmosphère pendant plusieurs jours et parcourir de grandes distances.

Les catégories de tempêtes

  • Poussière soufflante: La visibilité horizontale est inférieure à 11 km.
  • Tempête de poussière: La visibilité horizontale est inférieure à 1 000 km.
  • Forte tempête de poussière: La visibilité horizontale est inférieure à 200 km.

Certains scientifiques affirment que le changement climatique pourrait augmenter la fréquence et l’intensité des tempêtes de sable. Selon plusieurs études, le Moyen-Orient connaît l’un de ces trois types de tempêtes de sable pendant 30% de l’année environ.

Les tempêtes de sable se caractérisent par une réduction de la visibilité; la poussière soufflée réduit la visibilité à quelques mètres pendant de brefs intervalles, et la visibilité horizontale est inférieure à 11 km. Pour les tempêtes de poussière, la visibilité horizontale est inférieure à 1 000 mètres, et pour les tempêtes de poussière sévères, elle est inférieure à 200 mètres.

Une étude de 2019 a analysé les occurrences de tempêtes de poussière du Royaume en étudiant l’analyse des figures de 27 stations d’observation fournies par la présidence de la météorologie et de l’environnement, en utilisant des données sur la distribution spatiale et temporelle de la poussière atmosphérique entre 2000-2016. L’étude a noté une augmentation significative des occurrences, en particulier dans la province orientale, avec une nette saisonnalité de l’incidence des tempêtes de poussière et de sable.

Selon Hussain al-Qahtani, porte-parole du Centre national de météorologie d'Arabie saoudite (NCM), l’augmentation notable des tempêtes de sable et de poussière dans la province orientale est due à sa proximité et à son exposition aux vents du nord qui frappent généralement le Royaume.

«Depuis plus de quarante ans, le NCM documente et surveille les modèles météorologiques et les conditions climatiques dans le Royaume», a-t-il indiqué à Arab News.

«L’incidence et l’intensité des tempêtes de poussière varient d’une année à l'autre et l’Organisation météorologique mondiale a déclaré que le monde traverse une période turbulente de changement climatique extrême. Les tempêtes de poussière avec des vents allant jusqu’à 45 km par heure pendant plusieurs jours sont un phénomène courant dans la région, et sont le résultat de ce climat mondial extrême.»

Les tempêtes de sable et de poussière constituent des menaces immédiates pour la santé humaine, notamment pour les jeunes et les personnes âgées, en provoquant des problèmes respiratoires et cutanés (Photo, Reuters).

Lorsque de fortes pluies torrentielles fin 2009 et début 2010 ont inondé Djeddah, sur la côte ouest de l’Arabie saoudite, et provoqué des crues massives, les responsables de la défense civile ont déclaré qu’il s'agissait des pires inondations depuis plus de vingt-cinq ans, ce qui a incité le NCM à lancer un système national d’alerte météorologique reliant tous les organes directeurs concernés.

Le NCM utilise désormais ce système pour avertir de la possibilité et de l’intensité des tempêtes de sable à venir. Le vert indique qu’aucun phénomène météorologique violent n’est attendu; le jaune signifie «soyez vigilant», l’orange «soyez prêt» et le rouge «agissez».

Trois facteurs clés sont responsables de la génération de tempêtes de sable et de poussière: les vents forts, le manque de végétation et l’absence de précipitations, qui font du Royaume l’environnement parfait pour les tempêtes de poussière transfrontalières.

Leur fréquence croissante a fait des ravages dans le secteur agricole du Moyen-Orient. Les tempêtes de sable réduisent le rendement des cultures en enterrant les semis sous des dépôts de sable, en détruisant les tissus végétaux et en réduisant la capacité de la plante à effectuer la photosynthèse, ce qui retarde son développement.

Certains des effets les plus immédiats et les plus évidents des tempêtes de sable et de poussière sont liés à la santé humaine. Selon le Dr Lamia al-Ibrahim, de l’Autorité du Croissant-Rouge saoudien, l’exposition humaine à la poussière et aux tempêtes de sable représente un danger pour la santé générale, en particulier pour les personnes souffrant de problèmes respiratoires, notamment d’asthme, d’allergies et de BPCO, et peut provoquer des irritations de la peau et des yeux.

