Ukraine: La petite ville de Vinnytsia compte les corps, mort en captivité d'un Britannique

Les séparatistes soutenus par Moscou insistent sur le fait que Paul Urey était un soldat "professionnel" et a participé à des conflits en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Ukraine (Photo, AP).
Les séparatistes soutenus par Moscou insistent sur le fait que Paul Urey était un soldat "professionnel" et a participé à des conflits en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Ukraine (Photo, AP).
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Publié le Vendredi 15 juillet 2022

Ukraine: La petite ville de Vinnytsia compte les corps, mort en captivité d'un Britannique

  • La Russie n'a jamais reconnu de bavure ou crime de ses forces armées en Ukraine
  • Souffrant de diabète, de problèmes rénaux, respiratoires et cardiaques, il est mort le 10 juillet

KIEV: Londres a imputé vendredi à Moscou "l'entière responsabilité" de la mort en captivité dans l'est occupé de l'Ukraine d'un Britannique, présenté par les uns comme un humanitaire et par les autres comme un mercenaire, au moment où l'on continuait de compter les victimes d'une frappe russe meurtrière commise la veille.

Face à l'effroi dans le monde - le secrétaire général de l'ONU s'est dit "atterré" et l'UE a dénoncé un comportement "barbare" des Russes - le ministère russe de la Défense a affirmé vendredi que ses missiles de croisière avaient frappé la veille à Vinnytsia une réunion du "commandement des forces aériennes ukrainiennes avec des représentants de fournisseurs étrangers d'armements".

La frappe a en fait dévasté le centre de cette petite ville ukrainienne située à des centaines de kilomètres du front, faisant selon le dernier bilan donné par les secours ukrainiens jeudi soir 23 morts, 29 disparus, 71 blessés hospitalisés et plus d'une centaine de blessés soignés sur place.

Parmi les morts, trois enfants à ce stade dont Liza Dmitrieva, une fillette trisomique de quatre ans que sa mère Iryna, amputée d'une jambe et toujours entre la vie et la mort, poussait dans une poussette rose vif.

"Où est-ce qu'on va, ma chérie ?" demandait la maman à sa fille dans une vidéo qu'elle avait postée sur Instagram à 9H38, 80 minutes avant la frappe. Chez "Alla!" avait répondu la petite fille en secouant ses cheveux blonds, attachés avec une pince blanche en forme de papillon. Il n'est resté, sur la place de Vinnytsia, que la poussette rose tachée de sang.

La Russie n'a jamais reconnu de bavure ou crime de ses forces armées en Ukraine et assure systématiquement ne frapper que des cibles militaires.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a souligné jeudi soir que cette frappe démontrait "une nouvelle fois que la Russie doit être reconnue officiellement comme un Etat terroriste".

«L'entière responsabilité»

Quant au Britannique Paul Urey, qui était captif depuis la fin avril dans les territoires de l'est de l'Ukraine occupés par la Russie, sa mort a été annoncée vendredi matin par les autorités séparatistes prorusses de la région de Donetsk.

Une organisation à but non lucratif ayant son siège au Royaume-Uni, Presidium Network, avait annoncé le 29 avril que deux travailleurs humanitaires, Paul Urey et Dylan Healy, avaient été capturés par l'armée russe dans le sud de l'Ukraine, alors qu'ils cherchaient à évacuer une femme et deux enfants.

Mais selon Daria Morozova, une responsable des séparatistes de Donetsk, Paul Urey avait "dirigé des opérations militaires, fait du recrutement et de la formation de mercenaires" pour les forces ukrainiennes.

Souffrant de diabète, de problèmes rénaux, respiratoires et cardiaques, ainsi que de "stress", il est mort le 10 juillet, a-t-elle assuré sur Telegram.

A Londres, le ministère britannique des Affaires étrangères a indiqué avoir convoqué l'ambassadeur russe Andrei Kelin.

"Je suis choquée par les informations faisant état de la mort du travailleur humanitaire britannique Paul Urey, détenu pour le compte de la Russie en Ukraine", a déclaré dans un communiqué la ministre des Affaires étrangères Liz Truss

"La Russie doit en porter l'entière responsabilité", a-t-elle ajouté.

Originaire de Manchester et Warrington dans le Nord de l'Angleterre, Paul Urey est présenté par Presidium Network comme un père de famille qui a passé huit ans en Afghanistan en tant qu'entrepreneur civil, tandis que Dylan Healy, dont aucune nouvelle n'a été donnée, avait travaillé dans une chaîne hôtelière au Royaume-Uni.

La Légion internationale de défense de l'Ukraine, qui regroupe les combattants volontaires étrangers qui ont afflué dans ce pays après l'offensive russe le 24 février, a également affirmé que Paul Urey était un "employé d'une organisation humanitaire".

