L'Arabie saoudite et les États-Unis «partagent la vision d'une région plus sûre, plus stable et plus prospère»

Joe Biden et le prince héritier Mohammed ben Salmane ont tenu une réunion vendredi (Photo, SPA).
Joe Biden et le prince héritier Mohammed ben Salmane ont tenu une réunion vendredi (Photo, SPA).
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Publié le Samedi 16 juillet 2022

L'Arabie saoudite et les États-Unis «partagent la vision d'une région plus sûre, plus stable et plus prospère»

  • Les États-Unis ont fait l'éloge de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, saluant «le projet de réformes économiques et sociales»
  • Les deux pays ont souligné leurs engagements sur les questions auxquelles sont confrontés divers pays arabes et islamiques, notamment la Palestine

RIYAD: L'Arabie saoudite et les États-Unis ont affirmé que les deux pays partagent une vision pour un Moyen-Orient stable et prospère, selon un communiqué conjoint, après que le président américain Joe Biden a rencontré les dirigeants saoudiens, vendredi.

Le «partenariat américano-saoudien a été un élément fondamental pour la sécurité régionale pendant des décennies et a démontré que les deux pays partagent la vision d'une région plus sûre, plus stable et plus prospère, interconnectée avec le monde », a indiqué le communiqué publié par l'agence de presse saoudienne tôt samedi.

Le document a mis en évidence divers domaines de coopération entre les deux alliés, allant de la sécurité énergétique à l'exploration spatiale. Dans le domaine de la défense, Biden a réaffirmé l'engagement des États-Unis à l'égard de la sécurité et de la défense territoriale de l'Arabie saoudite, et à «faciliter la capacité du Royaume à obtenir les moyens nécessaires pour défendre son peuple et son territoire contre les menaces extérieures».

Le communiqué précise que les troupes américaines vont confier l'île de Tiran aux autorités compétentes, ouvrant ainsi la voie à son développement. En outre, le survol de l'espace aérien du Royaume a été étendu vendredi, ce dont les États-Unis se sont félicités.

Les États-Unis ont fait l'éloge de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, saluant «le projet de réformes économiques et sociales transformatrices, ainsi que les efforts déployés pour accroître la participation économique des femmes et promouvoir le dialogue interconfessionnel».

Les deux pays ont également souligné leurs engagements sur les questions auxquelles sont confrontés divers pays arabes et islamiques, notamment la Palestine, la Syrie, le Liban et l'Afghanistan.

Texte intégral du communiqué :

Communiqué conjoint entre le Royaume d'Arabie saoudite et les États-Unis d'Amérique

L'invitation du Serviteur des Deux Saintes Mosquées, le Roi Salmane Ben Abdulaziz Al-Saud, le Président Joseph R. Biden a effectué une visite officielle au Royaume d'Arabie saoudite les 15 et 16 juillet 2022. Suite à la rencontre avec le Serviteur des Deux Saintes Mosquées, le Roi Salmane Ben Abdelaziz Al-Saud, le président Biden et Son Altesse Royale le prince héritier Mohammed ben Salmane Al-Saud, vice-Premier ministre, ont tenu une réunion officielle à laquelle ont participé de hauts responsables des deux pays.

Les participants ont passé en revue les priorités communes aux deux pays constituant le socle sur lequel est fondé le partenariat entre le Royaume d'Arabie saoudite et les États-Unis.

À l'issue de cette rencontre, les deux partenaires ont publié ce communiqué décrivant le partenariat stratégique entre le Royaume d'Arabie saoudite et les États-Unis au cours des prochaines décennies dans le but de faire progresser leurs intérêts mutuels et de faire avancer une vision commune pour un monde plus pacifique, plus sûr, plus prospère et plus stable au Moyen-Orient.

Partenariat stratégique

Les participants ont passé en revue les relations historiques et le partenariat noué entre le Royaume d'Arabie saoudite et les États-Unis d'Amérique qui datent d’il y a près de huit décennies après la rencontre entre le roi Abdulaziz Al-Saud et le président Franklin D. Roosevelt à bord du USS Quincy.

