«Si on s'assoit dehors, on brûle»: pour les sans-abri, l'épreuve de la canicule à Paris

Une femme se rafraîchit à la fontaine du Trocadéro par un après-midi d'été ensoleillé à Paris, le 3 août 2022. (AFP)
Une femme se rafraîchit à la fontaine du Trocadéro par un après-midi d'été ensoleillé à Paris, le 3 août 2022. (AFP)
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Publié le Jeudi 04 août 2022

«Si on s'assoit dehors, on brûle»: pour les sans-abri, l'épreuve de la canicule à Paris

  • Au centre de jour la Traversière, dans le XIIe arrondissement de Paris, une trentaine de personnes, habitués et nouveaux venus, sont venues prendre une gourde, faire une sieste au frais ou se doucher sans faire la file
  • Face à la nouvelle vague de chaleur qui touche le pays, et pour la troisième fois cet été, Emmaüs Solidarité a activé mercredi son plan canicule et étendu les horaires de ses accueils de jour

PARIS: Après avoir passé "la nuit à transpirer" et fait la queue pour se doucher, Zackaria, jeune homme sans domicile fixe de 27 ans, a fui la canicule en se réfugiant dans un centre d'accueil climatisé d'Emmaüs Solidarité, à Paris.

"Si on s'assoit dehors, on brûle", soupire le jeune homme qui avait plusieurs heures à tuer mercredi avant de rentrer à la halle de nuit où il était hébergé entre 21H00 et 06H00 du matin.

"On est plusieurs dans la chambre. Même avec un ventilateur, on a chaud", explique Zackaria, sac plein à craquer sur le dos.

Au centre de jour la Traversière, dans le XIIe arrondissement de Paris, une trentaine de personnes, habitués et nouveaux venus, sont venues prendre une gourde, faire une sieste au frais ou se doucher sans faire la file.

"Dans la rue, on transpire et on ne peut pas toujours se rafraîchir", affirme Alessandro, 32 ans, qui partage ses journées entre le centre d'accueil et les bibliothèques, elles aussi climatisées.

Face à la nouvelle vague de chaleur qui touche le pays, et pour la troisième fois cet été, Emmaüs Solidarité a activé mercredi son plan canicule et étendu les horaires de ses accueils de jour, ouverts en continu de 09H00 à 17H00.

"On parle des dangers de l'hiver et du froid mais la chaleur aussi est redoutable pour les personnes sans-abri qui ont une santé plus fragile. Elle provoque des déshydratations, aggrave les infections et les maladies de peau", explique Lotfi Ouanezar, directeur adjoint d'Emmaüs Solidarité.

En période de canicule, "les personnes les plus en danger sont les personnes à la rue", a appuyé Anne Souyris, adjointe à la maire de Paris en charge de la santé publique, lors d'un point presse mercredi.

Plus de maraudes 

En prévision de la vague de chaleur, l'Unité d'assistance aux sans-abri de la mairie de Paris (UASA) a augmenté la cadence de ses maraudes: six équipages - au lieu de quatre - quadrillent la capitale entre 07H00 et minuit.

Dans le quartier de la Grange-aux-Belles (Xe arrondissement) Bernard Khermouche, agent municipal en polo bleu marine et gilet jaune, apporte des gourdes à un groupe de sans-abri dont les tentes sont installées en plein soleil.

Il réveille au passage Youssouf, un "nouveau venu", pour lui donner un imprimé qui liste les points d'eau et bains-douches du secteur.

"On distribue de l'eau, des matelas, mais surtout on prend des nouvelles. La chaleur c'est un danger de plus dans la rue", explique Houda Ben laiba, coordinatrice de la mission personnes isolées de l'UASA.

Allongé en travers d'une issue de secours dans le XVIIIe arrondissement, Mohammed, 61 ans, profite de l'ombre avant que le soleil ne tourne. "Après je dois m'en aller d'ici, il y a trop de soleil pour vivre", soupire-t-il.

Béquille dans une main et valise dans l'autre, il partira en quête d'un autre "coin d'ombre" où passer le reste de la journée.

"Avec le réchauffement climatique, les situations d'urgence vont se multiplier. Il faut se préparer", martèle Lotfi Ouanezar.

D'après le rapport 2022 de la Fondation Abbé Pierre sur l'état du mal-logement, 300.000 personnes sont sans domicile fixe en France, un chiffre qui a doublé en dix ans.

"Il y a eu des efforts, notamment avec la crise du Covid. Mais les besoins d'hébergement sont encore beaucoup plus importants que l'offre actuelle", souligne Lotfi Ouanezar. Et ces besoins ne sont "pas saisonniers". "Dans la rue, on souffre toute l'année."


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.