Les travaux d'été sur le réseau ferroviaire francilien, calvaire des banlieusards

Des passagers prennent un bus pour se rendre aux autres gares (Gare du Nord et Gare de l'Est) depuis la Gare de Montparnasse à Paris le 18 février 2022 alors que les employés de la RATP se mettent en grève. Photo d'illustration Ludovic MARIN / AFP
Des passagers prennent un bus pour se rendre aux autres gares (Gare du Nord et Gare de l'Est) depuis la Gare de Montparnasse à Paris le 18 février 2022 alors que les employés de la RATP se mettent en grève. Photo d'illustration Ludovic MARIN / AFP
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Publié le Lundi 01 août 2022

Les travaux d'été sur le réseau ferroviaire francilien, calvaire des banlieusards

  • Tous les soirs, Sedat Toklu fait la queue une quarantaine de minutes à La Défense pour pouvoir prendre l'autobus qui le ramènera chez lui, à Mantes-la-Jolie
  • A l'origine du problème, les différences de capacité des différents modes de transport: un train peut transporter 1.500 passagers mais un autobus seulement une soixantaine

LA DEFENSE: Chaque été, l'histoire se répète sur le réseau ferré en Ile-de-France: de gros travaux de maintenance sont menés sur plusieurs lignes qui relient Paris à ses banlieues, rendant difficiles les déplacements car les autobus de substitution affrétés par la SNCF et la RATP ne sont pas assez nombreux.

Tous les soirs, Sedat Toklu fait la queue une quarantaine de minutes à La Défense pour pouvoir prendre l'autobus qui le ramènera chez lui, à Mantes-la-Jolie (Yvelines, à 55 km de Paris), pour un trajet de 50 à 55 minutes.

"Je fais l'aller-retour tous les jours, je n'ai pas l'habitude de voir ça et c'est insupportable", explique le chargé de recrutement de 28 ans, coincé dans une file d'attente qui serpente dans la grande gare et son centre commercial.

Sa ligne de train habituelle étant en travaux, on lui propose des itinéraires alternatifs. Mais soit ils sont plus longs, avec un trajet annoncé de 1 heure 17 minutes si le train passe par Conflans-Saint-Honorine, soit ils multiplient les correspondances: il faut prendre un train de Paris-Saint-Lazare à Epône-Mézières puis un autobus de substitution pour atteindre Mantes- la-Jolie, pour un trajet total de théoriquement 54 minutes.

Bus sur l'autoroute

Patienter pour attraper un autobus express de remplacement qui empruntera l'autoroute A14 reste la moins pénible des options mais l'affluence est très forte.

A l'origine du problème, les différences de capacité des différents modes de transport: un train peut transporter 1.500 passagers mais un autobus seulement une soixantaine, selon les chiffres d'Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité régionale des transports.

Il faudrait donc a priori une trentaine d'autobus pour remplacer chaque train... Et donc des centaines d'autobus de substitution pour répondre à la demande. Sachant tout de même que tous les trains ne sont pas pleins et qu'il y a environ 30% de passagers en moins pendant l'été.

Transilien - la division de la SNCF chargée des trains de banlieue en Ile-de-France - indique à l'AFP avoir affrété sur tout l'été 34.000 courses pour des trajets de remplacement, ce qui représenterait de l'ordre de 500 trajets par jour seulement pour l'ensemble de la région.

Or, une vingtaine de lignes sont plus ou moins fermées cet été, comme tous les ans, pour remplacer des rails, requinquer des caténaires ou moderniser des gares.

Paris 2024

Autre problème, au-delà du nombre d'autobus disponibles: IDFM explique que les opérateurs manquent de chauffeurs pour cause de démissions, de problèmes de recrutement ou d'arrêts maladie liés notamment au Covid-19.

Ces difficultés estivales s'ajoutent aux autres "galères", habituelles dans les trains franciliens toute l'année, qui ont été particulièrement nombreuses en juillet.

