La désinformation à l'oeuvre contre les réfugiés ukrainiens dans l'est de l'Europe

Des pays comme la République tchèque, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie ont ouvert leurs frontières et offert le couvert et une aide financière à ceux qui fuyaient la guerre (Photo, AFP).
Des pays comme la République tchèque, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie ont ouvert leurs frontières et offert le couvert et une aide financière à ceux qui fuyaient la guerre (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 22 juillet 2022

La désinformation à l'oeuvre contre les réfugiés ukrainiens dans l'est de l'Europe

  • Les sondages du STEM révèlent que la solidarité des Tchèques vis-à-vis des Ukrainiens tend à décliner, bien qu'elle reste substantielle
  • Ces dernières semaines, STEM a dénombré jusqu'à 100 000 soutiens exprimés en moins parmi les 10,7 millions de citoyens tchèques

PRAGUE: Lorsque, sur l'aire de jeu, Dominika Sokur s'adresse à ses enfants, elle entend des commentaires fielleux, qui sont le fruit, suppose-t-elle, de campagnes de désinformation.

"A chaque fois que nous arrivons au square, j'entends des gens dire: 'Ah, voilà les Ukrainiens, allons-nous en'", raconte cette Tchèque de 41 ans mariée à un Ukrainien, habitant Holubice, au nord de Prague.

"Des voix s'élèvent contre nos supposés billets de bus et de visite au zoo gratuits", raconte Mme Sokur.

Son récit témoigne de réactions d'hostilité à l'égard des réfugiés dans certains pays de l'est de l'Europe, qui leur ont par ailleurs ouvert grand leurs frontières et continuent de les aider.

Les experts associent cette tendance à une vague de fake news diffusées sur les réseaux sociaux.

"Même mon père, qui soutient l'Ukraine et n'a aucune sympathie prorusse, me questionne sur les 'Ukrainiens nazis'. La désinformation est partout", explique cette mère de famille.

Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février, 6 millions d'Ukrainiens se sont réfugiés à travers l'Europe, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

Des pays comme la République tchèque, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie ont ouvert leurs frontières et offert le couvert et une aide financière à ceux qui fuyaient la guerre.

Mais l'inflation rampante, qui frappe particulièrement l'Europe de l'est, nourrit désormais un climat parfois défiant à l'égard des réfugiés.

Désinformation en ligne 

De Varsovie à Bucarest, les réseaux sociaux sont inondés de posts scandalisés donnant à voir, sans contexte, des voitures de luxe immatriculées en Ukraine, et des individus prospères attendant leurs allocations devant des bâtiments administratifs.

Des commentaires indignés accusent les pouvoirs publics de soutenir les Ukrainiens au détriment des populations locales.

D'un pays à l'autre, les discours varient mais sont soutenus par le même message: les Ukrainiens volent "nos ressources".

"Les réfugiés sont toujours dépeints sous les traits du migrant oisif ou du touriste sanitaire, en quête d'allocations publiques et de voitures de luxe", relevait en juin un rapport du Czech Elves, réseau de bénévoles consacré à la surveillance de la désinformation en ligne.

En Pologne, un article publié sur un blog assurait que les Ukrainiens obtenaient des bons d'achat auxquels les Polonais démunis ne pouvaient pas prétendre.

Un post Facebook roumain affirmait sans ciller que "90% des réfugiés appartiennent aux classes supérieures, celles qui ont été en mesure de payer 1000 à 1500 euros de pot-de-vin pour traverser la frontière".

Du côté de la République tchèque, pays accueillant le plus de réfugiés proportionnellement à sa population, un post devenu viral alléguait qu’une famille ukrainienne pouvait cumuler jusqu'à 90 000 couronnes (3700 euros) d'aides publiques, somme largement supérieure au revenu moyen d'une famille tchèque.

Pourtant, à l'inverse de ce qu'avancent ces discours relayés en ligne, la plupart des réfugiés Ukrainiens se mettent en quête d'un travail dès leur arrivée en République tchèque, et acceptent des métiers dans la construction, la santé ou le ménage, selon les données du Ministère tchèque du travail.

Extrême droite et Poutine 

Difficile d'identifier les foyers de diffusion de la propagande anti-ukrainienne, mais elle est souvent relayée par des comptes affiliés à l'extrême droite.

L'entretien du sentiment anti-ukrainien est par ailleurs une marque de fabrique de la propagande russe, selon Gesine Schwan, chercheuse spécialiste de la thématique des réfugiés, membre du Parti social-démocrate allemand.

