La Corse souffle enfin au lendemain d'orages meurtriers

Une voiture détruite est garée dans le camping Sagone à cause des orages (Photo, AFP).
Une voiture détruite est garée dans le camping Sagone à cause des orages (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 19 août 2022

La Corse souffle enfin au lendemain d'orages meurtriers

  • Dans la crainte d'un nouvel épisode orageux dangereux, la Corse avait été placée une seconde fois en vigilance orange jeudi soir
  • Une cellule interministérielle de crise présidée par Emmanuel Macron depuis le fort de Brégançon (Var) avait été activée

CALVI : Frappée jeudi par des orages meurtriers qui ont fait cinq morts à travers l'île, la Corse était encore sonnée vendredi matin. Mais la menace s'éloignait, avec la levée de la vigilance orange par Météo-France.

Jeudi matin, un phénomène "exceptionnel" s'est abattu sur l'île, selon Météo-France, avec des vents extrêmement violents de plus de 200 km/h et non prévus, qui, en quelques heures seulement, ont provoqué des dégâts énormes. "Un vent de mort", selon la formule en Une du quotidien Corse-Matin.

Dans les campings, les stigmates étaient omniprésents: à "La pinède" à Calvi (Haute-Corse), ce camping où un homme de 45 ans a perdu la vie, plusieurs bungalows étaient écrasés sous le poids d'immenses pins déracinés.

Arrivé en Corse jeudi après-midi, avec un passage dans un premier camping frappé par les rafales, à Sagone, en Corse-du-Sud, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a visité vendredi matin à Calvi un autre camping sinistré, après une visite matinale au chevet de plusieurs blessés à l'hôpital d'Ajaccio.

Dans cet établissement, vidé de ses 700 occupants car toujours privé d'eau et d'électricité, comme 4.800 clients EDF en Corse, les traces des petits déjeuners abandonnés jeudi par des vacanciers subsistaient encore, au pied des tables et chaises renversées.

Soulignant au passage que l'alerte météo de jeudi matin n'avait "pas permis de qualifier comme il le fallait ces vents" qui ont été "absolument exceptionnels", M. Darmanin a annoncé une enquête de la sécurité civile.

"Nous avons des nouvelles plutôt rassurantes" des quatre blessés "qui étaient entre la vie et la mort ou dont le pronostic vital était engagé", s'est par ailleurs félicité le ministre, qualifiant de "demande de bon sens" le souhait émis par le responsable du camping de pouvoir créer un abri en dur pour protéger les vacanciers, dans une pinède où cela est pourtant interdit par le code de l'urbanisme.

Dans la crainte d'un nouvel épisode orageux dangereux, la Corse avait été placée une seconde fois en vigilance orange jeudi soir. Et une cellule interministérielle de crise présidée par Emmanuel Macron depuis le fort de Brégançon (Var) avait été activée.

Au total, quelque 12 500 personnes venant des différents campings de Corse ont été "mises en sécurité" dans des écoles ou des centres sportifs de toute l'île pour la nuit, selon les préfectures.

La Corse se réveille après une nuit plus calme que prévu

La Corse, qui a dénombré cinq morts jeudi suite aux violents orages qui ont balayé l'île, s'est réveillée vendredi après une nuit en alerte orange sans intervention majeure, selon les préfectures et les pompiers.

A 6h30, la préfecture de Corse-du-Sud n'avait pas connaissance d'intervention majeure ou d'événement notable, a-t-elle indiqué à l'AFP. Une information confirmée à l'AFP à 07h15 par le commandant du service d'incendie et de secours (SDIS) de Corse-du-Sud, Jean-Jacques Peraldi.

En Haute-Corse, le SDIS a lui effectué "quatre interventions mineures", dont une sur un voilier en feu à Calvi, a précisé à l'AFP la préfecture du département.

De son côté, la Préfecture maritime a elle aussi confirmé à l'AFP qu'"aucune intervention majeure" n'avait été menée durant la nuit.

La Corse connaissait une "accalmie relative" vendredi aux premières heures du jour, avec des orages "peu actifs", a annoncé Météo-France dans son dernier bulletin, en précisant toutefois que "des orages actifs se forment toujours en mer".