On se souviendra longtemps de la pagaille provoquée par l'arrêt de plusieurs RER dans un tunnel à Paris, le 18 juillet. Avec des évacuations chaotiques de passagers paniqués ou scandalisés par le défaut de communication de la RATP et de la SNCF.

Tom Lucena, 22 ans, étudiant dans une école d'ingénieurs venu pour la Japan Expo, organisée à Villepinte dans la banlieue nord, décrit "une gestion catastrophique" du réseau ferré francilien. Il dit notamment avoir mis une heure et demie pour parcourir trois stations.

Rami Baklouti, 27 ans, touriste grec rencontré à La Défense, ne mâche pas ses mots après avoir eu bien du mal à se déplacer dans la région parisienne: "Pourquoi cette queue pour prendre juste un bus, je ne sais pas. Les transports dans le tiers-monde sont déjà horribles, alors là..."

Des propos qui interpellent à deux ans des jeux Olympiques et Paralympiques, dont Paris sera la ville hôte du 26 juillet au 8 septembre 2024. Des visiteurs viendront alors de toute la planète et auront besoin de se déplacer vers les 59 sites olympiques. Plus de 13 millions de billets seront mis en vente.

Pour transporter les spectateurs, IDFM entend s'appuyer sur son réseau actuel (en particulier les RER) et renforcer le service par des autobus supplémentaires pour desservir des sites de compétition éloignés.

Reste une question: les prolongements de la ligne 14 du métro, au nord jusqu'à Saint-Denis Pleyel - où sera installé le village olympique - et au sud jusqu'à l'aéroport d'Orly, seront-ils terminés à temps? Théoriquement oui, alors que d'autres infrastructures, comme les futures lignes 16 et 17, ont déjà raté le rendez-vous.


Dermatose: Lecornu demande «une accélération de la stratégie vaccinale», va recevoir les syndicats

Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
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  • Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence
  • Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français"

PARIS: Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet.

Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence. Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français", appelant à "garantir" une "disponibilité des doses" de vaccins "plus forte".

Il a également demandé un "état des lieux des contrôles sur les transports interdits d'animaux", "un plan d’accompagnement pour les petits élevages" ainsi qu'"un plan de repeuplement adapté à l’Occitanie".


Ultime vote sur le budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée devrait adopter définitivement le budget de la Sécurité sociale 2026, fruit de compromis, malgré une majorité introuvable et sans 49.3
  • Le budget de l’État reste très incertain : déficit visé à 5% du PIB, fortes divergences sur les recettes, CMP à haut risque

PARIS: Sauf surprise, l'Assemblée nationale devrait définitivement adopter mardi le budget de la Sécurité sociale pour 2026, un succès arraché à force de concessions par Sébastien Lecornu, qui risque toutefois de ne pas réussir le même pari pour le budget de l'Etat, à l'issue bien plus incertaine.

Alors qu'approche la date butoir du 31 décembre, l'heure est aux dernières tractations pour les parlementaires, au terme de longues semaines de débats. Tous les yeux sont désormais braqués sur le projet de loi de finances (PLF), avec des négociations décisives jusqu'au week-end.

Il y a une semaine pourtant, beaucoup doutaient d'une possible adoption du premier des deux textes budgétaires, la loi de financement de la Sécurité sociale, qui doit notamment acter la suspension de la réforme des retraites.

Pour le PS, qui a érigé cette mesure en condition de sa non-censure, l'étape doit marquer le succès de sa stratégie de négociation avec l'exécutif, à rebours du reste de la gauche. Et pour le Premier ministre, elle couronnerait au moins temporairement sa méthode du compromis.

Après un dernier passage express au Sénat vendredi, le texte revient mardi dans l'hémicycle, où les députés devront renouveler le scrutin serré de la semaine dernière (247 voix contre 234), à haut risque en l'absence de majorité et de 49.3.

