Guerre ou pas, les Ukrainiens se pressent pour se marier

Un couple se tient la main lors de la cérémonie de mariage dans l'un des bureaux d'état civil de Kyiv le 23 juillet 2022. (AFP)
Un couple se tient la main lors de la cérémonie de mariage dans l'un des bureaux d'état civil de Kyiv le 23 juillet 2022. (AFP)
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Publié le Jeudi 28 juillet 2022

Guerre ou pas, les Ukrainiens se pressent pour se marier

  • Choqués par les destructions mais déterminés à poursuivre leurs noces, Tetiana et son fiancé Taras se sont mariés comme prévu, six heures plus tard
  • «Au départ, je pensais que nous devions annuler le mariage, mais mon fiancé m'a dit qu'il fallait aller de l'avant. La guerre n'a pas le droit de gâcher nos projets», poursuit Tetiana

KIEV: Tetiana attendait le son des bouteilles de champagne qui s'ouvrent pour son mariage, mais elle a été tirée du lit par une roquette russe tombée près de sa maison, dans le centre de l'Ukraine.

"Au début, je pensais que c'était le tonnerre, mais le ciel était dégagé. J'ai compris qu'il s'agissait d'un bombardement", explique la designer de 31 ans.

Choqués par les destructions mais déterminés à poursuivre leurs noces, Tetiana et son fiancé Taras se sont mariés comme prévu, six heures plus tard.

"Au départ, je pensais que nous devions annuler le mariage, mais mon fiancé m'a dit qu'il fallait aller de l'avant. La guerre n'a pas le droit de gâcher nos projets", poursuit Tetiana, qui a demandé qu'elle et son mari puissent utiliser des noms d'emprunt.

"Nous avons le droit de créer notre famille et de vivre pleinement notre vie", ajoute-t-elle.

«Plus tard» pourrait ne jamais arriver

Le couple, qui s'est marié en juin à Krementchouk, ville industrielle à 250 kilomètres au sud-est de Kiev, fait partie d'une vague massive de mariages que connaît l'Ukraine depuis l'invasion par la Russie.

Taras, qui était son voisin depuis l'âge de six ans, a demandé Tetiana en mariage l'année dernière et ils avaient initialement envisagé une cérémonie au printemps.

"En mai, nous avons réalisé que la guerre pourrait durer longtemps et décidé de ne pas reporter la vie à plus tard car, comme cette guerre nous l'a montré, ce plus tard pourrait ne jamais arriver", poursuit Tetiana.

Dans leur région de Poltava, on compte 1 600 mariages au cours des six premières semaines qui ont suivi l'invasion, contre 1 300 pour toute l'année 2020.

Dans la capitale, la hausse est encore plus prononcée avec 9 120 mariages enregistrés en cinq mois, soit plus de huit fois plus que les 1 110 cérémonies qui ont eu lieu au cours de la même période en 2021.

Un récent samedi ensoleillé à Kiev a vu plus de 40 jeunes couples se lancer dans leur vie commune dans un bureau d'état civil du centre-ville.

"Se marier pendant la guerre est le pas le plus courageux et le plus difficile à faire, car on ne sait jamais ce qui va se passer", explique Vitali, 25 ans, sur le point d'épouser Anastassia, 22 ans, avant de partir au front.

Le jeune couple avait depuis trois ans un vague désir d'officialiser leur union, mais ils n'ont décidé de sauter le pas qu'au dernier moment. "La guerre continue. C'est mieux de le faire maintenant", assure le marié.

Vitali Tcharnykh officie lors de cérémonies à la chaîne depuis mars et considère son rôle comme une contribution à l'effort de guerre.

"Je crois que je peux aider mon pays en soutenant les Ukrainiens sur le plan émotionnel", explique le jeune homme de 21 ans.

«Message de défi»

Les guerres ont toujours été source de mariages. Au plus fort de la Deuxième guerre mondiale, en 1942, les États-Unis ont ainsi enregistré 1,8 million de mariages en 12 mois, soit une augmentation de 83% par rapport à la décennie précédente.

M. Tcharnykh dit avoir constaté en particulier une recrudescence des mariages de soldats.

"En ces temps difficiles, les gens ne savent pas vraiment ce qu'il se passera demain, ils sont donc impatients de se marier le plus tôt possible", confirme-il.

Daria Stenioukova, 31 ans, professeure de yoga à Vinnytsia, préparait depuis des semaines son mariage avec Vitali Zavalniouk, 30 ans, mais à la veille de la cérémonie, un missile de croisière russe a dévasté la ville, faisant 26 morts, endommageant le bureau des mariages et détruisant son appartement.

"Nous étions choqués mais déterminés à aller jusqu'au bout. Il était hors de question de renoncer. Ma maison a été détruite, mais pas notre vie", affirme Daria.

Ils ont été contraints de reporter la célébration avec leurs amis et leur famille -- personne à Vinnytsia n'était d'humeur à faire la fête -- mais ils ont tenu à se dire oui ce jour-là. Ils ont été mariés en trois minutes à peine, dans un autre lieu.

Le couple a ensuite opté pour une séance photo dans l'appartement bombardé de Daria.

"C'était un message de défi au monde entier, qui soulignait la force des Ukrainiens", dit-elle. "Nous sommes prêts à nous marier, même si des roquettes volent au-dessus de nos têtes".


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.