«Selon le niveau d’exposition, les tempêtes de sable et de poussière dans le Royaume diffèrent d’une région à l’autre. Les tempêtes de poussière peuvent aggraver la santé des individus, qu’ils soient allergiques ou non», a-t-elle expliqué à Arab News. «Avec de simples changements de mode de vie, les effets peuvent être minimisés, mais pas évités.»

Al-Ibrahim affirme que l’exposition à la poussière et au sable peut exacerber les allergies, ajoutant que plusieurs stratégies de contrôle de la santé, de la sécurité et de l’environnement peuvent être mises en œuvre pour atténuer l’impact négatif des tempêtes sur les communautés.

«Des mesures de précaution et des médicaments tels que des antihistaminiques pris à l’avance peuvent diminuer la gravité des infections. Bien que le meilleur mécanisme soit de rester chez soi, les personnes qui doivent quitter leur domicile doivent porter des masques et des lunettes. Les tempêtes de poussière ont un impact sur la qualité de l’air extérieur et intérieur et peuvent déclencher des problèmes respiratoires et plus encore à cause d’une seule particule – la silice», a-t-elle indiqué.

EN BREF

Processus éoliens: L’émission, le transport et le dépôt de sable et de poussière par le vent prennent leur nom du dieu grec Éole, le gardien des vents.

La poussière du désert dans la région est principalement composée de silice, dont l’exposition est un facteur de risque pour plusieurs maladies.

Le port de masques et de lunettes et le fait de rester à l’intérieur sont des solutions temporaires, ce qui oblige les autorités à chercher des moyens plus permanents et de plus grande envergure pour résoudre le problème de la poussière. En termes de stratégies environnementales, le boisement est devenu un acteur important dans la lutte contre les problèmes liés au changement climatique.

Les tempêtes de sable au Moyen-Orient ont retardé des vols, fermé des écoles et hospitalisé des milliers de personnes (Photo, AFP).

L’initiative verte saoudienne, lancée en mars dernier, vise à réhabiliter 40 millions d’hectares de terres au cours des prochaines décennies, avec 24 initiatives lancées pour planter 10 milliards d’arbres. Le plan de boisement peut améliorer la qualité de l’air, réduire les tempêtes de sable, lutter contre la désertification et faire baisser les températures dans les zones adjacentes.

De même, l’initiative verte du Moyen-Orient a des objectifs ambitieux similaires, visant à planter 50 milliards d’arbres (10 milliards dans le Royaume) dans tout le Moyen-Orient et à restaurer 200 millions d’hectares de terres dégradées.

Al-Ibrahim prévient que, même si le boisement atténue efficacement les tempêtes de sable et de poussière, il est essentiel de savoir quels arbres planter, car certains peuvent avoir des effets néfastes sur la santé humaine.

«Le pollen de certains arbres peut provoquer de graves allergies. J’ai été invitée à participer au lancement du projet Green Riyad en tant que membre de plusieurs groupes de sensibilisation à l’environnement et j’ai soulevé la question de ces arbres, et un comité a été créé pour préciser les types d’arbres, de plantes et d’arbustes les mieux adaptés à la zone», a-t-elle déclaré à Arab News.

La Commission royale de Riyad a publié un guide des plantes pour la ville, qui répertorie environ 300 types de plantes, d’arbustes et d’arbres destinés à être plantés.

«Les recherches et les études de NCM contribuent à fournir des données aux entités concernées qui doivent comprendre comment faire face aux défis qui découlent des tempêtes de sable et de poussière, diminuer le niveau des menaces et travailler sur des solutions telles que des initiatives de boisement, prendre des mesures préventives, ou même augmenter la précision des informations pour la santé et la sécurité des citoyens», a déclaré Al-Qahtani.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Hamas dément que la libération d'un otage soit liée à une «pression militaire» israélienne