Les socialistes, quoique dans l'opposition, avaient consenti à massivement voter pour. Hésitant jusqu'au dernier moment à voter contre, les Ecologistes s'étaient en majorité abstenus. Et malgré les consignes d'abstention de leur parti, 18 députés LR et 9 Horizons l'avaient soutenu.

Au gouvernement, une issue semblable est attendue mardi, même s'il "faut veiller à ce qu'il n'y ait pas de démobilisation" dans l'hémicycle, concède un ministre.

Les syndicats FO et CGT ont appelé à des rassemblements devant l'Assemblée, critiquant notamment la limitation de la durée des arrêts maladie, ou une taxe sur les mutuelles dont ils craignent la répercussion sur les cotisations.

Le texte prévoit par ailleurs la création d'un nouveau congé de naissance, ou d'un "réseau France santé" voulu par M. Lecornu pour l'accès aux soins.

Le gouvernement a vu sa copie profondément remaniée par les députés, qui ont supprimé le gel des pensions de retraite et minima sociaux, et contraint l'exécutif à renoncer à doubler les franchises médicales.

Le déficit anticipé pour la Sécurité sociale est de 19,4 milliards d'euros en 2026 (contre 23 milliards en 2025). Mais au prix de transferts de 4,5 milliards d'euros des caisses de l'Etat vers celles de la Sécu.

- Négociations députés-sénateurs -

Des transferts qui contribuent à compliquer l'équation pour le budget de l'Etat, où ils doivent être compensés.

La copie du budget de l'Etat adoptée lundi au Sénat, qui a peiné à trouver des économies significatives dans les dépenses, porterait le déficit à 5,3% du PIB. Or le gouvernement a placé l'objectif à 5%.

Une commission mixte paritaire (CMP) réunissant sept députés et sept sénateurs doit tenter de trouver un accord vendredi et possiblement samedi, une opération périlleuse au vu des divergences entre les deux chambres.

L'Assemblée avait massivement rejeté le texte en première lecture.

Les négociations avant et pendant la CMP porteront notamment sur la question des recettes, alors que les socialistes réclament des mesures de justice fiscale, quand la droite se montre intransigeante dans son refus de nouveaux prélèvements.

"Il ne pourra pas y avoir d'accord sur un budget qui augmenterait considérablement les impôts et ne réduirait pas significativement la dette", insiste le chef des Républicains Bruno Retailleau.

Même si l'ancien socle commun, majoritaire au sein de la CMP, trouve un accord, il faudra encore qu'il puisse être adopté la semaine prochaine à l'Assemblée.

Et ce alors que les socialistes promettent cette fois de s'abstenir au mieux, et les Écologistes de voter contre.

Autres possibilités: utiliser le 49.3 en s'assurant d'une non-censure dans la foulée -- comme le plaident l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne ou l'ex-président François Hollande -- ou se résoudre à une loi spéciale, avec une reprise des négociations en janvier.

Une dernière option loin de remporter l'enthousiasme général.

"Il faut que ça s'arrête cette séquence budgétaire", estime un cadre socialiste. "On connaît toutes les données du problème. Si le compromis est possible, alors il faut qu'il ait lieu maintenant."


Le musée du Louvre resté fermé lundi en raison d'une grève

Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron.  Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture. (AFP)
Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron. Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture. (AFP)
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  • Les personnels du musée le plus visité au monde, réunis en assemblée générale, avaient voté "à l'unanimité" une grève reconductible pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil du public
  • Plusieurs dizaines d'agents ont ensuite déployé devant la pyramide une banderole indiquant "Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, + d'effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR"

PARIS: Le musée du Louvre à Paris est resté fermé lundi en raison d'une "grève reconductible" de ses agents, une nouvelle épreuve pour une institution dans la tourmente depuis le spectaculaire cambriolage du 19 octobre et la mise à nu de ses dysfonctionnements.