Les deux parties ont, par ailleurs, souligné l'importance de continuer à renforcer leur partenariat stratégique pour servir les intérêts des peuples du Royaume d'Arabie saoudite et des États-Unis. Les deux partenaires ont également souligné le rôle central que ce partenariat historique a joué dans la promotion de la stabilité et de la prospérité régionales en mettant en avant le fait que le partenariat américano-saoudien était la pierre angulaire de la sécurité régionale depuis des décennies. À la suite de cette rencontre, les deux parties ont affirmé que les deux pays partagent la vision d'une région plus sûre, stable et prospère et ouverte sur le monde.

Les deux parties ont exprimé leur volonté de résoudre les différends politiques par des moyens pacifiques et diplomatiques en mettant en place un soutien économique et financier aux pays de la région qui en ont le plus besoin, afin d’atténuer les crises humanitaires grâce à un soutien économique et financier. Ils ont, par ailleurs, conformément au droit international, réaffirmé l'importance du respect des principes de souveraineté et d'intégrité territoriale.

Les deux partenaires ont, aussi, souligné la nécessité de soutenir les gouvernements de la région confrontés aux menaces terroristes ou de groupes armés soutenus par des puissances étrangères.

Les deux parties ont mis en avant les liens historiques entre les peuples du Royaume d'Arabie saoudite et des États-Unis, se félicitant, à cet égard, de l'extension de la validité des visas d'affaires et de tourisme à 10 ans pour favoriser la coopération économique et renforcer des liens toujours plus étroits entre les deux pays.

Les deux partenaires ont ensuite examiné la coopération bilatérale et les réalisations communes dans les domaines suivants :

Sécurité énergétique et coopération climatique

Les deux parties ont souligné l’importance d’une coopération stratégique en matière d’économie et d’investissement, en particulier à la lumière de la crise actuelle en Ukraine et de ses conséquences, et ont réaffirmé leur engagement à l’égard d’un marché mondial stable de l’énergie. Les États-Unis ont salué l’engagement de l’Arabie saoudite à soutenir l’équilibre des marchés pétroliers mondiaux en vue d’une croissance économique durable. Les deux parties ont décidé de se consulter régulièrement en ce qui concerne les marchés mondiaux de l’énergie, à court et à long terme, ainsi que de travailler ensemble en tant que partenaires stratégiques sur les initiatives de transition climatique et énergétique, reconnaissant le rôle de premier plan de l’Arabie saoudite dans l’avenir de l’énergie.

Les États-Unis ont salué l’Initiative verte saoudienne et l’Initiative verte du Moyen-Orient, et se sont félicités de la participation de l’Arabie saoudite au Forum des grandes économies sur l'énergie et le climat, son adhésion au Pacte mondial sur le méthane, son statut de membre fondateur du Forum des producteurs Net-Zero, et l’annonce de son intention de couvrir 50% de sa production d’électricité à partir d’énergies renouvelables d’ici 2030.

Les deux parties se sont félicitées de la finalisation d’un cadre de partenariat pour la promotion de l’énergie propre, avec des investissements substantiels dans la transition vers l’énergie propre et la lutte contre les changements climatiques. Elles ont également mis l’accent sur l’énergie renouvelable, l’hydrogène propre, le développement des capacités humaines dans le domaine de l’énergie nucléaire, et la coopération dans les aspects liés à la réglementation nucléaire, l’utilisation du captage et de la séquestration du carbone, le développement de matériaux durables, ainsi que sur d’autres initiatives dans le cadre de l’économie circulaire du carbone, où l’Arabie saoudite compte jouer un rôle de leader mondial.

Le Partenariat mondial pour les infrastructures et les investissements

Les deux parties ont souligné que la transition énergétique et la sécurité nationale des deux pays nécessitent des chaînes d’approvisionnement stables et diversifiées. Les États-Unis ont salué à cet égard le soutien de l’Arabie saoudite au Partenariat mondial pour les infrastructures et les investissements, que le président Biden a annoncé au Sommet du G7 le 26 juin 2022. Grâce à ce partenariat historique, les États-Unis et l’Arabie saoudite visent à investir stratégiquement dans des projets qui soutiennent la connectivité numérique, la durabilité de la chaîne d’approvisionnement, et la sécurité climatique et énergétique axée sur les pays à revenu faible ou intermédiaire.