Deux autres Britanniques, présentés par les autorités séparatistes de la région de Donetsk comme des mercenaires, ainsi qu'un Marocain, ont été condamnés à mort en juin dans cette "république" autoproclamée et reconnue par Moscou.

Le Royaume Uni, sous la houlette du Premier ministre Boris Johnson qui a été le premier dirigeant occidental à se rendre à Kiev, est en pointe dans le soutien à l'Ukraine, dans la ligne de relations très dégradées avec Moscou depuis des années.

Les autorités séparatistes de Donetsk ont de leur côté fait état vendredi matin de quatre personnes tuées et 16 blessées par des bombardements ukrainiens dans la zone sous leur contrôle en 24 heures.

Les forces séparatistes ont également affirmé être en train de prendre le contrôle complet de la ville de Siversk, attaquée après la prise de Lyssytchansk plus à l'est au début du mois.

"Les forces russes progressent lentement vers l'Ouest après des bombardements et des assauts en direction de Siversk depuis Lyssytchansk pour ouvrir une voie vers Sloviansk et Kramatorsk", deux autres villes de l'est encore sous contrôle ukrainien, selon le ministère britannique de la Défense.

L'Ukraine a de son côté lancé depuis plusieurs semaines une contre-offensive dans le sud pour reprendre Kherson, unique capitale régionale capturée par Moscou. Si la ligne de front reste relativement stable, ces attaques sont de plus en plus puissantes, avec de nouveaux systèmes de roquettes américains et européens, ciblant les dépôts d'armes.

«Onde de choc»

Sur le plan diplomatique, une réunion des ministres des Finances du G20 à Bali, en Indonésie, a donné lieu à un nouvel affrontement entre les Occidentaux et la Russie.

Les grands argentiers occidentaux ont accusé la Russie d'avoir créé avec sa guerre contre l'Ukraine une "onde de choc" dans l'économie mondiale, responsable de la crise alimentaire et énergétique qui frappe de nombreux pays.

"Il y a eu une très large dénonciation de la guerre et de ses conséquences" alors que "la Russie a essayé de dire que la situation économique mondiale n'avait aucun rapport avec la guerre", a indiqué à l'AFP une source dans la délégation française.

Meilleur allié de Moscou en Europe, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a abondé en son sens, appelant les dirigeants de l'UE à revenir sur leur politique de sanctions qui était "une erreur".

"Au début, j'ai pensé que nous nous étions simplement tiré une balle dans le pied, mais l'économie européenne s'est tiré une balle dans les poumons et est asphyxiée", a-t-il lancé à l'antenne de la radio nationale.

Mais l'Union européenne va viser les exportations d'or russe dans son prochain train de sanctions, comme l'avaient décidé les pays du G7 fin juin, a annoncé vendredi à l'AFP le commissaire européen Maros Sefcovic lors d'une réunion des ministres des Affaires européennes à Prague.

"Ce n'est pas une mesure symbolique car la Russie est un gros exportateur d'or. Cela permettra de couper un autre robinet de financement de la guerre de Poutine en Ukraine", a-t-il précisé.

L'UE va aussi chercher "à fermer les échappatoires" pour ceux qui contournent les précédents trains de sanctions contre la Russie, a précisé le commissaire.

Concernant les négociations en cours sur l'exportation bloquée des millions de tonnes de céréales ukrainiennes qui déstabilise les marchés mondiaux et menace de situations de famine, le ministère russe de la Défense a indiqué qu'un "document final" serait prêt sous peu.

Selon Ankara, médiateur sur ce dossier, une nouvelle rencontre doit avoir lieu la semaine prochaine sur cette question clef pour la sécurité alimentaire de nombreux pays, notamment en Afrique.


Pont effondré à Baltimore: les corps de deux des six ouvriers retrouvés

Le pont Francis Scott Key, effondré, se trouve au sommet du porte-conteneurs Dali à Baltimore, dans le Maryland, le 27 mars 2024. (AFP)
Le pont Francis Scott Key, effondré, se trouve au sommet du porte-conteneurs Dali à Baltimore, dans le Maryland, le 27 mars 2024. (AFP)
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  • Les corps repêchés ont été identifiés comme ceux de deux hommes âgés de 35 et 26 ans, originaires du Mexique et du Guatemala
  • En raison de la quantité de béton et de débris, «les plongeurs ne sont plus en mesure de se frayer un chemin en sécurité» vers «ce que nous pensons être les véhicules piégés», dit la police

BALTIMORE: Les corps sans vie de deux des six ouvriers recherchés ont été repêchés mercredi des eaux glacées du port de Baltimore, sur la côte Est américaine, ont annoncé les autorités, au lendemain de l'effondrement spectaculaire d'un pont percuté par un porte-conteneurs.