A 9H00 (8H00 GMT), les portes du musée sont restées closes devant une file de visiteurs, puis la direction a annoncé la fermeture pour "toute la journée".

"Je suis vraiment déçu, le Louvre était la raison principale de notre venue à Paris, parce que nous voulions voir Mona Lisa", le célèbre tableau de La Joconde de Léonard de Vinci, a déclaré à l'AFP Minsoo Kim, 37, Coréen, en lune de miel.

"C'est normal qu'ils fassent grève s'ils ont besoin de meilleures conditions de travail. Bien sûr, en tant que touriste, ce n'est pas génial d'être ici et que le musée soit fermé, mais nous avons réussi à reporter notre visite, donc ça n'est pas un problème", a estimé de son côté Patricia, une touriste brésilienne qui n'a pas souhaité donner son nom.

Un peu plus tôt, les personnels du musée le plus visité au monde, réunis en assemblée générale, avaient voté "à l'unanimité" une grève reconductible pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil du public.

Plusieurs dizaines d'agents ont ensuite déployé devant la pyramide une banderole indiquant "Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, + d'effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR".

Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron.

Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture.

"Nous avons eu quelques avancées en matière de rémunération, mais cela reste insuffisant et nous attendons une proposition écrite du ministère - certainement mardi - pour nous prononcer", a déclaré à l'AFP Alexis Fritche, du syndicat CFDT-Culture, à l'issue de deux heures de réunion.

Selon lui, "pas d'avancée" non plus sur les emplois: "On nous annonce 28 postes pour la surveillance, mais ils proviennent de redéploiements".

A l'issue de l'AG, le délégué du syndicat CGT Christian Galani avait rappelé que la filière accueil et surveillance avait "perdu 200 équivalents temps plein en l'espace de 15 ans, alors que la fréquentation a augmenté de moitié".

Une prochaine AG est prévue mercredi à 9H00 locales, le mardi étant le jour de fermeture hebdomadaire du Louvre.

Conflit social et réorganisation 

"On est en colère", "nous ne sommes pas d'accord avec la manière dont Le Louvre a été géré", a dit devant la presse Elise Muller, agente de surveillance du syndicat Sud Culture.

Valérie Baud, représentante CFDT, s'était félicitée d'un mouvement "interprofessionnel", regroupant métiers de la "conservation, agents d'accueil et de surveillance, professions support, juristes, graphistes".

En parallèle de ce conflit social, le musée doit faire face à une réorganisation à marche forcée et continuer de répondre aux interrogations sur les failles qui ont permis à un commando de s'emparer de huit joyaux de la Couronne, toujours introuvables.

Fragilisée, la présidente du Louvre, Laurence des Cars, devra travailler en tandem avec Philippe Jost, le haut fonctionnaire chargé du chantier de reconstruction de Notre-Dame, à qui la ministre française de la Culture Rachida Dati a confié vendredi la mission de "réorganiser en profondeur le musée".

Audition de la présidente mercredi 

"Des mesures indispensables sont à prendre, bien au-delà de la sûreté et de la sécurité", a déclaré Mme Dati.

"Toute réflexion sur l'avenir du Louvre ne saurait se limiter à une approche technico-organisationnelle", avait réagi la CFDT.

Le ministère de la Culture a précisé que la mission de M. Jost serait menée en janvier et février et que ses recommandations étaient attendues "fin février".

Des sénateurs vont par ailleurs poursuivre leur quête de réponses sur les dysfonctionnements du musée.

Mardi, ils doivent entendre pour la première fois l'ancien président du Louvre Jean-Luc Martinez, destinataire pendant son double mandat (2013-2021) de deux audits alarmants peu suivis d'effets.

Mercredi, ce sera Mme des Cars, à la tête du musée depuis fin 2021, pour comprendre notamment comment ces deux audits n'ont été découverts par l'actuelle direction qu'après le casse du 19 octobre.