L'Arabie saoudite et les États-Unis «partagent la vision d'une région plus sûre, plus stable et plus prospère»

Joe Biden et le prince héritier Mohammed ben Salmane ont tenu une réunion vendredi (Photo, SPA).
Joe Biden et le prince héritier Mohammed ben Salmane ont tenu une réunion vendredi (Photo, SPA).
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Publié le Samedi 16 juillet 2022

L'Arabie saoudite et les États-Unis «partagent la vision d'une région plus sûre, plus stable et plus prospère»

  • Les États-Unis ont fait l'éloge de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, saluant «le projet de réformes économiques et sociales»
  • Les deux pays ont souligné leurs engagements sur les questions auxquelles sont confrontés divers pays arabes et islamiques, notamment la Palestine

RIYAD: L'Arabie saoudite et les États-Unis ont affirmé que les deux pays partagent une vision pour un Moyen-Orient stable et prospère, selon un communiqué conjoint, après que le président américain Joe Biden a rencontré les dirigeants saoudiens, vendredi.

Le «partenariat américano-saoudien a été un élément fondamental pour la sécurité régionale pendant des décennies et a démontré que les deux pays partagent la vision d'une région plus sûre, plus stable et plus prospère, interconnectée avec le monde », a indiqué le communiqué publié par l'agence de presse saoudienne tôt samedi.

Le document a mis en évidence divers domaines de coopération entre les deux alliés, allant de la sécurité énergétique à l'exploration spatiale. Dans le domaine de la défense, Biden a réaffirmé l'engagement des États-Unis à l'égard de la sécurité et de la défense territoriale de l'Arabie saoudite, et à «faciliter la capacité du Royaume à obtenir les moyens nécessaires pour défendre son peuple et son territoire contre les menaces extérieures».

Le communiqué précise que les troupes américaines vont confier l'île de Tiran aux autorités compétentes, ouvrant ainsi la voie à son développement. En outre, le survol de l'espace aérien du Royaume a été étendu vendredi, ce dont les États-Unis se sont félicités.

Les États-Unis ont fait l'éloge de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, saluant «le projet de réformes économiques et sociales transformatrices, ainsi que les efforts déployés pour accroître la participation économique des femmes et promouvoir le dialogue interconfessionnel».

Les deux pays ont également souligné leurs engagements sur les questions auxquelles sont confrontés divers pays arabes et islamiques, notamment la Palestine, la Syrie, le Liban et l'Afghanistan.

Texte intégral du communiqué :

Communiqué conjoint entre le Royaume d'Arabie saoudite et les États-Unis d'Amérique

L'invitation du Serviteur des Deux Saintes Mosquées, le Roi Salmane Ben Abdulaziz Al-Saud, le Président Joseph R. Biden a effectué une visite officielle au Royaume d'Arabie saoudite les 15 et 16 juillet 2022. Suite à la rencontre avec le Serviteur des Deux Saintes Mosquées, le Roi Salmane Ben Abdelaziz Al-Saud, le président Biden et Son Altesse Royale le prince héritier Mohammed ben Salmane Al-Saud, vice-Premier ministre, ont tenu une réunion officielle à laquelle ont participé de hauts responsables des deux pays.

Les participants ont passé en revue les priorités communes aux deux pays constituant le socle sur lequel est fondé le partenariat entre le Royaume d'Arabie saoudite et les États-Unis.

À l'issue de cette rencontre, les deux partenaires ont publié ce communiqué décrivant le partenariat stratégique entre le Royaume d'Arabie saoudite et les États-Unis au cours des prochaines décennies dans le but de faire progresser leurs intérêts mutuels et de faire avancer une vision commune pour un monde plus pacifique, plus sûr, plus prospère et plus stable au Moyen-Orient.

Partenariat stratégique

Les participants ont passé en revue les relations historiques et le partenariat noué entre le Royaume d'Arabie saoudite et les États-Unis d'Amérique qui datent d’il y a près de huit décennies après la rencontre entre le roi Abdulaziz Al-Saud et le président Franklin D. Roosevelt à bord du USS Quincy.

