Comment les États du Golfe ont combattu la Covid-19 plus efficacement que l'Occident

Un médecin réalise un prélèvement sur un homme lors d'un test de Covid-19, dans un service de dépistage au volant, à Abu Dhabi, EAU, le 30 mars 2020 (Photo, Reuters)
Un médecin réalise un prélèvement sur un homme lors d'un test de Covid-19, dans un service de dépistage au volant, à Abu Dhabi, EAU, le 30 mars 2020 (Photo, Reuters)
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Publié le Samedi 31 octobre 2020

Comment les États du Golfe ont combattu la Covid-19 plus efficacement que l'Occident

Comment les États du Golfe ont combattu la Covid-19 plus efficacement que l'Occident
  • Le bon élève du Moyen-Orient est incontestablement les Émirats arabes unis, avec un taux de 49 morts par million d’habitants, bien en-dessous de la moyenne mondiale de 150 morts par million d’habitants
  • « Les gouvernements du CCG n’ayant pas les contraintes liées à des systèmes politiques complexes ont été en mesure de réagir beaucoup plus rapidement à la pandémie »

Dix mois après l'apparition de la Covid-19 - 44 millions de cas confirmés,  et 1,1 million de décès plus tard - il est temps de se demander pourquoi certains pays ont beaucoup mieux réagi que d'autres pour affronter le virus.

Parmi les pays les plus performants se trouvent les Émirats arabes unis. Leur bilan sera étudié de près par des chercheurs qui s'efforcent de préparer le monde à mieux faire face à la prochaine pandémie qui se produira inévitablement.

Entretemps, de manière inattendue, les États-Unis figurent parmi les plus mauvais élèves. Le pays est en effet celui le plus touché au monde par la pandémie, avec plus de neuf millions de contaminations, soit 20% du total mondial. Ils comptent également le plus grand nombre de décès liés à la pandémie, avec plus de 230 000 morts.

Si on compare avec la situation de l’Inde, qui compte 330 millions d’habitants, la différence avec les Etats-Unis est flagrante : l’Inde connaît un nombre de cas presque similaire aux Etats-Unis, alors que sa population est quatre fois plus importante. Son bilan humain est quasiment deux fois inférieur à celui des Etats-Unis, avec 120 000 morts.

Le contraste est tout aussi frappant quand on compare les effets de la pandémie dans les pays occidentaux – en particulier aux États-Unis et au Royaume-Uni – et dans le Golfe. En Occident, des égos politiciens conjugués à des tergiversations sans fin ont mis à mal la prise de décisions adaptées. Les gouvernements du Conseil de coopération du Golfe (CCG) n’ayant pas les contraintes liées à des systèmes politiques complexes, ils ont été en mesure de réagir beaucoup plus rapidement à la pandémie, particulièrement aux EAU.

Les Émirats ont signalé leur premier cas de Covid-19 dès le 29 janvier. Le nombre de cas quotidiens a augmenté régulièrement, atteignant un pic de 994 cas le 23 mai, avant de chuter et de plafonner à 164 cas début août. Depuis lors, le nombre d’infections quotidiennes a continué à grimper à nouveau, pour atteindre le niveau record de 1 578 cas le 23 octobre. Jusqu’à mercredi, les EAU avaient enregistré un total de 129 000 cas et de 485 décès.

L'augmentation du nombre de cas quotidiens s’explique principalement par deux facteurs : l'accélération des tests, qui a inévitablement permis de détecter davantage d'infections, et la réouverture progressive de l'économie, qui a conduit de façon inéluctable à une plus grande circulation du virus. Il faut cependant noter que l'augmentation des cas n'a pas conduit à une augmentation proportionnelle des décès.

Les EAU meilleur élève de la région selon l’OMS

Mais ne prendre en compte que le nombre total de cas et de décès donne une image déformée de la gestion du Covid-19 par les différents pays. Si l’on prend le premier indicateur, les EAU figurent à la 38ème place dans les pays les plus touchés par la pandémie dans le monde. Sur le plan de la mortalité, les Émirats se placent en 83ème position avec ses 485 décès.

Évaluer l’efficacité de la réaction d’un pays, suppose non seulement d’examiner le nombre de cas et de décès, mais aussi de prendre en compte différentes données démographiques. Avec 12 995 cas par million d'habitants, les EAU se trouvent en 43ème position dans le monde, avec un ratio nettement meilleur que quatre de ses cinq voisins du CCG, notamment le Qatar (deuxième plus mauvais pays au monde, avec 46 990 cas par million). Selon cet indice, seule l'Arabie saoudite, en 62ème position avec 9 879 cas par million d'habitants, a fait légèrement mieux que les Émirats arabes unis.

Le taux de mortalité pour chaque pays doit également être mis en corrélation avec la taille de sa population. Le nombre total de décès aux EAU représente un taux de seulement 49 morts par million d’habitants, ce qui se situe bien en-dessous de la moyenne mondiale de 150 morts par million d’habitants. En prenant en compte cet indicateur, les EAU ont obtenu de meilleurs résultats que 108 autres pays, y compris les États-Unis et tous les grands pays européens.

« Les gouvernements du CCG n’ayant pas les contraintes liées à des systèmes politiques complexes ont été en mesure de réagir beaucoup plus rapidement à la pandémie, particulièrement aux EAU »

Jonathan Gornall

 Les Émirats ont constamment surpassé une grande partie du monde en limitant les ravages causés par la maladie. Comment ont-ils fait? Une partie de la réponse se trouve dans le système de soins de santé performant des EAU, doté de cliniques et d’hôpitaux de niveau international, qui peut s’appuyer sur un système d’assurance qui garantit aux patients l’accès aux meilleurs soins et aux meilleurs équipements disponibles. Mais la préparation du système de santé n’aurait pas été le même effet si les EAU n'avaient agi rapidement et intelligemment dès le départ pour limiter l'impact de la pandémie.

En février, l’OMS a procédé une évaluation externe des plans d’actions nationaux face à la pandémie, et un seul pays est sorti du lot, obtenant le score maximum : les Émirats arabes unis. De l'imposition initiale des contrôles de voyages à la fermeture des écoles et des lieux de travail, les EAU ont toujours pris les devants.

Comme l'a montré l'expérience des États-Unis, du Royaume-Uni et d'une grande partie du reste de l'Europe, lorsqu'il s'agit de faire face à une menace sans précédent, à une échelle aussi grande que la pandémie du coronavirus, les pays possédant une classe politique focalisée sur les prochaines élections au lieu du bien commun – même en plein milieu d’une crise mondiale –ne protègent pas autant la santé de leur population.

Jonathan Gornall est un journaliste britannique qui a précédemment travaillé  au Times. Il a vécu et travaillé au Moyen-Orient. Il est actuellement basé au Royaume-Uni. @Syndication Bureau

 NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com