"La Russie excelle dans l'art de déformer un événement pour engendrer de l'animosité", explique-t-elle à l'AFP.

"Vladimir Poutine sait que sa guerre suscite l'indignation. Il essaye donc de la justifier en faisant passer les Ukrainiens pour malfaisants", précise Mme Schwan.

Les effets de cette propagande restent limités, mais cela pourrait changer si la conjoncture économique empire, explique Nikola Horejs de l'Institut de recherche empirique STEM.

Les sondages du STEM révèlent que la solidarité des Tchèques vis-à-vis des Ukrainiens tend à décliner, bien qu'elle reste substantielle.

Ces dernières semaines, STEM a dénombré jusqu'à 100 000 soutiens exprimés en moins parmi les 10,7 millions de citoyens tchèques.

"Les populations craignent que l'afflux de réfugiés ne ruine les économies locales", dit M. Horejs.

"La sphère désinformationnelle a trouvé un nouveau thème de prédilection, remplaçant les éloges de Poutine ou la négation de la guerre. Ces voix prétendent désormais que les gouvernements privilégient les Ukrainiens, au détriment de leurs propres populations", ajoute le chercheur.


Accident de bus à Venise: Au moins 21 morts parmi des touristes étrangers

Le site d'un accident de bus à Mestre, Venise, Italie, le 03 octobre 2023 (Photo, AFP).
Le site d'un accident de bus à Mestre, Venise, Italie, le 03 octobre 2023 (Photo, AFP).
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  • «Le bilan, provisoire, fait état d'au moins 21 victimes et de plus de 20 personnes hospitalisées, dont beaucoup sont dans un état très grave», a annoncé Luca Zaia, le gouverneur de la région Vénétie
  • Parmi les victimes se trouvent des «touristes ukrainiens», a indiqué un porte-parole de la mairie, mais aussi des Allemands et des Français

VENISE: Au moins 21 personnes sont mortes et une vingtaine d'autres ont été blessées mardi soir à Venise lorsqu'un bus transportant des touristes, dont des Ukrainiens, des Français et des Allemands, est tombé d'un pont et a pris feu, selon les autorités de cette ville mondialement connue du nord-est de l'Italie.

"Le bilan, provisoire, fait état d'au moins 21 victimes et de plus de 20 personnes hospitalisées, dont beaucoup sont dans un état très grave", a annoncé Luca Zaia, le gouverneur de la région Vénétie, dont Venise est la capitale, déplorant "une tragédie aux proportions énormes".

Parmi les victimes se trouvent des "touristes ukrainiens", a indiqué à l'AFP un porte-parole de la mairie, mais aussi des Allemands et des Français, selon l'agence Ansa. Trois Ukrainiens, un Croate, un Allemand et un Français comptent parmi les blessés, a précisé le porte-parole à l'AFP.

"L'accident a également impliqué quelques mineurs", selon le gouverneur de Vénétie sur Facebook.

L'identification des personnes décédées était toujours en cours dans la nuit de mardi à mercredi et les pompiers s'affairaient auprès de la carcasse du bus carbonisé, renversé sur le toit, a constaté un photographe de l'AFP sur la scène de l'accident, entre Mestre et Marghera, deux localités sur la terre ferme faisant partie de la commune de Venise et donnant sur sa célèbre lagune.

Le bilan pourrait s'aggraver car les sauveteurs attendaient mardi soir le refroidissement des batteries du véhicule hybride - électrique / méthane - pour pouvoir le déplacer et s'assurer qu'aucune autre victime ne se trouvait dans les décombres.

L'accident s'est produit peu après 19H30 locales. Le bus effectuait une navette entre le centre historique de Venise et un camping situé sur la terre ferme pour le compte de la société publique des transports de Venise (ACTV), ce qui explique que "les victimes et blessés sont de plusieurs nationalités, pas seulement italiennes", selon M. Zaia.

La mairie de Venise avait fait état dans un premier bilan de 20 morts dont deux enfants et d'une dizaine de personnes hospitalisées. Le maire Luigi Brugnaro a peu après l'accident décrit "une scène apocalyptique".

Selon Ansa, le patriarche catholique de Venise, Francesso Moraglia, s'est rendu sur place pour bénir les dépouilles des victimes décédées, alignées sous des draps blancs sur quoi avaient été posés des bouquets de fleurs rouges.

Malaise du chauffeur?