Quelque 7.000 personnes venant des différents campings de Corse-du-Sud évacués jeudi soir en prévision des nouveaux orages de la nuit ont été hébergées dans des bâtiments publics, a précisé la préfecture du département. En Haute-Corse, 5.500 personnes ont également été "mises en sécurité", selon la préfecture.

Le bilan humain était toujours inchangé vendredi matin: les orages très brutaux ont fait cinq morts jeudi matin à travers l'île de Beauté, dont deux en mer, un pêcheur de 62 ans  et une kayakiste de 60 ans.

L'île méditerranéenne, où la saison touristique bat son plein, était repassée en vigilance orange jeudi à 21h00, pour un épisode pluvio-orageux "plus durable" que la veille. Cette vigilance était prévue jusqu'à 10h00 vendredi.

«Identifier les bateaux échoués»

"On s'est beaucoup entraidé", témoignait auprès de l'AFP Laura Dennequin, 30 ans, qui a dormi dans le centre sportif Calvi Balagne, heureuse de cette solidarité entre évacués.

Après une nuit sans intervention notable des services de secours, des orages grondaient de nouveau sur Ajaccio dans la matinée, engendrant une pluie soutenue. Mais dès 10h00 Météo-France a levé la vigilance orange sur l'île. Comme prévu la veille.

"Des averses orageuses concernent toujours l'île jusqu'en milieu d'après-midi" mais "l'intensité de ces orages ne nécessite toutefois plus un maintien en vigilance orange", a expliqué l'organisme dans son dernier bulletin.

Le plus lourd tribut à la tempête de jeudi a été payé par une famille autrichienne, avec la mort de leur adolescente de 13 ans, tuée par la chute d'un arbre sur sa tente, dans un camping de Sagone.

Egalement blessée, sa soeur n'était plus en urgence absolue vendredi matin. Très gravement blessé, l'oncle des jeunes filles a lui été transféré à Bastia pour être opéré.

Les autres victimes sont une septuagénaire, tuée à quelques kilomètres du camping de Sagone par la chute du toit d'une paillote sur son véhicule, et deux personnes retrouvées en mer: un pêcheur de 62 ans et une kayakiste de 60 ans.

Vendredi matin, la Préfecture maritime a indiqué à l'AFP n'avoir "aucun signalement d'inquiétude par des proches" sur "des personnes (en mer) dont on serait sans nouvelle". Mais "il faut aller vérifier, en identifiant les bateaux échoués ou endommagés, si les propriétaires étaient à bord et s'ils ont réussi à s'en sortir par eux-mêmes ou s'ils n'étaient pas à bord".

Il y a aussi "un travail sur le moyen-long terme de nettoyage de la côte des bateaux échoués", avant "qu'ils ne deviennent un danger avec des débris flottants en mer ou un facteur de pollution", a ajouté le porte-parole de la préfecture maritime.

"Le paradoxe (...) c'est qu'on se réjouissait de cette pluie annoncée car elle allait faire reculer les risques d'incendies", a déploré Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse, vendredi matin sur Radio Classique, regrettant "une situation totalement imprévisible".


Procès libyen: la cour d'appel de Paris libère l'intermédiaire Djouhri sous contrôle judiciaire

 La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.
La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.
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  • L'homme d'affaires franco-algérien de 66 ans, condamné le 25 septembre à six ans d'emprisonnement dans l'affaire du financement libyen de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, aura notamment pour interdiction de sortir d'Île-de-France
  • Il a également l'interdiction de mener une activité d'intermédiation économique et il devra remettre à la justice ses passeports français et algérien et pointer une fois par semaine à la gendarmerie

PARIS: La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.

L'homme d'affaires franco-algérien de 66 ans, condamné le 25 septembre à six ans d'emprisonnement dans l'affaire du financement libyen de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, aura notamment pour interdiction de sortir d'Île-de-France, de s'absenter de son domicile en région parisienne entre 8H00 et 20H00, d'entrer en contact avec ses coprévenus.

Il a également l'interdiction de mener une activité d'intermédiation économique et il devra remettre à la justice ses passeports français et algérien et pointer une fois par semaine à la gendarmerie.

