La canicule se décale vers l'est, laissant un sillage de désolation

Une photo prise le 19 juillet 2022 montre des camions de pompiers brûlant lors d'un incendie de forêt sur le Mont d'Arrées, à l'extérieur de Brasparts, dans l'ouest de la France (Photo, AFP).
Une photo prise le 19 juillet 2022 montre des camions de pompiers brûlant lors d'un incendie de forêt sur le Mont d'Arrées, à l'extérieur de Brasparts, dans l'ouest de la France (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 20 juillet 2022

La canicule se décale vers l'est, laissant un sillage de désolation

  • «Mercredi, les fortes chaleurs ne concerneront plus que le quart sud-est du pays avec des températures nocturnes demeurant toujours très élevées»
  • C'est le Sud-Ouest qui a subi les pires conséquences, avec deux gigantesques incendies en Gironde qui ont brûlé depuis le 12 juillet plus de 19 000 hectares de forêt

PARIS: La canicule se déplaçait vers l'est de la France mardi, après avoir fait tomber plus de 60 records absolus de chaleur et laissant dans son sillage des incendies dévastateurs, jusque dans des régions habituellement épargnées par ces impacts du réchauffement climatique.

"Mercredi, les fortes chaleurs ne concerneront plus que le quart sud-est du pays avec des températures nocturnes demeurant toujours très élevées", selon le dernier bulletin de Météo-France, pour qui "cette situation risque de perdurer encore plusieurs jours sur ces régions".

En attendant, de nouveaux records absolus de chaleur ont été enregistrés mardi le long des côtes du nord-ouest, comme à Dieppe (Seine-Maritime), dont la station, ouverte en 1949, a enregistré 40,4°C, contre un précédent record de 40,1°C le 25 juillet 2019. Autres records absolus dans le Pas-de-Calais, avec 39,6°C à Boulogne-sur-Mer (37,9°C le 31 juillet 2020).

Alors que toute l'Europe occidentale suffoque sous la chaleur extrême, le Royaume-Uni dépassant pour le première fois de son histoire 40°C, Météo-France a levé tôt mardi la vigilance rouge canicule sur les 15 départements de la façade atlantique où l'alerte maximale était en vigueur.

En fin d'après-midi, 58 départements restaient en vigilance orange et 11 en vigilance jaune, sur une grande moitié est du pays, avec des températures en hausse, entre 37 et 40°C dans l'Est et des orages localement violents prévus dans plusieurs régions.

C'est le Sud-Ouest qui a subi les pires conséquences, avec deux gigantesques incendies en Gironde qui ont brûlé depuis le 12 juillet plus de 19.000 hectares de forêt. Poussée par le vent, la fumée est remontée jusqu'à Paris, affectant la qualité de l'air, a indiqué mardi soir à l'AFP l'observatoire de la qualité de l'air Airparif.

Près de 1.700 pompiers venus de toute la France, appuyés par d'importants moyens aériens, sont mobilisés contre les deux brasiers qui ont brûlé 7.000 hectares de forêt à La Teste-de-Buch, près d'Arcachon, et 13.300 à Landiras, à 50 km à l'est, où un homme a été placé en garde à vue, l'enquête se dirigeant vers "un acte volontairement malveillant". En sept jours, ces deux incendies ont obligé à évacuer 37.000 personnes.

«Camping» brûlé

Comme les occupants des "Flots bleus" (en fait "La dune"), décor de la très populaire série de films "Camping" au pied de la dune du Pilat, dont une bonne partie n'a pas résisté aux flammes.

"Tout ce qui devait brûler a brûlé. Maintenant ce qui nous intéresse, c’est éviter toute reprise du feu dans le massif", souligne le commandant Matthieu Jomain, porte-parole des pompiers.

Les incendies ont atteint des régions peu habituées, comme la Bretagne. Près de 1.700 hectares de végétation sont partis en fumée dans les Monts d'Arrée (Finistère) où 500 personnes ont été évacuées, quelques heures après les records de chaleur historiques enregistrés dans tous les départements bretons.

Dans la Somme, en vigilance orange canicule où les températures ont atteint 41 degrés, 150 habitants ont été évacués lorsqu’un feu de chaume a atteint 12 maisons qui ont été sauvées in-extremis.

Le vignoble de Bourgogne, mondialement réputé, a aussi connu des frayeurs. Une dizaine d'hectares de pins ont brûlé au-dessus des vignes de Vosne-Romanée et Nuits-Saint-Georges.

Le pays entier est en alerte. Massifs forestiers fermés dans les Bouches-du-Rhône, tout comme de façon exceptionnelle les routes forestières en Ile-de-France, en Normandie et dans les Hauts-de-France où plus de 250 hectares ont brûlé depuis le 20 juin dans le seul département de l'Oise.

"Le changement climatique amplifie les paramètres favorables aux incendies: sécheresse, vent, fortes températures fragilisent les forêts qui souffrent", a souligné sur France Inter Françoise Alriq, directrice adjointe de la fédération des communes forestières de France.