"Des plongeurs ont localisé un pick-up rouge à environ 7.6 mètres de profondeur", a annoncé lors d'un point presse, la police du Maryland, l'Etat où se situe Baltimore. "Deux victimes du drame étaient prisonnières du véhicule".

Les corps repêchés ont été identifiés comme ceux de deux hommes âgés de 35 et 26 ans, originaires du Mexique et du Guatemala, qui faisaient partie de l'équipe d'ouvriers présente sur la chaussée du pont Francis Scott Key au moment de l'accident.

Les corps de quatre de leurs collègues, tous présumés morts, n'ont eux pas encore été retrouvés, ont ajouté les autorités.

Mais, en raison notamment de la quantité de béton et de débris, "les plongeurs ne sont plus en mesure de se frayer un chemin en sécurité" vers "ce que nous pensons être les véhicules piégés", a déclaré Roland Butler, de la police du Maryland.

Les secours vont donc chercher à retirer la structure de l'eau pour faciliter l'accès aux plongeurs, a-t-il précisé.

Les autorités avaient averti mardi soir qu'elles ne pensaient pas pouvoir "retrouver ces individus encore en vie", alors que deux membres de leur équipe avaient été secourus peu après le drame.

Les victimes, originaires d'Amérique latine selon la presse américaine, réparaient des nids de poule sur le pont lorsqu'il s'est écroulé dans le fleuve Patapsco.

«Pas conçu pour résister»

L'agence américaine de sécurité des transports (NTSB) a fourni mercredi une chronologie détaillée de la tragédie, basée sur l'analyse préliminaire de l'enregistreur de données du porte-conteneurs.

Long de 300 mètres pour 48 mètres de largeur, le Dali, battant pavillon singapourien, a quitté le quai du port de Baltimore mardi à 0H39 (04H39 GMT) à destination de l'Asie, a indiqué Marcel Muise, enquêteur du NTSB, lors d'une conférence de presse.

À 1H24 locales, des alarmes ont commencé à retentir à bord du navire, signalant des problèmes de propulsion. Le pilote a rapidement informé les autorités portuaires par radio que le navire se dirigeait vers le pont, et a demandé l'intervention de remorqueurs.

L'appel à l'aide a été également reçu par deux équipes de l'autorité locale des transports qui se trouvaient sur le pont en raison des travaux. Ces dernières ont alors fermé toutes les voies de circulation, sauvant ainsi probablement des vies.

Puis, à 1H29, l'enregistreur du navire a enregistré des "sons correspondant à la collision".

Le pont, emprunté chaque jour par des dizaines de milliers de véhicules, s'est alors effondré tel un château de cartes, des pans entiers de la structure se retrouvant sur le bateau.

Des images impressionnantes de vidéosurveillance montrent le porte-conteneurs dévier de son cap, heurter une pile du pont inauguré en 1977 puis s'écrouler.

Pour le ministre américain des Transports Pete Buttigieg, "ce type de pont (...) n'a tout simplement pas été conçu pour résister à un choc direct contre pilier de soutien essentiel".

L'équipage avait tenté en vain de ralentir la course du navire en jetant l'ancre.

L'enquête préliminaire montre qu'il s'agit d'un accident, selon les autorités.

«Coût de la reconstruction»

Le président Joe Biden s'est engagé à ce que "l'Etat fédéral paie la totalité du coût de la reconstruction" du pont, qui porte le nom de l'auteur des paroles de l'hymne national américain, en admettant que cela prendrait du temps.

"Nous serons aux côtés des habitants de Baltimore aussi longtemps qu'il le faudra", a-t-il encore assuré mercredi soir sur le réseau social X.

Car l'enjeu est aussi économique: ce pont à quatre voies, long de 2,6 km, est situé sur un axe nord-sud crucial pour l'économie de la côte Est des Etats-Unis.

Pour l'heure, le transport maritime y est "suspendu jusqu'à nouvel ordre", selon les autorités. Le port de Baltimore est le neuvième du pays en termes d'activité et génère plus de 15.000 emplois.

Le Dali est "stable" et ne représente pas de danger pour l'environnement et le public, en dépit de la présence à bord de 5,6 milliards de litres de diesel et de quelques conteneurs de matières dangereuses, a assuré mercredi Peter Gautier, responsable des gardes-côtes.

Deux conteneurs, sur un total de 4,700, sont tombés à l'eau.

Le navire est exploité par la société maritime Synergy Group et affrété par le géant danois du transport maritime Maersk.

Les autorités portuaires de Singapour ont déclaré mercredi qu'il avait passé avec succès deux inspections en 2023 et qu'une jauge de contrôle de la pression du carburant défectueuse avait été réparée en juin.