Les deux parties ont, par ailleurs, souligné l'importance de continuer à renforcer leur partenariat stratégique pour servir les intérêts des peuples du Royaume d'Arabie saoudite et des États-Unis. Les deux partenaires ont également souligné le rôle central que ce partenariat historique a joué dans la promotion de la stabilité et de la prospérité régionales en mettant en avant le fait que le partenariat américano-saoudien était la pierre angulaire de la sécurité régionale depuis des décennies. À la suite de cette rencontre, les deux parties ont affirmé que les deux pays partagent la vision d'une région plus sûre, stable et prospère et ouverte sur le monde.

Les deux parties ont exprimé leur volonté de résoudre les différends politiques par des moyens pacifiques et diplomatiques en mettant en place un soutien économique et financier aux pays de la région qui en ont le plus besoin, afin d’atténuer les crises humanitaires grâce à un soutien économique et financier. Ils ont, par ailleurs, conformément au droit international, réaffirmé l'importance du respect des principes de souveraineté et d'intégrité territoriale.

Les deux partenaires ont, aussi, souligné la nécessité de soutenir les gouvernements de la région confrontés aux menaces terroristes ou de groupes armés soutenus par des puissances étrangères.

Les deux parties ont mis en avant les liens historiques entre les peuples du Royaume d'Arabie saoudite et des États-Unis, se félicitant, à cet égard, de l'extension de la validité des visas d'affaires et de tourisme à 10 ans pour favoriser la coopération économique et renforcer des liens toujours plus étroits entre les deux pays.

Les deux partenaires ont ensuite examiné la coopération bilatérale et les réalisations communes dans les domaines suivants :

Sécurité énergétique et coopération climatique

Les deux parties ont souligné l’importance d’une coopération stratégique en matière d’économie et d’investissement, en particulier à la lumière de la crise actuelle en Ukraine et de ses conséquences, et ont réaffirmé leur engagement à l’égard d’un marché mondial stable de l’énergie. Les États-Unis ont salué l’engagement de l’Arabie saoudite à soutenir l’équilibre des marchés pétroliers mondiaux en vue d’une croissance économique durable. Les deux parties ont décidé de se consulter régulièrement en ce qui concerne les marchés mondiaux de l’énergie, à court et à long terme, ainsi que de travailler ensemble en tant que partenaires stratégiques sur les initiatives de transition climatique et énergétique, reconnaissant le rôle de premier plan de l’Arabie saoudite dans l’avenir de l’énergie.

Les États-Unis ont salué l’Initiative verte saoudienne et l’Initiative verte du Moyen-Orient, et se sont félicités de la participation de l’Arabie saoudite au Forum des grandes économies sur l'énergie et le climat, son adhésion au Pacte mondial sur le méthane, son statut de membre fondateur du Forum des producteurs Net-Zero, et l’annonce de son intention de couvrir 50% de sa production d’électricité à partir d’énergies renouvelables d’ici 2030.

Les deux parties se sont félicitées de la finalisation d’un cadre de partenariat pour la promotion de l’énergie propre, avec des investissements substantiels dans la transition vers l’énergie propre et la lutte contre les changements climatiques. Elles ont également mis l’accent sur l’énergie renouvelable, l’hydrogène propre, le développement des capacités humaines dans le domaine de l’énergie nucléaire, et la coopération dans les aspects liés à la réglementation nucléaire, l’utilisation du captage et de la séquestration du carbone, le développement de matériaux durables, ainsi que sur d’autres initiatives dans le cadre de l’économie circulaire du carbone, où l’Arabie saoudite compte jouer un rôle de leader mondial.

Le Partenariat mondial pour les infrastructures et les investissements

Les deux parties ont souligné que la transition énergétique et la sécurité nationale des deux pays nécessitent des chaînes d’approvisionnement stables et diversifiées. Les États-Unis ont salué à cet égard le soutien de l’Arabie saoudite au Partenariat mondial pour les infrastructures et les investissements, que le président Biden a annoncé au Sommet du G7 le 26 juin 2022. Grâce à ce partenariat historique, les États-Unis et l’Arabie saoudite visent à investir stratégiquement dans des projets qui soutiennent la connectivité numérique, la durabilité de la chaîne d’approvisionnement, et la sécurité climatique et énergétique axée sur les pays à revenu faible ou intermédiaire.

Sécurité et défense

Le président Biden a fermement affirmé l’engagement continu des États-Unis à soutenir la sécurité et la défense territoriale de l’Arabie saoudite, et à faciliter la capacité du Royaume à acquérir les moyens nécessaires pour défendre son peuple et son territoire contre les menaces extérieures.

