Boutcha, la ville-martyre ukrainienne, enterre ses morts non identifiés

Un prêtre orthodoxe sert sur les tombes de civils non identifiés lors de leurs funérailles dans un cimetière local de la ville de Bucha, dans la région de Kiev, le 11 août 2022. (Photo de Sergei SUPINSKY / AFP)
Un prêtre orthodoxe sert sur les tombes de civils non identifiés lors de leurs funérailles dans un cimetière local de la ville de Bucha, dans la région de Kiev, le 11 août 2022. (Photo de Sergei SUPINSKY / AFP)
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Publié le Vendredi 12 août 2022

Boutcha, la ville-martyre ukrainienne, enterre ses morts non identifiés

  • Quelques minutes avant l'arrivée des corps, entreposés à la va-vite dans la remorque d'un camion réfrigéré, des employés de cimetières municipaux environnants venus en renfort avaient planté onze croix orthodoxes
  • Sur chacune, est accroché un petit écriteau accompagné d'un numéro: il permettra de retrouver le corps, si les tests ADN venaient à parler ou qu'une famille se manifestait

BOUTCHA: Recouverts d'un tissu pourpre, onze cercueils sont alignés, chacun devant une tombe fraîchement creusée, dans la dernière allée du cimetière de Boutcha. A l'intérieur onze inconnus, morts pendant l'occupation russe de cette ville ukrainienne près de Kiev en mars.

Quasiment tous, parmi ces neuf hommes et deux femmes, avaient été enterrés par des habitants dans des fosses communes quand la brutalité des combats ne permettait pas de faire autrement.

Un autre corps a été retrouvé plus tard, après le retrait des troupes russes de la région.

Plus de quatre mois après la découverte par des journalistes de l'AFP, le 2 avril, de 20 corps de civils abattus, premières indications des atrocités commises pendant l'occupation de cette banlieue du nord-ouest de Kiev, les autorités locales ont commencé l'enterrement des morts que personne n'a réclamés.

Mardi, quatorze premiers corps ont été mis en terre, suivis de onze autres jeudi.

Ce n'est qu'un début: trois cérémonies supplémentaires sont prévues, confie à l'AFP Mykhaïlyna Skoryk-Chkarivska, une adjointe au maire de Boutcha qui précise qu'une cinquantaine de personnes --sur les 458 civils morts pendant l'occupation de la ville-- n'ont pas été identifiées.

"Nous allons continuer à travailler (...) Notre objectif est de trouver des proches de chaque personne non identifiée", ajoute-t-elle.

Pour cela tout est fait. Des échantillons d'ADN ont été prélevés, y compris par des gendarmes français venus en avril assister leurs collègues ukrainiens, et tout ce qui peut aider à l'identification est publié sur Facebook.

Mais les procédures sont formelles. Parmi les onze enterrés jeudi, deux hommes avaient des papiers d'identité sur eux. En dépit des appels lancés sur Internet, personne ne s'est manifesté et "pour qu'ils soient formellement identifiés, ils faut que leurs proches voient les corps et les reconnaissent", reprend Mme Skoryk-Chkarivska.

L'adjointe au maire ne s'étonne qu'à moitié. La vie a beau sembler être revenue à la normale dans cette banlieue plutôt huppée, qui attire les habitants de Kiev en quête de verdure, "la moitié de la population de Boutcha n'est toujours pas revenue".

ADN et appels sur Internet 

Quelques minutes avant l'arrivée des corps, entreposés à la va-vite dans la remorque d'un camion réfrigéré, des employés de cimetières municipaux environnants venus en renfort avaient planté onze croix orthodoxes.

Sur chacune, est accroché un petit écriteau accompagné d'un numéro: il permettra de retrouver le corps, si les tests ADN venaient à parler ou qu'une famille se manifestait.

Les cercueils sont difficilement refermés. Andriï Golovine, le prêtre de l'église près de laquelle avait été creusée une des principales fosses communes de Boutcha, peut enfin prononcer l'ultime prière.

