Cohabitation ou éradication: à Paris, le sort des rats divise les élus

La Ville de Paris défend quant à elle «un plan d'action à grande échelle lancé en 2017 pour limiter le nombre de rats bruns» (Photo, AFP).
La Ville de Paris défend quant à elle «un plan d'action à grande échelle lancé en 2017 pour limiter le nombre de rats bruns» (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 23 juillet 2022

Cohabitation ou éradication: à Paris, le sort des rats divise les élus

  • Le dernier épisode a débuté par un voeu proposé par Paul Hatte, élu d'opposition (LR) du XVIIe arrondissement, lors du Conseil de Paris du 7 juillet
  • Rejeté par la majorité, ce voeu demandait un audit des mesures mises en place par les bailleurs sociaux pour lutter contre la prolifération des rats dans les parties communes des logements

PARIS: Ils sont plusieurs millions à Paris et ne laissent personne indifférent: les rats sèment régulièrement la discorde dans le débat politique parisien.

Le dernier épisode a débuté par un voeu proposé par Paul Hatte, élu d'opposition (LR) du XVIIe arrondissement, lors du Conseil de Paris du 7 juillet. Rejeté par la majorité, ce voeu demandait un audit des mesures mises en place par les bailleurs sociaux pour lutter contre la prolifération des rats dans les parties communes des logements.

"La dératisation est totalement oubliée par la mairie de Paris", souligne M. Hatte auprès de l'AFP. Depuis 2018, les élus du XVIIe, dans le nord-ouest de la capitale, sont particulièrement mobilisés sur la lutte contre les rongeurs, avec la création de brigades citoyennes et le lancement d'un site de signalement.

"L'exécutif ne met pas les moyens politiques et techniques nécessaires", ajoute M. Hatte, reprochant à la mairie centrale de ne pas laisser assez de liberté aux maires d'arrondissement dans la politique de dératisation.

La Ville de Paris défend quant à elle "un plan d'action à grande échelle lancé en 2017 pour limiter le nombre de rats bruns". Le plan se traduit en deux axes: une lutte directe pour en réduire la population (pièges, raticides...) et des actions pour limiter leur accès aux déchets (nouveaux conteneurs et poubelles, campagne de sensibilisation auprès du public).

La politique de dératisation de la Ville a également fait l'objet de critiques de la part de Douchka Markovic, élue du Parti animaliste dans le XVIIIe arrondissement. Lors du Conseil du 7 juillet, elle a regretté l'emploi de méthodes létales contre les rats.

Sa prise de parole, lorsqu'elle a tenu à désigner les rats par leur nom - réel - de "surmulot" et à "légitimer leur place dans les villes", a entraîné critiques et railleries sur les réseaux sociaux.

L'Académie nationale de médecine a dénoncé "l'ingénuité de ces propos", rappelant que le rat reste une menace pour l'homme en raison "de nombreuses zoonoses transmissibles par ses exoparasites, ses déjections, ses morsures ou ses griffures".

Ces risques sanitaires sont nuancés par la Ville de Paris qui rappelle que "le rat, très peureux, n’est pas un prédateur par nature". Elle estime que les transmissions sont réduites car "il faut en effet qu'il y ait un contact direct ou indirect entre l'homme et l’animal, et les contacts directs sont rarissimes".

Garder le rat sous terre 

"L'humain a toujours essayé d'éradiquer les rats mais c'est impossible. Il faut réfléchir à d'autres méthodes", expose à l'AFP Douchka Markovic qui pointe également le coût de la dératisation. En 2017, la Ville de Paris avait estimé le coût annuel à 1,5 million d'euros; un coût englobant l'ensemble des mesures (campagnes de dératisation, actions de propreté, changement de mobilier urbain, etc.)

"C'est un sujet très sensible politiquement", juge Grégory Moreau, adjoint (EELV) dans le XIe arrondissement, qui regrette "la frilosité de l'Hôtel de Ville" où la question est tiraillée entre plusieurs délégations (propreté de l'espace public, santé, condition animale...).

"On essaie de développer des méthodes non létales en parallèle des techniques traditionnelles", assure Christophe Najdovski, adjoint en charge de la végétalisation de l'espace public, des espaces verts, de la biodiversité et de la condition animale.

M. Najdovski insiste sur la nécessité d'agir en amont, "pour faire en sorte que les rats n'aient pas accès à la nourriture", et sur le "civisme" nécessaire pour réduire les déchets dans l'espace public.

Des expérimentations sont également prévues dans les XIe et XIIe arrondissements. Parmi les pistes d'essai, "les nettoyages seront effectués sur quelques sites en fin de journée plutôt que le matin", précise M. Moreau, à l'initiative de ce projet mené en partenariat avec des chercheurs du Muséum national d'Histoire naturelle.