Le parquet général s'était opposé à sa libération en pointant notamment sa double nationalité et le risque de départ en Algérie où la coopération judiciaire avec la France est compliquée.

Selon son avocat, Me Pierre-Henri Bovis, il devrait sortir de la prison parisienne de La Santé "dans les prochaines heures".

"La cour d'appel de Paris, par sa décision, a reconnu cette fois-ci qu'il y avait des garanties de représentation suffisantes, et a enfin admis qu'il n'y avait pas de risque de fuite ou de pression" sur les témoins, s'est-il félicité, soulignant que son client ne s'était "jamais dérobé à ses obligations".

Alexandre Djouhri avait déposé une première demande de mise en liberté qui avait été rejetée début novembre, la cour d'appel estimant qu'il présentait un risque de fuite et des garanties de représentation "particulièrement faibles".

Dans ce dossier, deux autres personnes ont été condamnées en première instance à des peines d'emprisonnement avec mandat de dépôt: l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, condamné à cinq ans de prison, et le banquier Wahib Nacer.

L'ex-chef de l'Etat a été incarcéré vingt jours à la prison de la Santé, avant d'obtenir sa libération auprès de la cour d'appel. M. Nacer, qui avait été condamné à une peine de quatre ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt à exécution provisoire, a également été libéré de prison.

Alexandre Djouhri devrait donc comparaître libre, comme tous ses coprévenus, au procès en appel  prévu du 16 mars au 3 juin. Au total, 10 personnes, dont Nicolas Sarkozy et deux de ses proches, Claude Guéant et Brice Hortefeux, seront rejugées dans ce dossier.


Macron de retour sur le thème de la désinformation, après la polémique sur la labellisation

Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron poursuit en Bretagne son tour de France consacré à la régulation des réseaux sociaux et à la lutte contre la désinformation, tout en répondant aux accusations de « dérive autoritaire » liées à son soutien à une labellisation des médias
  • Le président réaffirme qu’il ne s’agit pas d’un label d’État et dénonce les polémiques

PARIS: Emmanuel Macron reprend mercredi en Bretagne son tour de France sur la régulation des réseaux sociaux et la lutte contre la désinformation, l'occasion de répondre en personne aux accusations de dérive "autoritaire" provoquées par son soutien à une labellisation des médias.

Le chef de l'Etat est attendu dans l'après-midi à Saint-Malo, en Ille-et-Vilaine, pour un échange avec des lecteurs d'Ouest-France sur le thème de "la démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux et des algorithmes".

Ses précédents débats organisés par la presse régionale l'ont mené depuis un mois à Toulouse, Arras (Pas-de-Calais) et Mirecourt (Vosges), et il devrait enchaîner avec Marseille la semaine prochaine.

Son idée directrice est de réfléchir à une adaptation de la législation pour réguler les réseaux sociaux, qui échappent largement à la loi de la presse de 1881 qui régit les médias traditionnels. Une réflexion censée déboucher sur des "décisions concrètes" début 2026, même si le président a déjà commencé à égrener des pistes.

Parmi elles, une mesure a déclenché une polémique à retardement.

Emmanuel Macron a en effet apporté un soutien très volontariste à des initiatives existantes de labellisation des médias "par des professionnels", pour distinguer les sites et réseaux qui font de l'information, selon les règles déontologiques, des autres.

"On va tout faire pour que soit mis en place un label", a-t-il lancé le 19 novembre à Arras, tout en assurant que ce n'était par à l'Etat de le faire.

- "Dérive totalitaire" -

Le 30 novembre, le Journal du dimanche s'est saisi de cette proposition pour lui reprocher une "dérive totalitaire", ironisant sur sa volonté présumée de mettre en place un "ministère de la Vérité", comme dans le roman dystopique "1984" de George Orwell.

L'accusation a été aussitôt relayée par les autres médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré puis par plusieurs dirigeants de la droite et de l'extrême droite, qui disent soupçonner le chef de l'Etat de vouloir "contrôler l'information" et museler la liberté d'expression à son profit.