Le Hamas a démenti mardi que la libération de l'otage israélo-américain Edan Alexander la veille ait été liée à une "pression militaire" israélienne comme l'a affirmé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. (AFP)
Le Hamas a démenti mardi que la libération de l'otage israélo-américain Edan Alexander la veille ait été liée à une "pression militaire" israélienne comme l'a affirmé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. (AFP)
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  • Le Hamas a démenti mardi que la libération de l'otage israélo-américain Edan Alexander la veille ait été liée à une "pression militaire" israélienne comme l'a affirmé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu
  • M. Netanyahu avait estimé lundi que la libération du soldat de 21 ans était le résultat d'une "combinaison gagnante" alliant la pression militaire d'Israël et celle, politique, de l'administration de Donald Trump

GAZA: Le Hamas a démenti mardi que la libération de l'otage israélo-américain Edan Alexander la veille ait été liée à une "pression militaire" israélienne comme l'a affirmé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

"Le retour d'Edan Alexander est le résultat de communications sérieuses avec l'administration américaine et des efforts des médiateurs, et non une conséquence de l'agression israélienne ou de l'illusion d'une pression militaire", a affirmé le mouvement islamiste palestinien dans un communiqué.

"Netanyahu induit son peuple en erreur et a échoué à ramener ses prisonniers (otages, ndlr) par la force", a-t-il ajouté.

Après des discussions avec des représentants des Etats-Unis, le Hamas a libéré lundi Edan Alexander, jusqu'alors le seul otage vivant ayant la nationalité américaine à être encore retenu dans la bande de Gaza depuis l'attaque sanglante perpétrée par le mouvement palestinien dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023.

M. Netanyahu avait estimé lundi que la libération du soldat de 21 ans était le résultat d'une "combinaison gagnante" alliant la pression militaire d'Israël et celle, politique, de l'administration de Donald Trump.

"Cela a été rendu possible grâce à notre pression militaire et à la pression politique exercée par le président Trump. C'est une combinaison gagnante", avait-il affirmé dans une vidéo diffusée par ses services.

Mardi, M. Netanyahu s'est entretenu au téléphone avec Edan Alexander qui rencontrait alors l'émissaire américain Steve Witkoff dans un hôpital de Tel-Aviv.

"Toute la nation israélienne est remplie de joie", a-t-il dit.

"Nous sommes reconnaissants du soutien américain et exprimons notre profonde gratitude envers les soldats de (l'armée) prêts à agir par tous les moyens nécessaires si les otages restants ne sont pas libérés", a-t-il ajouté.

Après deux mois de trêve ayant permis l'échange d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens en début d'année, Israël a repris le 18 mars son offensive contre le Hamas disant vouloir le contraindre à libérer les otages encore retenus dans la bande de Gaza depuis l'attaque du 7 octobre 2023.

Depuis, les négociations indirectes entre Israël et le Hamas pour mettre fin aux combats n'ont pas débouché, les parties s'accusant mutuellement de bloquer le processus.

M. Netanyahu a décidé d'envoyer une délégation à Doha mardi pour des négociations sur les otages, a annoncé son bureau lundi, alors que Donald Trump effectue cette semaine une visite au Moyen-Orient.

Sur les 251 personnes enlevées en Israël lors de l'attaque du Hamas qui a déclenché la guerre le 7 octobre 2023, 57 sont encore retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée israélienne.

Le Hamas retient également la dépouille d'un soldat israélien tué lors d'une précédente guerre dans le territoire palestinien, en 2014.


Le chef de l’ONU salue la libération d’un otage américano-israélien par le Hamas

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, salue la libération d'Edan Alexander, citoyen américano-israélien enlevé lors de l’attaque du 7 octobre menée par le Hamas. (X/@antonioguterres)
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, salue la libération d'Edan Alexander, citoyen américano-israélien enlevé lors de l’attaque du 7 octobre menée par le Hamas. (X/@antonioguterres)
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  •  Antonio Guterres renouvelle son appel à un cessez-le-feu immédiat à Gaza
  •  Le groupe militant a accepté de libérer le soldat dans un geste de bonne volonté envers le président Trump

NEW YORK: Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, salue la libération d'Edan Alexander, citoyen américano-israélien enlevé lors de l’attaque du 7 octobre menée par le Hamas.