La direction des Affaires sanitaires de Venise a immédiatement déclenché le plan d'urgence d'afflux maximum de blessés, rappelant les médecins en service et le personnel des urgences dans les hôpitaux de la région, notamment à Mestre, Padoue et Trévise.

La Première ministre italienne Giorgia Meloni a aussitôt exprimé "ses profondes condoléances". "Je suis en contact avec le maire Luigi Brugnaro et le ministre (des Transports) Matteo Salvini pour suivre les nouvelles de cette tragédie", a-t-elle indiqué dans un communiqué.

A l'étranger, le président français Emmanuel Macron a réagi sur X. "Nos pensées accompagnent ce soir le peuple italien, les familles et les proches des victimes du terrible drame de Venise", a-t-il écrit.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a fait part, en italien, de ses "sincères condoléances aux familles des victimes et aux blessés", tandis que le président du Conseil européen Charles Michel s'est dit, lui aussi en italien, "profondément affligé par le terrible accident".

Selon les pompiers de Venise, le bus "a pris feu" après être tombé d'un pont enjambant une voie ferrée entre Mestre et Marghera. Selon le quotidien Il Corriere della Sera, le bus de ligne est sortie de sa voie de circulation sur le pont, a défoncé le rail de sécurité et est tombé d'une hauteur d'une dizaine de mètres près des voies ferrées situées en contrebas.

Selon le ministre de l'Intérieur Matteo Piantedosi, "le facteur aggravant a été l'alimentation au méthane (du véhicule), donc le feu s'est propagé rapidement". "Le bilan est tragique et dramatique mais je crains qu'il ne monte", a-t-il déclaré au journal télévisé de la chaîne publique Rai1.

Interrogé sur les causes de l'accident, le vice-Premier ministre Matteo Salvini, également ministre des Transports, a évoqué sur la chaîne Rete4 "l'hypothèse d'un malaise du chauffeur".

Le plus grave accident de ce genre en Italie à ce jour s'était produit le 28 juillet 2013. Un autocar transportant une cinquantaine de passagers, tous originaires de la province de Naples et de retour d'une excursion de trois jours, était tombé d'un viaduc d'une trentaine de mètres près d'Avellino, à une cinquantaine de km à l'est de Naples. Trente-huit personnes étaient mortes sur le coup, deux étaient mortes des suites de leurs blessures.


Donald Trump de retour au tribunal de New York à son procès civil pour fraudes

Le camp Trump rétorque qu'il n'y a aucune irrégularité car les banques ont été remboursées et ne se sont pas déclarées victimes (Reuters).
Le camp Trump rétorque qu'il n'y a aucune irrégularité car les banques ont été remboursées et ne se sont pas déclarées victimes (Reuters).
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  • Le favori dans les sondages du camp républicain pour la présidentielle américaine de 2024 joue gros dans cette affaire, qui menace de lui faire perdre le contrôle de son empire économique
  • Donald Trump, Eric Trump et un autre de ses fils, Donald Trump Jr, sont visés, avec d'autres dirigeants de la Trump Organization

NEW YORK: Donald Trump, jugé avec deux de ses fils pour avoir gonflé de manière frauduleuse la valeur des actifs immobiliers de la Trump Organization, s'est présenté mardi au tribunal de Manhattan au 2e jour de ce procès civil.

Avant d'entrer dans le prétoire, il s'en est de nouveau pris devant la presse à la procureure générale de l'Etat de New York, plaignante dans cette affaire: Letitia James, plus haute magistrate locale et équivalente de ministre new-yorkaise de la Justice, serait "très corrompue" et "extrêmement incompétente", a tonné M. Trump.

Il s'est ensuite assis dans la salle d'audience, en face du juge Arthur Engoron, et en présence d'un de ses fils, Eric Trump, et de Letitia James.

Le favori dans les sondages du camp républicain pour la présidentielle américaine de 2024 joue gros dans cette affaire, qui menace de lui faire perdre le contrôle de son empire économique, en plus de pénalités financières pouvant atteindre 250 millions de dollars.

Lundi, au premier jour des débats, l'ancien président américain a dénoncé à plusieurs reprises à l'extérieur de la salle d'audience un "simulacre" de justice, accusant le juge Engoron, d'être "un voyou", et Mme James, qui est une élue démocrate afro-américaine, d'être "raciste" et "corrompue".