Les autorités chiliennes avaient signalé en 2023 un défaut dans les machines du navire, une anomalie rapidement réparée selon elles.


Mer de Chine méridionale: nouvel échange acerbe entre Manille et Pékin

Cette photo prise le 5 mars 2024 montre un navire des garde-côtes chinois dans la mer de Chine méridionale contestée. (AFP)
Cette photo prise le 5 mars 2024 montre un navire des garde-côtes chinois dans la mer de Chine méridionale contestée. (AFP)
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  • Samedi, trois soldats philippins ont été blessés lors d'un accrochage avec les garde-côtes chinois, qui ont bloqué leur navire
  • Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, y compris des eaux et des îles proches des côtes de plusieurs pays voisins

MANILLE: La Chine et les Philippines ont échangé jeudi de nouvelles accusations après de nouveaux accrochages en mer de Chine méridionale, où les deux pays ont des revendications concurrentes.

Samedi, trois soldats philippins ont été blessés lors d'un accrochage avec les garde-côtes chinois, qui ont bloqué leur navire et l'ont endommagé à l'aide de puissants canons à eau au large d'un des récifs disputés, l'atoll Second Thomas.

"Nous ne cherchons pas à entrer en conflit avec quelque nation que ce soit, en particulier avec les nations qui prétendent être nos amies, mais nous ne nous laisserons pas réduire au silence, à la soumission ou à l'asservissement", a déclaré jeudi dans un communiqué le président philippin Ferdinand Marcos.


Le nombre de migrants ayant traversé la Manche à un niveau record depuis janvier

Le navire des forces frontalières britanniques « Defender », transportant des migrants récupérés en mer alors qu'ils tentaient de traverser la Manche depuis la France, revient à la marina de Douvres, dans le sud-est de l'Angleterre, le 17 janvier 2024 (Photo, AFP).
Le navire des forces frontalières britanniques « Defender », transportant des migrants récupérés en mer alors qu'ils tentaient de traverser la Manche depuis la France, revient à la marina de Douvres, dans le sud-est de l'Angleterre, le 17 janvier 2024 (Photo, AFP).
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  • Selon des chiffres publiés mercredi par le ministère britannique de l'Intérieur, 4 644 personnes, toutes nationalités confondues, ont effectué cette périlleuse traversée au premier trimestre
  • En 2023, près de 30 000 migrants ont au total traversé illégalement la Manche

LONDRES: Plus de 4.600 migrants ont rejoint l'Angleterre par la Manche illégalement à bord de canots depuis le 1er janvier, un record pour les trois premiers mois de l'année malgré les promesses du gouvernement conservateur de mettre fin à ces dangereuses traversées.

Selon des chiffres publiés mercredi par le ministère britannique de l'Intérieur, 4.644 personnes, toutes nationalités confondues, ont effectué cette périlleuse traversée au premier trimestre, soit une augmentation de 23% par rapport à la même période l'année dernière (3.700).

Le dernier record avait été établi en 2022 avec 4.548 traversées entre début janvier et fin mars.

Rien que mardi, 338 personnes ont gagné les côtes anglaises dans ces embarcations, le plus souvent des canots pneumatiques chargés de dizaines de passagers.

Depuis le début de l'année, au moins sept migrants, dont une fillette de sept ans et un adolescent de 14 ans, sont morts en mer et sur un canal en tentant de rejoindre l'Angleterre.

"Il y a une prise de risque de plus en plus grande" et "l'année qui vient n'augure rien de bon", avait averti début mars l'association française d'aide aux migrants Utopia 56, selon laquelle le rythme de décès depuis le début de l'année atteint un niveau inédit depuis trois ans.

Depuis son arrivée à Downing Street il y a un an et demi, le Premier ministre Rishi Sunak a fait de la lutte contre l'immigration irrégulière l'une de ses priorités, martelant vouloir "stopper les bateaux".

Projet de loi contreversé

En 2023, près de 30.000 migrants ont au total traversé illégalement la Manche, un chiffre en forte baisse par rapport au record atteint en 2022 (45.000), que le gouvernement met en avant dans son bilan.

Toute progression des arrivées sur le sol britannique risque de fragiliser les conservateurs à quelques mois des élections législatives, pour lesquelles l'opposition travailliste est donnée largement en tête dans les sondages.

Le projet de loi controversé du gouvernement pour expulser les migrants au Rwanda se heurte par ailleurs à la résistance de la chambre haute du Parlement, celle des Lords, qui souhaite adoucir ce texte.

Lundi, le ministère de l'Intérieur a lancé une campagne sur les réseaux sociaux pour dissuader les ressortissants vietnamiens, de plus en plus nombreux, à tenter de traverser la Manche.