Les deux parties ont souligné la nécessité de mettre fin à l’ingérence de l’Iran dans les affaires intérieures d’autres pays, à son soutien au terrorisme par l’intermédiaire de ses mandataires armés, et à ses efforts pour déstabiliser la sécurité et la stabilité de la région. Le royaume d’Arabie saoudite et les États-Unis ont rappelé la nécessité d’empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire.

Les deux parties ont souligné l’importance de préserver la libre circulation des marchandises à travers les voies navigables internationales stratégiques comme Bab al-Mandab et le détroit d’Hormuz. Elles se sont félicitées de la nouvelle Force opérationnelle combinée 153, qui se concentre sur le passage Bab al-Mandab de la mer Rouge et la lutte contre le trafic illicite au Yémen. Elles ont également salué la prise de commandement par l’Arabie saoudite de la Force opérationnelle combinée 150, qui consolide les objectifs communs de sécurité maritime dans le golfe d’Oman et le nord de la mer d’Arabie.

Afin d’améliorer et de rationaliser l’échange d’informations dans le domaine maritime, la coopération entre les Forces navales royales saoudiennes et la Force opérationnelle combinée 153 sera renforcée dans le centre de coordination en réseau régional dirigé depuis le quartier général de la Cinquième Flotte américaine à Bahreïn. Les États-Unis ont également mis l’accent sur la coopération croissante entre les Forces navales royales saoudiennes et la Force opérationnelle 59 de la Cinquième Flotte américaine, qui dirige une flotte croissante de navires de surface de pointe sans pilotes intégrés, et qui utilise l’intelligence artificielle pour améliorer la sécurité maritime et la connaissance du domaine à l’appui de la sécurité régionale.

 

L’Irak

Le président souligne le rôle de premier plan joué par le royaume d’Arabie saoudite dans le renforcement des relations avec l’Irak et les accords historiques qui seront signés en marge du sommet sur la sécurité et le développement de Djeddah le 16 juillet 2022. Ils permettront de relier les réseaux électriques de l’Arabie saoudite et des pays du Conseil de coopération du Golfe au réseau irakien, afin de fournir à l’Irak et à son peuple des sources d’électricité nouvelles et diversifiées.

La Palestine

En ce qui concerne les enjeux israélo-palestiniens, les deux parties soulignent leur engagement durable en faveur d’une solution à deux États, grâce à laquelle un État palestinien souverain et contigu vivrait côte à côte dans la paix et la sécurité avec Israël. Cela apparaît comme le seul moyen de résoudre la question palestinienne conformément aux normes internationalement reconnues et à l’Initiative de paix arabe. Les dirigeants font part de leur détermination à coordonner étroitement leurs efforts pour encourager les parties à témoigner – au moyen de politiques et d’actions – de leur engagement en faveur d’une solution à deux États. Les États-Unis et l’Arabie saoudite encouragent tous les efforts qui contribuent à parvenir à une paix juste et globale dans la région.

La Syrie

Les deux parties réitèrent leur engagement à préserver l’unité, la stabilité et l’intégrité territoriale de la Syrie et expriment leur soutien aux efforts déployés par l’émissaire spécial du Secrétaire général de l’ONU pour parvenir à une solution politique au conflit, conforme à la formule décrite dans la résolution 2254 (en date de 2015) du Conseil de sécurité des Nations unies. Elles insistent, en même temps, sur la nécessité d’empêcher une reprise de la violence, de maintenir les cessez-le-feu établis et de permettre l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire à tous les Syriens dans le besoin.

Le Liban

Les deux parties réaffirment leur soutien continu à la souveraineté, à la sécurité et à la stabilité du Liban, ainsi que leur soutien aux Forces armées libanaises qui protègent ses frontières et résistent aux menaces des groupes extrémistes violents et terroristes. Elles notent également l’importance de former un gouvernement libanais et de mettre en œuvre des réformes politiques et économiques structurelles globales pour s’assurer que le Liban surmonte sa crise politique et économique et qu’il ne devienne pas un point de départ pour les terroristes, le trafic de drogue ou d’autres activités criminelles qui menacent la stabilité et la sécurité de la région.

