Logiciel espion Predator: le gouvernement grec sur la sellette

Des syndicats de journalistes grecs et étrangers ont dit leur "inquiétude" sur la situation de la liberté de presse, qui s'est dégradée en Grèce ces dernières années. (AFP).
Des syndicats de journalistes grecs et étrangers ont dit leur "inquiétude" sur la situation de la liberté de presse, qui s'est dégradée en Grèce ces dernières années. (AFP).
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Publié le Vendredi 05 août 2022

Logiciel espion Predator: le gouvernement grec sur la sellette

  • Nikos Androulakis, dirigeant du Kinal-Pasok (socialiste), le troisième parti au parlement grec, a porté plainte devant la cour suprême la semaine dernière pour "tentative" d'espionnage
  • Il s'agit du troisième cas de surveillance présumée en Grèce en moins d'un an: en avril Thanassis Koukakis, journaliste grec spécialisé en affaires financières avait saisi la justice

ATHENES: La tentative de surveillance du chef du parti socialiste grec par le logiciel espion Predator envenime le débat politique en Grèce, l'opposition de gauche accusant le gouvernement conservateur de vouloir "minimiser" ce "scandale immense".

Nikos Androulakis, dirigeant du Kinal-Pasok (socialiste), le troisième parti au parlement grec, a porté plainte devant la cour suprême la semaine dernière pour "tentative" d'espionnage sur son téléphone portable.

"Découvrir celui qui est caché derrière ces pratiques nocives n'est pas une question personnelle mais un devoir démocratique", a estimé l'eurodéputé socialiste.

Le gouvernement de droite affirme pour sa part que l'Etat n'a pas acheté ce genre de logiciels et estime que c'est à la justice d'enquêter.

Il s'agit du troisième cas de surveillance présumée en Grèce en moins d'un an: en avril Thanassis Koukakis, journaliste grec spécialisé en affaires financières avait saisi la justice, dénonçant l'attaque de son téléphone par Predator.

Et en février, l'écoute présumée par les services secrets d'un autre journaliste grec d'investigation sur les questions migratoires a été portée devant la cour suprême.

Dans les trois cas, le gouvernement a exclu "toute implication de l'Etat".

Mais des syndicats de journalistes grecs et étrangers ont dit leur "inquiétude" sur la situation de la liberté de presse, qui s'est dégradée en Grèce ces dernières années.

Sous la pression de journalistes, le porte-parole du gouvernement Yannis Economou a estimé, lors d'un point presse, que "vraisemblablement des particuliers" auraient utilisé Predator, excluant à nouveau la responsabilité des autorités.

Nikos Androulakis a riposté en exhortant le gouvernement à s'abstenir de "toute tentative (...) de minimiser cette affaire".

"Rien n'arrive par hasard", a renchéri le député du Kinal-Pasok Haris Kastanidis, appelant le gouvernement à identifier ces particuliers.

 

-"Réalité orwellienne"-

"Outre l'enquête judiciaire, les institutions étatiques, les services nationaux de renseignement (EYP) et l'Autorité de protection de la vie privée doivent se prononcer sur ces affaires", a-t-il fustigé.

"Si l'Etat n'a aucun rapport" avec ces surveillances présumées, "comment une société peut commercialiser un logiciel si puissant et si cher?", s'est demandé le site d'investigation Inside story, qui, avec ses confrères de Reporters United et Solomon, a révélé les détails de ces affaires.

Développé initialement en Macédoine du Nord, pays frontalier de la Grèce, par la société Cytrox, puis en Israël, le spyware Predator pirate le téléphone ciblé, et peut accéder aux messages et aux conversations de son utilisateur, selon des experts.

"Predator figure parmi les logiciels espion les plus chers inaccessibles aux particuliers", a indiqué à l'AFP Anastasios Arampatzis, spécialiste de cybersécurité.

Il comprend "de nombreux niveaux de sécurité dont seulement un Etat pourrait avoir besoin", a estimé ce membre de l'association grecque Homo Digitalis de protection des internautes.

