Plus d'incendies et une canicule qui dure: un été 2022 hors norme

Une photo prise le 8 août 2022 montre un tournesol séché dans un champ à Saint-Ciers-sur-Bonnieure, dans le sud-ouest de la France, au cours d'une année marquée par la sécheresse et les vagues de chaleur. Philippe LOPEZ / AFP
Une photo prise le 8 août 2022 montre un tournesol séché dans un champ à Saint-Ciers-sur-Bonnieure, dans le sud-ouest de la France, au cours d'une année marquée par la sécheresse et les vagues de chaleur. Philippe LOPEZ / AFP
Short Url
Publié le Jeudi 11 août 2022

Plus d'incendies et une canicule qui dure: un été 2022 hors norme

  • Avant la tombée de la nuit mercredi, huit feux importants brûlaient en France, en Gironde, dans le Maine-et-Loire, le Jura, la Drôme, l'Aveyron et la Lozère...
  • En tout, plus de 40.000 hectares ont brûlé cette année en France selon le gouvernement, ou plutôt 50.000 hectares selon des données satellitaires européennes

PARIS: Après un mois de juillet éprouvant, des milliers de pompiers s'acharnent en France contre de nouveaux brasiers dans des forêts complètement desséchées par les vagues de chaleur et le manque historique de pluie d'un été qui restera dans les annales.

Avant la tombée de la nuit mercredi, huit feux importants brûlaient en France, en Gironde, dans le Maine-et-Loire, le Jura, la Drôme, l'Aveyron et la Lozère... Sans compter d'innombrables départs de feux plus petits chaque jour du nord au sud.

C'est en Gironde que le feu est le plus spectaculaire: un mur rouge déclaré mardi et attisé par le vent, qui galope à travers les pins et a déjà dévoré 6.000 hectares, une reprise de l'incendie monstre qui avait noirci 14.000 hectares il y a un mois exactement. 10.000 personnes ont été évacuées dont 2.000 dans les Landes, pour la seconde fois pour certains.

"Le feu s’est élargi de tous les côtés et avec la hausse des températures, on a un feu qui a explosé à certains endroits", a expliqué le directeur départemental des pompiers de la Gironde, Marc Vermeulen.

C'est là qu'iront jeudi la Première ministre, Elisabeth Borne, et son ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, soucieux de démontrer la mobilisation du pouvoir pendant les vacances gouvernementales. Le ministre a dit soupçonner un acte d'incendiaires car huit feux très rapprochés ont démarré entre 08H et 09H mercredi.

"La population est inquiète mais disciplinée. Il y a toutefois un ras-le-bol, trop c'est trop", a confié à l'AFP Vincent Ichard, le maire de Moustey (Landes), dont 250 des 680 habitants ont été évacués.

En tout, plus de 40.000 hectares ont brûlé cette année en France selon le gouvernement, ou plutôt 50.000 hectares selon des données satellitaires européennes: c'est dans tous les cas plusieurs fois la moyenne annuelle des 15 années précédentes, comme en Espagne, alors que l'été n'est pas terminé.

Et la pluie n'est pas attendue avant dimanche.

35 degrés vendredi à Paris

L'un des effets les plus scientifiquement vérifiés du changement climatique est que les vagues de chaleur vont se multiplier, s'allonger et s'intensifier. Une canicule se définit par trois critères: des températures anormalement élevées, des nuits chaudes qui empêchent le corps de se refroidir, pendant plusieurs jours.

Les scientifiques estiment qu'en Europe, le nombre de morts liées au stress thermique pourrait doubler voire tripler selon l'ampleur du réchauffement de la planète au cours du siècle.

La canicule actuelle a commencé le 31 juillet et est la troisième de l'année, après celles de fin juin et de mi-juillet. S'y ajoute un mois de juillet classé comme le mois le plus sec depuis... mars 1961.

Il fait cette fois moins chaud que mi-juillet quand nombre de records ont été battus avec plus de 40°C dans plusieurs régions, dont Nantes qui avait subi 42°C. Le Royaume-Uni avait connu pour la première fois 40°C.

