Quand un forgeron ukrainien contribue à l'effort de guerre

Le forgeron Anton Zaïka, 32 ans, dans son atelier de Soumy, une ville de 260 000 habitants à seulement 25 kilomètres de la frontière avec la Russie, le 1er août 2022. (Photo, AFP)
Le forgeron Anton Zaïka, 32 ans, dans son atelier de Soumy, une ville de 260 000 habitants à seulement 25 kilomètres de la frontière avec la Russie, le 1er août 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 03 août 2022

Quand un forgeron ukrainien contribue à l'effort de guerre

Le forgeron Anton Zaïka, 32 ans, dans son atelier de Soumy, une ville de 260 000 habitants à seulement 25 kilomètres de la frontière avec la Russie, le 1er août 2022. (Photo, AFP)
  • Propriétaire d'une entreprise modeste mais prospère de vente de meubles en métal à de riches clients européens, il fabrique maintenant des barrières antichar pour protéger les bataillons de volontaires locaux à Soumy
  • «Au début de l'invasion, il n'y avait plus de police dans la ville et pas beaucoup d'armée», raconte Anton Zaïka

SOUMY: Avant l'invasion russe, Anton Zaïka savait à peine reconnaitre un Beretta. Mais ce forgeron ukrainien a trouvé des moyens pour contribuer à l'effort de guerre à sa manière. 

Propriétaire d'une entreprise modeste mais prospère de vente de meubles en métal à de riches clients européens, il fabrique maintenant des barrières antichar pour protéger les bataillons de volontaires locaux à Soumy (nord-est de l'Ukraine) et des réchauds en fer adaptés pour les tranchées. 

Les services de son entreprise de trois ou quatre ouvriers sont gratuits pour l'unité de défense territoriale qui combat l'invasion russe, et il a même commencé à acheter et à convertir de vieilles voitures cabossées en véhicules blindés de fortune. 

« Au début de l'invasion, il n'y avait plus de police dans la ville et pas beaucoup d'armée », raconte Anton Zaïka, 32 ans, dans son atelier de Soumy, une ville de 260 000 habitants à seulement 25 kilomètres de la frontière avec la Russie. 

« Nous avons donc principalement eu une défense territoriale. Ce sont nos citoyens qui ont pris les armes et empêché l'ennemi d'entrer dans la ville. Je ne suis pas doué pour les armes, alors j'ai fait ce que je sais bien faire pour les aider », raconte ce père d'un garçon de six ans et d'une fillette de quatre mois. 

Guerre urbaine 

Soumy, ville fondée par les Cosaques au milieu du XVIIe siècle a dû lutter pour sa survie dès le début de l'agression de Moscou contre l'Ukraine en février. 

La ville qui a failli être prise par les Russes a rapidement riposté pendant six semaines intenses de combats de rue. 

Mais elle est restée encerclée et bombardée quotidiennement par l'artillerie - avec des trains et des bus suspendus, des routes et des ponts pulvérisés. La population s'est retrouvée piégée avec des réserves de nourriture et d'eau s'amenuisant dangereusement. 

Les frappes aériennes se sont poursuivies pendant l'été, alors que les forces terrestres russes tentaient à plusieurs reprises de reprendre la ville. 

Anton Zaïka, qui a appris le métier de forgeron de son père dirige l'entreprise depuis sept ans et comptait ouvrir un autre atelier avant la guerre. Il a acheté pour cela des matières premières pour 25.000 euros. 

Tout ce stock a été épuisé pendant le premier mois de la guerre dès qu'il a commencé à recevoir des demandes d'aide des unités de défense territoriale. 

Il a depuis fabriqué plus de 500 réchauds pour les combattants, mais aussi pour rendre la vie plus agréable dans les abris anti-bombes et dans les villes et villages voisins où l'approvisionnement en gaz avait été coupé par les bombardements. 

« L'hiver arrive »  

Des gens contribuent de plus en plus en apportant des matériaux qu'ils trouvent et qui pourraient être utilisés dans les tranchées ou dans les abris. 

Anton Zaïka se souvient d'un « donateur patriote » qui avait marché six kilomètres dans la neige avec une pile d'électrodes pesant environ 20 kg. 

D'autres ont ouvert une page de collecte de fonds sur Instagram, ce qui a permis à Anton de payer une Suzuki XL 7 qu'il a transformée en véhicule militaire et l'a remis aux forces volontaires. 

« Nous avons ajouté une protection de châssis et une protection moteur, nous avons renforcé le pare-choc avant, le radiateur et le coffre et avons doté les vitres de grilles métalliques », explique-t-il. 

« Pour les 4×4, nous avons également un cadre métallique auquel on peut attacher un support pour une mitrailleuse », explique l'artisan. 

Anton Zaïka a converti à ce jour 10 Ford, Dodge, Mitsubishi ou Suzuki qui sont désormais sur le front. 

« Je n'ai pas l'intention d'arrêter. L'hiver arrive bientôt, donc je suis sûr que nous devrons fabriquer plus de réchauds », dit-il. 

« En ce qui concerne les voitures, les gars reviennent demander de l'assistance, on est là pour les aider ». 


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.