Le groupe militant a déclaré dimanche qu'il libérerait Alexander, 21 ans, dans le cadre des efforts visant à parvenir à un cessez-le-feu avec Israël.

Alexander était considéré comme le dernier otage américain vivant détenu à Gaza.

Guterres «est profondément soulagé qu'Alexander ait été libéré et qu'il puisse retrouver sa famille et ses proches après cette dure épreuve», a déclaré lundi le porte-parole du secrétaire général, Stéphane Dujarric.

«Le secrétaire général renouvelle son appel urgent en faveur d'un cessez-le-feu permanent immédiat et de la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages restants. Les otages doivent être traités avec humanité et dignité», a-t-il ajouté.

Les parents d'Alexander, qui vivent aux États-Unis, se sont rendus en Israël pour la remise des clés et ont déclaré qu'ils étaient reconnaissants à l'administration du président américain Donald Trump d'avoir obtenu la libération de leur fils.

L'envoyé du président Trump au Moyen-Orient, Steve Witkoff, a déclaré dimanche que le Hamas avait accepté de libérer Alexander dans un geste de bonne volonté envers le président, qui effectue cette semaine une visite très médiatisée en Arabie saoudite.

Alexander, un soldat israélien qui a grandi dans le New Jersey, a été enlevé dans sa base militaire lors de l'attaque menée par le Hamas contre le sud d'Israël le 7 octobre 2023.

Dans sa déclaration, António Guterres a appelé toutes les parties à «assurer immédiatement une aide humanitaire rapide, sans entrave et en toute sécurité, y compris la fourniture de services essentiels, pour tous les civils dans le besoin».

«L'aide n'est pas négociable», a-t-il ajouté.

Le secrétaire général a salué les «efforts soutenus» des médiateurs égyptiens, qataris et américains pour mettre fin au conflit entre Israël et le Hamas.

Toutes les parties doivent «s'appuyer sur la libération d'aujourd'hui pour parvenir à un accord global qui garantira la libération de tous les otages, la fin des hostilités, l'acheminement de l'aide humanitaire et l'allègement tant attendu des souffrances humaines à Gaza», a-t-il ajouté.

Le Hamas a été en contact direct avec le gouvernement américain au sujet de la libération, a déclaré Khalil al-Hayya, un haut responsable du groupe militant à Gaza.

Il a ajouté que le Hamas était prêt à «entamer immédiatement des négociations intensives» pour obtenir une trêve à long terme avec Israël.

Le groupe militant a déclaré dans un communiqué: «Les Brigades Izz ad-Din al-Qassam (branche militaire du Hamas) ont libéré il y a peu le soldat israélien capturé, Edan Alexander, un citoyen américain, à la suite de contacts avec l'administration américaine.»

«Cela s'inscrit dans le cadre des efforts déployés par les médiateurs pour parvenir à un cessez-le-feu, ouvrir les points de passage et permettre à l'aide et aux secours de parvenir à notre peuple dans la bande de Gaza.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Trump en Arabie saoudite: une nouvelle ère de diplomatie économique

Le mois dernier, le Conseil d'affaires américano-saoudien s'est réuni avec des entrepreneurs saoudiens jeunes et à mi-parcours pour leur expliquer sa mission et ses méthodes de promotion des partenariats commerciaux entre l'Arabie saoudite et les États-Unis. (Photo fournie)
Le mois dernier, le Conseil d'affaires américano-saoudien s'est réuni avec des entrepreneurs saoudiens jeunes et à mi-parcours pour leur expliquer sa mission et ses méthodes de promotion des partenariats commerciaux entre l'Arabie saoudite et les États-Unis. (Photo fournie)
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  • Les deux pays envisagent des investissements pouvant dépasser 1 000 milliards de dollars, alors que le président américain revient pour renforcer une alliance économique historique
  • La visite met l'accent sur le commerce, la confiance et la transformation, alors que la coopération en matière de défense, d'énergie et de technologies émergentes prend de l'ampleur

RIYAD: Alors que le président Donald Trump entame la première, et probablement la plus importante, tournée internationale de son second mandat, les États-Unis et l’Arabie saoudite envisagent des investissements conjoints de plusieurs milliards de dollars.