"C'est important pour nous que ces gens-là soient enterrés dignement, comme des humains et pas juste comme des corps sans vie", affirme d'une voix sévère à l'AFP le prêtre, qui n'a pas de mots assez durs pour dénoncer le "+monde russe+ qui s'est dévoilé à nous dans toute son horreur".

Un douzième cercueil aurait dû être enterré dans l'allée des inconnus du cimetière de Boutcha. Celui contenant le corps d'Oleksandre Khmarouk, un ancien militaire de 37 ans porté disparu depuis mi-mars.

Ses parents, qui avaient quitté la ville occupée peu avant, le cherchaient en vain depuis. Tout ce qu'ils savaient, c'est qu'il avait été arrêté par des Russes. Que ceux-ci savaient où aller: dans son immeuble, les portes des trois appartements occupés par des soldats ou des ex-soldats ukrainiens avaient été fracassées.

Mais leur fils était introuvable. Les résultats des échantillons d'ADN n'arrivaient pas. Une photo, diffusée sur une boucle de la messagerie Viber, leur a permis de l'identifier à la dernière minute.

"Les orcs (surnom donné aux soldats russes, ndlr) l'ont arrêté chez lui. Ils l'ont tué près du marché", répète d'une voix brisée le père d'Oleksandre Khmarouk, Vassyl, effondré sur un banc tandis qu'il serre contre lui un portrait encadré de son fils.

Oleksandre Khmarouk sera enterré dans un carré à part, entre des dizaines d'autres tombes dont la date de la mort indique mars 2022. Ses parents se lanceront dans une autre quête.

"Une informatrice a donné son nom. Il y avait une femme qui accompagnait les Russes, les voisins l'ont entendue. Mais on ne sait pas qui c'est, ni d'où elle vient", répètent-ils.


Karabakh: Paris demande une «action diplomatique internationale»

La ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna s'adresse à la 78e Assemblée générale des Nations Unies au siège de l'ONU à New York, le 21 septembre 2023 (Photo d'Ed JONES / AFP).
La ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna s'adresse à la 78e Assemblée générale des Nations Unies au siège de l'ONU à New York, le 21 septembre 2023 (Photo d'Ed JONES / AFP).
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  • Le Nagorny Karabakh, enclave du Caucase peuplée en majorité d'Arméniens mais reconnue comme partie de l'Azerbaïdjan, a été l'objet d'une nouvelle offensive meurtrière de Bakou la semaine dernière
  • Paris met en garde contre le risque d'un conflit sur le territoire arménien

PARIS: La ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna a appelé mardi à "une action diplomatique internationale" face "à l'abandon de l'Arménie par la Russie".

Le Nagorny Karabakh, enclave du Caucase peuplée en majorité d'Arméniens mais reconnue comme partie de l'Azerbaïdjan, a été l'objet d'une nouvelle offensive meurtrière de Bakou la semaine dernière, avant que les séparatistes ne rendent les armes.

Paris met en garde contre le risque d'un conflit sur le territoire arménien.

"L'abandon de l'Arménie par la Russie et la complicité de la Russie avec les opérations militaires engagées par l'Azerbaïdjan rendent encore plus nécessaires une action diplomatique internationale", a estimé la cheffe de la diplomatie lors des questions à l'Assemblée nationale.

En 2020, la Russie avait parrainé un accord de cessez-le-feu qui avait mis fin aux hostilités et déployé des soldats de la paix, qui n'ont pas empêché l'offensive éclair et victorieuse de l'Azerbaïdjan contre les séparatistes.

L'Union européenne "doit prendre acte de cette réalité, agir avec nous pour le respect de l'intégrité territoriale de l'Arménie et préserver les droits des Arméniens du Haut Karabakh à vivre, s'ils le souhaitent, dans le respect de leurs droits historiques" dans l'enclave, a souligné Catherine Colonna.

