Commission des Finances: L'Insoumis Eric Coquerel l'emporte

Eric Coquerel député du parti de gauche français La France Insoumise (Photo, AFP).
Eric Coquerel député du parti de gauche français La France Insoumise (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 01 juillet 2022

Commission des Finances: L'Insoumis Eric Coquerel l'emporte

  • Candidat commun de la coalition de gauche Nupes, Eric Coquerel s'est imposé
  • La commission des Finances occupe un rôle stratégique d'examen des budgets

PARIS: C'est un trophée de prix pour les Insoumis: le député Eric Coquerel a été élu jeudi à la présidence de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, un poste stratégique dévolu à l'opposition et qu'espérait le RN.

Matignon a par ailleurs indiqué à l'AFP que la déclaration de politique générale d'Elisabeth Borne aurait lieu mercredi à l'Assemblée nationale et au Sénat.

Mais il n'y aura pas de Conseil des ministres vendredi, selon une source gouvernementale, après le retour en France d'Emmanuel Macron qui a enchainé un long tunnel de sommets internationaux.

"Nous ferons tout pour forcer ce gouvernement" à demander un vote de confiance, a déclaré jeudi soir la cheffe de file des députés insoumis, Mathilde Panot, à l'issue d'un entretien avec la Première ministre. Et si tel n'était pas le cas, "nous nous réservons le droit de déposer à ce moment-là une motion de censure", a-t-elle prévenu.

La commission des Finances, dont la présidence est réservée à l'opposition depuis 2007, occupe un rôle stratégique d'examen des budgets avant leur arrivée dans l'hémicycle. La présidence offre l'accès à des informations couvertes par le secret fiscal, sans cependant pouvoir les dévoiler.

Candidat commun de la coalition de gauche Nupes (LFI, PS, EELV, PCF), Eric Coquerel - cravaté pour l'occasion - s'est imposé au troisième tour avec 21 voix contre 11 pour le candidat RN Jean-Philippe Tanguy et 9 pour la LR Véronique Louwagie, alors que les députés de la majorité se sont abstenus.

Pas de chasse aux sorcières

Des élus LREM, LR ou RN avaient accusé l'élu de Seine-Saint-Denis de vouloir se servir de ses prérogatives à des fins politiques, pendant que le député LFI criait aux "fake news".

"Il faut arrêter avec ça ! L'idée, ce n'est pas de faire une chasse aux sorcières personnelle", a-t-il répété jeudi dès son élection, dans la salle des Quatre colonnes.

Âgé de 63 ans, Eric Coquerel partait favori, préféré au sein de la Nupes à la socialiste Valérie Rabault.

Aussitôt après l'élection, le candidat RN Jean-Philippe Tanguy a de nouveau dénoncé la "piraterie" de la Nupes et une "présidence illégitime" de LFI. Le Rassemblement national espérait un front anti-LFI et les voix de LR.

Le parti d'extrême droite, qui a tenté en vain d'être situé moins à droite dans l'Hémicycle, estime que la présidence aurait dû lui revenir en tant que premier groupe d'opposition avec 89 députés, pendant que la Nupes, 151 élus au total, est composée de quatre groupes distincts.

Mais le règlement stipule simplement que le poste doit revenir à un élu d'un groupe d'opposition.

"L’extrême gauche la plus sectaire et la plus radicale a été élue à la tête de la Commission des finances grâce à la droite", a tweeté Marine Le Pen, affirmant ensuite aux Quatre colonnes que Les Républicains "ont refusé l'accord qui avait été envisagé" avec le RN.

"Honte à Emmanuel Macron et à son groupe parlementaire qui, en refusant de choisir pour la présidence de la commission des finances, fait une fois de plus le choix des extrêmes", a réagi sur Twitter Christian Jacob, le président de LR, sur le départ.

Pour Patrick Hetzel (LR), "les choses se sont déroulées comme prévu arithmétiquement. C'est une élection pour un an, d'ici là, on verra si ça s'est mal passé".

Le comité contre les violences sexuelles de LFI a défendu jeudi Eric Coquerel contre des "rumeurs sur son comportement avec les femmes", assurant n'avoir jamais reçu de signalement à son sujet et déplorant "la mise en circulation de rumeurs ne s’appuyant sur aucun élément concret".

Parité en question

Le député de la majorité Jean-René Cazeneuve (Renaissance, nouveau nom de LREM), seul candidat, a obtenu l'autre poste-clé de cette commission, rapporteur général du Budget.

Les autres présidences de commissions se partagent entre 7 élus de la majorité: 5 Renaissance, une élue Horizons et un MoDem.

Aux Lois, notamment, c'est Sacha Houlié (Renaissance), 33 ans, qui présidera. Aux Affaires sociales, Fadila Khattabi (Renaissance) a été réélue, tandis que sa collègue Stéphanie Rist (Renaissance) sera rapporteure générale.

Contrairement à 2017, la parité n'est pas respectée à ces hauts postes. Mais les macronistes s'abritent derrière l'élection de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l'Assemblée nationale, première femme au perchoir, et d'Aurore Bergé comme patronne du groupe LREM, ainsi que des vice-présidences féminines.

Le premier texte examiné par les députés pendant la session extraordinaire sera, à compter du 11 juillet, le projet de loi sanitaire permettant le maintien de "mesures de freinage" face au Covid. Il s'articulerait en deux articles, selon les indications communiquées aux présidents de groupes politiques, pour permettre la surveillance de l'épidémie et pouvoir, si nécessaire, mettre un contrôle sanitaire aux frontières.

Le très attendu projet de loi "relatif aux mesures d'urgence pour la protection du pouvoir d'achat" arrivera dans l'hémicycle du Palais-Bourbon à partir du 18 juillet.

Le ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini, a défendu les mesures déjà prises pour protéger le pouvoir d’achat et évoqué un possible "débat sur l’interdiction de versement de dividendes si l’employeur ne met pas en place un plan de participation, d’intéressement ou une prime Macron".

Il a confirmé entendre "passer le relais" à la tête du parti LREM "en temps voulu", suggérant le nom de Stéphane Séjourné pour lui succéder.


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.