Qualifiée de "scandale immense" par le principal parti d'opposition Syriza, l'affaire a été abordée vendredi à huis clos par la commission parlementaire des Institutions et de la Transparence.

Le chef de l'EYP, Panagiotis Kontoleon, a laissé entendre que les deux journalistes auraient été surveillés sur ordre de services étrangers, provoquant un tollé.

"Le gouvernement tente à nouveau de couvrir les multiples surveillances", a alors tweeté George Katrougalos, député de Syriza et ancien ministre des Affaires étrangères.

Il a imputé "la responsabilité politique" de cette affaire au Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, avertissant que Syriza ne "laisserait pas passer cette affaire".

De son côté, le gouvernement a rappelé que "toute l'Europe fait face à des menaces de surveillance".

Kostas Karagounis, député du Nouvelle-Démocratie, le parti de droite au pouvoir, a indiqué que des hommes politiques en Europe avaient été également victimes de surveillances. "Est-ce que cela signifie que leurs gouvernements respectifs se trouvent derrière ces surveillances?", a-t-il demandé.

"La sécurité et la protection de la vie privée doivent être assurées par tout régime démocratique", assure le cyberexpert Anastasios Arampatzis.

"Si un Etat surveille ses citoyens, nous nous dirigeons vers une réalité dystopique, orwellienne", prévient-il.


L'Ukraine va annoncer des mesures pour faire rentrer ses hommes de l'étranger

Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front
  • Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion

KIEV: Le chef de la diplomatie ukrainienne a indiqué mardi des "mesures" imminentes visant à faire rentrer en Ukraine les hommes en l'âge de combattre se trouvant à l'étranger.

L'Ukraine, qui combat depuis deux ans l'invasion russe, a cruellement besoin de soldats, d'autant que Kiev s'attend à ce que la Russie lance une nouvelle offensive dans les semaines ou mois à venir.

"Le fait de séjourner à l'étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers sa patrie", a déclaré Dmytro Kouleba sur X, annonçant avoir ordonné des "mesures pour rétablir l'équité entre les hommes en âge d'être mobilisés en Ukraine et ceux à l'étranger".

Il n'a pas précisé la nature de ces mesures se bornant à dire que le ministère allait "prochainement fournir des éclaircissements" sur de nouvelles procédures à suivre pour "accéder aux services consulaires".

L'Ukraine interdit aux hommes en âge de combattre de voyager à l'étranger à quelques exceptions près.

Déserteurs 

Mais, selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front.

Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion.

La déclaration du ministre intervient alors qu'un influent site d'information ukrainien ZN.UA a publié lundi soir ce qu'il affirme être une lettre officielle signée par un adjoint de M. Kouleba et préconisant aux consulats ukrainiens de suspendre à partir de mardi tout service consulaire pour les hommes âgés de 18 à 60 ans.

Selon des médias ukrainiens, plusieurs consulats ukrainiens ont cessé d'accepter ces dossiers.

La compagnie d'Etat Dokument qui facilite la délivrance de documents ukrainiens a annoncé mardi sur son site qu'elle "suspendait" les procédures à l'étranger pour des "raisons techniques".

L'Ukraine, dont l'armée est en difficulté face aux troupes russes, a adopté une loi sur la mobilisation visant à durcir les punitions pour les récalcitrants.

Elle a aussi baissé l'âge de mobilisation de 27 à 25 ans.


Début des discussions entre Washington et Niamey sur le retrait des troupes américaines du Niger

Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
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  • Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis
  • Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait

WASHINGTON: Washington a entamé les discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des troupes américaines qui y étaient déployées dans le cadre de la lutte antidjihadiste au Sahel, a déclaré lundi le Pentagone.

Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a finalement accepté la semaine dernière de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait.

"Nous pouvons confirmer le début des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sur le retrait ordonné des forces américaines du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

Une "petite délégation du Pentagone et du commandement militaire américain pour l'Afrique" participe aux discussions, a-t-il précisé.

Les Etats-Unis vont "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", a-t-il encore dit.