Elle a rappelé que Paris tiendrait "pleinement responsable l'Azerbaïdjan du sort de la population arménienne", précisant que la France apportait "son soutien à l'Arménie", qui s'efforce d'accueillir plus de 19 000 personnes venant du Nagorny Karabakh.

Paris a ainsi décidé de porter l'aide "à plus de 12 millions d'euros" pour les réfugiés et déplacés en Arménie et au Haut-Karabakh.

Interrogée sur de potentielles sanctions contre l'Azerbaïdjan, la ministre a répondu: "la France prendra, dans les jours qui viennent, des initiatives (...) que ce soit à titre national, à titre bilatéral avec l'Arménie, aux Nations unies en qualité de membre permanent du Conseil de sécurité ou au sein de l'Union européenne".

Catherine Colonna a par ailleurs mis en garde Bakou contre toute entrave de l'aide. "Nous n'accepterons pas que l'aide humanitaire soit entravée et nous nous opposerons à toute tentative de remise en cause de l'intégrité territoriale de l'Arménie".

Plus tôt lors d'un point presse, Anne-Claire Legendre, porte-parole du Quai d'Orsay, avait constaté "avec beaucoup de préoccupation un départ massif des populations arméniennes du Haut Karabakh (...) sous l'oeil complice de la Russie".

L'UE a reçu mardi des hauts représentants de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan. Mme Legendre a jugé "claire" la position européenne, avec une condamnation de l'offensive menée par Bakou et la demande d'une réouverture du corridor de Latchine, seule voie reliant le Nagorny Karabakh à l'Arménie.

"Les consultations se poursuivent avec nos partenaires européens", a-t-elle également souligné. "Nous aurons l'occasion de les poursuivre à Grenade", dans le sud de l'Espagne, début octobre.

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliev sont, eux, attendus à une réunion de la Communauté politique européenne, qui regroupe une cinquantaine de pays européens, membres de l'UE ou non, le 5 octobre à Grenade.


Un commandant de la flotte russe, donné pour mort par Kiev, présent à une réunion, selon Moscou

Des militaires ukrainiens montent au sommet d'un véhicule blindé de transport de troupes à Kostyantynivka, dans la région de Donetsk, le 25 septembre 2023, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo: Roman PILIPEY / AFP)
Des militaires ukrainiens montent au sommet d'un véhicule blindé de transport de troupes à Kostyantynivka, dans la région de Donetsk, le 25 septembre 2023, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo: Roman PILIPEY / AFP)
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  • Après la publication des images de Viktor Sokolov, les forces d'opérations spéciales ukrainiennes ont annoncé mardi être en train de "clarifier" leurs informations
  • L'attaque du quartier général de la flotte russe illustre les difficultés croissantes de la Russie à se défendre des frappes de missiles et drones ukrainiens

MOSCOU: Le ministère russe de la Défense a publié mardi une image montrant Viktor Sokolov, commandant de la flotte en mer Noire, en train de participer à une visioconférence, alors que l'Ukraine avait affirmé l'avoir tué.

Sur la photo, le responsable apparaît sur un grand écran, aux côtés d'autres hauts responsables militaires participant à une réunion présidée par le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou. Un communiqué, qui ne mentionne pas le nom de l'officier, indique que cette réunion a eu lieu mardi.

L'officier paraît avoir un grand coussin ou fauteuil blanc dans son dos.

Dans une vidéo diffusée plus tard, le commandant apparaît à l'image à plusieurs reprises, sans s'exprimer.

L'Ukraine a frappé vendredi avec des missiles le siège de la flotte russe de la mer Noire, à Sébastopol, ville de Crimée annexée par la Russie.

Lundi, l'armée ukrainienne avait affirmé que parmi la trentaine d'officiers tués dans la frappe, se trouvait le commandant Sokolov.

Mais, après la publication des images de Viktor Sokolov, les forces d'opérations spéciales ukrainiennes ont annoncé mardi être en train de "clarifier" leurs informations.

Ces forces ont affirmé sur Telegram que, selon "les sources disponibles", le commandant faisait partie des morts, l'identification des victimes étant toutefois difficile car les corps sont très abîmés.

