Guerre en Ukraine: la situation sur le terrain au 144e jour

Samedi, les forces russes «ont augmenté les frappes d'artillerie et de missiles» (Photo, AFP).
Samedi, les forces russes «ont augmenté les frappes d'artillerie et de missiles» (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 17 juillet 2022

Guerre en Ukraine: la situation sur le terrain au 144e jour

  • Le ministre de la Défense russe, Sergueï Choïgou, s'est rendu auprès des soldats impliqués dans l'offensive en Ukraine, sans préciser la date ni le lieu de cette visite
  • Moscou affirme avoir détruit un lance-roquettes multiples américain Himars près de Pokrovsk dans la région de Donetsk, l'une des deux provinces du Donbass

PARIS: La Russie a annoncé samedi avoir officiellement mis fin à la "pause opérationnelle" de son armée décrétée il y a huit jours, les bombardements ayant repris avec plus d'intensité dans le Donbass (est), dont le contrôle total est le principal objectif à court terme de Moscou.

Voici un point de la situation de la guerre en Ukraine, au 144e jour de la guerre, à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.

Donbass 

Le ministre de la Défense russe, Sergueï Choïgou, s'est rendu auprès des soldats impliqués dans l'offensive en Ukraine, sans préciser la date ni le lieu de cette visite, a annoncé Moscou samedi.

Il a "donné les instructions nécessaires pour accroître encore" la pression militaire, a ajouté le ministère de la Défense, mettant de fait un terme à la "pause opérationnelle" décrétée le 7 juillet.

Des cartes satellitaires de la Nasa, sur lesquelles les incendies causés par les bombardements sont matérialisés par des points rouges, rendent parfaitement compte de cette situation : très nombreux le 6 juillet, les feux ont fortement diminué les jours suivants, pour croître à nouveau nettement depuis vendredi.

L'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW) estime "peu probable que la fin de la pause opérationnelle entraîne une augmentation massive des attaques terrestres" dans toute l'Ukraine, mais s'attend dans le Donbass à "la poursuite d'assauts limités concentrés sur la ligne Sloviansk-Siversk-Bakhmut".

Samedi, les forces russes "ont augmenté les frappes d'artillerie et de missiles", selon l'ISW.

Moscou affirme avoir détruit un lance-roquettes multiples américain Himars près de Pokrovsk dans la région de Donetsk, l'une des deux provinces du Donbass.

"La Russie continue de bombarder les infrastructures civiles, principalement les institutions d'éducation", a de son côté estimé Pavlo Kyrylenko, le gouverneur de la région de Donetsk. Moscou affirme régulièrement que des soldats ukrainiens se cachent dans des bâtiments d'écoles.

Le sud

La Russie "renforce ses positions défensives" dans les zones qu'elle occupe dans le sud de l'Ukraine, déplaçant "des effectifs, de l'équipement et des stocks défensifs entre Marioupol et Zaporijjia, et à Kherson" et "accroissant les mesures de sécurité" à Melitopol, affirme le ministère britannique de la Défense.

Les forces ukrainiennes mènent une contre-offensive dans la région de Kherson depuis plus d'un mois, et Kiev a averti à plusieurs reprises que la reconquête de son territoire allait monter en puissance instamment. Londres note un "renforcement" des positions russes au sud qui, alors que la lutte pour le Donbass se poursuit, "indique probablement le sérieux avec lequel les commandants russes considèrent la menace" ukrainienne.

Vitaliy Kim, chef de la région de Mykolaïv, proche de la mer Noire, a dénoncé de son côté dimanche plusieurs frappes menées la veille au sud de cette région et sur la ville elle-même dans la matinée.

"Vers 03H05, Mykolaïv a été touchée par des bombardements massifs. À l'heure actuelle, nous avons connaissance d'un incendie dans deux entreprises industrielles", a-t-il détaillé.

Il a ajouté que les villages de Shevchenkove, Zoria et Novoruske ont été également été bombardés la veille. "Trois personnes sont mortes et trois ont été blessées à Shevchenkove", a-t-il dit, ajoutant qu'une femme a été tuée samedi dans un bombardement sur Shyrokiv où "un immeuble résidentiel a été détruit".

La santé de Poutine 

Le chef d'état-major des armées britannique, l'amiral Tony Radakin, s'est inscrit en faux dimanche contre des rumeurs concernant la santé du président russe Vladimir Poutine ou la possibilité qu'il puisse être assassiné.

"Je pense que certains commentaires sur le fait qu'il (Poutine) ne soit pas en bonne santé ou qu'il finisse par se faire assassiner, et bien je pense que se sont des voeux pieux", a déclaré vendredi sur la BBC M. Radakin dans une interview publiée dimanche.

Les rumeurs sur la santé de Vladimir Poutine, 70 ans en octobre, sont invérifiables.

"En tant que professionnels militaires, nous voyons un régime relativement stable en Russie, le président Poutine a été en mesure d'étouffer toute opposition (...) et personne au sommet n'a la motivation de le défier", a-t-il soutenu. Selon lui, "le défi que pose la Russie va durer", potentiellement pendant "des décennies en termes de menace".

Dizaines de milliers de morts 

Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. L'ONU a recensé près de 5 000 morts confirmés, dont plus de 300 enfants, mais reconnaît que leur nombre véritable est sans doute largement supérieur.

Pour la seule ville de Marioupol (sud-est), tombée en mai au terme d'un terrible siège, les autorités ukrainiennes évoquaient quelque 20 000 morts.

Sur le plan militaire, le chef d'état-major des armées britannique, l'amiral Tony Radakin a évalué dimanche à 50 000 le nombre de soldats russes tués ou blessés - ainsi que 1 700 chars et 4 000 blindés détruits. Des sources de sécurité occidentales évoquent depuis des semaines de 15 000 à 20 000 soldats russes tués.

Kiev a fait état d'au moins 10 000 morts dans ses troupes.

Aucune statistique indépendante n'est disponible.

Ukrainiens déplacés ou réfugiés 

Plus de six millions d'Ukrainiens sont déplacés à l'intérieur de leur pays, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR).

Ils s'ajoutent aux quelque 5,5 millions d'Ukrainiens enregistrés en tant que réfugiés dans d'autres Etats européens depuis le début de l'invasion.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.