Crise de l'immobilier en Chine: le monde doit-il s'inquiéter?

Une vue générale montre des bâtiments commerciaux et résidentiels à Hong Kong le 9 mars 2022. (Photo, AFP)
Une vue générale montre des bâtiments commerciaux et résidentiels à Hong Kong le 9 mars 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 24 juillet 2022

Crise de l'immobilier en Chine: le monde doit-il s'inquiéter?

  • Aujourd'hui encore, les crédits immobiliers représentent près de 20% des prêts en cours dans le système bancaire chinois, selon un récent rapport de la banque ANZ
  • L'endettement massif des promoteurs, qui pose un risque pour l'économie et pour le système financier en Chine, est également une préoccupation majeure pour les autorités

PEKIN: Promoteurs criblés de dettes et acheteurs qui refusent désormais de payer leurs mensualités: l'immobilier en Chine traverse une crise, qui pourrait s'étendre par ricochet à l'ensemble de l'économie chinoise --voire au reste du monde.

Etat des lieux d'un secteur en souffrance depuis de nombreux mois.

Quelle est la taille de l'immobilier en Chine?

Colossale. Au sens large, l'immobilier représente environ un quart du PIB chinois.

La réforme du logement (1998) en Chine, qui a créé un véritable marché immobilier, a entraîné un boom fulgurant du secteur, entretenu par les normes sociales, l'acquisition d'un bien étant souvent un prérequis au mariage.

Les banques ont financé cette frénésie avec des prêts aux promoteurs et aux acheteurs.

Aujourd'hui encore, les crédits immobiliers représentent près de 20% des prêts en cours dans le système bancaire chinois, selon un récent rapport de la banque ANZ.

En Chine, la plupart des promoteurs vendent les logements selon un système de préventes, où les biens sont achetés avant que leur construction ne débute.

Le pays compte ainsi 225 millions de mètres carrés de logements à terminer, selon l'agence d'information financière Bloomberg.

D'où vient la crise?

L'essor des promoteurs s'est accompagné d'une flambée des prix des logements.

Cette situation inquiète de longue date le gouvernement car de nombreux Chinois n'ont plus les moyens d'accéder à la propriété.

L'endettement massif des promoteurs, qui pose un risque pour l'économie et pour le système financier en Chine, est également une préoccupation majeure pour les autorités.

Pour réduire l'endettement du secteur, Pékin a ainsi durci en 2021 les conditions d'accès au crédit pour les promoteurs, ce qui a tari les sources de financement des groupes déjà endettés.

Une vague de défauts de paiement a suivi, notamment celui d'Evergrande, l'ex-numéro un chinois de l'immobilier, étranglé par une dette abyssale de quelque 300 milliards de dollars.

Les incertitudes liées à la Covid-19, qui pèsent sur le revenu des ménages, dissuadent par ailleurs les particuliers d'acheter un bien, aggravant davantage la crise.

 

Comment réagissent les acheteurs?

En septembre 2021, le déclin d'Evergrande a déclenché des manifestations d'acheteurs inquiets, devant le siège du groupe à Shenzhen (sud de la Chine).

En juin cette année, une nouvelle forme de protestation a fait son apparition: la grève des remboursements de prêts immobiliers.

Devant le retard pris par les travaux, des propriétaires de logements achetés avant construction, ont annoncé cesser tout paiement jusqu'à la reprise des chantiers.

En un mois, cette grève des paiements s'est étendue à plus de 300 projets immobiliers dans 50 villes de Chine.

 

Le monde doit-il s'inquiéter?

La Chine est la deuxième économie mondiale.

Compte tenu de l'interconnexion du pays avec le reste du monde, toute contagion de la crise immobilière au système financier chinois aura des répercussions à l'international, estiment les analystes.

"Si les défauts de paiement se multiplient, il pourrait y avoir de grandes et graves conséquences économiques et sociales", prévient l'agence de notation Fitch Ratings.

En mai déjà, la banque centrale américaine (Fed) estimait qu'une aggravation de la crise immobilière en Chine pourrait avoir des conséquences sur le système financier du pays.

Dans un tel scénario, la crise se répercuterait sur le commerce mondial, soulignait la Fed.

 

Quelles solutions?

Selon des analystes, un plan de sauvetage pour le secteur est peu probable.

Une telle opération de renflouement aurait pour effet pervers de "faire peser l'ensemble des risques sur le secteur bancaire ou le gouvernement", souligne Ken Cheung, analyste pour la banque japonaise Mizuho.

Au risque de provoquer l'effet inverse que celui recherché.

Les propriétaires et les promoteurs immobiliers, voyant l'Etat intervenir, seraient tentés de se soustraire à leurs responsabilités et de stopper leurs paiements, souligne M. Cheung.

Collectivités locales, promoteurs et propriétaires pourraient en revanche négocier, au cas par cas, des exonérations d'intérêts ou des reports de mensualités, préconise l'analyste Chen Shujin, de la banque d'investissement américaine Jefferies.


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".