Mais l'épisode actuel est "plus durable à l'échelle du territoire national", dit Météo-France, car l'accalmie de la semaine dernière ne l'a pas interrompu.

Dix-huit départements, du sud-ouest jusqu'à la pointe de la Bretagne, sont jeudi matin en vigilance orange, le niveau d'alerte où les habitants doivent être "très vigilants". Le niveau supérieur, rouge, n'a pas encore été activé comme mi-juillet.

Il fera jeudi entre 33 et 36 degrés en Bretagne, et de 36 à 40 degrés plus au sud.

Vendredi, 35 degrés sont attendus en région parisienne. Seuls les orages qui arriveront du sud-ouest dimanche feront, enfin, franchement baisser les températures sous les 30 degrés.


Sciences Po: «nous serons intraitables» sur l'antisémitisme, promet la présidente de la Fondation

Laurence Bertrand Dorléac, présidente de la FNSP, instance de gouvernance de Sciences Po Paris (Photo, AFP).
Laurence Bertrand Dorléac, présidente de la FNSP, instance de gouvernance de Sciences Po Paris (Photo, AFP).
Short Url
  • Selon la direction, une étudiante de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a «été empêchée d'accéder à l'amphithéâtre»
  • Mercredi en Conseil des ministres, le président Emmanuel Macron avait dénoncé comme «inqualifiables et parfaitement intolérables» les propos rapportés lors de la mobilisation pro-palestinienne à Sciences-Po

PARIS: Laurence Bertrand Dorléac, présidente de la FNSP, instance de gouvernance de Sciences Po Paris, a assuré lundi que l'institution serait "intraitable" si des actes antisémites étaient avérés au sein de l'école, et a fait part de "son inquiétude" face à un "raidissement du climat".

Elle faisait référence à des incidents survenus dans le cadre d'une "journée de mobilisation universitaire européenne pour la Palestine". Les faits allégués, dont les versions divergent, se sont produits le 12 mars lors de l'occupation d'un amphithéâtre par environ 300 militants pro-palestiniens.

Selon la direction, une étudiante de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a "été empêchée d'accéder à l'amphithéâtre", et "des propos accusatoires ont été prononcés (à la tribune, NLDR) à l'encontre" de l'association. L'UEJF a dénoncé des propos antisémites.

"Il s'est passé des choses absolument condamnables, en ce sens qu’on ne peut pas empêcher un cours. Il y a 300 associations à Sciences Po, elles doivent demander l'autorisation de se réunir. En l'occurrence, l'amphi Boutmy (amphithéâtre principal de Sciences Po, ndlr) a été occupé par des étudiants, et quelle que soit la cause de ces étudiants, c’est une première erreur", a estimé Laurence Bertrand Dorléac sur France Inter.

Faits condamnables 

"D'autre part, des signalements ont été faits, qui concernent des faits qui sont là aussi condamnables. Si une étudiante a été empêchée d'entrer dans cet amphi au motif qu'elle appartient à une organisation de jeunes étudiants juifs de France, c’est absolument condamnable", a ajouté la présidente de la Fondation nationale des sciences politiques, en charge des grandes orientations stratégiques et de la gestion de Sciences Po.

"Dès le lendemain, une enquête administrative a été décidée. Les premières auditions auront lieu dès ce (lundi) matin. Et d'autre part, un article 40 a été déposé, c'est-à-dire un signalement au procureur de la République", a-t-elle dit. "Ces enquêtes diront ce qui s'est passé exactement. S'il y a eu des actes d'ordre antisémite, nous serons intraitables".

"Je suis très attentive à tous les actes antisémites qui peuvent se produire. Je constate effectivement un raidissement du climat et il est normal que je m'en soucie", a indiqué Mme Bertrand Dorléac.

Mais "attention à ne pas opposer les communautés entre elles et les étudiants entre eux", a-t-elle ajouté, estimant que Sciences-Po "fait l'objet d'un intérêt peut-être disons déraisonnable".