Amplitude

Les chiffres parlent d'eux-mêmes: selon Météo-France, nous sommes dans la 45e vague de chaleur en France métropolitaine depuis 1947 et leur rythme s’accélère.

Sur les 35 dernières années, elles ont été trois fois plus nombreuses que sur les 35 années précédentes.

Depuis 2010, seule l'année 2014 a été épargnée et la vague actuelle est déjà la deuxième cette année, après l'épisode très précoce et intense du mois de juin.

La moyenne des températures maximales lundi sur la France (dans 30 stations de référence sur tout le territoire) a été la deuxième plus élevée jamais enregistrée, avec 37,6°C le 5 août 2003, qui avait culminé à 37,7°C, au coeur d'une canicule historique et meurtrière.

Le thermomètre est monté jusqu'à 42,6°C dans les Landes, à Biscarrosse. Au total 64 records absolus de chaleur sont tombés, principalement le long de la façade atlantique, jusqu'en Seine-Maritime où 38,2°C ont été atteints au Cap de la Hève, au nord du Havre.

"C'était malheureusement quelque chose d'attendu," dit à l'AFP Matthieu Sorel, climatologue à Météo-France. Mais pour le spécialiste, plus encore que le nombre, "ce qui est significatif, c'est l'amplitude" entre anciens et nouveaux records. "Plus quatre degrés à Brest, c'est colossal". A la pointe de la Bretagne le mercure s'est en effet envolé, de 35,1°C en août 2003 à 39,3°C lundi.


S&P dégrade la note de la France, avertissement au nouveau gouvernement

Cette photo d'illustration prise à Toulouse le 29 mars 2025 montre un écran affichant le logo de l'agence de notation Standard and Poor's. (AFP)
Cette photo d'illustration prise à Toulouse le 29 mars 2025 montre un écran affichant le logo de l'agence de notation Standard and Poor's. (AFP)
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  • L’agence S&P a abaissé la note de la France à A+, invoquant une incertitude persistante sur les finances publiques malgré la présentation du budget 2026 et un déficit prévu à 5,4 % du PIB en 2025

PARIS: L'une des plus grandes agences de notation a adressé un avertissement au nouveau gouvernement Lecornu en dégradant la note de la France vendredi, invoquant une incertitude "élevée" sur les finances publiques en dépit de la présentation d'un budget pour 2026.

Moins d'une semaine après la formation de la nouvelle équipe gouvernementale et trois jours après la publication d'un projet de loi de finances (PLF) pour l'année prochaine, S&P Global Ratings a annoncé abaisser d'un cran sa note de la France à A+.

"Malgré la présentation cette semaine du projet de budget 2026, l'incertitude sur les finances publiques françaises demeure élevée", a affirmé l'agence, qui figure parmi les trois plus influentes avec Moody's et Fitch.

Réagissant à cette deuxième dégradation par S&P (anciennement Standard & Poors) en un an et demi, le ministre de l'Economie Roland Lescure a dit "(prendre) acte" de cette décision.

"Le gouvernement confirme sa détermination à tenir l'objectif de déficit de 5,4% du PIB pour 2025", a ajouté son ministère dans une déclaration transmise à l'AFP.

Selon S&P, si cet "objectif de déficit public de 5,4% du PIB en 2025 sera atteint", "en l'absence de mesures supplémentaires significatives de réduction du déficit budgétaire, l'assainissement budgétaire sur (son) horizon de prévision sera plus lent que prévu".

L'agence prévoit que "la dette publique brute atteindra 121% du PIB en 2028, contre 112% du PIB à la fin de l'année dernière", a-t-elle poursuivi dans un communiqué.

"En conséquence, nous avons abaissé nos notes souveraines non sollicitées de la France de AA-/A-1+ à A+/A-1", écrit-elle. Les perspectives sont stables.

"Pour 2026, le gouvernement a déposé mardi 14 octobre un projet de budget qui vise à accélérer la réduction du déficit public à 4,7% du PIB tout en préservant la croissance", a répondu le ministère de l'Economie.

"Il s'agit d'une étape clef qui nous permettra de respecter l'engagement de la France à ramener le déficit public sous 3% du PIB en 2029", a ajouté Bercy.

"Il est désormais de la responsabilité collective du gouvernement et du Parlement de parvenir à l'adoption d'un budget qui s'inscrit dans ce cadre, avant la fin de l'année 2025", selon la même source.

- "Plus grave instabilité" depuis 1958 -

Mais le gouvernement qui, à peine entré en fonctions, a échappé de peu cette semaine à la censure après une concession aux socialistes sur la réforme des retraites, va devoir composer avec une Assemblée nationale sans majorité lors de débats budgétaires qui s'annoncent houleux, alors même que le Premier ministre Sébastien Lecornu s'est engagé à ne pas recourir à l'article 49.3 pour imposer son texte.

Cette nouvelle dégradation de la note de la France par S&P intervient avant une décision de Moody's attendue le 24 octobre. Elle a lieu un mois après que Fitch a elle aussi abaissé la note française à A+.

Les agences comme Fitch, Moody's et S&P Global Ratings classent la qualité de crédit des Etats - soit leur capacité à rembourser leur dette -, de AAA (la meilleure note) à D (défaut de paiement).

