La perquisition du FBI chez Trump change la donne à la veille des élections de mi-mandat

Mar-a-Lago, la résidence de l'ancien président américain Donald Trump à Palm Beach, Floride, États-Unis, le 8 février 2021 (Photo, Reuters).
Mar-a-Lago, la résidence de l'ancien président américain Donald Trump à Palm Beach, Floride, États-Unis, le 8 février 2021 (Photo, Reuters).
Short Url
Publié le Mardi 16 août 2022

La perquisition du FBI chez Trump change la donne à la veille des élections de mi-mandat

La perquisition du FBI chez Trump change la donne à la veille des élections de mi-mandat
  • Le mandat fait allusion à trois crimes fédéraux de grande envergure sur lesquels le ministère de la Justice enquête
  • L'ancien président a assuré que les documents récupérés dans sa résidence ont été déclassifiés avant son départ de la Maison Blanche

Personne ne sait ce qui s'est passé à la résidence de l'ancien président américain Donald Trump la semaine dernière, ni les raisons de la perquisition du FBI à Mar-a-Lago. Ceux qui prétendent le savoir ont tort.

Ce 8 août, des agents du FBI ont perquisitionné la résidence de Trump à Palm Beach, en Floride. Lourdement armés, ils étaient munis d'un mandat de perquisition. Les Américains sont restés bouche bée devant ces scènes. Ils essayaient de comprendre ce que les agents cherchaient et ce qui les a motivés à effectuer cette perquisition. Le même soir de ce 8 août, le 45e président des États-Unis a annoncé dans une déclaration que sa résidence était assiégée, qu'elle avait été perquisitionnée et qu'elle était occupée par un grand nombre d'agents du FBI.

M. Trump a précisé: «Jamais auparavant un président des États-Unis n'a été confronté à une telle situation. Après avoir travaillé et coopéré avec les agences gouvernementales appropriées, cette perquisition inopinée à mon domicile était inutile et inappropriée.» Il a qualifié ces événements de «militarisation» du système judiciaire visant à le dissuader de se présenter aux élections présidentielles de 2024.

Quelques jours plus tard, le ministère américain de la Justice a fait la lumière ce qui s'est passé. Le procureur général Merrick Garland s'est exprimé pour la première fois au public jeudi. Il a confirmé qu'un tribunal fédéral avait accordé le mandat de perquisition après avoir constaté l’existence d’un motif valable. Il a révélé qu'il avait «approuvé personnellement» le mandat de perquisition contre l'ex-locataire de la Maison Blanche, une décision sans précédent dans l'histoire.

Le mandat fait allusion à trois crimes fédéraux de grande envergure sur lesquels le ministère de la Justice enquête: obstruction à la justice, gestion illégale d'archives gouvernementales et violation de la loi sur l'espionnage. Le fait d'accuser d'espionnage un ancien président américain a soulevé une vague d'inquiétude, ce qui a donné lieu à de nombreuses spéculations et fausses informations.

Les agents du FBI ont saisi des cartons contenant des documents portant la mention «très secret, secret et confidentiel», des photos dans des classeurs et des documents écrits à la main. Le Washington Post a rapporté jeudi que des documents classifiés ayant trait aux armes nucléaires figuraient parmi les documents que les agents du FBI recherchaient à Mar-a-Lago.

Les informations peu claires qui ont défilé au ralenti ont soulevé des questions sur la nature et le motif de cette enquête, à la veille des élections de mi-mandat. L'avocat et auteur à succès du New York Times a déclaré sur Twitter: «Au début, il était question de 15 cartons qui sont désormais au nombre de 35. Au départ, il s'agissait du non-respect du Presidential Records Act, et maintenant on parle de secrets nucléaires volés et de tonnes de données classifiées. Au départ, on a attribué ces événements à la rage du GOP (parti républicain, NDLR). On a par la suite évoqué la violation de la loi sur l'espionnage et à l’obstruction à la justice. Quelle évolution!»

L'ancien président a assuré que les documents récupérés dans sa résidence ont été déclassifiés avant son départ de la Maison Blanche. Cependant, on ignore à ce jour si les documents écrits qui attestent de ses affirmations sont disponibles.

La perquisition entreprise par le FBI a certes donné un coup de pouce politique à Trump au sein du Parti républicain. Dans ce contexte, plusieurs politiciens de poids ont condamné le raid et ont demandé à obtenir de plus amples informations. Le gouverneur populaire de Floride, Ron DeSantis, qui devrait présenter sa candidature à la présidence en 2024, voit dans cette démarche sans précédent une «stratégie à motif politique». Il a déclaré sur son compte Twitter que «la perquisition a Mal-a-Lago marque une nouvelle escalade dans la militarisation des agences fédérales contre les opposants politiques du régime, alors que des individus comme Hunter Biden reçoivent un traitement de faveur».

Une enquête menée par le Trafalgar Group/Convention of States Action semble révéler que la perquisition encourage les électeurs républicains à participer aux prochaines élections. Si 76% des électeurs républicains font porter la responsabilité de la perquisition par le FBI aux ennemis politiques de Donald Trump, 83% d'entre eux estiment que ces événements les rendent encore plus déterminés à participer aux élections de mi-mandat en novembre.

Les informations peu claires qui ont défilé au ralenti ont soulevé des questions sur la nature et le motif de l’enquête.

Dalia al-Aqidi

Le procès se fait attendre et les faits vont apparaître peu à peu. Ceci risque de bouleverser l'équation politique des États-Unis. Seul le temps le confirmera.

Certains ont cru à la rumeur idiote qui circulait sur les médias sociaux. Celle-ci prétendait que l'ancien président avait révélé les codes nucléaires dans un courriel de collecte de fonds et qu'il pouvait déclencher une attaque nucléaire depuis sa station balnéaire de Floride. Ces personnes peuvent être rassurées. Les codes de Donald Trump ont expiré le 20 janvier à midi, date à laquelle Joe Biden a pris ses fonctions, et les codes du nouveau président ont été activés. Faut-il également rappeler qu'une telle attaque requiert l'intervention de plus d'une personne?

 

Dalia al-Aqidi est chercheuse principale au Center for Security Policy.

Twitter: @DaliaAlAqidi

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com