Le but est de limiter les sorties nocturnes des rongeurs alors que leur présence permet de réduire la quantité de déchets dans les égouts.

Parmi les raisons de la remontée à la surface des rats se trouvent les (nombreux) travaux engagés dans la capitale. A deux ans des JO de Paris, le feuilleton politique devrait donc se poursuivre.


France: les tours de Notre-Dame de Paris de nouveau accessibles dès samedi

Le président français Emmanuel Macron (R) et le président de l'établissement public 'Rebatir Notre-Dame de Paris' Philippe Jost assistent à une visite du nouveau parcours de visite des tours de la cathédrale, le 19 septembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (R) et le président de l'établissement public 'Rebatir Notre-Dame de Paris' Philippe Jost assistent à une visite du nouveau parcours de visite des tours de la cathédrale, le 19 septembre 2025. (AFP)
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  • Les tours de Notre-Dame, entièrement restaurées après l’incendie de 2019, rouvrent dès samedi avec un nouveau parcours immersif culminant à 69 mètres
  • L’accès est limité à 400.000 visiteurs par an, sur réservation en ligne, pour une visite de 45 minutes mêlant patrimoine, technique et panorama exceptionnel

PARIS: A partir de samedi, il sera de nouveau possible de monter au sommet des tours de Notre-Dame de Paris, totalement restaurées après l'incendie ayant ravagé la cathédrale en 2019.

Le président français Emmanuel Macron est monté vendredi matin sur le toit du monument pour célébrer cette réouverture, à l'occasion des Journées du patrimoine ce week-end, et remercier une fois de plus les acteurs qui ont permis la restauration.

Pourquoi visiter les tours?

Il faut gravir 424 marches mais l'effort est récompensé: les toits de Notre-Dame offrent l'une des plus belles vues, à 360 degrés, sur Paris.

Suspendu après l'incendie du 15 avril 2019, le parcours de la visite des tours a été totalement réorganisé et repensé pour en faire "une expérience inspirante", selon Marie Lavandier, présidente du Centre des monuments nationaux (CMN).

Le circuit, de 45 minutes environ, débute par la tour sud avec une montée dans le beffroi, auparavant invisible, grâce à la construction d'un grand escalier à double révolution en chêne massif.

Le visiteur accède ensuite aux terrasses qui culminent à 69 mètres, puis découvre les deux principales cloches de la cathédrale, dont l'une est nommée "Emmanuel", d'un poids supérieur à 13 tonnes, qui ne sonnent que pour les grands évènements.

Le parcours passe ensuite par la Cour des citernes, qui sépare les deux tours et permet de jeter un œil à la "forêt", la charpente reconstruite après avoir été dévastée par les flammes. La descente se fait par la tour nord.

Comment les visiter?

C'est moins facile que la cathédrale puisqu'une jauge a été fixée à 400.000 visiteurs par an, alors qu'environ 30.000 personnes entrent chaque jour dans le bâtiment gothique.

Il faut acheter en ligne un billet sur le site http://www.tours-notre-dame-de-Paris.fr. et 19 personnes au maximum peuvent entrer en même temps. Une bonne condition physique est requise.

Les billets pour les deux jours des Journées du Patrimoine se sont arrachés en 24 minutes, selon le CMN.

Si la visite de la cathédrale est gratuite, celle des tours coûte 16 euros.

Quels travaux ont été menés?

La priorité a été la tour nord puisque les flammes avaient commencé à attaquer son beffroi. "Les pompiers ont été héroïques pour le sauver", rappelle Philippe Jost, président de l'établissement chargé de la restauration de la cathédrale.

Il a donc fallu remplacer les poutres calcinées et décrocher les huit cloches pour les inspecter dans une fonderie de la Manche (nord). Avec un exploit technique à la clé: le soulèvement par vérin des 150 tonnes du beffroi.

Épargnée par l'incendie, la tour sud a été restaurée car des poutres étaient vermoulues. La couverture en plomb du toit a été changée.

Des équipements importants ont été installés pour faciliter les visites et renforcer la sécurité, notamment contre les incendies.

Les travaux des tours ont été financés dans le cadre de la phase 2 du chantier, celle de la restauration, d'un montant de 552 millions d'euros selon la Cour des Comptes.

Que reste-t-il à faire dans Notre-Dame?

L'essentiel a été fait, avec l'ouverture de la cathédrale le 8 décembre 2024 puis celle des tours.

"Notre ambition est désormais d'aller au bout de la restauration complète", souligne Philippe Jost. Les prochains travaux visent à rénover le chevet, à l'extrémité est de l'édifice, au-delà du chœur.