Lors d’un appel téléphonique en janvier, peu après l’investiture de M. Trump, le prince héritier Mohammed ben Salmane a indiqué que le Royaume comptait augmenter de 600 milliards de dollars (1 dollar = 0,90 euro) la valeur de ses échanges commerciaux et de ses investissements avec les États-Unis sur les quatre prochaines années. Un objectif qui pourrait porter le volume total des accords économiques entre les deux pays à près de 1 000 milliards de dollars, marquant le début d’une nouvelle phase dans les relations bilatérales.

La diplomatie personnelle, les intérêts commerciaux stratégiques et une vision commune de l'alignement géopolitique sont les moteurs de ce nouveau chapitre des relations.

La première visite à l'étranger de Trump en tant que président des États-Unis au cours de son premier mandat a eu lieu à Riyad en mai 2017. Cela a marqué le début d'un partenariat économique transformateur entre les États-Unis et l'Arabie saoudite et d'une nouvelle ère de coopération centrée sur la défense, l'énergie et les accords d'infrastructure d'une valeur de centaines de milliards de dollars.

Aujourd'hui, alors que le président américain retourne dans le Royaume, première étape d'une tournée qui le mènera également au Qatar et aux Émirats arabes unis, les fondations posées en 2017 sont appelées à être renforcées.

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La première visite à l'étranger de M. Trump en tant que président américain lors de son premier mandat à Riyad en mai 2017 a marqué le début d'un partenariat économique transformateur entre les États-Unis et l'Arabie saoudite. (AFP)

Le premier mandat de Trump (2017-2021) a été caractérisé par une politique étrangère axée sur l'intérêt national. L'Arabie saoudite s'est rapidement imposée comme un allié essentiel, tant sur le plan économique que stratégique, une dynamique cimentée lors du sommet historique de Riyad en mai 2017, au cours duquel le roi Salmane a réservé un accueil exceptionnellement chaleureux au président.

Ce sommet a débouché sur une vague d'accords historiques, notamment un accord sur les armes de 110 milliards de dollars, qui fait partie d'un ensemble économique plus large de 350 milliards de dollars englobant des initiatives en matière de défense, d'énergie et d'infrastructures.

Outre les engagements pris au niveau des États, d'importants accords commerciaux ont été conclus. Saudi Aramco a signé des accords d'une valeur d'environ 50 milliards de dollars avec des entreprises américaines de premier plan telles que General Electric, Schlumberger et Halliburton.

Le ministre saoudien de l'Énergie, Khalid al-Falih, a ensuite souligné le rôle croissant du secteur privé en déclarant: «Beaucoup d'entre nous, assis à cette table, supervisent des investissements substantiels aux États-Unis.»

Pour renforcer encore le partenariat économique, le Fonds d'investissement public du Royaume s'est engagé à verser 20 milliards de dollars à une initiative d'infrastructure américaine dirigée par Blackstone.

Cet engagement a permis d'ancrer un fonds de 40 milliards de dollars destiné à revitaliser les routes, les ponts et les aéroports américains. Simultanément, l'Arabie saoudite a annoncé un investissement de 45 milliards de dollars dans le SoftBank Vision Fund, qui oriente les capitaux vers des entreprises technologiques américaines de pointe.

Le président Trump, s'adressant aux dignitaires réunis à l'occasion du sommet, a souligné l'importance de l'événement.

«Ce rassemblement historique et sans précédent de dirigeants – unique dans l'histoire des nations – est un symbole pour le monde de notre détermination commune et de notre respect mutuel», a-t-il déclaré. «Les États-Unis sont désireux de resserrer les liens d'amitié, de sécurité, de culture et de commerce.»

Le secrétaire d'État Rex Tillerson a déclaré que les investissements devraient créer des centaines de milliers d'emplois dans les deux pays au cours de la décennie à venir.

«Ils conduiront à un transfert de technologie des États-Unis vers l'Arabie saoudite, renforceront notre économie et les investissements américains en Arabie saoudite, qui sont déjà les plus importants de tous les pays», a-t-il déclaré.

