Adhésion à l'Otan: Erdogan menace de nouveau la Suède et la Finlande

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'exprime lors d'une cérémonie de remise des diplômes à l'Université de la Défense nationale à Istanbul vendredi (Photo, Reuters).
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'exprime lors d'une cérémonie de remise des diplômes à l'Université de la Défense nationale à Istanbul vendredi (Photo, Reuters).
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Publié le Samedi 02 juillet 2022

Adhésion à l'Otan: Erdogan menace de nouveau la Suède et la Finlande

  • S'adressant à la presse en clôture du sommet de l'Alliance atlantique, à Madrid, il a sommé les deux pays nordiques de « prendre leur part» dans la lutte contre le terrorisme sous peine d'enterrer le mémorandum signé mardi soir
  • Jeudi, le président turc s'est exprimé pour la première fois depuis cette signature surprise. Et il a posé ses conditions

MADRID: Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau menacé de bloquer l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'Otan, moins de quarante-huit heures après l'accord entre les trois pays.

S'adressant à la presse en clôture du sommet de l'Alliance atlantique, à Madrid, il a sommé les deux pays nordiques de "prendre leur part" dans la lutte contre le terrorisme sous peine d'enterrer le mémorandum signé mardi soir.

Depuis mi-mai, Ankara bloque le processus d'élargissement aux deux pays en les accusant de protéger des combattants kurdes du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et des Unités de protection du peuple (YPG), qu'il classe parmi les mouvements terroristes.

Mais mardi soir, les gouvernements turcs, suédois et finlandais ont signé un mémorandum d'accord ouvrant l'accès des deux nations nordiques à l'Alliance atlantique.

Jeudi, le président turc s'est exprimé pour la première fois depuis cette signature surprise. Et il a posé ses conditions.

"S'ils remplissent leur devoir, nous soumettrons (le mémorandum) au parlement" en vue de son adoption. "S'ils ne le font pas, il est hors de question pour nous de l'envoyer au parlement...", a-t-il prévenu.

Un haut diplomate turc à Washington a assuré que le processus d'adoption pourrait intervenir au plus tôt fin septembre et pourrait attendre jusqu'en 2023, le Parlement entrant en vacances à partir de vendredi.

M. Erdogan a évoqué une "promesse faite par la Suède" concernant l'extradition de "73 terroristes". "Ils les renverront, ils l'ont promis. Cela figure dans des documents écrits. Ils tiendront leur promesse", a-t-il ajouté sans plus de détail.

«Chantage»

Stockholm a réagi jeudi soir en rappelant que ses décisions en matière d'extradition étaient soumises à une justice "indépendante".

"En Suède, la loi suédoise s'applique avec des tribunaux indépendants", a affirmé le ministre de la Justice Morgan Johansson dans une déclaration écrite transmise à l'AFP.

"Des personnes non-suédoises peuvent être extradées à la demande d'autres pays, mais seulement si c'est compatible avec la loi suédoise et la Convention européenne sur les extraditions", a-t-il insisté.

Recep Tayyip Erdogan n'a pas donné de précisions jeudi sur les 73 personnes visées, mais Ankara réclame depuis plusieurs années l'extradition de militants kurdes ou proches du mouvement guléniste exilés en Suède.

Le chef de l'Etat turc a également appelé la Finlande et la Suède à "compléter leurs lois" concernant la présence sur leur sol de membres du PKK et des YPG, qui opèrent aux frontières de la Turquie dans le nord de l'Irak et de la Syrie.

"Ce qui importe, c'est que les promesses données à la Turquie soient tenues", a-t-il insisté.

Au centre de toutes les attentions à l'ouverture du sommet de Madrid, alors qu'il menaçait d'opposer son veto à l'adhésion des deux pays, le président turc y est ainsi revenu en clôture.

Dans les couloirs du sommet, une source diplomatique européenne n'a pas hésité à parler de "chantage" à propos du chef de l'Etat turc qui a, d'autorité jeudi, occupé la scène de la plus grande salle de presse du sommet, succédant au chef de la Maison Blanche, Joe Biden.

«Droit international»

Selon le mémorandum signé mardi, la Turquie lève son veto à l'adhésion des deux pays nordiques à l'Otan en échange de leur coopération concernant les membres des mouvements kurdes concernés.

Dès le lendemain, Ankara avait déjà réclamé son dû, exigeant de la Suède et de la Finlande l'extradition de 33 "terroristes".

Toutes sont membres du PKK, considéré comme organisation terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, ou du mouvement fondé par le prédicateur Fethullah Gülen, que M. Erdogan accuse d'avoir fomenté la tentative de coup d’État de juillet 2016.

La demande avait été accueillie froidement à Helsinki et Stockholm.

"Toutes ces affaires ont été déjà résolues en Finlande", avait commenté le président finlandais, Sauli Niinistö.

Le ministère finlandais de la Justice a de son côté précisé n'avoir "pas reçu de nouvelles demandes d'extraditions de la Turquie ces derniers jours".

La Première ministre suédoise Magdalena Andersson a pour sa part promis mercredi "de coopérer plus étroitement avec la Turquie concernant les listes des (combattants) du PKK".

"Mais nous continuerons bien sûr de respecter la loi suédoise et le droit international", ajoutait-elle dans un message posté sur Instagram.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.