A Niamey, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakari Yaou Sangaré, a indiqué dans un communiqué avoir eu lundi "des discussions" avec l’ambassadrice des États-Unis à Niamey, Kathleen Fitzgibbon, portant "sur la question du départ des troupes militaires américaines du Niger".

L’entretien s’est déroulé en présence de Maria Barron, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) à Niamey, qui a assuré que l'agence allait "poursuivre sa coopération bilatérale" avec le Niger, annonçant "un nouvel accord devant remplacer celui en cours qui expire en septembre 2024", selon le communiqué.

Au Niger, les Etats-Unis disposent notamment d'une base de drone importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum fin juillet, le nouveau régime militaire a rapidement exigé le départ des soldats de l'ancienne puissance coloniale française et s'est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des régimes militaires et confrontés à la violence de groupes jihadistes.


L'Ukraine s'attend à une détérioration sur le front vers la mi-mai

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
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  • L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine
  • La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar

KIEV: La situation sur le front ukrainien va empirer autour de la mi-mai et début juin, qui sera une "période difficile", a prévenu lundi le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov, sur fond de craintes d'une nouvelle offensive russe.

La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar, localité à la jonction des fronts Est et Sud, dont elle cherche à s'emparer depuis deux ans.

"N'allons pas trop dans les détails, mais il y aura une période difficile, à la mi-mai et début juin", a prévenu M. Boudanov, interrogé sur l'état du front, dans une interview au service ukrainien de la BBC.

L'armée russe "mène une opération complexe", a-t-il dit.

"Nous pensons qu'une situation plutôt difficile nous attend dans un futur proche. Mais il faut comprendre que ce ne sera pas catastrophique", a estimé Kyrylo Boudanov.

"Armageddon ne se produira pas, contrairement à ce que beaucoup disent en ce moment. Mais il y aura des problèmes à partir de la mi-mai", a-t-il ajouté.

L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine.

En face, les troupes russes, bien plus nombreuses et mieux armées, ne cessent de pousser à l'Est et revendiquent régulièrement la prise de petits villages dans le Donbass.

En février, Moscou s'est emparé d'Avdiïvka, une ville forteresse, et vise désormais la cité  stratégique de Tchassiv Iar.

Cette cité, perchée sur une hauteur, s'étend à moins de 30 kilomètres au sud-est de Kramatorsk, la principale ville de la région sous contrôle ukrainien, qui est un important nœud ferroviaire et logistique pour l'armée ukrainienne.

Offensive estivale? 

Lundi, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir "libéré" Novomykhaïlivka, à une trentaine de kilomètres de Donetsk.

Ce village est proche de Vougledar, une cité minière à la jonction des fronts Sud et Est. Début 2023, l'Ukraine était parvenue à y repousser un assaut de l'armée russe, infligeant des pertes humaines importantes.

Kiev craint désormais une offensive estivale russe encore plus puissante.

Fin mars, le commandant des forces terrestres ukrainiennes Oleksandre Pavliouk avait jugé "possible" un tel scénario, impliquant un groupe de 100.000 soldats russes.

Le commandant en chef des forces ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a déjà admis mi-avril que la situation sur le front Est s'était "considérablement détériorée" récemment.

Il a affirmé voir une "intensification significative" de l'offensive russe depuis mars, aboutissant à des "succès tactiques".

La grande contre-offensive ukrainienne de l'été 2023 s'était heurtée à de puissantes lignes de défense russes qui ont épuisé les ressources de l'armée ukrainienne, sans permettre de libérer les régions occupées par la Russie.

L'Ukraine fait désormais face aux hésitations de ses alliés occidentaux, même si une aide militaire américaine de 61 milliards, longtemps bloquée, a finalement été votée par la Chambre des représentants des Etats-Unis samedi. Le texte doit encore être adopté par le Sénat puis promulgué par le président Joe Biden.

Kiev espère désormais que l'aide des Etats-Unis pourra atteindre le front très rapidement. Le Kremlin a, lui, jugé que qu'elle ne changerait "rien"