Contenir l’Iran figure en tête des priorités de la visite de Biden au Moyen-Orient

L’administration Biden participe à des pourparlers depuis avril 2021 pour que les États-Unis reviennent à l’accord sur le nucléaire. (AFP)
L’administration Biden participe à des pourparlers depuis avril 2021 pour que les États-Unis reviennent à l’accord sur le nucléaire. (AFP)
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Publié le Mercredi 13 juillet 2022

Contenir l’Iran figure en tête des priorités de la visite de Biden au Moyen-Orient

  • Dans un article d’opinion publié dans The Washington Post avant sa visite en Israël, en Cisjordanie et en Arabie saoudite, M. Biden a mis l’accent sur «la progression rapide» du programme nucléaire iranien
  • Les activités malveillantes de l’Iran menacent non seulement la stabilité régionale, mais aussi la liberté de navigation et l’économie mondiale au sens large

DJEDDAH/BOGOTA: Lorsque le président américain, Joe Biden, se rendra cette semaine à Riyad pour s’entretenir avec des dirigeants arabes, la question des prix mondiaux du pétrole à la lumière de la guerre en Ukraine et du boycott occidental des hydrocarbures russes occupera sans doute une place importante à l’ordre du jour. Il en sera de même pour la question de l’Iran.

En effet, tous les alliés du Moyen-Orient auxquels M. Biden rend visite ou qui assistent à la réunion du CCG+3 ont en commun le désir de contenir les activités extraterritoriales malveillantes de l’Iran et d’empêcher le régime d’acquérir l’arme nucléaire.

Les responsables de la Maison Blanche pensent que l’Iran disposerait désormais de suffisamment de matières fissiles et peut-être même de la technologie nécessaire pour une charge nucléaire utile, ce qui constituerait un puissant levier pour le régime en matière de négociations.

Malgré un effort concerté de l’administration Biden destiné à pousser l’Iran à se conformer à l’accord de 2015 sur le nucléaire – duquel son prédécesseur Donald Trump s’était retiré en mai 2018 –, les négociations indirectes entre les deux parties se sont heurtées à des obstacles à plusieurs reprises.

Néanmoins, M. Biden a refusé de lever les sanctions contre la République islamique avant qu’elle ne se conforme de nouveau à l’accord.

Dans un article d’opinion publié dans The Washington Post avant sa visite en Israël cette semaine en Cisjordanie et en Arabie saoudite, M. Biden a mis l’accent sur «la progression rapide» du programme nucléaire iranien après le retrait de l’ancien président Trump de l’accord.

«Après que mon prédécesseur s’est retiré d’un accord nucléaire qui fonctionnait, l’Iran a adopté une loi qui exige la progression rapide de son programme nucléaire. Ensuite, lorsque la dernière administration a cherché à condamner l’Iran pour cette action au Conseil de sécurité de l’ONU, les États-Unis se sont retrouvés seuls et marginalisés», a écrit M. Biden samedi dernier.

«Nous nous sommes réunis avec des alliés et des partenaires en Europe et dans le monde pour mettre fin à cet isolement. C’est l’Iran qui est désormais marginalisé [et il le demeurera] jusqu’à ce qu'il revienne à l’accord nucléaire que mon prédécesseur a abandonné sans aucun plan de remplacement.

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M. Biden a refusé de lever les sanctions contre la République islamique avant qu’elle se conforme de nouveau à l’accord. (Reuters)

«Le mois dernier, plus de trente pays se sont joints à nous pour condamner le manque de coopération de l’Iran avec l’Agence internationale de l’énergie atomique sur ses activités nucléaires passées. Mon administration continuera d’augmenter la pression diplomatique et économique jusqu’à ce que l'Iran soit prêt à se conformer de nouveau à l’accord de 2015 sur le nucléaire, tout comme je reste prêt à le faire.»

L’Iran, quant à lui, accuse l’administration Biden d’incohérence sur la question nucléaire.

«L’accent mis par Joe Biden sur la poursuite de la politique de pression économique et diplomatique contre l’Iran contredit la volonté des États-Unis de relancer l’accord de 2015», a déclaré mardi dernier à l’AFP le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nasser Kanani.

Le gouvernement américain, «malgré ses slogans et sa prétendue volonté de retourner à l'accord [...], suit la même approche [que l’administration précédente] en poursuivant l’application des sanctions et des pressions économiques», a-t-il ajouté.

Les analystes reconnaissent que l’administration Biden a fait monter les enchères sur l’Iran ces dernières semaines, mais ils contestent qu’il y ait eu un changement fondamental de politique.

«L’approche américaine vis-à-vis de l’Iran évolue de manière tactique, mais non stratégique, à ce stade», déclare Jason Brodsky, directeur des politiques chez United Against Nuclear Iran, à Arab News.

«Au cours des dernières semaines, Washington a renforcé son application des sanctions américaines. Il s’agit d’un changement puisque l’administration Biden avait imposé, auparavant, des sanctions en vertu de pouvoirs qui ne seraient pas levés en cas de retour des États-Unis au Plan d’action global commun [PAGC].»

«Cependant, ces dernières semaines, les États-Unis ont désigné des entités et des individus en vertu du décret exécutif 13846, dont les sanctions seraient levées en cas de retour à l’accord de Vienne. C’est donc un signal subtil adressé aux dirigeants iraniens pour montrer que l’administration Biden augmente la pression.»

«Cependant, cette pression, selon le dernier éditorial du président, est orientée vers le respect du PAGC et non vers un accord plus long et plus solide. Cela reste donc problématique et ce n’est pas ce que les dirigeants arabes du Golfe et Israël aimeraient entendre.»