Donald Trump, Eric Trump et un autre de ses fils, Donald Trump Jr, sont visés, avec d'autres dirigeants de la Trump Organization, par une plainte au civil de Letitia James, qui les accuse d'avoir gonflé leurs actifs de manière colossale pour obtenir des prêts plus favorables auprès des banques et de meilleures conditions d'assurance.

Le camp Trump rétorque qu'il n'y a aucune irrégularité car les banques ont été remboursées et ne se sont pas déclarées victimes, et que les évaluations des actifs immobiliers sont forcément subjectives.

Mais avant même le début du procès, le juge Engoron avait estimé la semaine dernière dans une décision accablante pour Donald Trump que des "fraudes répétées" étaient établies, et que le parquet général avait démontré des surévaluations d'actifs entre "812 millions et 2,2 milliards de dollars par an" de 2014 à 2021.

En conséquence, le magistrat a ordonné le retrait des licences commerciales dans l'Etat de New York à Donald Trump et à ses fils dirigeants de la Trump Organization, ainsi que la confiscation des sociétés visées par la plainte, pour qu'elles soient confiées à des liquidateurs.


Mali: un important convoi de l'armée progresse vers le nord

Un responsable de la sécurité a déclaré que le convoi était composé de 119 véhicules et qu'il était actuellement arrêté sur la route au nord de Gao. (Reuters/File)
Un responsable de la sécurité a déclaré que le convoi était composé de 119 véhicules et qu'il était actuellement arrêté sur la route au nord de Gao. (Reuters/File)
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  • Le convoi de plusieurs dizaines de véhicules se trouvait à Tarkint, à environ 200 km au sud de Kidal
  • Un haut responsable militaire a assuré que des éléments avaient avancé encore plus au nord

BAMAKO : Un important convoi de l'armée malienne a continué mardi à progresser vers le nord et la région de Kidal (nord), bastion de la rébellion séparatiste touareg qui a repris les armes contre l'Etat central, ont indiqué des sources militaires et un élu.

Un élu local et un soldat dans la colonne, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat compte tenu de la sensibilité de l'opération, ont indiqué que le convoi de plusieurs dizaines de véhicules se trouvait à Tarkint, à environ 200 km au sud de Kidal.

Un haut responsable militaire a assuré que des éléments avaient avancé encore plus au nord.

Le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), alliance djihadiste affiliée à Al-Qaïda, a revendiqué sur les réseaux sociaux une attaque à l'engin explosif contre le cortège dans lequel se trouvent aussi, selon lui, des mercenaires du groupe de sécurité russe Wagner.

Ce déplacement de troupes commencé lundi à partir de Gao a déclenché les spéculations sur le début de l'offensive réclamée de longue date par ceux qu'exaspère l'insoumission de Kidal, enjeu majeur de souveraineté.

Aucun responsable malien n'a officiellement désigné la ville de Kidal comme l'objectif direct du déploiement.

Le haut responsable militaire a indiqué que le convoi devait se rendre plus au nord à Aguelhok et Tessalit, au nord de Kidal, sans citer cette dernière.

L'arrivée des soldats maliens dans ces villes y anticiperait le départ prochain de la mission de l'ONU (Minusma).

Déroute en 2014

La Minusma, déployée depuis 2013 mais poussée vers la sortie par la junte au pouvoir depuis 2020, doit quitter ses camps au Mali d'ici au 31 décembre. L'évacuation de ces camps passe pour un des facteurs de l'escalade en cours depuis août dans le nord. L'armée fait face à une reprise des hostilités des groupes séparatistes à dominante touareg et à une recrudescence des attaques du GSIM.

Ce regain se juxtapose aux violences toujours en cours dans le centre et à l'expansion djihadiste (nord et est).

La Minusma a commencé à rétrocéder ses autres camps aux autorités maliennes. Les séparatistes estiment que les emprises onusiennes du nord devraient revenir sous leur contrôle en vertu des accords passés.

La Minusma prévoit en l'état actuel de transférer les camps de Kidal, Aguelhok et Tessalit au cours de la dernière semaine d'octobre, mais cela dépendra de l'arrivée de convois vides du Tchad, nécessaires au rapatriement du contingent de Casques bleus de ce pays avec leur équipement, a indiqué la porte-parole de la Minusma, Fatoumata Kaba.

Kidal est depuis 2013 sous le contrôle de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), alliance de groupes armés à dominante touareg. Les rebelles y ont infligé une déroute à l'armée quand celle-ci a tenté d'en reprendre la maîtrise en 2014.