Sécurité et défense

Le président Biden a fermement affirmé l’engagement continu des États-Unis à soutenir la sécurité et la défense territoriale de l’Arabie saoudite, et à faciliter la capacité du Royaume à acquérir les moyens nécessaires pour défendre son peuple et son territoire contre les menaces extérieures.

Les deux parties ont souligné la nécessité de mettre fin à l’ingérence de l’Iran dans les affaires intérieures d’autres pays, à son soutien au terrorisme par l’intermédiaire de ses mandataires armés, et à ses efforts pour déstabiliser la sécurité et la stabilité de la région. Le royaume d’Arabie saoudite et les États-Unis ont rappelé la nécessité d’empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire.

Les deux parties ont souligné l’importance de préserver la libre circulation des marchandises à travers les voies navigables internationales stratégiques comme Bab al-Mandab et le détroit d’Hormuz. Elles se sont félicitées de la nouvelle Force opérationnelle combinée 153, qui se concentre sur le passage Bab al-Mandab de la mer Rouge et la lutte contre le trafic illicite au Yémen. Elles ont également salué la prise de commandement par l’Arabie saoudite de la Force opérationnelle combinée 150, qui consolide les objectifs communs de sécurité maritime dans le golfe d’Oman et le nord de la mer d’Arabie.

Afin d’améliorer et de rationaliser l’échange d’informations dans le domaine maritime, la coopération entre les Forces navales royales saoudiennes et la Force opérationnelle combinée 153 sera renforcée dans le centre de coordination en réseau régional dirigé depuis le quartier général de la Cinquième Flotte américaine à Bahreïn. Les États-Unis ont également mis l’accent sur la coopération croissante entre les Forces navales royales saoudiennes et la Force opérationnelle 59 de la Cinquième Flotte américaine, qui dirige une flotte croissante de navires de surface de pointe sans pilotes intégrés, et qui utilise l’intelligence artificielle pour améliorer la sécurité maritime et la connaissance du domaine à l’appui de la sécurité régionale.

 

L’Irak

Le président souligne le rôle de premier plan joué par le royaume d’Arabie saoudite dans le renforcement des relations avec l’Irak et les accords historiques qui seront signés en marge du sommet sur la sécurité et le développement de Djeddah le 16 juillet 2022. Ils permettront de relier les réseaux électriques de l’Arabie saoudite et des pays du Conseil de coopération du Golfe au réseau irakien, afin de fournir à l’Irak et à son peuple des sources d’électricité nouvelles et diversifiées.

La Palestine

En ce qui concerne les enjeux israélo-palestiniens, les deux parties soulignent leur engagement durable en faveur d’une solution à deux États, grâce à laquelle un État palestinien souverain et contigu vivrait côte à côte dans la paix et la sécurité avec Israël. Cela apparaît comme le seul moyen de résoudre la question palestinienne conformément aux normes internationalement reconnues et à l’Initiative de paix arabe. Les dirigeants font part de leur détermination à coordonner étroitement leurs efforts pour encourager les parties à témoigner – au moyen de politiques et d’actions – de leur engagement en faveur d’une solution à deux États. Les États-Unis et l’Arabie saoudite encouragent tous les efforts qui contribuent à parvenir à une paix juste et globale dans la région.

La Syrie

Les deux parties réitèrent leur engagement à préserver l’unité, la stabilité et l’intégrité territoriale de la Syrie et expriment leur soutien aux efforts déployés par l’émissaire spécial du Secrétaire général de l’ONU pour parvenir à une solution politique au conflit, conforme à la formule décrite dans la résolution 2254 (en date de 2015) du Conseil de sécurité des Nations unies. Elles insistent, en même temps, sur la nécessité d’empêcher une reprise de la violence, de maintenir les cessez-le-feu établis et de permettre l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire à tous les Syriens dans le besoin.

Le Liban

Les deux parties réaffirment leur soutien continu à la souveraineté, à la sécurité et à la stabilité du Liban, ainsi que leur soutien aux Forces armées libanaises qui protègent ses frontières et résistent aux menaces des groupes extrémistes violents et terroristes. Elles notent également l’importance de former un gouvernement libanais et de mettre en œuvre des réformes politiques et économiques structurelles globales pour s’assurer que le Liban surmonte sa crise politique et économique et qu’il ne devienne pas un point de départ pour les terroristes, le trafic de drogue ou d’autres activités criminelles qui menacent la stabilité et la sécurité de la région.