"Les Russes ayant été contraints de publier en urgence une réponse censée montrer Sokolov vivant, nos services clarifient l'information", ont-elles dit.

La Russie, qui ne donne presque jamais d'informations sur ses pertes militaires, n'a de son côté donné qu'un bilan d'une personne disparue dans la foulée du bombardement.

Moscou n'a pas commenté la revendication ukrainienne, le Kremlin restant très vague mardi sur le sort du commandant.

"Il n'y aucune information à ce sujet provenant du ministère de la Défense", a indiqué à la presse Dmitri Peskov, le porte-parole de la présidence russe,

"Nous n'avons rien à dire", a-t-il ajouté, renvoyant vers le ministère de la Défense.

L'attaque du quartier général de la flotte russe illustre les difficultés croissantes de la Russie à se défendre des frappes de missiles et drones ukrainiens.

Or la Crimée, péninsule annexée par la Russie en 2014, est clé pour la marine russe ainsi que pour la logistique et l'approvisionnement des troupes occupant le sud de l'Ukraine.

L'Ukraine, qui mène une vaste contre-offensive pour libérer les territoires occupés, essaie de frapper les arrières russes pour désorganiser les défenses et la capacité de résistance des militaires.

Après trois mois, les gains territoriaux ukrainiens restent cependant limités.


Le Nagorny Karabakh se vide, tristesse et chaos à la frontière arménienne

Des réfugiés attendent dans leur voiture pour traverser la frontière, quittant le Karabakh pour l'Arménie, au point de contrôle de Latchine, le 26 septembre 2023. (EMMANUEL DUNAND / AFP)
Des réfugiés attendent dans leur voiture pour traverser la frontière, quittant le Karabakh pour l'Arménie, au point de contrôle de Latchine, le 26 septembre 2023. (EMMANUEL DUNAND / AFP)
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  • Beaucoup disent avoir mis 24 heures à faire les 80 kilomètres séparant la capitale séparatiste, Stepanakert, de la frontière
  • A l'écart, dans le village de Kornidzor, Sveta Moussaïelian se repose chez une amie rencontrée en 2020: elle s'y était réfugiée durant la précédente guerre entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan

CORRIDOR DE LATCHINE: Le Nagorny Karabakh se vide de ses habitants. Mardi, des dizaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants continuaient de quitter cette enclave peuplée d'Arméniens sous le regard victorieux des soldats azerbaïdjanais.

Un vieil homme et sa fourgonnette remplis de paquets, une fillette, son ballon rose collé contre elle, le regard planté dans celui des soldats azerbaïdjanais lourdement armés. Et cette vieille dame tenant désespérément une cage à oiseaux.

Du côté azerbaïdjanais du pont Hakari, au poste-frontière installé en avril par Bakou et qui verrouille l'accès au corridor de Latchine, sur la seule route menant de l'Arménie au Nagorny Karabakh, le flot de véhicules est continu.

Dimanche, après l'offensive éclair remportée contre les troupes du Nagorny Karabakh, Bakou a rouvert ce poste-frontière qui coupait l'enclave arménienne du reste du monde, provoquant l'exode.

Sur les toits des voitures, les réfugiés emportent ce qu'ils possédaient au Nagorny Karabakh: un sac rose, une tronçonneuse, des couvertures, parfois protégées par des bâches.

De rares véhicules, Lada soviétiques poussives ou remorques aux pneus crevés, passent au détecteur de metaux.

Mais pour la plupart, l'arrêt ne dure que quelques secondes. Des soldats azerbaïdjanais vérifient des coffres, jettent un œil furtif à l'intérieur, sans demander aucun document d'identité.

Les hommes sont priés de descendre pour fixer des caméras de surveillance, placées en hauteur sur des poteaux, à côté d'un drapeau azerbaïdjanais qui flotte au vent.

Les ordres, secs, fusent: "Regardez en haut!" La manoeuvre est destinée à répérer d'éventuels auteurs de "crimes de guerre" fuyant le Karabakh, a expliqué une source gouvernementale azerbaïdjanaise à l'AFP.