Tout au long de sa présidence, Trump a constamment mis en avant les investissements saoudiens comme une victoire pour l'industrie américaine. En 2018, il a accueilli le prince héritier Mohammed ben Salmane à la Maison-Blanche, où il a affiché publiquement des tableaux détaillés des achats d'armes saoudiennes et souligné les avantages en termes de création d'emplois dans plusieurs États américains.

«Nous sommes devenus de très bons amis sur une période assez courte», a remarqué M. Trump.

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Tout au long de sa présidence, M. Trump a constamment mis en avant les investissements saoudiens comme une victoire pour l'industrie américaine. (SPA)

Revenant sur cette période, Albara'a al-Wazir, directeur de la recherche économique au Conseil d'affaires américano-saoudien, a décrit la visite de 2017 comme un «point d'inflexion» dans les relations économiques bilatérales.

«Ce n'était pas seulement le volume des accords – c'était l'alignement des priorités stratégiques entre les deux gouvernements et le secteur privé qui définissait le succès de ce moment», a-t-il déclaré à Arab News lors d'un entretien.

«Il a marqué le passage d'une diplomatie transactionnelle à une intégration commerciale à long terme.»

La réélection de Trump en 2024 a relancé l'élan économique bilatéral et, selon Al-Wazir, cette prochaine vague d'engagement reflète l'évolution des priorités du Royaume.

«Les accords récents ont porté sur des secteurs traditionnels comme la défense et l'énergie, mais nous observons également une croissance dans la fabrication de pointe, l'intelligence artificielle, les biotechnologies et les services financiers», a-t-il déclaré, soulignant un programme plus large et plus diversifié que lors du premier mandat de Trump.

Lors du Forum économique mondial de Davos en janvier, M. Trump a laissé entrevoir des ambitions encore plus grandes. Il a laissé entendre qu'il demanderait au prince héritier saoudien de porter l'objectif d'investissement à 1 000 milliards de dollars, le décrivant comme une extension naturelle d'un partenariat solide et de confiance.

Le ministre saoudien de l'économie, Faisal Alibrahim, a confirmé lors du forum que la promesse de 600 milliards de dollars englobait à la fois les marchés publics et les investissements du secteur privé dans des domaines clés tels que la défense, l'énergie, les infrastructures et la technologie.

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Une photo prise dans la ville côtière saoudienne de Djeddah, sur la mer Rouge, le 14 juillet 2022, avant la visite du président américain dans le Royaume, montre un hôte saoudien s'adressant à des invités lors d'une présentation de l'Initiative verte saoudienne. (AFP)

Le ministère saoudien de l'Investissement classe désormais les États-Unis parmi les cinq premières sources d'investissements directs étrangers, en particulier dans les secteurs alignés sur la Vision 2030, tels que les infrastructures, la technologie et les énergies renouvelables.

En janvier 2025, l'Arabie saoudite détenait 126,9 milliards de dollars en titres du Trésor américain, ce qui en fait le seul pays du Conseil de coopération du Golfe parmi les 20 premiers détenteurs étrangers de la dette américaine. Cette participation substantielle souligne la confiance continue de Riyad dans la stabilité fiscale des États-Unis et reflète une stratégie de longue date visant à diversifier les réserves par le biais d'actifs fiables libellés en dollars.

Les avoirs actuels comprennent 105,3 milliards de dollars d'obligations à long terme et 21,6 milliards de dollars d'instruments à court terme, ce qui témoigne d'une approche équilibrée entre liquidité et préservation du capital.

Alors que le Forum d'investissement américano-saoudien se tiendra mardi au Centre de conférence international du roi Abdelaziz à Riyad, la coopération économique entre les deux pays sera une fois de plus sous les feux de la rampe.

Prévu pour coïncider avec la visite de M. Trump, le forum vise à mettre en lumière près d'un siècle de partenariat bilatéral. Il réunira d'éminents investisseurs, chefs d'entreprise et décideurs politiques des deux pays afin de renforcer les liens commerciaux et d'explorer de nouvelles pistes de collaboration.