Mercredi en Conseil des ministres, le président Emmanuel Macron avait dénoncé comme "inqualifiables et parfaitement intolérables" les propos rapportés lors de la mobilisation pro-palestinienne à Sciences-Po Paris le 12 mars.


Les responsables syndicaux appellent à renoncer à la réforme de l'assurance-chômage

Secrétaire générale du syndicat CGT (Confédération générale du travail), Sophie Binet (Photo, AFP).
Secrétaire générale du syndicat CGT (Confédération générale du travail), Sophie Binet (Photo, AFP).
Short Url
  • Depuis plusieurs mois, l'exécutif multiplie les avertissements sur un possible nouveau durcissement des règles
  • Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, répète notamment qu'il faut réduire la durée d'indemnisation des demandeurs d'emploi

PARIS: Les responsables des cinq grandes centrales syndicales ont appelé lundi le gouvernement à renoncer à une nouvelle réforme de l'assurance-chômage, estimant qu'il faut "cesser la stigmatisation populiste des chômeurs", dans une tribune publiée dans Le Monde.

"Alors que la négociation assurance-chômage s’est terminée depuis moins de trois mois, le gouvernement a déjà annoncé une nouvelle réforme pour en durcir les effets. Ce serait la cinquième depuis 2017", dénoncent Sophie Binet (CGT), Cyril Chabanier (CFTC), François Hommeril (CFE-CGC), Marylise Léon (CFDT) et Frédéric Souillot (FO) dans cette tribune.

"A l’heure où la simplification est à la mode, force est de constater que ce principe ne vaut pas pour les demandeurs d’emploi, dont les droits sont de plus en plus illisibles", poursuivent-ils.

Depuis plusieurs mois, l'exécutif multiplie les avertissements sur un possible nouveau durcissement des règles.

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, répète notamment qu'il faut réduire la durée d'indemnisation des demandeurs d'emploi, arguant que les réformes de structures sont nécessaires pour atteindre le plein-emploi.

"Les multiples réformes combinées ont fait plonger le montant moyen des allocations de 17% par rapport à 2019 et la durée d’indemnisation de 25%", soulignent les responsables syndicaux, qui appellent "solennellement le gouvernement à renoncer à cette réforme budgétaire qui rognera à nouveau les droits à l’assurance-chômage et supprimera l’ASS", l'Allocation spécifique de solidarité.

Stigmatisation populiste des chômeurs

"Il faut cesser la stigmatisation populiste des chômeurs. Au contraire, pour relancer l’économie et la demande intérieure, il faut que les entreprises partagent mieux la richesse créée", estiment-ils, jugeant qu'"il faut enfin investir dans la formation, les compétences et les qualifications".


Les armées accentuent leurs efforts pour retenir leurs troupes

Des soldats français patrouillent sur une plage avec des fusils HK416 alors qu'ils participent à un exercice militaire à grande échelle appelé "Orion", à Frontignan, dans le sud de la France (Photo, AFP).
Des soldats français patrouillent sur une plage avec des fusils HK416 alors qu'ils participent à un exercice militaire à grande échelle appelé "Orion", à Frontignan, dans le sud de la France (Photo, AFP).
Short Url
  • En 2023, 2.000 soldats ont manqué à l'appel dans l'armée de Terre et 200 pour l'armée de l'Air
  • Une nouvelle mesure permettra également à un chef de corps de disposer d'une enveloppe pour améliorer les conditions du personnel

PARIS: Avec un déficit de 3.000 personnels civils et militaires en 2023, les armées accentuent leurs efforts pour fidéliser leur effectifs au moment où les Européens vivent le retour de la guerre à leurs portes, avec un nouveau plan présenté lundi.

Selon le ministère, le problème n'est pas de recruter mais de retenir, avec un nombre plus élevé de départs que d'embauches, notamment chez les sous-officiers. En moyenne, les militaires servent un an de moins qu'auparavant sous les drapeaux.