Les dégradations de note par les agences sont redoutées par les pays car elles peuvent se traduire par un alourdissement de leurs intérêts.

Ceux payés par la France sont estimés à environ 55 milliards d'euros en 2025, alors que depuis la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024, la dette française se négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande.

"La France traverse sa plus grave instabilité politique depuis la fondation de la Cinquième République en 1958", a estimé S&P: "depuis mai 2022, le président Emmanuel Macron a dû composer avec deux Parlements sans majorité claire et une fragmentation politique de plus en plus forte".

Pour l'agence, "l'approche de l'élection présidentielle de 2027 jette un doute (...) sur la capacité réelle de la France à parvenir à son objectif de déficit budgétaire à 3% du PIB en 2029".

En tombant en A+ chez S&P, la France se retrouve au niveau de l'Espagne, du Japon, du Portugal et de la Chine.


France : l'ancien Premier ministre Philippe demande encore le départ anticipé de Macron

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  • Allié de M. Macron dont il fut le premier chef de gouvernement de mai 2017 à juillet 2020, Edouard Philippe avait lancé un pavé dans la mare la semaine dernière, après la démission éclair du premier gouvernement de Sébastien Lecornu
  • "Je n'ai pas pris cette position parce que je pensais que je serais populaire ou parce que j'espérais convaincre le président (Macron). Le président, il a envie d'aller au terme de son mandat, et je peux le comprendre"

PARIS: L'ancien Premier ministre français Edouard Philippe a à nouveau réclamé jeudi le départ anticipé du président Emmanuel Macron, pour lui "la seule décision digne qui permet d'éviter 18 mois" de "crise" politique avant la prochaine élection présidentielle prévue pour le printemps 2027.

Allié de M. Macron dont il fut le premier chef de gouvernement de mai 2017 à juillet 2020, Edouard Philippe avait lancé un pavé dans la mare la semaine dernière, après la démission éclair du premier gouvernement de Sébastien Lecornu - reconduit depuis -, en suggérant un départ anticipé et "ordonné" du chef de l'Etat, qui peine à trouver une majorité.

"Je n'ai pas pris cette position parce que je pensais que je serais populaire ou parce que j'espérais convaincre le président (Macron). Le président, il a envie d'aller au terme de son mandat, et je peux le comprendre. Je l'ai dit parce que c'est la seule décision digne qui permet d'éviter 18 mois d'indétermination et de crise, qui se terminera mal, je le crains", a déclaré l'ancien Premier ministre sur la chaîne de télévision France 2.

"Ca n'est pas simplement une crise politique à l'Assemblée nationale à laquelle nous assistons. C'est une crise très profonde sur l'autorité de l'Etat, sur la légitimité des institutions", a insisté M. Philippe.

"J'entends le président de la République dire qu'il est le garant de la stabilité. Mais, objectivement, qui a créé cette situation de très grande instabilité et pourquoi ? Il se trouve que c'est lui", a-t-il ajouté, déplorant "une Assemblée ingouvernable" depuis la dissolution de 2024, "des politiques publiques qui n'avancent plus, des réformes nécessaires qui ne sont pas faites".

"Je ne suis pas du tout pour qu'il démissionne demain matin, ce serait désastreux". Mais Emmanuel Macron "devrait peut-être, en prenant exemple sur des prédécesseurs et notamment le général De Gaulle, essayer d'organiser un départ qui nous évite pendant 18 mois de continuer à vivre dans cette situation de blocage, d'instabilité, d'indétermination", a-t-il poursuivi.

Edouard Philippe, qui s'est déclaré candidat à la prochaine présidentielle, assure ne pas avoir de "querelle" avec Emmanuel Macron. "Il est venu me chercher (en 2017), je ne me suis pas roulé par terre pour qu'il me nomme" à la tête du gouvernement et après avoir été "congédié" en 2020, "je ne me suis pas roulé par terre pour rester".


Motion de censure: Le Pen attend la dissolution avec une «impatience croissante»

 Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
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  • Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu
  • Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver"

PARIS: Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante".

Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu. Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver".

"Poursuite du matraquage fiscal" avec 19 milliards d'impôts supplémentaires, "gel du barème" de l'impôt sur le revenu qui va rendre imposables "200.000 foyers" supplémentaires, "poursuite de la gabegie des dépenses publiques", "absence totale d'efforts sur l'immigration" ou sur "l'aide médicale d'Etat", ce budget "est un véritable musée de toutes les horreurs coincées depuis des années dans les tiroirs de Bercy", a-t-elle estimé.

Raillant le premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui a accepté d'épargner le gouvernement en échange de la suspension de la réforme des retraites sans savoir par "quel véhicule juridique" et sans assurance que cela aboutisse, elle s'en est pris aussi à Laurent Wauquiez, le chef des députés LR, qui préfère "se dissoudre dans le socialisme" plutôt que de censurer.

"Désormais, ils sont tous d'accord pour concourir à éviter la tenue d'élections", "unis par la terreur de l'élection", a-t-elle dit.