Selon les chiffres publiés en amont de l'événement, les États-Unis restent le premier investisseur étranger en Arabie saoudite, avec un stock d'IDE totalisant 54 milliards de dollars en 2023, ce qui représente environ 23% de l'ensemble des IDE dans le Royaume.

Actuellement, 1 266 entreprises américaines détiennent des licences actives pour opérer en Arabie saoudite, dont 440 nouvelles licences délivrées au cours de la seule année écoulée. Ces entreprises sont actives dans des secteurs essentiels tels que les transports, la fabrication, la vente au détail, les technologies de l'information et de la communication et les services professionnels. Ensemble, elles emploient plus de 80 000 travailleurs dans le Royaume, dont plus de 44 000 ressortissants saoudiens.

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La chambre de commerce de Riyad a organisé en février des réunions bilatérales avec une délégation commerciale américaine. (Photo fournie)

Les investissements saoudiens aux États-Unis sont également en hausse, le stock d'IDE dépassant désormais 75 milliards de dollars. Les institutions clés telles que le PIF, Aramco et SABIC ouvrent la voie, tandis que les sociétés financières américaines continuent de jouer un rôle central dans la canalisation des capitaux mondiaux vers les grandes initiatives saoudiennes.

Le commerce bilatéral entre les deux pays est resté solide en 2024. Les exportations saoudiennes vers les États-Unis ont atteint 12,8 milliards de dollars, dont près de 3 milliards de dollars de biens non pétroliers, ce qui témoigne des efforts continus de diversification économique du Royaume.

Dans le même temps, les exportations américaines vers l'Arabie saoudite ont totalisé 19,7 milliards de dollars, avec en tête les machines et appareils (5,1 milliards de dollars), les véhicules (2,6 milliards de dollars) et les équipements médicaux et optiques (1,5 milliard de dollars).

Du côté saoudien, les principales exportations vers les États-Unis comprennent les produits minéraux (10 milliards de dollars), les engrais (830 millions de dollars) et les produits chimiques organiques (526 millions de dollars).

Le forum de cette année devrait mettre l'accent sur l'expansion des relations commerciales et d'investissement en tant que pierre angulaire de la diplomatie économique moderne entre les deux alliés stratégiques.

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Le commerce bilatéral entre les deux pays est resté solide en 2024. Les exportations saoudiennes vers les États-Unis ont atteint 12,8 milliards de dollars, dont près de 3 milliards de dollars de biens non pétroliers, ce qui témoigne des efforts continus de diversification économique du Royaume. (Photo fournie)

La visite de M. Trump à Riyad devrait également porter sur de nouveaux contrats de défense et sur l'approfondissement de la coopération économique.

La politique énergétique est également revenue sur le devant de la scène, M. Trump exhortant l'Arabie saoudite à augmenter sa production de pétrole afin de stabiliser les marchés mondiaux et de réduire la pression sur les prix des carburants, liant ainsi l'alignement économique à des objectifs géopolitiques plus larges, y compris les efforts visant à réduire les revenus de la Russie.

M. Al-Wazir estime que la visite pourrait également accélérer les progrès dans le domaine des technologies émergentes et du développement industriel: «Les entreprises américaines sont particulièrement bien placées pour soutenir les objectifs de diversification de l'Arabie saoudite dans le cadre de Vision 2030, notamment en ce qui concerne les technologies de transition énergétique, l'automatisation et l'analyse des données», a-t-il déclaré.

Certains signes montrent que les investisseurs du Golfe réagissent déjà positivement au renouvellement du partenariat. Après l'élection américaine de 2024, Yasir al-Rumayyan, gouverneur du PIF, a été photographié aux côtés du président Trump et d'Elon Musk, qui occupe désormais le poste de conseiller principal à la Maison Blanche. Bloomberg a interprété cette image comme un signal de la confiance renouvelée du Golfe dans l'administration Trump.

Alors que Trump retourne en Arabie saoudite, l'alliance économique américano-saoudienne semble non seulement intacte, mais également sur le point de s'étendre – motivée par des intérêts mutuels, des liens personnels de plus en plus étroits et une conviction partagée que le commerce reste un pilier de la diplomatie dans un ordre mondial en mutation rapide.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com