Des mineurs isolés, soutiens de familles restées au pays

Une photo prise le 6 août 2020 montre la forteresse médiévale et la citadelle de Carcassonne, dans le sud de la France, à quelque 80 kilomètres à l'est de la ville de Toulouse. (AFP)
Une photo prise le 6 août 2020 montre la forteresse médiévale et la citadelle de Carcassonne, dans le sud de la France, à quelque 80 kilomètres à l'est de la ville de Toulouse. (AFP)
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Publié le Mercredi 13 juillet 2022

Des mineurs isolés, soutiens de familles restées au pays

  • «Le désert, puis la mer...»Mamadou Barry, 19 ans, évoque difficilement le parcours chaotique qui l'a mené de sa Guinée natale jusque dans cette ville du sud de la France
  • Si leurs parcours varient, tous ont quitté leurs pays seuls, avant leur majorité. En 2019, plus de 16 000 mineurs non accompagnés (MNA) ont été confiés à l'Aide sociale à l'enfance sur décision de justice

CARCASSONNE: Après avoir parcouru seuls des milliers de kilomètres en rêvant d'une vie meilleure et d'aider leurs familles, des jeunes d'Afrique ou d'Asie à peine sortis de l'adolescence tentent de s'intégrer en se professionnalisant dans différentes structures en France dont celle de Carcassonne.

"Le désert, puis la mer..." Mamadou Barry, 19 ans, évoque difficilement le parcours chaotique qui l'a mené de sa Guinée natale jusque dans cette ville du sud de la France.

Arrivé en 2019, en traversant le Sahara et la Méditerranée, il a été pris en charge par le Service d'accompagnement de mineurs isolés étrangers (Samie) de Carcassonne. Aujourd'hui, il se forme pour devenir électricien dans l'industrie.

Nichée dans une bâtisse ancienne au pied d'une église, à quelques rues de la Cité médiévale, la structure accueille une quarantaine de garçons originaires aussi de Côte d'Ivoire, du Mali, du Bangladesh ou du Pakistan.

"Notre mission est de les accueillir, les héberger, et de les accompagner par la voie professionnelle pour obtenir une insertion sociale", explique à l'AFP Caroline Spoli, directrice de cet organisme financé par l'aide sociale à l'enfance et qui dépend de la Fédération des œuvres laïques, une importante organisation active dans le domaine de l'éducation populaire.

Si leurs parcours varient, tous ont quitté leurs pays seuls, avant leur majorité. En 2019, plus de 16 000 mineurs non accompagnés (MNA) ont été confiés à l'Aide sociale à l'enfance sur décision de justice, selon les derniers chiffres de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas).

Et 1 420 d'entre eux ont été transférés en Occitanie, une grande région du sud/sud-ouest de la France, selon le Carif-Oref régional (association d'accompagnement dans l'emploi et la formation).

Outre les inciter à l'autonomie avec des cours de français et une aide dans leur gestion du quotidien, le Samie de Carcassonne facilite leur insertion professionnelle en faisant le lien avec des employeurs.

Faire vivre la famille 

Une aide bienvenue pour ces garçons arrivés dans une ville dont ils ne connaissaient rien, au hasard de la répartition selon les quotas fixés par l'État français.

"La majorité viennent parce qu'ils sont mandatés par la famille", souligne Caroline Spoli. "Ils souhaitent se former, travailler et être rapidement autonomes financièrement pour pouvoir envoyer de l'argent au pays", précise-t-elle.

Arrivé du Bangladesh à 14 ans, Fahim Uddin, qui en a maintenant 17, transfère 30% de sa paye d'apprenti garagiste à ses parents et sa petite soeur.

"Avec l'apprentissage, il y a le salaire, et en plus je peux continuer mes études et économiser pour passer le permis", confie ce jeune homme aux cheveux longs, tout en réparant le système électronique d'une voiture.

Il n'est pas le premier pensionnaire du Samie à travailler dans ce garage carcassonnais.

Lamine Sidibe y a été recruté en 2019. "Ca a été très vite, j'avais déjà appris les bases de la mécanique au Mali", explique-t-il. "Mais je voulais finir de passer mon diplôme avant d'être embauché : si tu n'as pas de diplôme, tu n'as pas de respect", estime ce gaillard de 22 ans, adepte du rugby à XIII.

Le gérant, Pascal Jamois, se dit "heureux de cette réussite" pour Lamine, aujourd'hui marié et père de deux enfants.

Mécanique, hôtellerie, restauration, logistique... les jeunes travaillent dans différents secteurs.

Angoisse de l'avenir 

"Les employeurs et les propriétaires d'appartements sont contents de participer à leur intégration", affirme Caroline Spoli.

Si le parti d'extrême droite Rassemblement national a conquis en juin les trois sièges de député du département, elle se dit "surprise par ces résultats" tant l'environnement local lui semble ouvert à ces jeunes.

L'intégration passe aussi par le sport et "ils font tous au moins du foot", ajoute-t-elle.

"C'est au foot que je me suis fait le plus d'amis, l'insertion est facile: avec le ballon, il n'y a pas besoin de parler plusieurs langues, c'est universel", confirme Ousmane Barry, 17 ans, autre Guinéen qui déjeune avec un ami au self du foyer.

Arrivé il y a "bientôt quatre ans", il vient de décrocher son bac avec mention "assez bien" et veut devenir ingénieur en électro-technique.

Il partage son temps libre avec les autres, logés en ville ou dans les locaux du Samie.

"On se mélange avec les autres communautés, on vit tous ensemble. On parle de foot, de musique, des filles", glisse Ousmane, malicieux, en recoiffant ses dreadlocks.

"Ca permet aussi de partager nos petites angoisses", ajoute-t-il sérieux, appréhendant les démarches administratives qui l'attendent une fois majeur.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.