Elles soulignent par ailleurs l’importance de l’autorité du gouvernement sur tout le territoire libanais, y compris en ce qui concerne le respect des dispositions des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU et de l’accord de Taëf. Il pourra ainsi exercer sa pleine souveraineté, de manière à ce qu’il n’y ait pas d’armes sans le consentement du gouvernement libanais ou d’une autorité autre que le gouvernement libanais.

L’Ukraine

Les deux parties affirment qu’un ordre fondé sur des règles est au cœur même de la sécurité internationale, mettant en lumière l’importance du respect du droit international, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale. Elles réaffirment les principes énoncés dans la résolution ES-11/1 de l’Assemblée générale des Nations unies du 2 mars 2022, approuvée par tous les membres du CCG.

Les dirigeants renouvellent leur engagement à fournir une aide essentielle au peuple ukrainien et à assurer l’exportation sans entrave de produits céréaliers et de blé pour atténuer les crises alimentaires mondiales qui menacent d’avoir une incidence aiguë sur un certain nombre de pays du Moyen-Orient et de l’Afrique.

Le Soudan

Les deux parties insistent sur l’importance du dialogue entre les parties soudanaises et de la relance du processus politique. Elles saluent les efforts déployés par la mission des Nations unies pour soutenir le retour aux principes d’une solution politique au Soudan et expriment leur satisfaction quant au rôle actif du Quad pour le Soudan, souhaitant paix et prospérité au pays et à son peuple.

La Libye

Les deux parties témoignent de leur soutien au peuple libyen au moment où il s’engage dans le processus politique négocié par l’ONU pour préparer les élections présidentielles et parlementaires dès que possible. Elles expriment leur plein soutien à l’accord de cessez-le-feu libyen conclu le 23 octobre 2020 et à l’appel libyen pour le départ définitif et imminent des forces étrangères, des combattants étrangers et des mercenaires, conformément à la résolution 2570 (en date de 2021) du Conseil de sécurité des Nations unies.

L’Afghanistan

Les deux parties insistent sur la nécessité de soutenir la sécurité de l’Afghanistan et de faire face à la menace posée par les terroristes basés dans le pays. Elles soulignent par ailleurs l’importance de continuer à acheminer l’aide humanitaire vers l’Afghanistan. Elles veulent répondre aux besoins du peuple afghan et promouvoir ses droits, y compris les droits des filles à l’éducation et à jouir du meilleur état de santé possible et, pour les femmes, le droit au travail.

Le contreterrorisme

Les deux parties font part de leur volonté de lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent.

 
Elles expriment leur engagement continu à contrer Al-Qaïda et Daech, à endiguer le flux de combattants étrangers, à faire face à la propagande extrémiste violente et à couper tout financement au terrorisme.

Les deux parties saluent les efforts conjoints par l’intermédiaire du Centre de ciblage du financement d’activités terroristes, basé au royaume d’Arabie saoudite. Elles passent en revue le succès exceptionnel de la Coalition mondiale pour vaincre Daech, établie à Djeddah en 2014, et soulignent la nécessité pour cette coalition de déployer des efforts à long terme et pluriannuels pour renvoyer à la fois les combattants de Daech et les dizaines de milliers de membres de la famille de Daech du nord-est de la Syrie vers leur pays d’origine. Elles se félicitent de la prochaine réunion ministérielle de la Coalition mondiale pour vaincre Daech qui se tiendra en Arabie saoudite au début de 2023.

Conclusion

Les deux parties ont décidé d’élargir et de renforcer la coopération bilatérale dans tous les domaines abordés lors de cette réunion, avant que le prochain dialogue stratégique annuel entre l’Arabie saoudite et les États-Unis ne se tienne au Royaume plus tard cette année. Ce communiqué de Djeddah devrait constituer la base du plan de travail à venir pour consolider et renforcer le partenariat stratégique entre les deux pays.

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Soudan: craintes de la poursuite des exactions à El-Facher

Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
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  • Des massacres se poursuivent à El-Facher, dernière grande ville du Darfour tombée aux mains des Forces de soutien rapides (FSR) après 18 mois de siège
  • La situation est décrite comme « apocalyptique » par les diplomaties allemande et britannique, tandis que l’ONU réclame des enquêtes rapides sur les atrocités et que plus de 65 000 civils ont fui la ville, désormais en ruines

Port-Soudan: De nouvelles images satellites et l'ONG Médecins sans frontières (MSF) suggèrent samedi la poursuite des massacres dans la ville soudanaise d'El-Facher, près d'une semaine après sa prise par les paramilitaires.