Drapeaux palestiniens sur les mairies le 22 septembre: l'Intérieur demande aux préfets de s'y opposer

Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure avait appelé "à faire flotter" le drapeau palestinien sur les mairies le 22 septembre, jour de la reconnaissance par la France d'un Etat palestinien, qui sera officialisée à New York à l'assemblée générale des Nations unies par le président Emmanuel Macron. (AFP)
Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure avait appelé "à faire flotter" le drapeau palestinien sur les mairies le 22 septembre, jour de la reconnaissance par la France d'un Etat palestinien, qui sera officialisée à New York à l'assemblée générale des Nations unies par le président Emmanuel Macron. (AFP)
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  • Les maires des villes de Nantes et Saint-Denis, notamment, ont déjà annoncé vouloir afficher le drapeau palestinien sur leur fronton
  • La note de l'Intérieur insiste également sur "les risques d'importation sur le territoire national d'un conflit international en cours" ainsi que "sur les troubles graves à l'ordre public identifiés localement"

PARIS: Le ministère de l'Intérieur a demandé aux préfets de s'opposer à la pose de drapeaux palestiniens sur des mairies et autres édifices publics lundi, jour de reconnaissance par la France d'un Etat de Palestine, dans un télégramme consulté vendredi par l'AFP.

"Le principe de neutralité du service public interdit de tels pavoisements", indique la place Beauvau, demandant aux préfets de saisir la justice administrative contre les décisions des maires qui ne renonceraient pas à pavoiser leur hôtel de ville aux couleurs palestiniennes.

Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure avait appelé "à faire flotter" le drapeau palestinien sur les mairies le 22 septembre, jour de la reconnaissance par la France d'un Etat palestinien, qui sera officialisée à New York à l'assemblée générale des Nations unies par le président Emmanuel Macron.

Cette date correspond aussi cette année à Roch Hachana, le Nouvel an juif.

Les maires des villes de Nantes et Saint-Denis, notamment, ont déjà annoncé vouloir afficher le drapeau palestinien sur leur fronton. Or, selon le télégramme signé par le secrétaire général du ministère de l'Intérieur Hugues Moutouh, "un tel pavoisement constitue une prise de parti dans un conflit international" et "une ingérence contraire à la loi".

La note de l'Intérieur insiste également sur "les risques d'importation sur le territoire national d'un conflit international en cours" ainsi que "sur les troubles graves à l'ordre public identifiés localement".

"Il vous convient donc", détaille le télégramme, "de demander aux maires qui procèderaient à un tel pavoisement de leurs bâtiments publics de le faire cesser et, en cas de refus ou de non-exécution, de déférer à la juridiction administrative" la décision des édiles qui maintiendraient des drapeaux étrangers sur des édifices publics.

"Un ministre démissionnaire devrait gérer les affaires courantes, pas chercher à s'opposer symboliquement à la décision prise par le président de la République de reconnaître un État palestinien", a répondu Olivier Faure sur le réseau social X vendredi.

Le patron du PS a également relevé que "les préfets n'ont pas de pouvoir propre d'interdiction à la différence des manifestations", et que "la justice tranchera au besoin".


Reconnaissance de la Palestine par la France: normalisation du drapeau palestinien dans l’espace publique français?

Quelques jours avant la date historique, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a appelé les maires de France à hisser le drapeau palestinien sur le fronton de leurs mairies le 22 septembre. Pour le leader de gauche, l’initiative vise à donner un écho visible à la reconnaissance française de la Palestine, mais elle a aussitôt déclenché une tempête. (AFP)
Quelques jours avant la date historique, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a appelé les maires de France à hisser le drapeau palestinien sur le fronton de leurs mairies le 22 septembre. Pour le leader de gauche, l’initiative vise à donner un écho visible à la reconnaissance française de la Palestine, mais elle a aussitôt déclenché une tempête. (AFP)
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  • Quelques jours avant la date historique, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a appelé les maires de France à hisser le drapeau palestinien sur le fronton de leurs mairies le 22 septembre
  • Pour le leader de gauche, l’initiative vise à donner un écho visible à la reconnaissance française de la Palestine, mais elle a aussitôt déclenché une tempête

PARIS: Le 22 septembre 2025 restera comme une date symbolique de la diplomatie française : celle de la reconnaissance officielle de l’État palestinien.
Il est pourtant évident que cette reconnaissance, qui aura lieu dans le cadre d’une conférence internationale initiée par la France et l’Arabie saoudite, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, ne fait pas l’unanimité en France.

