Grèce: pas de répit dans la bataille contre le feu près d'Athènes

«En raison de l'intensité et de la vitesse des vents, le feu a constamment changé de direction tout au long de la nuit, rendant difficile notre lutte pour l'éteindre». (AFP).
«En raison de l'intensité et de la vitesse des vents, le feu a constamment changé de direction tout au long de la nuit, rendant difficile notre lutte pour l'éteindre». (AFP).
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Publié le Mercredi 20 juillet 2022

Grèce: pas de répit dans la bataille contre le feu près d'Athènes

  • Quelque 485 pompiers, 120 véhicules, 3 avions et 4 hélicoptères ont été mobilisés dès le lever du soleil pour tenter d'éteindre l'incendie qui durant toute la nuit s'est étendu vers des banlieues très peuplées du nord de la capitale grecque
  • «En raison de l'intensité et de la vitesse des vents, le feu a constamment changé de direction tout au long de la nuit, rendant difficile notre lutte pour l'éteindre»

PALLINI: Hélicoptères et avions luttaient mercredi pour éteindre le feu aux portes d'Athènes, au pied du Mont Penteli, où des centaines de personnes ont été évacuées depuis mardi soir par les pompiers. 

Quelque 500 pompiers, 120 véhicules, neuf avions et dix hélicoptères étaient toujours mobilisés pour tenter d'éteindre l'incendie qui touche les banlieues du nord d'Athènes, Penteli, Pallini, Anthousa et Gerakas, où vivent des dizaines de milliers de personnes. 

La Grèce était jusqu'à présent épargnée par la vague de chaleur qui a provoqué des feux de forêt immenses en France, au Portugal et en Espagne, mais est balayée par des vents violents depuis quelques jours. 

30 personnes, dont trois pompiers, ont été soignées en raison de brûlures et de problèmes respiratoires, ont précisé les pompiers grecs. 

Plusieurs bâtiments ont subi des dégâts importants, selon un photographe de l'AFP sur place. 

« Le ciel était rouge... Nous sommes partis sans rien emporter avec nous », a déclaré à la télévision publique ERT un habitant de Pallini qui a perdu sa voiture dans les flammes. 

« La protection civile a tardé à nous alerter. Le feu était derrière nous, et nous sommes partis juste à temps. Si nous étions restés 30 secondes de plus, nous aurions pu brûler », a-t-il ajouté, expliquant que la maison voisine a été complètement détruite. 

Eleni Gerasimidou, une célèbre comédienne grecque, fait partie de ceux dont les maisons à Pallini ont été endommagées. 

« La maison n'est plus habitable... », a-t-elle raconté sur la chaîne de télévision Alpha, en montrant l'étage supérieur calciné. 

Le père de la championne olympique de saut à la perche Katerina Stefanidi, a aussi déclaré que lui et quelques voisins avaient combattu les flammes « avec des pelles et de la terre », sans aucune aide des pompiers. 

« Plus vite qu'une voiture »  

« Le feu allait plus vite qu'une voiture », a-t-il témoigné. 

Les autorités ont recommandé aux habitants de rester à l'intérieur et de garder leurs fenêtres fermées. 

Avec des vents soufflant à plus de 100 kilomètres heure, la fumée de l'incendie s'est propagée jusqu'en Crète, à des centaines de kilomètres au sud, selon des images satellite. 

Les médias grecs ont rapporté qu'un homme de 80 ans à Anthousa s'est suicidé de désespoir à cause de l'incendie qui s'est déclaré mardi. 

« Il y a deux fronts actifs », a indiqué le responsable de la protection civile Vassilis Kokkalis sur la radio d'Athènes 98.4. 

« Les vents sont si forts que les avions ne peuvent pas lancer de l'eau de manière ciblée », a-t-il ajouté. 

L'incendie menace également des entreprises, nombreuses près de la grande autoroute d'Athènes, a-t-il souligné. « C'est un feu qui va nous préoccuper encore plusieurs jours », a assuré M. Kokkalis. 

Des centaines de personnes, un hôpital pédiatrique et l'Observatoire national d'Athènes ont été évacués par précaution. 

« Insensé »  

La police grecque a éloigné des zones dangereuses près de 600 personnes durant la nuit. 

« C'était insensé, nous ne savions pas où fuir », a déclaré sur ERT un retraité d'Anthousa. »Des braises tombaient du ciel, je n'ai jamais rien vu de tel », a-t-il affirmé. 

Durant les dernières 24 heures, les sapeurs-pompiers grecs ont fait face à 117 feux dans le pays. 87 pompiers luttaient notamment mercredi contre un important incendie dans le Péloponnèse (sud). 

L'été dernier, la Grèce et surtout l'île d'Eubée, près d'Athènes, avait été frappées par des températures caniculaires et de violents feux de forêt, qui avaient ravagé 103 000 hectares et fait trois morts. 

En vue de la saison estivale, le gouvernement grec avait demandé à ses partenaires européens, dans le cadre du Mécanisme européen de protection civile (MEPC), de dépêcher préventivement des pompiers en provenance de plusieurs Etats membres. 

Une équipe de pompiers roumains assistait mercredi les pompiers grecs dans la banlieue nord d'Athènes. 

En 2018, le pire incendie qu'ait connu le pays a fait 102 morts dans la banlieue côtière de Mati, à seulement quelques kilomètres du feu qui faisait rage mercredi. 


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.