En Conseil des ministres, il y a une semaine, Emmanuel Macron a répondu qu'il n'avait "jamais" envisagé de créer un "label d'Etat" pour les médias, et "encore moins" un "ministère de la Vérité", selon les propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Le compte de l'Elysée s'est même fendu d'un message sur le réseau X pour déplorer que "parler de lutte contre la désinformation suscite la désinformation", visant ceux qui avaient attaqué le président, du patron des Républicains Bruno Retailleau au présentateur vedette de CNews Pascal Praud.

Une réaction officielle qui a déclenché une nouvelle cascade de commentaires enflammés y voyant la démonstration de velléités de contrôle macronistes.

A Saint-Malo, le président de la République doit aussi aborder "les conséquences de la désinformation en matière climatique", à l'occasion des dix ans de l'accord de Paris sur le climat, a fait savoir l'Elysée.


France: vote crucial pour le Premier ministre Sébastien Lecornu

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu assiste à une séance de questions au gouvernement au Sénat, la chambre haute du Parlement français, à Paris, le 26 novembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu assiste à une séance de questions au gouvernement au Sénat, la chambre haute du Parlement français, à Paris, le 26 novembre 2025. (AFP)
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  • Sébastien Lecornu joue son avenir politique sur le vote du budget de la Sécurité sociale, menacé d’être rejeté faute de soutien des Républicains et d’Horizons, malgré l’appui inattendu des socialistes
  • Un rejet pourrait provoquer sa chute, alors que le gouvernement avertit qu’un échec ferait bondir le déficit de la Sécurité sociale et que le scrutin reste extrêmement incertain

PARIS: L'avenir du Premier ministre français Sébastien Lecornu pourrait dépendre mardi de son pari de faire adopter sans majorité le projet de budget de la Sécurité sociale par l'Assemblée nationale, où il s'est assuré du soutien des socialistes mais risque d'être lâché par les siens.

Le texte proposé par son gouvernement de centre-droit pourrait être rejeté. Pas à cause du parti Socialiste (PS), dont le patron Olivier Faure a appelé à voter "pour" et avec lequel le Premier ministre a mené les négociations, mais parce que dans son propre camp, les partis de droite Les Républicains (LR) et du centre-droit Horizons refusent de soutenir un budget qui, à leurs yeux, fait trop de concessions à la gauche.

Le scrutin s'annonce donc extrêmement serré sur ce projet de loi, dans lequel le chef du gouvernement a concédé la suspension de l'emblématique réforme des retraites.

Son rejet pourrait précipiter la chute de Sébastien Lecornu, même si la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a jugé dimanche qu'une démission "n'aurait pas de sens".

Nommé il y a trois mois, le chef du gouvernement, qui défend la méthode des "petits pas", a en effet renoncé à recourir à un dispositif, celui de l'article 49.3 de la constitution, qui permet de faire passer un texte sans vote mais expose à la censure.

Sébastien Lecornu a déjà senti le vent du boulet souffler sur le volet "recettes" du texte, adopté à peu de voix grâce à plusieurs compromis et a de nombreux absents dans la chambre basse.

Il est reparti à la pêche aux voix pour le volet "dépenses" et surtout pour le vote final sur l'ensemble du projet de loi, prévus tous deux mardi.

Lundi soir, le président du parti Horizons, Edouard Philippe, candidat déclaré pour la présidentielle de 2027, a recommandé à ses députés de s'abstenir, en affirmant n'avoir "jamais voulu" une chute du gouvernement.

Les députés écologistes, dont le vote est crucial, pourraient s'abstenir quant à eux si le gouvernement cède à leur demande d'une augmentation des dépenses de l'assurance maladie.

Le gouvernement ne cesse d'avertir que si aucun texte n'est adopté, le déficit de la Sécurité sociale flamberait à 30 milliards d'euros en 2026, contre 23 en 2025.

L'issue du scrutin est d'autant plus incertaine que les votes ne seront pas unanimes au sein des groupes. LFI (gauche radicale) et RN (extrême-droite) avec l'UDR devraient voter contre, et les communistes majoritairement contre.

Le chef des LR, Bruno Retailleau a appelé à ne pas voter un "budget socialiste", mais certains de ses élus pourraient voter pour.

Si le texte est adopté, son chemin n'est pas terminé pour autant: il repartira au Sénat (chambre haute), avant de revenir à l'Assemblée, à qui le gouvernement pourra alors donner le dernier mot.