Conseil de Paris: règlement de comptes entre Hidalgo et son opposition

Sur sa gauche, Anne Hidalgo doit surtout faire aux critiques non voilées de ses alliés écologistes. (AFP)
Sur sa gauche, Anne Hidalgo doit surtout faire aux critiques non voilées de ses alliés écologistes. (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 05 juillet 2022

Conseil de Paris: règlement de comptes entre Hidalgo et son opposition

  • Rachida Dati «n'a toujours pas gagné une élection, je le rappelle», a glissé Anne Hidalgo en donnant la parole à sa principale opposante
  • « Quand vous gagnerez une élection sur votre nom, vous nous alerterez», a répliqué Mme Dati, maire du VIIe arrondissement

PARIS : Les débats autour du budget de la Ville de Paris ont tourné au pugilat mardi en conseil municipal, la maire Anne Hidalgo passant à l'offensive contre son opposante LR Rachida Dati qui lui reprochait son «inaction politique».

Rachida Dati «n'a toujours pas gagné une élection, je le rappelle», a glissé l'élue socialiste en donnant la parole à sa principale opposante, qu'elle avait battue lors de sa réélection en 2020.

«Toujours battue sur votre nom ! Quand vous gagnerez une élection sur votre nom, vous nous alerterez», a répliqué Mme Dati, maire du VIIe arrondissement, qui considère que la maire de Paris, élue lors d'un scrutin de listes par arrondissement, n'a pas été directement élue par les Parisiens.

Candidate du PS à la dernière présidentielle, sa première campagne majeure hors de la capitale, Anne Hidalgo a récolté 1,75% des voix.

«Cela fait vingt ans que vous perdez», a répondu lamaire à son opposante en référence aux quatre échecs municipaux successifs de la droite parisienne.

Sur le fond, Mme Hidalgo a de nouveau reproché à l'Etat de n'avoir «pas été à la hauteur de ses engagements jusqu’à ce jour», et annoncé vouloir «engager tous les contentieux possibles au niveau administratif» pour faire «valoir les droits des Parisiens».

«Paris est devenue une ville pauvre», a commenté Mme Dati, reprochant à sa rivale «une augmentation de 112%» de la dette de la capitale, qui atteint selon elle 10 milliards d'euros. David Alphand, un autre élu LR, a réclamé une «stratégie de désendettement de la Ville».

Fustigeant le «mobilier urbain onéreux» de la place du Panthéon, la maire (DVD) du Ve arrondissement Florence Berthout a demandé à la majorité de gauche de «mettre fin aux projets dispendieux», et notamment celui du réaménagement entre le Trocadéro et la tour Eiffel.

Pierre Casanova (Modem) a lui proposé des «sessions spéciales du Conseil consacrés à l'établissement d'une politique budgétaire», estimant que Mme Hidalgo n'avait «pas le poids politique suffisant pour prendre ces mesures seule».

Fatoumata Koné (EELV) a appelé à un «virage rapide et significatif des choix budgétaires de la Ville» en faveur de la transition écologique, tandis que Nicolas Bonnet-Oulaldj (PCF) a proposé l'augmentation de la taxe de séjour sur les hôtels de luxe et de la taxe d'habitation pour les résidences secondaires, qui nécessiteraient une modification législative.

Il doit présenter en septembre son rapport sur les pistes de nouvelles ressources fiscales pour les collectivités.

 

 


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

Short Url
  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Short Url
  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

Short Url
  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.