Au Kurdistan d'Irak, le lac Dukan a soif et les agriculteurs transpirent

Un agriculteur kurde sème des graines dans une ferme du district de Rania, près du barrage de Dukan, au nord-ouest de la ville de Sulaimaniyah, au nord-est de l'Irak, dans la région autonome du Kurdistan, le 2 juillet 2022. (AFP).
Un agriculteur kurde sème des graines dans une ferme du district de Rania, près du barrage de Dukan, au nord-ouest de la ville de Sulaimaniyah, au nord-est de l'Irak, dans la région autonome du Kurdistan, le 2 juillet 2022. (AFP).
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Publié le Mardi 26 juillet 2022

Au Kurdistan d'Irak, le lac Dukan a soif et les agriculteurs transpirent

  • L'Irak est présenté par ses dirigeants comme l'un des cinq pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique et à la désertification
  • Les réserves en eau ont baissé de 60% par rapport à l'année dernière, selon le gouvernement irakien

LAC DUKAN : "Avant, l'eau arrivait trois kilomètres plus haut!", lance Bapir. Aujourd'hui, le lac Dukan qui arrose son coin du Kurdistan d'Irak bat en retraite et l'agriculteur a du mal à irriguer. En cause: la sécheresse et les barrages en amont, en Iran.

Bapir Kalkani, syndicaliste agricole, plante le décor dans cette région du nord de l'Irak. En 2019, "il y avait de l'eau où je me trouve. Elle remontait trois kilomètres plus haut. Mais elle s'est retirée", s'échauffe M. Kalkani, 56 ans.

Sous le soleil de plomb, le sésame et les haricots occupent la plaine. Au bout de ce faux plat se trouve le grand lac artificiel aménagé dans les années 50 après la construction du barrage Dukan pour les besoins en irrigation et en eau potable de la région, et pour produire de l'énergie électrique.

Ce barrage coupe le petit Zab, une rivière affluent du Tigre, qui prend sa source en Iran, pays voisin. Mais depuis plusieurs années, le petit Zab rétrécit comme tous les cours d'eau irakiens, et le lac aussi.

L'Irak est présenté par ses dirigeants comme l'un des cinq pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique et à la désertification.

Les réserves en eau ont baissé de 60% par rapport à l'année dernière, selon le gouvernement irakien. Avec l'effondrement des précipitations et trois années de sécheresses successives, l'Irak s'est vu contraint de réduire de moitié ses zones agricoles cultivées.

Sur les rives du lac Dukan, Bapir Kalkani se lamente: "s'il n'y avait pas eu un peu de pluie à la fin du printemps, il n'y aurait eu aucune culture agricole au Kurdistan cette année". Avant, les agriculteurs creusaient des puits peu profonds alimentés par le Dukan pour irriguer. Plus maintenant. "Les puits ont perdu 70% d'eau", assure M. Kalkani.

Graines de sésame

Shirko Aziz Ahmed irrigue son champ de sésame. Il a dû forer un puits de plusieurs mètres de profondeur d'où l'eau est pompée par un moteur diesel. "Les graines de sésame ont besoin de neuf arrosages. Je vais donc creuser encore plus, car le niveau de l'eau baisse", soupire-t-il.

Mais la sécheresse n'est pas la seule responsable.

L'Iran a construit plusieurs barrages sur sa portion du petit Zab. Notamment celui de Kolsa "qui a engendré une baisse de 80% du niveau du petit Zab", explique Banafsheh Keynoush, du Middle East Institute, centre de recherche basé à Washington.

L'Iran est confronté à "l'une des pires sécheresses de son histoire" et a revu son système d'irrigation, un projet qui comprend "la construction de nombreux barrages de petite taille", explique-t-elle.

Le barrage de Dukan souffre aussi de la baisse du débit du petit Zab, assure son directeur Kochar Jamal Taoufiq: "Le barrage n'est aujourd'hui qu'à 41% de sa capacité". Il relâche de l'eau potable "pour trois millions de personnes, notamment (dans les bassins urbains de) Souleimaniyeh et Kirkouk", en aval.

Mais avec à peine 300 mm, contre 600 mm de moyenne annuelle, les précipitations n'ont pas été généreuses en 2021. Et 2022 est bien partie pour ressembler à l'année précédente, dit M. Taoufiq.

"Nous relâchons 90 mètres cubes d'eau par seconde, contre 200 à 250 quand le réservoir est plein", dit-il. Conséquence: les agriculteurs sont sommés de cultiver des plantes "qui ne consomment pas trop d'eau".

Nouveaux barrages

Quant aux barrages iraniens qui "réduisent le débit" du petit Zab, Bagdad "a envoyé des délégués en Iran, mais j'ai entendu dire que les Iraniens n'étaient pas coopératifs", observe M. Taoufiq.

Téhéran assure que les cours d'eau venus d'Iran contribuent "pour environ 6%" au bassin du Tigre et de l'Euphrate, souligne Banafsheh Keynoush. "Alors, l'Iran dit aux Irakiens: 'réglez vos problèmes liés au Tigre et à l'Euphrate avec la Turquie'", où naissent les deux fleuves.

Mais l'Irak n'est pas exempt de critique, estime Azzam Alwash, fondateur de l'ONG Nature Iraq et conseiller du président irakien.

Le Kurdistan d'Irak compte se lancer dans la construction de nouveaux barrages pour "assurer la sécurité hydrique". Or ces projets sont élaborés "sans coordination entre le Kurdistan et le gouvernement central de Bagdad", se désole M. Alwash.

En aval, dans le centre et le sud de l'Irak, "le manque de coordination et de modernisation du système d'irrigation aura pour conséquence un désastre" avec des pénuries d'eau encore plus graves que celles qui frappent déjà ces zones, prédit-il.


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.