Économies de gaz: l'UE s'accorde pour aider l'Allemagne face au péril russe

Cette photographie d'archive prise le 8 novembre 2011 montre une vue du gazoduc avant une cérémonie inaugurale pour le premier des gazoducs jumeaux de 1 224 kilomètres de Nord Stream à travers la mer Baltique, à Lubmin, dans le nord-est de l'Allemagne. (Photo, AFP)
Cette photographie d'archive prise le 8 novembre 2011 montre une vue du gazoduc avant une cérémonie inaugurale pour le premier des gazoducs jumeaux de 1 224 kilomètres de Nord Stream à travers la mer Baltique, à Lubmin, dans le nord-est de l'Allemagne. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 26 juillet 2022

Économies de gaz: l'UE s'accorde pour aider l'Allemagne face au péril russe

  • « Ce n'était pas une mission impossible! Les ministres (de l'Énergie des 27 réunis à Bruxelles) sont parvenus à un accord politique sur la réduction de la demande de gaz en prévision de l'hiver prochain»
  • Le plan, proposé la semaine dernière par la Commission, a été profondément remanié, mais ses grands principes sont préservés

BRUXELLES : Les ministres de l'Énergie de l'Union européenne, réunis à Bruxelles, se sont accordés mardi pour réduire leur consommation de gaz de façon coordonnée et voler ainsi au secours de l'Allemagne, après l'annonce d'une nouvelle baisse drastique des livraisons russes.

"L'Union européenne a confirmé aujourd'hui (mardi) qu'elle était unie et solidaire. Nous avons fait un immense pas en avant pour sécuriser la fourniture de gaz cet hiver", a déclaré le ministre tchèque, Jozef Sikela, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l'UE.

"Nous allons partager le fardeau. Les négociations n'ont pas été faciles, mais finalement tout le monde a compris que ce sacrifice était nécessaire", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.

La Hongrie a cependant dénoncé mardi un accord "injustifiable, inutile, inapplicable et nuisible". Parmi les Vingt-Sept, seul Budapest s'est opposé au texte, qui est donc adopté à la majorité qualifiée.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a salué de son côté l'adoption du plan qu'elle avait présenté la semaine dernière. Même s'il a été profondément remanié.

Il prévoit toujours que chaque pays fasse "tout son possible" pour réduire, entre août 2022 et mars 2023, sa consommation de gaz d'au moins 15% par rapport à la moyenne des cinq dernières années sur la même période. La Russie représentait jusqu'à l'an dernier quelque 40% des importations gazières de l'UE.

En cas de "risque de grave pénurie", un mécanisme d'alerte rendra "contraignante" pour les Vingt-Sept la réduction de 15%, mais cet objectif sera adapté aux réalités de chaque pays, notamment aux capacités d'exporter les quantités de gaz économisées aux pays dans le besoin, grâce à une série de dérogations.

Reconstituer les stocks

"Cet engagement collectif est très significatif et nous aidera à reconstituer les stocks avant l'hiver", a estimé Mme von der Leyen.

Le géant russe Gazprom avait annoncé lundi qu'il allait diviser par deux dès mercredi ses livraisons quotidiennes à l'Europe via le gazoduc Nord Stream, tombant ainsi à seulement 20% de ses capacités, en invoquant une opération de maintenance sur une turbine.

Un porte-parole du Kremlin a estimé mardi que la réduction de débit s'expliquait par les sanctions occidentales prises contre la Russie après l'invasion de l'Ukraine. "S'il n'y avait pas eu ces restrictions, tout aurait été accompli (…) dans les délais habituels, sans mener à la situation que nous voyons aujourd'hui", a-t-il dit.

Mais les Européens réfutent le motif technique et accusent Moscou d'utiliser le gaz comme une arme économique.

Les combats se sont poursuivis mardi en Ukraine, où les régions du sud ont fait l'objet de bombardements russes "massifs" visant notamment un village balnéaire près d'Odessa et le port de Mykolaïv, selon les autorités ukrainiennes.

"Réduire notre consommation de gaz (...) est le meilleur moyen de réagir au chantage au gaz de Poutine", a commenté le ministre luxembourgeois de l'Energie, Claude Turmes.

Sauver l'industrie européenne

La ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a salué "un bon accord". "Nos chaînes de production industrielles sont complètement interdépendantes. Si la chimie tousse en Allemagne alors c'est toute l'industrie européenne qui peut s'arrêter", avait-elle averti avant la réunion.

Au cœur du dispositif européen, la réduction obligatoire de 15% de la consommation avait suscité des critiques.

Elle vise à mutualiser l'effort en cas d'urgence pour aider notamment l'Allemagne. Très dépendante du gaz russe, l'Allemagne achetait toujours début juin 35% de son gaz en Russie, un chiffre qui s’élevait à 55% avant la guerre.

Or un choc majeur sur la première économie européenne se répercuterait immanquablement sur l'ensemble des Vingt-Sept.

La réduction de 15% de la consommation de gaz impose de fait des contraintes à des pays comme la France ou l'Espagne, pourtant à l'abri d'une rupture des approvisionnements russes grâce à leurs politiques énergétiques.

Mais l'effort restera plus important pour l'Allemagne. Elle devra "faire mieux" que 15%, a reconnu son ministre de l'Economie, Robert Habeck, tout en se félicitant de la solidarité européenne. Berlin "a commis une erreur stratégique dans le passé" en cultivant cette dépendance envers Moscou, a-t-il admis.

Selon Rome, l'effort pour l'Italie se limitera à une réduction de 7% de sa consommation de gaz, grâce aux exemptions.

Le plan avait fait ces derniers jours l'objet de vives critiques de la part de plusieurs États. Parmi les plus virulents: les pays d'Europe du Sud, dont l'Espagne, où le souvenir des plans de rigueur douloureux imposés par Berlin après la crise financière de 2008 est encore vif.

La ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, avait jugé le projet "injuste" et "inefficace".

Les diplomates des 27 ont tenu compte des griefs. Ce sera finalement le Conseil de l'UE, représentant les États membres, et non la Commission, comme celle-ci le demandait, qui déclenchera le mécanisme contraignant.

L'accord prévoit des exemptions pour les États insulaires (Chypre, Irlande, Malte), qui ne sont pas interconnectés aux réseaux de gaz des autres pays, ou pour ceux qui ont dépassé leurs objectifs de remplissage des réservoirs de gaz. Il réduit aussi l'objectif d'économie des pays dont les interconnections sont limitées ou qui ont besoin du gaz pour certaines "industries critiques".

"Tous les Etats membres ont leurs propres contraintes qui ont été prises en compte", s'est félicitée la ministre maltaise, Miriam Dalli.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.