Les conducteurs remontent. Les passagers masculins, eux, doivent parcourir à pied les quelques mètres qui les séparent de l'Arménie. Menton haut pour certains, ils passent devant les uniformes verts des soldats postés sur le côté, sans un regard pour eux.

"Ils nous ont expulsés!", lâche un homme avant la traversée du pont.

80 kilomètres, 24 heures

Passé le contrôle des soldats azerbaïdjanais, quelques-uns acceptent de parler. Certains disent partir à regret et vouloir revenir. Veste de costume bleue trop grande, Hrant Haroutounian montre son passeport bleu de l'Arménie.

"Les Arméniens nous ont dit de partir. Je vais à Erevan, j'ai des enfants là-bas. Je veux les prendre et rentrer", raconte l'homme de 83 ans. D'autres racontent avoir été sommés de partir par des soldats du Karabakh, face à l'approche des forces azerbaïdjanaises.

Les moteurs vrombissent et les véhicules s'ébranlent enfin vers le pont, au bout duquel statione un char de la force de maintien de la paix russe.

Cinq kilomètres plus loin, à Kornidzor, au premier poste de contrôle arménien, les mêmes airs fermés, les mêmes Lada surchargées au châssis frôlant le sol. Parfois, émergent le visage hagard d'un vieil homme ou ceux d'enfants.

Beaucoup disent avoir mis 24 heures à faire les 80 kilomètres séparant la capitale séparatiste, Stepanakert, de la frontière.

Un trajet effectué sans nourriture et parfois sans eau: le Nagorny Karabakh, soumis au blocus de l'Azerbaïdjan depuis des mois, manque de tout. Ces derniers jours, les réfugiés disent les avoir passés chez eux, sans oser sortir, se nourrissant de réserves.

"J'ai quitté ma maison pour rester en vie", assène une femme en veste verte, qui insiste pour parler: "Que le monde sache que nous sommes des chiens sans abri désormais!"

A l'écart, dans le village de Kornidzor, Sveta Moussaïelian se repose chez une amie rencontrée en 2020: elle s'y était réfugiée durant la précédente guerre entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan.

A 50 ans, c'est la quatrième fois qu'elle est déplacée de force. "Je ne suis pas si vieille, mais j'ai déjà tellement vu!"

Sveta retrace l'histoire de sa famille: elles sont cinq soeurs, dont quatre sont veuves de guerre. Ses deux fils étaient soldats, ils sont sortis vivants des derniers combats et sont en train de quitter le Karabakh.

Alors elle s'estime chanceuse: "Perdre mon pays, ma maison, ce n'est pas grave, c'est pour les victimes que je pleure."

Goris, carrefour des réfugiés

En amont du poste de contrôle de la police arménienne, des centaines de voitures sont garées en désordre. Ce sont des Arméniens venus chercher leurs proches.

"J'attends la famille de ma sœur. Ils sont sur la route depuis hier", raconte, l'air épuisé, Artak Soghomonian. Comme il n'y a pas de réseau sur la route, il ne sait ni où ils sont, ni quand ils arriveront.

Son frère veut aussi quitter Stepanakert, précise Artak, 36 ans. Mais il cherche encore de l'essence et n'a donc pas réussi à partir.

Une quête dangereuse: lundi soir, une explosion dans un dépôt de carburant de Stepanakert pris d'assaut a tué 20 personnes et fait plus de 200 blessés.

Sur la route, autour des quelques cafés et stations-service séparant Kornidzor de Goris, la grande cité des environs, des réfugiés s'agglutinent. Certains se ravitaillent en silence, d'autres effectuent quelques réparations de leurs véhicule.

A la vue de policiers arméniens, beaucoup de conducteurs sortent la tête de l'habitacle: "Goris?", demandent-ils. La ville tranquille de 20 000 habitants est devenue le carrefour des réfugiés du Nagorny Karabakh.