L’administration Biden participe à des pourparlers depuis avril 2021 pour que les États-Unis reviennent à l’accord, notamment au moyen de la levée des sanctions contre l’Iran et du plein respect par Téhéran de ses engagements.

Cependant, les négociations nucléaires intermittentes qui se tiennent dans la capitale autrichienne, Vienne, sont au point mort depuis mars, plusieurs problèmes demeurant irrésolus entre les États-Unis et l’Iran.

À la fin du mois de juin, le Qatar a organisé des pourparlers indirects entre les États-Unis et l’Iran dans le but de remettre le processus de Vienne sur le droit chemin, mais ces discussions ont débouché deux jours plus tard sur une impasse.

Les détracteurs de l’accord – qui propose d’alléger les sanctions imposées à Téhéran en échange de la réduction de son programme nucléaire – ont déclaré à plusieurs reprises que le plan n’empêche ni l’Iran d’élargir son programme de missiles balistiques ni sa marine de perpétrer des actes répréhensibles parrainés par l’État. Par ailleurs, le soutien de la République islamique à ses mandataires se poursuit dans l’ensemble de la région.

Téhéran a longtemps financé et équipé des groupes armés en Irak. Les milices ont régulièrement attaqué le personnel militaire occidental, les missions diplomatiques et les infrastructures civiles du pays, tout en cherchant à renverser ses institutions politiques.

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«Je pense que le Plan d’action global commun est pratiquement mort, mais toujours pas enterré», rapporte Jason Brodsky, directeur des politiques chez United Against Nuclear Iran, à Arab News. (AP)

En Syrie, l’Iran a cherché à renforcer le régime de Bachar al-Assad en envoyant du matériel militaire de pointe et des mercenaires venus des théâtres de conflit de toute la région. Les responsables de la défense israélienne craignent que Téhéran n’utilise la Syrie comme rampe de lancement pour attaquer Israël.

Ailleurs dans la région, l’Iran a longtemps soutenu le Hezbollah au Liban, aggravant la paralysie politique du pays et l’effondrement de sa société. Au Yémen, le soutien iranien à la milice houthie n’a fait que prolonger la guerre et les souffrances du peuple yéménite.

Ces mandataires et les territoires où ils opèrent ont été utilisés pour lancer des attaques transfrontalières de missiles et de drones contre des infrastructures civiles et pétrolières à la fois en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis. Les milices ont également ciblé le transport maritime commercial dans les voies navigables de la région.

Les activités malveillantes de l’Iran menacent donc non seulement la stabilité régionale, mais aussi la liberté de navigation et l’économie mondiale au sens large.

Ainsi, les critiques du Plan d’action global commun affirment que la question est bien plus vaste que le seul dossier nucléaire et que tout accord avec Téhéran devrait également décourager de telles activités.

«Pendant près d’une décennie, l’accord de Vienne, présenté par les administrations Obama et Biden, n’a connu aucun changement», a déclaré le Dr Hamdan al-Shehri, analyste politique et spécialiste des relations internationales, à Arab News.

«Les négociations sont toujours au point mort parce que l’administration du président Biden refuse de faire quoi que ce soit pour finaliser un accord qui pourrait freiner les ambitions nucléaires de l’Iran – un pays qui s’est révélé dangereux pour la région par l’intermédiaire de ses mandataires.»

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L’Iran a longtemps financé et équipé des groupes armés en Irak. (AFP)

Compte tenu des activités de Téhéran et de ses progrès rapides vers l’acquisition de l’arme nucléaire, de nombreux observateurs se demandent si le PAGC peut être sauvé.

«Je pense que le PAGC est pratiquement mort, mais toujours pas enterré», a affirmé M. Brodsky. «Il pourrait encore être relancé, même si les chances sont très faibles.»

«Les dirigeants iraniens ne subissent pas la même pression qu’en 2013 pour relancer l’accord, avec des sanctions multilatérales et la menace plus crédible de force militaire pour détruire l’ensemble de l’infrastructure nucléaire de l’Iran en place à l'époque.»

«C’est pour cette raison que le pays ne ressent aucune urgence, misant sur les prix élevés du pétrole, l’application laxiste des sanctions américaines et un calcul selon lequel, quoi qu’il fasse, les États-Unis et l’E3 [la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni] ne quitteront jamais la table des négociations. Les États-Unis et leurs alliés européens doivent absolument modifier cette perception.»

C’est pour cette raison que la visite de M. Biden au Moyen-Orient est considérée comme une occasion particulièrement précieuse pour changer le cours des événements et proposer des moyens de dissuasion plus agressifs. Cela peut prendre la forme d’une nouvelle alliance de défense aérienne au Moyen-Orient destinée à contrer militairement l’Iran ou, au moins, d’un effort plus concerté afin de priver l’Iran des fonds dont il a besoin pour financer les activités de ses mandataires dans la région.

«Il est absolument essentiel que le président démontre lors de ce voyage que l’Iran n'est pas seulement un dossier nucléaire et qu’il est prêt à poursuivre une stratégie de dissuasion agressive qui vise à contrer son comportement malveillant dans le domaine non nucléaire. C’est ce que la région veut entendre de lui», a ajouté M. Brodsky.

«Des initiatives comme l’alliance de défense aérienne au Moyen-Orient sont nécessaires, mais non suffisantes. L’interdiction et l’action cinétique qui ont pour objectif de repousser l’agression iranienne ainsi que d’endiguer le flux d’argent vers le réseau de mandataires et de partenaires de l’Iran sont absolument vitales. Mais le Plan d’action global commun finance ces activités. C’est à cette contradiction fondamentale au sein de la politique américaine que le président devrait s’attaquer.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.