Ce geste, applaudi par une partie de la classe politique, toutes tendances confondues, a donné lieu à une bataille politico-juridique inattendue autour de la possibilité, ou non, de faire flotter le drapeau palestinien sur les mairies et dans l’espace public.

Quelques jours avant la date historique, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a appelé les maires de France à hisser le drapeau palestinien sur le fronton de leurs mairies le 22 septembre.
Pour le leader de gauche, l’initiative vise à donner un écho visible à la reconnaissance française de la Palestine, mais elle a aussitôt déclenché une tempête.

L’indignation a été immédiate, dans certains milieux de droite comme de gauche, ainsi qu’au sein d’une partie de la communauté juive, ce geste étant perçu comme une provocation dans un contexte de tensions sociales et de recrudescence des actes antimusulmans d’une part, et antisémites d’autre part.

Cette controverse se nourrit d’un vide législatif, car le pavoisement des édifices publics n’est pas strictement encadré par la loi.
Selon un ancien conseiller au ministère de l’Intérieur interrogé par Arab News en français, l’usage républicain veut que les mairies arborent en permanence le drapeau français, et souvent le drapeau européen, mais aucune loi n’interdit en théorie d’y ajouter d’autres bannières.
Néanmoins, en 2005, le Conseil d’État avait fixé une limite, stipulant qu’il est interdit d’apposer sur les bâtiments publics des symboles exprimant des opinions politiques, religieuses ou philosophiques.

Cette jurisprudence a conduit plusieurs tribunaux administratifs, ces derniers mois, à ordonner aux mairies de Gennevilliers, Saint-Denis ou Besançon de retirer le drapeau palestinien hissé sur leur parvis.

Le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau (personnalité de la droite républicaine), s’est saisi de ce principe de neutralité pour recadrer le patron des socialistes : « La justice a récemment ordonné à plusieurs reprises le retrait de drapeaux palestiniens », a-t-il rappelé, estimant qu’un tel geste violerait la neutralité des services publics.

Cette interprétation a immédiatement suscité des protestations et des accusations d’injustice. Ainsi, le maire communiste de Gennevilliers, Patrice Leclerc, a dénoncé un « deux poids, deux mesures ».
« Le drapeau israélien a flotté des mois durant sur plusieurs mairies, comme Antony ou Nice, sans réaction de l’État », s’est-il indigné, ajoutant que « dès qu’il s’agit du drapeau palestinien, les préfets attaquent en justice ».

Il est en effet avéré que la justice a longtemps toléré les drapeaux israéliens hissés en solidarité avec les otages détenus à Gaza. Ce n’est qu’en juin dernier que le tribunal de Nice a finalement ordonné leur retrait, jugeant que ce pavoisement constituait, par sa durée, un soutien politique explicite à Israël.

Le cas de l’Ukraine complique encore davantage la donne : depuis l’invasion russe, de nombreuses mairies ont hissé le drapeau ukrainien, et en décembre 2024, le tribunal administratif de Versailles a validé ce geste, y voyant « une marque de solidarité et non un message politique ».
C’est précisément cette interprétation qu’Olivier Faure a invoquée pour défendre le drapeau palestinien.

Toutefois, pour l’ancien conseiller au ministère de l’Intérieur, des nuances s’imposent. Brandir un drapeau étranger dans la rue relève de la liberté d’expression, à condition que ce geste ne trouble pas l’ordre public — auquel cas la justice est en droit de l’interdire. Mais la difficulté à qualifier le geste est plus grande lorsque ce drapeau est hissé sur un bâtiment public, censé incarner la neutralité de l’État.

La date du 22 septembre, qui coïncide cette année avec le Nouvel An juif, a aussi nourri la polémique, notamment sur les réseaux sociaux. Faure a répondu aux critiques en soulignant que « tant que vous penserez que vous ne pouvez fêter le Nouvel An juif et l’an 1 d’un État palestinien, vous ne sèmerez que la haine ».

Au-delà de la question juridique, le débat autour du drapeau palestinien révèle l’extrême sensibilité du conflit israélo-palestinien dans la société française.
Dans un pays qui accueille à la fois la plus grande communauté juive au monde après l’Argentine (environ 600 000 personnes) et une importante communauté issue de l’immigration arabe et musulmane, les symboles prennent une valeur explosive.

Là où certains voient une simple expression de solidarité internationale, d’autres redoutent un signe de partialité, voire une menace pour la cohésion nationale.

La reconnaissance de l’État palestinien par la France vise à redonner un élan diplomatique à la solution à deux États, après l’adoption à l’ONU de la « Déclaration de New York » portée par Paris et Riyad. Mais sur le plan intérieur, elle se traduit par une crispation politique et sociale, et d’autres polémiques à venir.