Le plan du ministère rassemble une série de mesures existantes, et de nouvelles, pour alléger les contraintes de la vie militaire, améliorer le logement - la préoccupation numéro 1 des militaires -, les infrastructures parfois vétustes, l'employabilité des conjoints, la garde ou la scolarisation des enfants.

Certains aspects ont été abordés dans le plan Famille I (302 millions d'euros, qui couvrait la période 2018-2023, ndlr) dont le bilan est mitigé, selon un rapport parlementaire. Le ministère a lancé une nouvelle mouture avec cette fois un budget de 750 millions pour la période 2024-2030.

Les grilles de salaires des militaires du rang ont été révisées en 2023, celles des sous-officiers en 2024 et celles des officiers le seront plus vite que prévu, dès 2025, avec un surcoût de 70 millions d'euros, fait savoir le ministère.

Car un rapport du Haut Comité d'évaluation de la condition militaire (HCECM) a révélé un "mal-être" chez certains officiers, une catégorie de plus en plus consciente des écarts avec le privé.

Une nouvelle mesure permettra également à un chef de corps de disposer d'une enveloppe pour améliorer les conditions du personnel et régler les problèmes d'intendance au niveau local: douches à réparer, chauffage ou ampoules grillées, etc.

Selon la dernière enquête annuelle de la hiérarchie, le moral des armées semble pourtant bon, pour 73% des personnels interrogés.

Les principaux motifs d'insatisfaction remontés sont le logement et l'hébergement, la rémunération, et les moyens humains pour accomplir les missions. L'évolution du rapport au travail et au numérique de la jeune génération, l'équilibre avec la vie de famille, sont des préoccupations nouvelles mais qui ne sont pas propres aux armées.

«Reconnaissance»

Ce qui peut peser sur les militaires "c’est aussi la non-reconnaissance de la spécificité de leur engagement. La reconnaissance passe par les conditions matérielles mais aussi par des choses qui sont de l’ordre du symbolique, de l’estime qu’on porte à la fonction militaire", relève Bénédicte Chéron, maître de conférences à l'Institut catholique de Paris.

A ce titre, le recours à 5.000 soldats qui camperont sur la pelouse parisienne de Reuilly pour la sécurisation des JO, soit l'équivalent de l'opération antijihadiste Barkhane au Sahel d'où la France a été chassée par des juntes militaires hostiles, pourrait être source de frustration.

L'armée de Terre est par ailleurs confrontée à un problème organisationnel spécifique: l'éclatement des unités. "Les sections qui partent en mission sont composées d'hommes qui ne se connaissent pas, les hommes changent tout le temps de chef", regrette un officier.

Or "la capacité du groupe à développer une cohésion aide à supporter les sujétions militaires. Celles-ci sont d'autant plus acceptées que la cohésion est forte", fait remarquer Bénédicte Chéron.

La situation est différente pour l'armée de l'Air ou la Marine, qui recrutent chacune environ 4.000 jeunes par an - contre 16.000 pour l'armée de Terre -, dont une forte proportion de métiers techniques sur un marché très concurrentiel dans le nucléaire, l'aéronautique ou le cyber.

En 2023, 2.000 soldats ont manqué à l'appel dans l'armée de Terre et 200 pour l'armée de l'Air. Seule la Marine a atteint son objectif d'embauches.

En comptant les autres branches (administratives, techniques, renseignement, etc.), les armées ont dû composer l'an passé avec un déficit total de 3.000 militaires, selon le ministère.

Les armées françaises, qui comptent plus de 272.000 civils et militaires, s'en sortent toutefois plutôt bien par rapport à d'autres pays comme l'Allemagne, qui envisage de réintroduire le service militaire, ou le Royaume-Uni, où seuls cinq militaires sont recrutés pour huit partants.

Mais signe que la situation est brûlante, les commissions de la défense du Sénat et de l'Assemblée nationale viennent de lancer chacune leur mission sur le sujet.