Elles soulignent par ailleurs l’importance de l’autorité du gouvernement sur tout le territoire libanais, y compris en ce qui concerne le respect des dispositions des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU et de l’accord de Taëf. Il pourra ainsi exercer sa pleine souveraineté, de manière à ce qu’il n’y ait pas d’armes sans le consentement du gouvernement libanais ou d’une autorité autre que le gouvernement libanais.

L’Ukraine

Les deux parties affirment qu’un ordre fondé sur des règles est au cœur même de la sécurité internationale, mettant en lumière l’importance du respect du droit international, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale. Elles réaffirment les principes énoncés dans la résolution ES-11/1 de l’Assemblée générale des Nations unies du 2 mars 2022, approuvée par tous les membres du CCG.

Les dirigeants renouvellent leur engagement à fournir une aide essentielle au peuple ukrainien et à assurer l’exportation sans entrave de produits céréaliers et de blé pour atténuer les crises alimentaires mondiales qui menacent d’avoir une incidence aiguë sur un certain nombre de pays du Moyen-Orient et de l’Afrique.

Le Soudan

Les deux parties insistent sur l’importance du dialogue entre les parties soudanaises et de la relance du processus politique. Elles saluent les efforts déployés par la mission des Nations unies pour soutenir le retour aux principes d’une solution politique au Soudan et expriment leur satisfaction quant au rôle actif du Quad pour le Soudan, souhaitant paix et prospérité au pays et à son peuple.

La Libye

Les deux parties témoignent de leur soutien au peuple libyen au moment où il s’engage dans le processus politique négocié par l’ONU pour préparer les élections présidentielles et parlementaires dès que possible. Elles expriment leur plein soutien à l’accord de cessez-le-feu libyen conclu le 23 octobre 2020 et à l’appel libyen pour le départ définitif et imminent des forces étrangères, des combattants étrangers et des mercenaires, conformément à la résolution 2570 (en date de 2021) du Conseil de sécurité des Nations unies.

L’Afghanistan

Les deux parties insistent sur la nécessité de soutenir la sécurité de l’Afghanistan et de faire face à la menace posée par les terroristes basés dans le pays. Elles soulignent par ailleurs l’importance de continuer à acheminer l’aide humanitaire vers l’Afghanistan. Elles veulent répondre aux besoins du peuple afghan et promouvoir ses droits, y compris les droits des filles à l’éducation et à jouir du meilleur état de santé possible et, pour les femmes, le droit au travail.

Le contreterrorisme

Les deux parties font part de leur volonté de lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent.

 
Elles expriment leur engagement continu à contrer Al-Qaïda et Daech, à endiguer le flux de combattants étrangers, à faire face à la propagande extrémiste violente et à couper tout financement au terrorisme.

Les deux parties saluent les efforts conjoints par l’intermédiaire du Centre de ciblage du financement d’activités terroristes, basé au royaume d’Arabie saoudite. Elles passent en revue le succès exceptionnel de la Coalition mondiale pour vaincre Daech, établie à Djeddah en 2014, et soulignent la nécessité pour cette coalition de déployer des efforts à long terme et pluriannuels pour renvoyer à la fois les combattants de Daech et les dizaines de milliers de membres de la famille de Daech du nord-est de la Syrie vers leur pays d’origine. Elles se félicitent de la prochaine réunion ministérielle de la Coalition mondiale pour vaincre Daech qui se tiendra en Arabie saoudite au début de 2023.

Conclusion

Les deux parties ont décidé d’élargir et de renforcer la coopération bilatérale dans tous les domaines abordés lors de cette réunion, avant que le prochain dialogue stratégique annuel entre l’Arabie saoudite et les États-Unis ne se tienne au Royaume plus tard cette année. Ce communiqué de Djeddah devrait constituer la base du plan de travail à venir pour consolider et renforcer le partenariat stratégique entre les deux pays.

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.