A Houston, la Nasa en ordre de marche pour retourner sur la Lune

Les astronautes «font beaucoup d'entraînements d'évacuation d'urgence ici», montre Debbie Korth, responsable adjointe du projet Orion, sur lequel elle travaille depuis plus de dix ans. (Photo, AFP)
Les astronautes «font beaucoup d'entraînements d'évacuation d'urgence ici», montre Debbie Korth, responsable adjointe du projet Orion, sur lequel elle travaille depuis plus de dix ans. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 15 août 2022

A Houston, la Nasa en ordre de marche pour retourner sur la Lune

Les astronautes «font beaucoup d'entraînements d'évacuation d'urgence ici», montre Debbie Korth, responsable adjointe du projet Orion, sur lequel elle travaille depuis plus de dix ans. (Photo, AFP)
  • Rick LaBrode est directeur de vol à la Nasa, et à la fin du mois, c'est sous sa responsabilité que se déroulera une mission spatiale historique
  • La veille du décollage, «je ne vais pas être capable de dormir beaucoup, c'est sûr», confie-t-il

HOUSTON: « Je travaille ici depuis 37 ans, et c'est la chose la plus palpitante à laquelle j'ai jamais participé. » Rick LaBrode est directeur de vol à la Nasa, et à la fin du mois, c'est sous sa responsabilité que se déroulera une mission spatiale historique: la première du programme devant marquer le retour des Américains sur la Lune. 

La veille du décollage, « je ne vais pas être capable de dormir beaucoup, c'est sûr », confie-t-il, devant les dizaines d'écrans de la salle de contrôle des vols à Houston, au Texas.  

Pour la première fois depuis la dernière mission Apollo en 1972, une fusée - la plus puissante du monde - propulsera une capsule habitable jusqu'en orbite autour de la Lune, avant de revenir sur Terre. Dès 2024, des astronautes monteront à bord pour effectuer le même trajet, et l'année suivante (au plus tôt), ils poseront de nouveau le pied sur la Lune. 

Pour cette première mission test de 42 jours, appelée Artémis 1, une dizaine de personnes se trouveront à tout instant dans la salle du célèbre « Mission Control Center », modernisée pour l'occasion. 

Les équipes répètent le plan de vol depuis trois ans. 

« Tout ça est complètement nouveau. Une toute nouvelle fusée, un tout nouveau vaisseau, un tout nouveau centre de contrôle », résume Brian Perry, qui sera à la console en charge de la trajectoire juste après le lancement. 

« Je peux vous dire que mon cœur fera +bam bam, bam bam+, mais je ferai en sorte de rester concentré », dit-il en tapotant sa poitrine, lui qui a pourtant participé à de nombreux vols de navettes spatiales. 

Piscine lunaire 

Au-delà de la salle de contrôle, c'est tout le Centre spatial Johnson de Houston qui s'est mis à l'heure de la Lune. 

Au milieu de l'immense piscine de plus de 12 mètres de profondeur où s'entraînent les astronautes, un rideau noir a été tiré. D'un côté se trouve toujours la réplique de la Station spatiale internationale immergée. De l'autre, un environnement lunaire est progressivement créé au fond du bassin, avec de gigantesques maquettes de roches, fabriquées par une entreprise spécialisée dans les décors d'aquarium. 

« Nous avons commencé à mettre du sable au fond de la piscine il y a quelques mois seulement. Les grosses roches sont arrivées il y a deux semaines », a expliqué à l'AFP Lisa Shore, cheffe adjointe de ce Laboratoire de flottabilité (NBL). « Tout est encore en développement. » 

Dans l'eau, les astronautes peuvent expérimenter une sensation proche de l'apesanteur. Pour l'entraînement lunaire, ils sont lestés afin de ne ressentir qu'un sixième de leur poids. 

Depuis une salle au-dessus de la piscine, ils sont guidés à distance, avec le décalage de quatre secondes auxquels ils seront confrontés sur la Lune. 

Six astronautes s'y sont déjà entraînés, et six autres doivent suivre d'ici fin septembre, en revêtant pour la première fois les nouvelles combinaisons lunaires de la Nasa. 

« L'âge d'or de ce bâtiment, c'était quand on faisait encore voler les navettes et qu'on construisait la station spatiale », a expliqué John Haas, chef du NBL. A l'époque, 400 entraînements en combinaison étaient menés par an, contre environ 150 aujourd'hui. Mais le programme Artémis apporte un nouvel élan. 

Au moment de la visite de l'AFP, des ingénieurs et des plongeurs évaluaient la manière de pousser un chariot sur la Lune. 

« Nouvel âge d'or »  

Les entraînements dans l'eau peuvent durer jusqu'à six heures. « C'est comme courir un marathon, deux fois, mais sur les mains », raconte à l'AFP Victor Glover, astronaute à la Nasa rentré l'année dernière de six mois dans l'espace. 

Aujourd'hui, il travaille dans un bâtiment entièrement dédié aux simulateurs. Son rôle est d'aider à « vérifier les procédures et le matériel », pour que lorsque seront enfin désignés ceux qui se rendront sur la Lune (dont M. Glover pourrait faire partie), ils puissent être préparés de façon intensive et être rapidement »prêts à partir ». 

Grâce à des casques de réalité virtuelle, ils pourront s'habituer à marcher dans les conditions lumineuses difficiles du pôle Sud de la Lune, où atterriront les missions Artémis. Là, le Soleil ne s'élève que très peu au-dessus de l'horizon, formant constamment de longues ombres très noires. 

Ils devront également se familiariser avec les nouveaux vaisseaux et leurs logiciels, comme la capsule Orion. Dans l'un des simulateurs, assis dans le siège du commandant, il s'agit de donner du joystick pour s'arrimer à la future station spatiale lunaire, Gateway. 

Ailleurs, une réplique de la capsule, d'un volume de 9 mètres cube pour quatre passagers, est utilisée pour des répétitions grandeur nature. 

Les astronautes « font beaucoup d'entraînements d'évacuation d'urgence ici », montre Debbie Korth, responsable adjointe du projet Orion, sur lequel elle travaille depuis plus de dix ans. 

Dans tout le centre spatial, « les gens sont surexcités », assure-t-elle. 

Pour la Nasa, « assurément, je crois que c'est un nouvel âge d'or » qui commence. 


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.