Macron reconfine la France, « submergée » par le Covid-19

Discours télévisé du président de la République Française. (AFP)
Discours télévisé du président de la République Française. (AFP)
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Publié le Jeudi 29 octobre 2020

Macron reconfine la France, « submergée » par le Covid-19

  • Le chef de l'Etat a averti les Français sur un ton grave que la deuxième vague "sera sans doute plus dure et meurtrière que la première" qui avait fait plus de 30.000 morts au printemps
  • La population avait déjà été confinée pendant 55 jours, du 17 mars au 11 mai, avec de sévères restrictions des déplacements et la fermeture des établissements scolaires, des commerces non essentiels et des frontières

PARIS : Le chef de l'Etat a averti les Français sur un ton grave que la deuxième vague "sera sans doute plus dure et meurtrière que la première" qui avait fait plus de 30.000 morts au printemps.

Pour éviter une flambée des décès, « j'ai décidé qu'il fallait retrouver, à partir de vendredi, le confinement » sur « tout le territoire national », a-t-il annoncé.

Jusqu'au 1er décembre « a minima », « vous pourrez sortir de chez vous uniquement pour travailler, vous rendre à un rendez-vous médical, porter assistance à un proche, faire vos courses essentielles ou prendre l'air à proximité de votre domicile », a-t-il détaillé en annonçant le retour de l'attestation. Avec toutefois trois changements majeurs par rapport au confinement du printemps: les écoles, collèges et lycées resteront ouverts, le travail pourra continuer, les Ehpad et les maisons de retraite pourront être visités". A l'université, les cours en ligne seront privilégiés.

La population avait déjà été confinée pendant 55 jours, du 17 mars au 11 mai, avec de sévères restrictions des déplacements et la fermeture des établissements scolaires, des commerces non essentiels et des frontières.

Le dispositif sera réévalué « tous les 15 jours » mais, voulant faire preuve d'un peu d'optimisme, Emmanuel Macron a brandi « l'espoir de célébrer en famille Noël et les fêtes de fin d'année ».

Pour la Toussaint, célébrée ce week-end, les cimetières « demeureront ouverts » et « je veux que nous puissions continuer à enterrer dignement nos proches », a ajouté le président dans cette allocution de 22 minutes.

« Sous le choc »

Mais, a-t-il insisté, le mot d'ordre est: « Restez au maximum chez vous, respectez les règles ». Car « la réussite dépend du civisme de chacune et chacun d'entre nous ».

Ces derniers mois, Emmanuel Macron avait répété que la stratégie du gouvernement était de « tout faire pour éviter » un nouveau confinement national qui est, selon lui, « la mesure la plus fruste pour lutter contre un virus ».

Dans un bar du Xe arrondissement de Paris, ces annonces ont été reçues avec consternation. « J'ai envie de pleurer. Je suis sous le choc (...) Ils auraient dû le dire avant, ne pas faire ces demis mesures », déclarait Morgane Lutgen, 30 ans.

« L'avenir s'était déjà noirci et se renoircit. Mais on n'a pas le choix. Espérons seulement que cette fois-ci ça marche vraiment », a souhaité Grégoire Marcotte, barman de 28 ans.

Restés ouverts ces dernières semaines malgré le couvre-feu, les bars et les restaurants devront rebaisser le rideau, ainsi que les commerces non essentiels, comme cela avait été le cas au printemps. Les lieux de culture et salles de spectacle n'ont pas été évoqués mais ils faisaient partie des lieux fermés au printemps.

L'ensemble des mesures sera détaillé jeudi à 18H30 par le Premier ministre Jean Castex qui les défendra auparavant à l'Assemblée nationale et au Sénat, où les débats seront suivis de votes.

« L'économie ne doit ni s'arrêter, ni s'effondrer », a insisté Emmanuel Macron. « L'activité continuera avec plus d'intensité (par rapport au premier confinement), ce qui veut dire que les guichets des services publics resteront ouverts, les usines, les exploitations agricoles, les bâtiments et travaux publics continueront de fonctionner ».

« Un plan spécial sera fait pour les indépendants, les commerçants, les très petites et moyennes entreprises », et les salariés et les employeurs « qui ne peuvent pas travailler continueront (...) à bénéficier du chômage partiel et nous compléterons par des mesures de trésorerie pour les charges, les loyers des prochaines semaines », a-t-il indiqué.

Télétravail généralisé

Pour le reste de la population, le travail « pourra continuer » pendant le confinement: « Vous pourrez sortir pour travailler », a-t-il assuré, mais « partout où c'est possible, le télétravail sera à nouveau généralisé ».

Preuve de l'inquiétude des investisseurs, la Bourse de Paris a reculé mercredi de 3,37%, à l'instar des autres places mondiales.

Emmanuel Macron, dont la gestion de l'épidémie est sous le feu des critiques de l'opposition, a insisté sur le fait que le rebond de l'épidémie « débordait » toute l'Europe. Quelques heures avant lui, Angela Merkel a d'ailleurs annoncé des mesures drastiques - mais moins qu'en France - en Allemagne, dont la fermeture pour un mois des restaurants et structures de loisirs.

« Quoi que nous fassions, près de 9.000 patients seront en réanimation à la mi-novembre, soit la quasi-totalité des capacités françaises », a-t-il prévenu, faisant écho aux fortes inquiétudes exprimées par les experts ces dernières semaines. Les capacités de réanimation seront portées à 10.000 lits, soit un doublement du nombre initial.

Le nombre de patients s'y élevait mercredi à 3.036, soit plus de la moitié des 5.800 lits de réa disponibles dans toute la France.

Parmi les premiers politiques à réagir, Bruno Retailleau (LR) a dit « penser à tous les Français sur lesquels s’abat la brutalité d’un nouveau confinement. Une mesure rendue nécessaire par l’échec cinglant du gouvernement dans la lutte contre le virus ». Pour Jean-Luc Mélenchon (LFI), « le déconfinement est un échec. L'épidémie est hors de contrôle. Le président aussi ».

 


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.