Alors que les informations sur des violences contre les civils se multiplient, les chefs de la diplomatie allemande et britannique ont alerté sur une situation "absolument apocalyptique" et "véritablement terrifiante" sur le terrain.

Après 18 mois de siège, les Forces de soutien rapides (FSR, paramilitaires) de Mohamed Daglo ont pris dimanche El-Facher, dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait encore à leur contrôle dans leur guerre contre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane.

Selon le Laboratoire de recherche humanitaire de l'université de Yale, qui analyse des vidéos et des images satellites, les dernières images datant de vendredi ne "montrent aucun mouvement à grande échelle" à El-Facher, ce qui suggère que la majorité de sa population est "morte, capturée ou cachée".

Le laboratoire a identifié au moins 31 groupes d'objets correspondant à des corps humains entre lundi et vendredi, dans différents quartiers, sur des sites universitaires et des sites militaires. "Les indices montrant que les massacres se poursuivent sont clairement visibles", conclut-il.

- "Tuées, retenues, pourchassées" -

MSF a lui aussi dit craindre samedi qu'un "grand nombre de personnes" y soient toujours "en grave danger de mort" et que les civils soient empêchés par les FSR et leurs alliés "d'atteindre des zones plus sûres" comme Tawila.

Des milliers de personnes ont déjà fui El-Facher pour cette ville située à environ 70 km à l'ouest, et où les équipes de MSF se sont préparées à faire face à un afflux massif de déplacés et de blessés.

Des survivants ont raconté à l'ONG que les personnes ont été séparées selon leur sexe, âge ou identité ethnique présumée, et que beaucoup sont toujours détenues contre rançon. Un survivant a rapporté des "scènes horribles" où des combattants écrasaient des prisonniers avec leurs véhicules.

"Le nombre de personnes arrivées à Tawila est très faible (...) Où sont toutes les personnes manquantes, qui ont déjà survécu à des mois de famine et de violence à El-Facher?" s'interroge Michel-Olivier Lacharité, responsable des opérations d'urgence chez MSF. "D'après ce que nous disent les patients, la réponse la plus probable, bien qu'effrayante, est qu'elles sont tuées, retenues et pourchassées lorsqu'elles tentent de fuir", relate-t-il.

Au total, plus de 65.000 civils ont fui El-Facher, où des dizaines de milliers de personnes sont encore piégées, selon l'ONU. Avant l'assaut final des paramilitaires, la ville comptait environ 260.000 habitants.

- "Apocalyptique" -

Depuis dimanche, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux montrent des hommes en uniforme des FSR procédant à des exécutions sommaires à El-Facher, les paramilitaires affirmant que plusieurs de ces enregistrements ont été "fabriqués" par des sites liés à l'armée.

Les paramilitaires ont affirmé jeudi avoir arrêté plusieurs de leurs combattants soupçonnés d'exactions lors de la prise d'El-Facher, l'ONU réclamant vendredi des enquêtes "rapides et transparentes" après des "témoignages effroyables" d'atrocités dans cette localité.

S'exprimant en marge d'une conférence à Bahreïn, le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a décrit samedi la situation à El-Facher comme "absolument apocalyptique", évoquant comme l'ONU la "pire crise humanitaire du monde". "Les FSR se sont publiquement engagés à protéger les civils et devront rendre compte de leurs actions", a-t-il ajouté.

"Les informations qui nous parviennent du Darfour ces derniers jours sont véritablement terrifiantes", a déclaré son homologue britannique Yvette Cooper, évoquant les "atrocités commises, exécutions de masse, famine et le viol comme arme de guerre".

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle l'est et le nord du pays, et les FSR, désormais maîtres de l'ensemble du Darfour, une région vaste comme la France métropolitaine.

Les pourparlers en vue d'une trêve, menés depuis plusieurs mois par un groupe réunissant les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite, sont dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Les FSR ont reçu armes et drones des Emirats arabes unis, selon des rapports de l'ONU, tandis que l'armée bénéficie de l'appui de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient toute implication.


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
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  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.