Derrière l'attentat de Nice, la faiblesse du renseignement français?

Sur le perron de la basilique Notre-Dame de Nice, au lendemain de l'attaque au couteau qui a coûté la vie à 3 personnes et fait plusieurs blessés. (AFP).
Sur le perron de la basilique Notre-Dame de Nice, au lendemain de l'attaque au couteau qui a coûté la vie à 3 personnes et fait plusieurs blessés. (AFP).
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Publié le Vendredi 30 octobre 2020

Derrière l'attentat de Nice, la faiblesse du renseignement français?

  • Attentat de Nice: la logique du « tout sécuritaire » n’est pas la plus adaptée pour faire face à ce type de mode opératoire, désormais notoirement décrit comme du « terrorisme low-cost »
  • Dans l’immédiat, le focus des autorités françaises devrait être le renforcement du renseignement et notamment le renseignement sur les réseaux internet et sociaux

ATHÈNES: Alors que la France est encore sous le choc après l’attaque de la basilique Notre-Dame de Nice, et que les discours va-t-en guerre se multiplient – Christian Estrosi, maire de Nice ayant appelé pas plus tard que ce matin à « modifier la Constitution pour mener la guerre » - , d’autres voix s’élèvent pour rappeler que la logique du « tout sécuritaire » n’est pas la plus adaptée pour faire face à ce type de mode opératoire, désormais notoirement décrit comme du « terrorisme low-cost ».

Car au-delà de l’acte en lui-même, proprement effroyable, c’est de tout un modus operandi qu’il s’agit de tenir compte. Or celui-ci, et selon les personnes interrogées par Arab News en français, n’est pas le fait d’organisations structurées mais le fruit d’actes individuels fragiles psychologiquement et facilement impressionnable. « La rhétorique jihadiste les fait rêver. Et là où Daech les fait rêver, nous avons échoué », constate cet expert des médias du monde arabe. « C’est un constat amer, mais c’est la vérité », poursuit-il. « On n’a pas grand-chose à leur offrir, ce sont des actes qui sont le fruit d’un malaise social. Or l’islamisme se nourrit de ce malaise. Il y a tellement de jeunes qui n’ont pas leur place dans notre société » dit-il en soulignant que « les responsabilités sont multiples et partagées ». « Mais une chose est sûre, l’affaiblissement de nos services de renseignement ainsi que de la police de proximité nous a conduit là où nous sommes aujourd’hui ». Un avis partagé par Antoine de Tarlé, ancien directeur adjoint du quotidien Ouest-France pour qui la solution à court terme passe aussi par un renforcement du renseignement sur le territoire français. « Ces actes sont le fait de mouvements islamistes très minoritaires mais qui ont une influence certaine en France et dans les autres pays européens. Le fond du problème reste l’existence de communautés dans les périphéries des villes, isolées du reste de la société et qui, de plus, se voient affublées d’un système scolaire inefficace », affirme de Tarlé, qui ajoute que « l’intégration passe par l’éducation ».

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L'hommage rendu devant l'éecole de Conflans, où Samuel Paty a été décapité pour avoir montré les caricatures du Prophète à sa classe. (AFP). 

Pour cela, il faut former les enseignants et les aider à faire face à la réalité à laquelle ils sont désormais confrontés au quotidien dans les écoles, explique cet ancien patron de presse. « Lorsqu’un professeur agrégé sans aucune connaissance de l’islam prend son poste en banlieue parisienne, il arrive dans des classes presque exclusivement occupées par des élèves musulmans. Or il n’a aucune connaissance de cette autre culture, qui n’est pas la sienne, de cette autre éducation, qui n’est pas la sienne ». Il faut aider les enseignants, qui font face à des défis permanents dans leurs classes, poursuit Antoine de Tarlé.

Valeurs universelles

Même son de cloche du côté de l’expert média précité. « Il ne faut plus faire preuve de laxisme dans les écoles. Lorsqu’un élève tient en classe des propos extrémistes, il ne faut pas passer outre et continuer la leçon comme si de rien n’était », explique-t-il.

Mais l’école n’est qu’une solution à long terme, qui portera peut-être ses fruits dans 20, voire 30 ans. A plus court terme et dans l’immédiat, le focus des autorités françaises devrait être le renforcement du renseignement et notamment le renseignement sur les réseaux internet et sociaux, note cet expert. C’est à cet effet que le système Pharos a été mis en place, mais son efficacité reste anecdotique selon l’expert média précité. « Pour ne rien laisser passer – et c’est précisément ce qu’il faut désormais faire – il faut que Pharos soit efficace. Or aujourd’hui, il fonctionne avec 25 personnes, alors qu’il en faudrait 2 000 au moins pour être efficace », martèle-t-il.

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Capture d'écran du site internet du ministère français de l'Intérieur.

Il soulève également une autre problématique qui participe selon lui de la question du terrorisme en Europe. « Il y a un manque de cohérence avec le public arabe, de notre part. Nous voulons faire adhérer nos citoyens à des valeurs que nous estimons être universelles et dans le même temps, nous ne soutenons pas ces velléités lorsqu’elles émanent d’Algérie, d’Egypte ou d’Irak. Pourquoi nous laissons faire par exemple, lorsqu’il s’agit pour Kahled Drareni (journaliste algérien emprisonné, NDLR) d’aller en prison ? Nous ne soutenons pas, dans le monde arabe, des gens qui portent des valeurs qui sont les nôtres ».


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.