Ukraine: les cinq impératifs du président Zelensky

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre néerlandais, à la suite de pourparlers à Kyiv, le 11 juillet 2022. (Photo, AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre néerlandais, à la suite de pourparlers à Kyiv, le 11 juillet 2022. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 13 juillet 2022

Ukraine: les cinq impératifs du président Zelensky

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre néerlandais, à la suite de pourparlers à Kyiv, le 11 juillet 2022. (Photo, AFP)
  • Alors que nul ne doute que le conflit devrait durer, il n'est plus question pour Volodymyr Zelensky de négocier avec Moscou
  • La guerre a considérablement accéléré la rapprochement entre l'Ukraine et l'Occident. Kiev a même acquis le statut de candidat à l'entrée dans l'Union européenne

PARIS: Protagoniste d'une guerre qu'il n'a pas initiée, prisonnier d'un train dont il ne peut plus descendre, le président ukrainien est aujourd'hui condamné à entretenir une dynamique fondamentalement militaire qui conditionnera sa survie. 

Alors que nul ne doute que le conflit devrait durer, il n'est plus question pour Volodymyr Zelensky de négocier avec Moscou. C'est la réalité du front qui dictera son avenir, selon les analystes consultés par l'AFP. 

Tour d'horizon des axes stratégiques de la figure charismatique de la résistance ukrainienne. 

Reprendre du territoire 

Après les premières semaines de l'invasion russe au cours desquelles le président ukrainien était disposé à négocier, le temps est à la guerre d'attrition, d'épuisement des forces humaines et matérielles. 

« Il est convaincu que la guerre doit suivre son cours, qu'il a ses armes, que les Russes ont leurs faiblesses », estime Elie Tenenbaum de l'Institut français des relations internationales (IFRI). « Autant il était prêt à des concessions au début parce qu'il a eu très peur, autant il a aujourd'hui pris le rythme », ajoute-t-il, même s'il sait qu'il ne reprendra pas sans doute le Donbass en 2022. 

« Le concept est clair » assure William Taylor, ex-ambassadeur américain en Ukraine: « il stoppe la dynamique (russe), il contre-attaque et il repart vers les positions du 24 février ». En témoignent les déclarations du ministre de la Défense ukrainien Oleksiï Reznikov, qui a affirmé au quotidien britannique The Times disposer d'une force « d'un million » de soldats. 

« La décision politique d'une contre-attaque a été prise. La campagne de libération des territoires occupés a commencé », affirme l'analyste ukrainien Anatoliy Oktysyuk. 

Épuiser l'ennemi 

Les Ukrainiens ne reculent militairement que lorsqu'ils n'ont plus le choix, comme à Severodonetsk et Lyssytchansk (Est). « Les Ukrainiens leur ont fait payer cher ce territoire », note un haut responsable américain de la Défense. 

Les deux capitales donnent l'impression de considérer que le temps est de leur côté. « C'est la question clé », confirme Ivan Klyszcz, chercheur à l'université estonienne de Tartu. Le perdant sera le premier à ne plus pouvoir assumer « les exigences que cette guerre impose ». 

Parmi elles, la logistique. Kiev a annoncé mardi avoir frappé un dépôt de munitions russes dans la région occupée de Kherson (Sud). 

Maintenir son aura 

Ex-star du petit écran, Zelensky était très contesté en Ukraine avant la guerre. Les réformes ne se faisaient pas (...) et il y avait tout un tas d'intrigues politique », rappelle Angela Stent, analyste à la Brookings Institution. 

Il s'est ensuite érigé en chef de guerre convaincant, « utilisant à l'évidence les compétences apprises comme comédien et acteur de la télé pour bien communiquer ». Une image à préserver. 

« Je n'ai aucune indication que (la guerre) l'épuise », constate William Taylor. « La pression doit être énorme. Mais (...) il tient bon. (...) Tout le monde s'accorde sur le fait que sa force réside dans le lien qu'il tisse avec le peuple ukrainien ».  

Ivan Klyszcz note lui aussi que rien ne transparaît d'« un effondrement mental, émotionnel ou physique », au profit de l'image d'un « leader déterminé, concentré et engagé pour gagner la guerre ». 

Conserver l'unité ukrainienne 

Encore faut-il conserver cette unité malgré les morts, les privations, la peur. Pour l'heure, nul ne parle de négociations, souligne William Taylor. 

« Mais cela ne veut pas dire que cela n'arrivera pas », comme souvent quand un conflit s'inscrit dans la durée. « Il y a une limite à la souffrance mais (les Ukrainiens) ne l'ont pas encore atteinte ». 

Des divisions pourraient notamment apparaître au sein de la société ukrainienne entre les franges opposées à toute concession territoriale et les autres. Négocier ne peut être proposé « que par des forces pro-russes en Ukraine. Elles sont désormais marginalisées », promet Anatoliy Oktysyuk. 

Mais l'usure de l'opinion sera d'autant plus forte que le conflit durera. « Le coût de la guerre est devenu plus évident pour la population ukrainienne et les différents acteurs politiques », souligne Ivan Klyszcz, qui note que si des désaccords existent, ils restent confidentiels. 

« Le champ de bataille pourrait menacer cette unité » en cas de défaite majeure ou de mauvais choix. 

Convaincre l'Occident 

La guerre a considérablement accéléré la rapprochement entre l'Ukraine et l'Occident. Kiev a même acquis le statut de candidat à l'entrée dans l'Union européenne. 

En filigrane, le président Zelensky sait ce qu'il doit aux Occidentaux. Il joue sur le poids de la guerre dans l'avenir de l'Europe. « Son message (...), c'est qu'il se bat pour nous (...) et je suis sûr qu'il y croit », résume William Taylor. 

Mais ce soutien, de Washington à Londres en passant par Paris et Bruxelles, ne durera que si l'armée ukrainienne assume son rendez-vous avec l'Histoire. 

En cas d'offensive réussie, « beaucoup seront encouragés par la perspective que l'Ukraine reprenne du territoire », note Michael Kofman, du centre de réflexion américain CNA. En cas d'échec, ils pourraient être nombreux à juger que l'issue « se trouve à la table des négociations ».  


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Short Url
  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Short Url
  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.