Sri Lanka: le président Wickremesinghe investi et en quête d'un gouvernement d'unité

Un vendeur tient un journal avec des nouvelles en première page du président élu du Sri Lanka Ranil Wikeramasinghe dans un kiosque à journaux à Colombo le 21 juillet 2022 (Photo, AFP).
Un vendeur tient un journal avec des nouvelles en première page du président élu du Sri Lanka Ranil Wikeramasinghe dans un kiosque à journaux à Colombo le 21 juillet 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 21 juillet 2022

Sri Lanka: le président Wickremesinghe investi et en quête d'un gouvernement d'unité

  • Le chef de la police sri-lankaise et le haut commandement de l'armée se tenaient derrière le nouveau président lors de sa prestation de serment
  • Le nouveau président du Sri Lanka Ranil Wickremesinghe, élu pour la période restante du mandat de M. Rajapaksa, qui se termine en novembre 2024, est à présent en quête d'un Premier ministre pour former un gouvernement

COLOMBO: Le nouveau président du Sri Lanka Ranil Wickremesinghe a pris ses fonctions jeudi en affichant la volonté de former un gouvernement d'unité pour sortir le pays de la crise économique historique qui le mine depuis des mois.

M. Wickremesinghe, 73 ans, a prêté serment devant le juge en chef Jayantha Jayasuriya au siège du parlement et sous étroite surveillance.

Le chef de la police sri-lankaise et le haut commandement de l'armée se tenaient derrière lui lors de cette cérémonie tenue en présence du président du Parlement, Mahinda Abeywardana.

En vertu de la Constitution, le président est également le ministre de la Défense et le commandant en chef des forces armées.

M. Wickremesinghe avait été élu chef de l'Etat la veille par le parlement avec le soutien du clan de son prédécesseur Gotabaya Rajapaksa, qui a démissionné la semaine dernière après avoir fui le pays secoué par quatre mois de manifestations contre son pouvoir.

Mais pour nombre de Sri Lankais, c'est bonnet blanc et blanc bonnet. "Nous n'avons pas besoin de Ranil, il est pareil à Gota", a estimé jeudi Irfan Hussain, un éleveur de volaille de la capitale Colombo. "Je ne pense pas qu'il va améliorer notre pays", a-t-il ajouté. "Il ne pense qu'à lui, pas au peuple".

Les manifestations vont "évidemment" se poursuivre, assurait mercredi Nuzly Hameem, ingénieur et militant, mais "nous sommes épuisés, ça dure depuis quatre mois".

«Misères et catastrophes» 

M. Wickremesinghe, élu pour la période restante du mandat de M. Rajapaksa, qui se termine en novembre 2024, est à présent en quête d'un Premier ministre pour former un gouvernement.

Il pourrait nommer à ce poste son ami d'enfance Dinesh Gunawardena, un ex-ministre de la Fonction publique et fervent partisan du clan Rajapaksa. C'est un dirigeant syndical qui représente un petit parti nationaliste allié au SLPP, le parti des Rajapaksa.

M. Gunawardena et M. Wickremesinghe se connaissent depuis l'âge de trois ans et ont étudié ensemble au prestigieux Royal College de Colombo.

Mais selon des sources politiques, au moins deux autres personnalités sont également sur les rangs pour le poste.

M. Wickremesinghe tient à réunir une coalition de toutes les formations, a déclaré une source dans son entourage, ajoutant que "quelques députés de la principale opposition rejoindront le cabinet".

Le chef de l'opposition Sajith Premadasa, qui a soutenu un candidat rival dans l'élection du président par le parlement mercredi, a déclaré jeudi sur Twitter avoir rencontré M. Wickremesinghe et discuté de la manière de mettre le pays à l'abri de nouvelles "misères et catastrophes".

"En tant qu'opposition, nous apporterons notre soutien constructif aux efforts visant à atténuer la souffrance humaine", a tweeté M. Premadasa.

Selon des sources officielles, le nouveau chef de l'Etat devrait former un gouvernement fort de 30 ministres au maximum qui aura pour mission de sortir le pays de la pire crise économique de son histoire.

Relations «bénéfiques» 

M. Wickremesinghe hérite d'un pays de 22 millions d'habitants ravagé qui subit depuis des mois des coupures d'électricité, des pénuries d'aliments, de médicaments et de carburant.

L'île, qui a fait défaut en avril sur sa dette étrangère de 51 milliards de dollars, n'a plus de devises pour financer ses importations essentielles, et compte désormais sur un plan de sauvetage du Fonds monétaire international (FMI).

Une large part des emprunts est due aux détenteurs d'obligations souveraines internationales, mais la Chine reste le plus important créancier étranger bilatéral du Sri Lanka, comptant pour plus de 10% de sa dette.

Le Sri Lanka a fait des "paris stupides" en s'endettant auprès de la Chine, a déclaré mercredi le chef de la CIA, pour expliquer, en partie, la crise actuelle sur l'île, affirmant qu'elle devait servir d'avertissement aux autres pays tentés par un tel rapprochement avec Pékin.

"Les Chinois ont beaucoup d'influence et ils peuvent rendre leurs investissements très attractifs", a estimé le patron de l'agence américaine de renseignement, Bill Burns, lors du Forum sur la sécurité d'Aspen, dans le Colorado.

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de Pékin, Weng Wenbin, a répondu que les commentaires des responsables américains n'affecteraient pas les relations "amicales et bénéfiques" entre la Chine et le Sri Lanka.

Mercredi soir, après son élection, M. Wickremesinghe est allé se recueillir dans un temple bouddhiste. Devant la presse, il y a mis en garde "les fauteurs de troubles" recourant à des moyens antidémocratiques et promis de faire preuve de sévérité s'ils tentaient de perturber son gouvernement.

"Si on essaye de renverser le gouvernement, d'occuper le bureau du président et celui du Premier ministre, il ne s'agit pas de démocratie, et nous traiterons ceux-là avec fermeté", a-t-il déclaré.

Ranil Wickremesinghe est honni par le mouvement contestataire qui le considère comme un allié et protecteur de Gotabaya Rajapaksa.

"Je ne suis pas un ami des Rajapaksa, je suis un ami du peuple", a-t-il aussi insisté.

 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.