Premier week-end reconfiné: des Français résignés et des commerçants exaspérés

Des maires de villes petites et moyennes (Perpignan, Brive, Beaune, Valence, Chalon-sur-Saône, Colmar etc.) ont pris des arrêtés autorisant l'ouverture des commerces non alimentaires sur leur commune, dénonçant l' « inégalité » de traitement face à la grande distribution et à la vente en ligne. (AFP)
Des maires de villes petites et moyennes (Perpignan, Brive, Beaune, Valence, Chalon-sur-Saône, Colmar etc.) ont pris des arrêtés autorisant l'ouverture des commerces non alimentaires sur leur commune, dénonçant l' « inégalité » de traitement face à la grande distribution et à la vente en ligne. (AFP)
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Publié le Dimanche 01 novembre 2020

Premier week-end reconfiné: des Français résignés et des commerçants exaspérés

  • Les mesures de ce confinement allégé, entré en vigueur vendredi, sont claires: comme au printemps, on ne peut « prendre l'air » que pendant une heure maximum et dans un rayon d'un kilomètre de son domicile
  • Par ce nouveau confinement prévu « a minima » jusqu'au 1er décembre, le gouvernement vise un retour à « environ 5.000 » cas de contaminations par jour, contre près de 50.000 enregistrés vendredi

PARIS : Moins de six mois après le déconfinement, les Français doivent à nouveau se cloitrer chez eux ce week-end. Mais la fermeture des magasins dits "non essentiels" exaspère les petits commerçants, soutenus par des élus, car les grandes surfaces restent ouvertes.

Les mesures de ce confinement allégé, entré en vigueur vendredi, sont claires: comme au printemps, on ne peut « prendre l'air » que pendant une heure maximum et dans un rayon d'un kilomètre de son domicile. Les dérogations permettent aussi d'aller faire ses courses ou d'aller chez le médecin.

Mais tous les restaurants, bars et commerces jugés « non essentiels » doivent garder le rideau baissé. Même si certains font de la résistance.

Des maires de villes petites et moyennes (Perpignan, Brive, Beaune, Valence, Chalon-sur-Saône, Colmar etc.) ont pris des arrêtés autorisant l'ouverture des commerces non alimentaires sur leur commune, dénonçant l' « inégalité » de traitement face à la grande distribution et à la vente en ligne.

A Rochefort (Charente-Maritimes), le maire Hervé Blanché, auteur d'un arrêté qu'il qualifie d'"acte symbolique", veut ainsi « interpeller, discuter, proposer » d’autres solutions, comme par exemple un couvre-feu pour tous. A la place de la fermeture des « petits commerces de proximité qui prennent toutes les précautions et ne sont pas des lieux de propagation ».

Plusieurs préfectures ont demandé le retrait de ces arrêtés « illégaux ».

« Tu vends, je vends »

Le marché des Capucins à Bordeaux, traditionnelle ruche commerçante et gastronomique le weekend, était animé samedi, mais loin de l’effervescence habituelle. « Les gens sont venus plus tard que d’habitude », indique à l'AFP un commerçant. 

Du côté des instances professionnelles, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) assure que « le commerce de proximité, déjà fragilisé par le commerce en ligne, est aujourd’hui en danger de mort ».

A Lille, la librairie indépendante « Place Ronde » accueillait les clients: porte grande ouverte pour aérer la pièce, gel hydroalcoolique à disposition et peu de monde. Pour sa gérante, Fabienne van Hulle, la fermeture des rayons livres à la Fnac ne résout pas le problème. « Mon slogan c'est +tu vends, je vends+ », déclare-t-elle.

« Celui qui va gagner, c'est Amazon, qui traite ses employés comme des esclaves, qui ne paie pas d'impôts en France. Que veut-on? Que tout le monde soit en train de cliquer derrière un ordi? On veut faire de nous des robots? », s'indigne-t-elle.

« 1 malade toutes les 2 secondes »

« Je me bats tous les jours pour apporter des solutions concrètes aux commerçants », a répondu samedi dans Le Parisien le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

« Oui, le confinement est une épreuve pour tous les français », a tweeté le ministre de la Santé Olivier Véran. "Mais je rappelle que le #covid19, c’est: 1 malade toutes les 2 sec. 1 hospitalisation toutes les 30 sec. 1 mort toutes les 4 mins. Respectons ce confinement, soyons solidaires. L'État protégera, et accompagnera ».

Par ce nouveau confinement prévu « a minima » jusqu'au 1er décembre, le gouvernement vise un retour à « environ 5.000 » cas de contaminations par jour, contre près de 50.000 enregistrés vendredi.

Quant aux patients en réanimation, une donnée cruciale à surveiller afin d'éviter un engorgement des hôpitaux, l'Institut Pasteur prévoit un pic à 6.000 mi-novembre, même si le nouveau confinement produit le même ralentissement qu'au printemps, selon des prévisions transmises samedi à l'AFP.

Dans un laboratoire de Tours, la file d'attente ne tarit pas ces derniers jours et le public a changé. « Il y a une véritable inquiétude. Le public est plus jeune, plus familial », constate François Blanchecotte, à la tête du groupe ABO+ en Indre-et-Loire.

Selon les derniers chiffres publiés vendredi, 3.368 malades du Covid-19 sont désormais en réanimation ou en soins intensifs (pour 6.400 lits actuellement sur le territoire). Les autorités craignent la saturation dans les prochaines semaines. 

« J'ai l'impression quand même que globalement la population française a compris la gravité de la situation dans laquelle nous étions et la gravité de la situation qui peut advenir », a estimé samedi sur BFMTV Stéphane Gaudry, professeur de médecine intensive à l'hôpital Avicenne de Bobigny.

Et Noël ?

Malgré tout, « il est illusoire de penser qu'un confinement de quatre semaines nous permettra de passer Noël comme si de rien n'était », a mis en garde dans Le Figaro Vittoria Colizza, directrice de recherche à l'Inserm. « La durée du confinement va dépendre de son efficacité, mais il faudra dans tous les cas opter pour un déconfinement prudent: fermeture de certains commerces, mise en place éventuelle d'un couvre-feu, etc. »

Comme lors du premier confinement, les Français qui veulent prendre l'air ou aller au marché ce samedi doivent se munir d'une attestation temporaire, sous peine d'une amende de 135 euros.

Il y a en revanche trois changements majeurs par rapport au printemps: écoles, collèges et lycées rouvriront lundi après les vacances de la Toussaint, on pourra rendre visite aux résidents des Ehpad et le travail sur site pourra continuer, même si le recours au télétravail devient la règle.

Les autorités feront le point tous les 15 jours sur l'évolution de l'épidémie qui a fait plus de 36.500 morts, pour voir si les mesures doivent être renforcées ou allégées.


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.